Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

28 novembre 2011

lettre d'Amérique à qui ?


Me voici pourtant retenue par The blessed Damozel, d’un DANTE GABRIEL ROSETTI, penchée à la fenêtre du ciel. Elle jette un oeil distrait sur un amoureux resté allongé sur la terre mais sa lèvre pulpeuse en dit long sur ses souvenirs. Tandis qu’au dessus de ses cheveux étoilés comme la bannière des USA, de nombreux couples s’attardent à mélanger le ciel aux étoiles, sans numérotation apparente.
Oh ! oui donc ! au bouquet de printemps de Renoir, à un Braque que je vais retourner voir tant il me tarde de l’inscrire plus indélébilement sur mes tablettes intimes.

J’ai fait cette année un pas de plus vers la peinture : celle qui travaille au corps le peintre et tire de lui des cris, des rages, des soupirs de béatitude qui en appellent aux miens. Avec Fabienne, Houchang, Colette et – derniers entrés dans la lisse : Roland, Marion, les Russes, je m’émerveille de découvrir sur un banal espace en rectangle tant d’échappées libres de lumière, de couleurs, de formes. Le monde et ses trésors, ses convulsions multipliées par le kaléidoscope de l’artiste. Car, pro ou amateur, ils sont bien les clés qui m’ouvrent, mes amis peintres précédemment cités. J’admire qu’une foi plus grande que les doutes les projette en avant d’eux-mêmes, multiplie leur appétit de vie et leur courage de proclamer leur vérité ressuscite mon propre appêtit.
Envie de peindre avec les peintres, de rire avec les rieurs de vie, envie de rajeunir tant et tant que je m’éloigne à tout jamais de mes moments d’absurdité, de non amour.
O h ! Paul Cézanne. Study of trees. Extraordinary ! je ne sais plus pourquoi ces taches bleues, quelques vertes et brunes émeuvent si fort l’arbre qui croît derrière mes yeux, sous mes paupières. Une mystérieuse correspondance. Comme si le Paul donnait à la Gisèle, l’occasion unique de rencontrer SON arbre.
- Oh à Rodin « Mâle et femelle »
- Un mariage de quatre éléments avec Chagall, la réconciliation tournoyant dans l’espace de deux féminins, des deux masculins que forme un couple en harmonie.
- Un tendre Picasso des débuts
- « Trees » encore avec André Lhote. J’ignorais ça. Est-ce le même que celui du Tassili ?
- un Pierrot de Juan Gris 1924
- un étonnant visage de femme souriante, sculpté, d’Amadeo Modigliani. Au lieu d’étirer sa souffrance comme ce que je connais des femmes de Modigliani, elle évase un sourire de Bouddah
Je vais tenter de retenir ce sourire.
Oh Pierrot Mine la prochaine lettre sera pour toi, avec toi, à cause de toi. Ce voyage me ressuscite ( que j'aime ce mot!). Tant pis si la route est longue. Je ferai le tour du monde.

PS Retourné voir « mon » Paul Cézanne. Rencontré deux françaises jeunes, (comme moi) voyageuses( comme moi) cultivée-artistes ( as I, such I ?) il y aurait paraît-il 25 danseuses de Degas coulées après sa mort. J’en verrai une autre à Toronto, ce qui porte à 3 le nombre de mes rencontres avec le tutu défraîchi
je préfère les chevaux.

lettre d'Amérique


À qui ?

Je suis au Foggy Museum à Harward. Je viens de voir de si beaux tableaux. Quelques Oh ! que j’ai retenus pour ne point affoler le jeune, grand, beau, benêt gardien, qui tournicote autour de moi avec son talkie-walkie dont je comprens le sens seulement maintenant To talk, To walk.
Oh ! une statue de la Vierge, bois de catalogne.
Oh ! tien sdonc ! pour cette danseuse de bronze de Degas habillée de son tutu en tissus terne et fané, chausée de ses chaussons de satin que j croyais avoir définitivement laissée au musée de Martigny en Suisse où nous avions il y a un peu plus d’une semaine( avec les Coomer, Marion et Raymond° que le temps passe vite pour des grands voyageurs comme nous ! que les œuvres d’art uniques sont multipliées par le voyage ! quel plaisir de reconnaître les Braque, Degas, Turner … que le musée offre en abondance !
Oh ! pour cette Catherine de Sienne au lis, d’un certain Giovanni di Pado ( Vers 1450)
Mais je glisse vite hop hop hop sur les Flamands, les Italiens ( peu représentés) les Anglais des siècles passés, sur les Vierges, Odalisques, portraits, landscapes … je me sens davantage attirée par la réalité déformée de mon siècle

