Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

29 décembre 2011

QUELQUEFOIS ...


« Quelquefois j’ai l’impression que j’irai un peu plus loin
plus loin par exemple que ces textes
le vécu précède le raconté
l’acte précède la pensée
souvent je crois que j’irai plus loin
par exemple jusqu’aux origines
le vivre est antérieur à la parole
l’être au faire et au paraître

oui je sais que j’irai beaucoup plus loin
par exemple jusqu’au silence »
Daniel Biga

28 décembre 2011

laisser ...


Laisser glisser sur le vent le voyage
Ne pas bouder ni la fatigue ni l’orage
Franchir les limites et dépasser les phares

Enfant encore par la force du rêve
Adulte aguerri, propriétaire de tes méandres
Oser plus loin, porter plus haut, choisir plus clair
Si le chemin devant soi se lézarde
Accepter de la faille l’attente et l’audace
Rester sur place.
Poindre ton jour et dormir ta nuit.

27 décembre 2011

REVEIL


Jardinage et caquetage
sont les deux mamelles du langage

Exponentiel de la cervelle

Le dessous de la brouette
dégringole dans le ruisseau
Le dessus au bout de mes mains
va réintégrer le jardin
J’enseigne et je parle en trois langues
Une floppée - au moins quarante-
d’enfants pour apprendre les mots
Mandarine et Pipistrelle
Jolis, drôles et figurés
Ce qui commence par pipi
a le don de vous dérider !

Mais le tableau trop éloigné
ne répercute que des signes
inaudibles dans les narines
Il faut bien pourtant faire la liste
de ce que nous avons appris
aujourd’hui

Que viennent faire ces personnages
Adultes, de surcroît importuns ?
Laissez-moi conclure la leçon !
Ne dérangez pas leurs neurones !
Mandarine et Pipistrelle
sont les surcroîts de la cervelle
Et le dessus de la brouette
est bien rangé dans les allées
Tandis que le dessous se coince
hors d’atteinte et de propos
entre les cailloux du ruisseau

Et je viens juste de passer
du rêve à la réalité
CQFD

26 décembre 2011

BEAU TEMPS SUR TOUTE LA LIGNE


Il fait un temps à mettre le nez dehors
à mettre l'oreille en coin
les yeux en sémaphore
Il fait un temps Bon Dieu
un temps superbe ...
il fait un temps à mettre ses illusions en berne
et à croquer toutes les pommes
Il fait un temps Bon Dieu
à jouir de tes farces

Eureka ! j'ai trouvé
C'est le cas de le dire plus que jamais
Il est toujours le temps pour mieux en rire !

25 décembre 2011

deux frangins


25 dec
Tom et Matis
Dans l’arbre à malices
Se donnent la main
Matis et Tom
Dans l’arbre à chansons
Se donnent le ton

Variante :

Tom et Matis
Dans l’arbre à coulisses
Se mordent la cuisse
Matis et Tom
Dans l’arbre aux frissons
Se crêpent le chignon

24 décembre 2011

à un apprenti calligraphe


24/12
Fais confiance à ton dos
droit comme l’arbre
qui s’élance et uni la terre au ciel !
Harmonise
droite et gauche
haut et bas
silence et musique
force et souplesse !
Espère en la blanche page
que tu couvres de ton signe
et de beaux caractères !

Hardi bûcheron
Elague et taille

23 décembre 2011


J’aimerais faire comme tout l’monde
sans peur et sans honte
Manger des pop corns au ciné
et bien digérer
Mais les dieux ostentatoires
me bloquent les mâchoires
Faut que j’aille consulter
pour les décoincer
On dit que la terre est ronde
j’peux pas vérifier
Chez moi ça descend, ça monte
c’est jamais fermé
Dans mes cercles imaginaires
les blanches et les rondes
ont du mal à s’accoupler
aux noirs triolets
Pourtant je veux bien y croire
et sans faire d’histoire
Que Noël est pour demain
au creux de ma main
Boire à la source claire
fera mon affaire
Comme toute et une chacune
j’irai décrocher la lune …

22 décembre 2011

22 v'là Noël!