26 novembre 2011

lettre d'Amérique



/.../ ça a marché. Il a soif. Il a été bien reçu, apprécié dans son américain revenu somme toute assez bien malgré les quelques 15 années de mise au placard. Nous aurons un computer museum à Grenoble ou à La Loue( prononcer au choix zéoeum ou zéoume) qu’on se le dise ! avec comme correspondant un certain David Sympa.
Les Américains mettent tout en musée y compris la folie collective ou privée. Ex les sorcières.( the witches) Ça te dit quelque chose, sorcière toi-même ? Comme elle m’a encouragé ta petite dame à cheval sur son balai qui n’en finit pas sur mon étagère d’encourager mes dérives éjaculo-écrivassières, d’ici à là, de tabernacle en tabernacle. C’est avec elle que je concluerai sorcière bien-aimée.

Dieu qu’elle est belle la grand-mère hindoue quand elle quitte ses aiguilles, rit comme une jeunesse et laisse le voile bleu-vert flotter sur les épaules du sari bleu dans le petit vent qui sent la mer. Nous sommes seuls maintenant dans le bateau-restaurant et la batterie de musées ou musées à batteries. J’espère que Pierre aura plus de chance que moi. En tous cas je lui ai simplifié la tâche. The children’s museum ( prononcer pas musée du tout) c’est de la bibine à 4 étages, de la roupie de sansonnet ( pardon ma voisine pour cette allusion malveillante aux dévaluations des sansonnets ( pardon pigeons et moineaux pour ce mépris que la roupie ne mérite pas davantage)
Pardon Marthe pour ces longues circonvolutions mais je n’ai rien à te raconter du mac-do musée. C’est si triste cette confusion entre les enfants et des bestioles débiles. C’est bête et laid.
La laine est verte. Le coup d’aiguille énergique et sûr. Il y aura à Boston au moins un gosse qui portera du sur-mesure tricoté d’amour au soleil et sans slogan replet imprimé recto verso.
Replet. Voilà. Ce vieux mot me plaît bien pour le flanquer sur le paysage ci-devant. Replet, boursouflé, bourré aux hormones de croissance et donc américain. J’exagère, là j’exagère. Un musée qui n’est pas un musée mais qui en prend le titre, un Barnum pour enfants qui ne seraient pas des enfants mais des veaux d’embouche, mal embouchés, gavés de glaces, de sodas, de niaiseries colorées et bruyantes, peu coûteuses somme toute et rentables puisque on revend par derrière ce que le devant offre gratis.
J’exagère bien sûr : il y a de BEAUX Américains, minces, souples, cleans et je suppose intelligents et cultivés. Ceux-là voyagent en Europe, n’amènent pas ici leurs enfants. Ici c’est pour le tout-couleurs-confondues, américanisés par l’estomac et les excès en tous genres – graisses, sucres- télévisés et computés.

25 novembre 2011

lettre d'Amérique


Lundi 30 Août
Marthe, ma Marthoune,

Pourquoi à toi cette occasion de lire cette occasion d’écrire ?
Pourquoi pas ?
Pendant qu’au fil des rues de Boston – larges, spacieuses, américaines – mes pas récapitulaient les souvenirs de mes yeux, histoire d’économiser mes pas futurs, je me sentais tout doucement guidée vers toi, ma douce pour continuer mon journal de voyage.
Journal-voyage : deux mots enchanteurs qui vont si bien ensemble pourvu qu’on le veuille.
Non que je n’ai encore des choses à dire à Sarah mais pour lui parler d’un musée pour enfants, je préfère faire appel à référence pédagogique sérieuse.
Je suis devant ce Children’s museum( prononcer Hum !) que je viens juste de quitter. Avant de t’en dire du mal, je préfère décrire le banc d’en face et la grand-mère hindoue qui s’y est posée pour tricoter. Les cheveux sont gris, sagement noués en un petit chignon sur la nuque qui, en plus de la couleur, a même taille et position que celui de ma maman. Les lunettes sont épaisses, le sari bleu-pâle, aux motifs imitation broderie angaise : un comble !mais je n’aperçois pas- désolée !- la couleur de la laine. Si la grand-mère se détourne tant soit peu, je te renseignerai davantage. Gris, les pigeons qui picorent les restes des repas que l’on débite dans une monstrueuse bouteille devant le soi-disant musée ( le kiosque a forme d’une bouteille)
Oh ! le mari, le père ou beau-père viennent de s’asseoir près de la tricoteuse. Superbes turbans, blanc-crème pour l’un, bordeaux pour l’autre.
La place s’est vidée de ses grappes d’enfants accrochés aux parents. L’entrée du musée-entre-guillemets est gratuite. Sa fréquentation assurée, le Mac Donald et la bouteille à fast-food tout proches. Mr Mac Do est le papa du musée. Ce qui explique si ce n’est tout, du moins beaucoup de choses.

Pierre va sortir dans un instant de sa consultation avec un de ces Américains haute-gamme « The computer museum »( prononcer Hume). Il lui aura laissé, comme je l’ai déjà espéré dans un de mes soupirs précédents, les circuits bien intégrés et les puces imaginatives.
Fin des médisances. Ou presque. Le temps n’y est pour rien, ma visite pour quelques chose et mes jambes sans doute pour beaucoup. Encore qu’elles cherchent à me faire plaisir en ce moment. Elles me supportent !
La grand-mère hindoue s’éloigne avec ses deux petites filles. Elle est remplacée par …

24 novembre 2011

lettre d'Amérique


Boston dimanche 29 Août

Sarah, ma Sarah,

Me voilà donc au nouveau monde comme on l’appelait encore quand j’avais ton âge bien qu’il y ait déjà plusieurs siècles qu’il ait été redécouvert. Le nouveau monde : l’Amérique quoi !
Pour la première fois – et c’est à toi que j’ai pensé la première en arrivant de l’aéroport sur le bateau qui rejoignait l’île où accostent les avions au centre-ville où nous allions accoster à ? ( Boston est précédée de nombreuses îles. C’est une surprise que de l’apercevoir en bosquets verts, en bateaux à voile, en sillages blancs tout-à-fait cartes postales, quand on descend du ciel pour la rejoindre.
En abordant donc la ville de terre ferme, j’ai vu venir l’Amérique des images que je m’en faisais : buildings sur ciel bleu, alors que les petites îles précédentes éclaboussées sur la baie m’avaient plutôt fait songer à la Suisse, aux bords proprets du lac de Genève.
Tout ça est peut-être bien compliqué pour toi et tu te demandes pourquoi ce discours s’adresse à toi en premier. J’y arrive.
Je sentais monter en moi une lettre en bulle de limonade qui commençait à pétiller dans tous les coins libres de ma tête ( il en reste malgré La Loue, St Nizier, La Colline , toi, Estelle, Nils, Anouck)
Une lettre encore non identifiée, un owni du Nouveau monde et de moi Nouvelle en ce monde, récit de mon voyage que je ferai à l’ami(e) idéal(e) qui m’attendrait en ce coin inconnu. Occasion nouvelle de faire mousser la petite musique intérieure à qui ne saurait rien de la France, d’une mamie française, de ce que nous pensons, buvons, rêvons, nous pas américains pour deux sous. Sur le bateau, dans le soleil bavard qui me tapait sur le dos, la bulle imaginée a éclaté. Celle qui a suivi - peut-être de champagne celle-là- si légère, si heureuse, a inversé le sens de l’adresse. Elle se retournait vers l’arrière, elle voulait raconter le tout neuf qui s’essayait ici ; elle se fixait définitivement sur toi.
Comme si tu m’avais redonné mes six ans. Et je battais des mains de plaisir. Oui ! Super ! et je te voyais toi plus vieille, à vingt ans, descendre du bateau qui tangue un peu en acceptant la main du captain pour ne pas tomber ridiculement à l’eau en touchant le nouveau monde. Toi plus vieille, moi plus jeune ! Deux voyageuses à bulle.