En allant à Mèze
on n’est plus à l’aise
les vagues dansent si fort
Un courant indigne
nous pêche à la ligne
nous prend-il pour des cormor-
rans suite il s’échine
il faiblit puis se résigne
Grâce au capitaine
on a retrouvé le Nord

à midi moins onze
sur l’étang de Thau
de l’année 20 fois et 11
qui bientôt tombera à l’eau

21 décembre 2011

Para Monica



à Sète en décembre
peu avant Noël
on trouve de tout

Premièrement, Aux Pierres Blanches :

Des bisous gratuits
( de la dame jeune et jolie
à qui je propose une photographie
avec son chéri)

Deuxièmement, à l’Eglise St Louis:

Des bisous gratuits aussi
de la soprano rayonnante
à qui je concède des compliments appuyés
car pour en arriver LA
il a fallu travailler d’arrache-pied
et d’accroche-DO


Troisièmement : au marché du mercredi
(Dit encore Grand Marché)

Des Chansons de cœur à cœur
et d’oreille à oreille
avec l’auteur- compositeur
qui vend des livres d’occase
donne son reggae
me confie ses amourettes
et son grand amour
( et me paiera un café
la prochaine fois)

Quatrièmement, dans le Cimetière Marin:

Des oreilles qui écoutent
Celles de Charles et Sarah
quand je leur récite
ces vers qui m’accompagnèrent
le long de ma longue route
et qui durent toujours
par-dessus la tombe raide
Une anonyme fleurette
posée sur la pierre.

Et Cinquièmement :

Ouvrant la boîte à e mail
la douceur d’un message
Qui dit « Un très bon Noël
Avec de beaux chants
Beaucoup de tendresse
Un immense espoir »

NB : j’ai bien fait de suivre
à la lettre et en image
le conseil sophrologique :
Cinq bonheurs pour chaque jour.

C’est un bel et bon programme !

20 décembre 2011


De la nuit :
A trois heures et quelques centimètres
Je ne me sens pas mal
Ou plutôt me sens bien

Mon crayon qui dérape
Aucun mal de chien
Ni au dos, ni à l’âme

Je vais je viens
La nuit noire éclairée par une lampe bleue
La mer, dans le tableau, stable entre ses quatre angles
Reposée de ses vagues
Attend que le bateau du temps lui confère des rames …
Tandis qu’une rumeur se lève entre les mots
Une voiture dans la rue passe
La nuit s’étire et se prélasse
Se prélèche et préface
du jour la camisole ou le bal des quat’zarts
No man’s land … calme plat
L’année va faire sa malle
Et moi, je la regarde …

10 décembre 2011

lettre d'Amérique 5


Les avions n’ont pas le temps de tout enregistrer qu’ils envoient déjà l’escadrille suivante sonder les intentions de nos hôtes.
Je t’ai oubliée Léo ? non ! Cette lettre ne t’es pas réellement destinée, pas plus que les précédentes ne l’étaient à tes voisins de blocknotes. Pourquoi avoir choisi ces fameuses lettres pour ME parler de Mon voyage ? mon voyage oui, et parce qu’il es d’abord le mien, même si je suis montée dans celui de Pierre, je veux qu’i reste lié au reste de ma vie, qu’il joigne mes impressions d’ici à mes émotions de là-bas. Bref ! que les dollars soient américains ou canadiens mais que la monnaie rendue soit ma monnaie. Et avant tout : que ce voyage me permette par l’écriture, le dessin, l’aquarelle de trouver marque sans laquelle il n’y a pas de pays au monde, ni d’instant qui vaille la peine d’être vécu.
Tu es une de ces émotions de là-bas avec lesquelles je suis partie. Je t’ai vue deux fois dans la journée, le matin quand je suis allée porté tes pelotes de laine, tes aiguilles, les livres qui pourraient te distraire de ta peine, de l’ennui, sans te détourner de ta quête difficile : un livre en espagnol, 2 de poésie ( l’amour et l’amitié, la maison) ce Richard Bach que j’ai retrouvé, « le messie récalcitrant » et puis cette peinture de Bretagne qui m’était si chère, faite dans le port d’Erquy, avec les petites filles qui m’entouraient de leur bavardage et de leur affection spontanée. Comme toi. Des petites filles si vibrantes, si simples dans leur adhésion au monde que je prenais comme un cadeau leur présence. Comme je prends comme cadeau la tienne.
Cadeau difficile. Cadeau. Comme les vrais cadeaux qui s’adressent au profond de nous-mêmes, à ce mystérieux dedans de nous-mêmes que nous osons rarement mettre dehors tant nous avons encore peur qu’il choque. Le meilleur de toi pour le meilleur de moi. Et inversement.
Cette année, après beaucoup de bredouillage, barbouillage, je sens que ce qui vient sous mes doigts commence à ressembler à ce que je vois, à ce que mes yeux voient du monde. Je pense : parce que mes yeux commence seulement à voir. Leur propre regard. Le miracle – car c’en est un- survient quand le regard de l’autre correspond justement à ma vision. En somme et pour conclure : chère, très chère, la p’tite G se reconnaît dans la grande L. et quand celle-là a mal, celle-ci a le tripes nouées. Mais quand elle rit, elle chante d’allégresse.
Voilà ce que j’avais à te dire, à me dire, ce jour de fête du travail où tout le monde à Toronto n’en fout pas une rame.