Il faisait si beau ! il fait toujours beau ma Sarah quand on a chassé le vent et l’orage de sa tête. Que je te raconte d’abord le temps qu’il nous a fallu pour réussir pareil changement !
Nous sommes partis hier Samedi de St Nizier puis Grenoble-Paris en train. Compte presque toute l’après-midi, le temps de fermer les portes, de cacher les clés pour ceux qui voudraient ouvrir, d’ajuster dans les valises les trésors indispensables à l’un et à l’autre. ( Ainsi Pierrot a DEUX couteaux de poche : son Opinel et son Laguiole ; moi, DEUX blocs de papier, DEUX carnets …) ce matin, de Paris-gare de Lyon, nous avons rejoint Roissy. Le vol dura de 12H à 19h environ, j’ai oublié les minutes mais pas l’étonnement de ce que je peine à t’expliquer :
La terre est ronde : bon ! nous avons tourné autour et nous sommes arrivés avec l’avance que nous avions prise à la rattraper. Ne me demande pas de détails ! J’ai décalé ma montre sans en demander. À Boston il était 13H3O. Un beau soleil d’après-midi. Pierre a remarqué que nous avions tout notre temps pour trouver une chambre et moi, que mes jambes, elles, n’étaient pas aussi lestes que la terre pour passer de l’heure de Paris à l’heure de Boston et qu’elles se reposeraient bien sans tarder. Nous étions donc d’accord. OK !
Alors le grand chef des Indiens de St Nizier a demandé « one coin » ( prononcer KOÏNE) pour téléphoner et je suis allée, moi, ta grand-mère, demander la pièce à la banque à côté et 10mn après nous étions attendus au Milner Hotel. Le grand chef continue à parler au Nouveau Monde et à l’heure du nouveau monde : les nuages s’écartent, les restaurants s’avancent. Nous attendons en ce moment même le saumon grillé chez Rocco. Je viens de quitter le petit parc aux écureuils où j’avais commencé ta lettre, ta lettre à toi Sarah, ma Sarah.
Les écureuils sont empanachés d’une superbe queue qui double leur taille. Ce sont de tout petits écureuils qui se promènent du parc au cimetière sans voir de différence. De fait il n’y en a pas. Les morts américains sont allongés sous une butte d’herbe presque anonyme ; et nous, qui croyions, d’après les films, qu’ils recherchent les sun lights jusque dans la tombe. Pas du tout ! tu vois comme il y des réputations trompeuses. Les cow-boys une fois refroidis sont très discrets. Tu vois aussi comme les voyages forment la vieillesse. Si je n’avais pas osé quitter Le Bouchage, à cause de ma tombe réservée au cimetière, je continuerai d’imaginer les Etats Unis. Alors que maintenant je les vois. Je les imaginais sales, braillards, ou richement embaumés, couverts de fleurs. Du tout ! je découvre une ville clean, élégante même, où les écureuils se promènent de tombe en tombe, de talus en talus, alors qu’un carillon vieillot et mélodieux égrène l’heure du soir qui vient se coucher tranquillement avec les morts du parc, doucement, sans fanfare, comme doucement, le cornemusier a garé sa roulotte et clôt pour toi et moi cette si longue journée.
Ce sera tout pour aujourd’hui Sarah. Dans quelques jours tu vas apprendre à lire et tu ne t’arrêteras plus.
Moi je continuerai à t’écrire avec encore plus de plaisir !

22 novembre 2011

faux Papillon 8


Papillon’assez !
Je voudrais repartir d’un bon pied
Accessoirement de la bonne aile
Mais mais mais mais mais mais mais Où
Aller ?
Tant y a d’roulis dans ma cervelle
Et je déteste la soupe aux choux
Ni en Alsace ni au Pérou

J’voudrais renverser la vapeur
Mais la marmite qui mijote
m’échaude les mains et les humeurs
Accessoirement dirait ma sœur
Va donc réchauffer tes mitaines
chez la maman ou les docteurs
Mais mais …………………………….Mais
Autant l’un que l’autre m’casse les burnes
( si j’en avais)
L’acupuncteur plante ses aiguilles
pile à côté de mes circuits
Bloque l’énergie transcendantale
et rate son coup dans le bocal
aux alouettes
Le kiné ! ah oui Parlons-en !
Tantôt rudoie mes amygdales
Tantôt siphonne mes dégueulis
En tous cas tous deux c’est peau d’balle
et peau d’zébi !

Bon ! Calmer le jeu ! Casser les pieds
gentiment à autre qu’à moi-même
ça doit pouvoir s’organiser
pourvu qu’l’ORL se démène
et qu’ma maman envoie d’là-haut
un peu de vent dans mes misaines !

21 novembre 2011

papillon 7


Tu me diras lesquels mots bleus
tu as cachés dans l’arbre à sel
puisqu’un seul souffle de ta voix
a fait fondre les fleurs de gel.

Tu me diras quand l’été vient
pourquoi les dahlias ont des ailes
et volent avec les papillons
jaunes et blancs sur ton gazon.

Quand nous serons si bien lotis
que la maison sera ouverte
sur les enfants de nos petits
tu me diras lesquels mots roses

annoncèrent la métamorphose.

19 novembre 2011

papillon 6


il restera dans ton âme la flamme
l'ardeur de consumer le feu qui est en toi
et qui toujours réclame ...
aucun amour, aucun galant
fut-il gentlemen
ne pourra apaiser l'immensité de toi

alors repars encore à l'assaut des étoiles
trouve dans un poème
l'inextinguible et le divin
penche-toi vers les fleurs comme toi submersibles
comme un papillon ivre et lucide
mais qui toujours repart à l'assaut des glycines

porte-bien
ainsi que tu es, persévère !
et laisse-toi aller dans le beau jour qui vient
fidèle lui à ta lumière

18 novembre 2011

papillon 5



Par désir d’un miroir

Par désir d’un miroir
j’ai battu la campagne
Pour me faire un bouquet
j’ai cueilli tant de fleurs
que les tiges fanées
plombaient ma marche et mes regrets

De l’eau du Rhône
en hésitant je me suis approchée
J’ai guetté mes remous
apprivoisé mes vagues

Ensuite, d’un regard audacieux,
aux yeux de mes enfants
j’ai cru voir briller
le reflet de moi-même et de tous mes parents

Toujours plus en avant
je suis allé chercher dedans les livres et jusqu’en les étoiles
-du moins je le croyais-
le pourquoi de mes cils et de leurs battements

Aujourd’hui …
câlinant mon chat sur mes genoux
écoutant sans surprise son ronronnement doux
par quelques mots saisis
j’écoute le miroir …
longuement …sans compter les heures, les minutes,
Tout cet acharnement de posséder le temps
je le vire de mes veines

Et je me vois bien mieux par mes mains, ma mémoire
qu’en une grande glace fixée dans le salon
ou dans quelque musée décoré de mon nom
qui prétendraient donner le fin mot de l’histoire
et redorer les ailes à quelque papillon

16 novembre 2011

papillon 4


Un seul et même amour têtu comme bruyère
Calouné de soleil et retenu de vent
Une seule saison pour dire oui à la terre

Et pour s’en imprégner, de sa beauté renaître
De son élan, de son ardeur, de sa tempête
Un seul baiser donné et pris tant bellement

Tant bellement que morts respirent et recommencent
Font signe de la main, s’éloignent en souriant
Que vivants détournés un instant de leur quête
Y boivent en passant

Sur les piliers du temps nous planterons des roses
Sur ce temps morfondu les minutes présentes
Iront se réchauffant et le commencement
De cet amour total touchera de son aile
Un papillon sur la bruyère

Puissé-je être là à l’heure de son éveil !

15 novembre 2011

papillon 3


Hola ! hombres, mujeres !
Soy aqui !
Non je n’ai pas changé de langue, de pays, même si je m’amuse à vous le faire croire par l’apostrophe.
Flot des mots, flash des couleurs : c’est toujours ce que je tente de saisir pour vous le répercuter
En fait ( « en fait » : comme dit mon petit fils pour souligner l’intérêt de sa réflexion) je n’avais pas arrêté ma chasse aux papillons pendant cet été. J’engrangeais avec l’idée de vous retrouver, aussitôt rentrée dans les bras de l’ADSL à St Nizier.
Merci de revenir avec moi.
Merci d’être toujours là dans vos blogs où je vais pouvoir cueillir vos propres échos
hola ! haut les cœurs chers visiteurs !
A notre santé !

14 novembre 2011

papillon 2


ALORS

alors
alors puisque tu veux
accroche ton cartable au dos
nous aurons les mains libres
pour des saute-moutons
pour des saute-chevaux

ALLONS
allons
allons ma jeune fille
allons
enfant de toi qui fait bleuir tes yeux
et rosir tes pensées
belle amoureuse encore chenille
mais papillon de nuit et de jour embrassés
prête-moi tes deux mains
pour les joindre à mes cœurs
en ce pays de folie douce
où je sais t'avoir rencontrée.

13 novembre 2011

Papillon 1



Je t’ai rencontré
Toi le flamboyant
le fugace
Pinceau rosi à transpercer le ciel. Epée de feu à féconder la terre.
Apothéose de la lumière sacrée…
J’ai creusé mes rives.
J’ai affiné l’attente de ton nom.
Etait-ce un grillon qui chantait ? Un oiseau qui se frottait les ailes contre sa gorge ?
Et tu m’as dit.

J’ai cru en moi. J’ai cru à l’immortalité de l’âme. J’ai cru à la rencontre inaltérable dans l’éternité de la mer.
Et j’ai nagé à ta rencontre.
Quittant la côte nous avancions vers la ligne haute de l’horizon.
Souplesse de nos vagues coordonnées. Brasse aventure de nos mots pacifiés .
Tu m’as écrit « Je t’aime » sur ma peau bleue.

L’iris fleurit, fane. A concentré les petites graines de sa capsule oblongue.
La lavande est en fleurs. Un papillon y passe, frôle le subtil parfum qu’il transmet au buisson où piaille le piou-piou.
Le chêne persévère. Par-delà le chemin, tient bon.
Les tomates mûrissent, froncent à peine sourcils quand l’avion passe.
L’arceau ploie le rosier. La cloche sonne. C’est Dimanche.
Je te rencontrerai encore. Nous danserons.

12 novembre 2011

lettres d'automne Z


Z … de qui cette citation retrouvée sur un petit bout de papier ? Le Clézio ?

« Car la pensée ressemble au clavier d’un piano, divisé en un certain nombre de notes ou à un alphabet composé de vingt-six lettres rangées bien en ordre, …
Z n’est jamais atteint qu’une seule fois par génération

/…/
Il sentait à présent qu’il lui était complètement indifférent de savoir ce qui arrivait jusqu’à Z ( dans l’hypothèse où la pensée va comme un alphabet de A jusqu’à Z). quelqu’un y atteindrait. Si ce n’était pas lui ce serait un autre.
****
Celui qui écrit aura fait comme s’il remplissait une coupe avec toute la lumière de l’été, tout ce qu’il y a eu dans l’été, puis il l’aura soulevée pour la faire briller dan sa main – avec tout ce qu’il y a dedans- qu’il faudra avoir dit avant que le gel gagne ses doigts ;
Car déjà se replie l’éventail du jour.

Philippe Jacottet « Autres journées »

11 novembre 2011

lettres d'automne Y


Y
Ne choisissez le saule
Déjà roi du marais
Ni le long peuplier
Qui enchante les tuiles
Mais venez s’il vous plaît
A l’heure qui vous convient
Planter sur mes racines
Un souvenir nouveau
À rames et arceaux

10 novembre 2011

lettres d'automne X


X
Confrontées au vent qui hurle du large
Jamais ne se coiffent les filles de pêcheurs
Confrontées au vent qui lissent leurs cheveux
Et plaque leur robe Et plisse leurs yeux

Elles sont à bâbord rajuster la voile
Elles sont à tribord quand tourne le vent
Elles sont aux fourneaux, elles sont aux machines
Jamais ne se lassent les filles de pêcheurs

Et mât d’artimon ou mât de misaine
Brouillards du matin ou brume du soir
Jamais ne se cachent les filles de pêcheurs
Car ce vent est mien, car la mer est leur

Jamais ne vieillissent les filles de pêcheurs
Sur leur front ridé la mer se prélasse
Le vent s’adoucit au fur de leur âge
Et j’offre mon âme à ce vent offert.

09 novembre 2011

lettres d'automne W


Après ma mère
je sais qu’il y aura plein de choses à faire
de graines à semer – surtout des graines ! –
En chaque salade pommée
en petits pois bien durs à écosser
je sais qu’il y aura sa voix et ses lamentations
devant tant d’abondance
à égrener, à conserver, à replanter sans cesse
Et même ces jours pleins dont Dieu nous fait cadeau
je sais qu’il me faudra les enrober de crainte et de ressentiment
- Sait-on jamais ? Si Dieu n’entendait pas chaque matin
tout ce que ma mère lui reproche
peut-être arrêterait-il le monde ! –

Pourtant je sais aussi
qu’à force d’habitude et de malice
Dieu me continuera la terre et le travail et la misère
À ma mère, logée à la cuisine de la maison de Dieu
en train de fricasser un poulet
ou de dépecer une anguille de rivière
en rouspétant bien sûr
contre hommes et dieux, pêcheurs et goinfres
Je sais que Dieu dira
-sans doute en patois pour se la concilier-
« no van qui on bero de travè pe ta filha »
(nous allons chercher une brouettée de travail pour ta fille)
et posera sur le pas de ma porte
sa berottée de mots.
Et qu’en ferai-je ?
J’irai les donner aux lapins avec l’herbe
aux poules avec le grain « Petits ! Petits ! Venez ! »
Ma mère fera remarquer à son hôte
que tout seigneur qu’il est
cette année est trop froide ou trop chaude
qu’elle va gonfler les ventres et donner la pépie
que le temps se détraque
et que les dictionnaires ont tellement changé
qu’on ne sait plus si ça a un sens tout ça !
Dieu lancera à la volée ses éclats de voix
Ses rires, ses tonnerres
Et moi,
ruisselante de mots, éperdue de bonheur,
ouvrant mes bras, mes cœurs, mes mains
et tout le Saint Frusquin
Je crierai :
« Bon Dieu de Nom de Dieu de Bon Dieu
toi qui as pris ma mère
Arrête un peu de me la redonner
chaque jour dans ma gorge et mes rêves
Laisse-moi oublier que son ombre est trop grande pour y dormir
Donne-moi le silence un peu
avant que de finir.

08 novembre 2011

Lettres d'automne V


V
Louise, ô Louise
Vous auriez une main à tracer des poèmes
Que la nuit serait belle
quand vous feriez lever le jour de vos dentelles

Louise, ô Louise
Le papillon qui tourne sous la lampe
a, comme dans vos yeux
des tremblements étranges
Mais lorsqu’il vient poser sur la page ses ailes
s’arrête le chagrin de la page muette

Louise, ô Louise
Serez-vous un enfant délivré des mensonges
ayant ouvert les coffres et vidé les armoires
ou la vieille branlante qui recharge son poêle
avec des lettres mortes et des mots sans raison

Si vous n’étiez que Louise j’accepterai peut-être
de m’appeler Hélène
mais vous m’êtes si proche à minuit sous la lampe
que le papillon clos refuse d’en finir
Il s’agite au bord des livres sans décence
et vous m’êtes Euphroisine, Lina, Berthe ou Clémence

et je suis le crayon que vous vouliez tenir

07 novembre 2011

lettres d'automne U


U
J’aurais dû m’appeler Gertrude
J’aurais beaucoup moins d’inquiétude
pour ces ailes qui ne poussent pas
Ma mère fut bien inconséquente

J’aurais dû m’appeler Soupente
Au lieu de crier sur les toits

G-j’ai-Gy vais. Ivraie morose
J’aurais dû m’appeler Gervaise
Et j’irai ramasser des fraises
au lieu de m’agacer de moi.

Si je n’aime pas la nuit noire
(à ce point c’est un mal notoire)
ne reste plus qu’à me donner
un nom éclatant comme Rose
qui sache désamorcer les choses
quand elles vont me péter au nez

Amis le concours est ouvert
Quel nom donnerez-vous à celle
qui geint de ne pouvoir changer
en étincelles ses ecchymoses
et qui signe à défaut de Rose
Pipistrelle du Bas-côté

06 novembre 2011

lettres d'automne T


T
On ne retient pas l’eau qui va …
Mais creuser son cœur en bassin
en deux mains aux paumes élargies
en dix doigts pour filtrer la vie

Toi mon amour déjà parti
je te prends apte au souvenir
d’une caresse et d’un abri
d’une confiance et d’un sourire

toi mon enfant déjà enfui
je te prendrai encore ton rêve
un autre enfant vient à tes lèvres
j’aime le son d’une harmonie
qui t’appelle et qui te grandit

Et d’aubes en puits, de source en corps
l’eau qui n’achève pas sa course
rend à la terre ses trésors

L’eau frôlée de tant d’alluvions
se fait plus forte et plus claire

On ne retient pas l’eau qui dort

ni l’eau qui monte

Mais une goutte sur nos lèvres ?

05 novembre 2011

lettres d'automne S


S

Au lilas de nuit si fort s’allument les rêves
L’aube en est brûlée

C’est pas encore demain la veille
Le chasseur qui chasse en ma cour
- et je lui interdis l’entrée-
n’a pas encore tiré le lièvre
n’a pas tué le lapin bleu
ni la marmotte du sommeil
ni le double chevreuil gris.

C’est pas encore demain la veille
et je vaque à mes images
j’éclaire et chauffe le matin
- faut bien que jeunesse se fasse !-

Si fort je frotte mes oreilles
que l’âne qui pousse en ma tête
braie pour faire lever le soleil

Et quand mes yeux lavés de nuit
peignent des ailes, brossent des plumes
c’est une humeur de colibri
qui balaie la maison pareille
et autre encore que ce chasseur
chassant la vie avec sa peur.

04 novembre 2011

lettres d'automne R


R
Dessous ma fenêtre
Y a un ange et un loup
Mais je ne sais lequel prendre
Pour m’accompagner un bout
De chemin

Car si l’ange fait la bête
Et le loup garou
Peut-être que la fenêtre
Ne leur convient pas du tout

Passant par la porte
J’ai trouvé une licorne
Et sous son escorte
Je dépasserai les bornes

03 novembre 2011

lettres d'automne Q


Q
La maison dans les peupliers
refait ses hanches
Agrippe les saisons
pour n’en laisser passer aucune sans raison.
Elle offre de l’herbe aux enfants
Aux pères un bock de bière sous les branches
Et les filles mangent une pomme d’automne
Assises sur le seuil et sans penser à rien

Maison des quatre vents et des quatre saisons
Cœur empaquemuré dans sa maison.

02 novembre 2011

lettres d'automne P


Jacques,

Rien ne réveillera cette passion étrange de comprendre
- et pourquoi donc ? -
Vous m’avez oublié mon ami en septembre
Le temps est long.
J’avais cru sottement lui ménager des pauses
même avec vous
Et même réparé une tonnelle à d’autres
rien que pour vous.
Je reprends ce vieux Vous pour vous parler du sombre
juste de moi
Je frappe sur l’écho. Saura-t-il me répondre ?
Le temps est fou.
Je sais que ce temps-là vous l’employez sans doute
à turbiner
à faire le tapin dans les peurs et les doutes
Pour y gagner
une maison fermée le soir sur vos varices
Le temps est dur.
Mais juste un refrain pour ce métier de haute lisse
- la rime en rit, le rythme en pleure-
où reste inachevée la toile ambitieuse
- plus que de mes tourments, plus que de vos pensées-
la toile heureuse
d’un homme et d’une femme qui surent se parler

Me reste cependant une chanson à boire
et à manger.

01 novembre 2011

lettres d'automne O


O
La voilà, la voilà la rose
Unique, encore revenue
à l’angle du volet chenu
pour les yeux d’automne, elle pose.

Devant elle le rideau s’écarte
Le feu rosit, le lilas dort
Aujourd’hui est le jour des morts
La rose prie ceux dont elle garde
le souvenir. Et la maison
qui les vit naître recompose
la flamme sous leurs paupières closes.

On entend un bruit de chanson.

Il est temps d’aller la poser
sur le gravier du cimetière
Qu’elle rejoigne en ce jour la mère
qui la planta et qui chantait …

À l’angle du volet chenu
un frêle instant la rose reste
Il est temps d’enfiler la veste
de ceux par qui elle est venue.