09 décembre 2011

lettre d'Amérique 5


Labour day. Toronto.Monday

Leo bien chère

Le voilà le moment quiet, la table adéquate, un ravissant petit secrétaire ancien avec une chaise capitonnée. Sous mes mains un sous-main de cuir avec dorures, un buvard ocre jaune pour mon stylo Comté qui ne crache pas d’encre, unn buvard donc parfaitement inutile et tout-à-fait anachronique. Comme j’aimerais la plume et l’encre assorties à l’ensemble !. tremper la plume dans l’encrier retarderait le vagabondage trop rapide en direction de tes terres vagabondes et je trouverais peut-être mieux les mots justes pour dire, TE dire, ME dire à toi, tout ce que ces derniers jours ont charrié dans ton sillage.
Mais c’est le stylo Comté qui est là et non quelque plume antique. Comme c’est toi et moi qui sommes en ce moment suspendues, séparées et proches à la fois. Vamos !
J’ai voulu rester « at home » dans cette belle maison ancienne cernée par la ville toute neuve et délirante. Un bruit environnant dément et partout et pourtant je m’y habitue un peu depuis trois jours. Sur le devant de la rue, ses voitures, ses tramways, ses sirènes, un brinqueballement sur fond de pluie. On dirait de grosses allumettes qui craquent et fusent. Dans le dos, malgré la butte qui devrait nous en protéger un peu, l’autoroute avec ses 6 voies+2 de dégagement, la voie ferrée et, évidemment, ses trains où David Crokett ne fait plsu Tchu Tchu ( l’a-t-il jamsi fait ?) mais d’où partent des flèches hurlantes qui nous atteignet en pleine poire, traversent, ricanent encore avant de filer ailleurs. Enfin, au dessus de nous, avions et hélicos, sans doute engagés dans une compétition car ils accélèrent leur rugissement en survolant la maison, semblent descendre en rase-motte pour venir demander à Mrs Hawk et Mr ce qu’ils font encore dans ce cadre désuet aux rideaux vieux rose et à l’ensemble victorien (autant que je sache). Entre deux passages d’escadrille je les entends répondre, chacun de leur côté : j’y suis, j’y reste, et mentalement poursuivre leur argumentation. Les Bed and Breakfast arrondissent la retraite, les voisins – même ghanéens- et même pe,dant le week end, la fin de semaine, quand ils font la fête, élèvent correctement leurs enfants, on ne s’ennuie pas avec les hôtes étrangers, même si on doit rétrocéder 20% de la recette à la Downtown Toronto Organisation qui les draine, traîne jusqu’ici ! Ouf ! surtout qu’ils laissent leurs adresses et un mot gentil sur le grand livre ; enfin : Qui joerait de l’orgue le Dimanche à l’église aussi bien pour les Protestants que pour les Catholiques, si Mistress Yvonne abandonnait le partie. I am here, I stay here

06 décembre 2011

lettre d'Amérique


J’abandonne le sujet. Je veux récapituler les silhouettes que j’ai entrevues, dans le métro de Boston, ses rues, quelquefois avec toi, quelquefois sans toi. La rue comme un musée humain, Les Etats Unis comme la Gardner collectionnant les types, les mesures, les teints, les démarches et uniformisant le tout avec un accent à couper au couteau, comme un brouillard impénétrable : pâte épaisse sonore, collant aux oreilles, tellement que j’ai été agacée tout-à-l’heure d’entendre 2 français de France déconner sur l’art. T’en souviens-tu ? en 1 mn deux conneries majuscules dans le plus pur accent de Corneille :
1- je le mettrai bien dans mon entrée ( il s’agissait du Corot)
2- C’est pourtant pas bien difficile à faire

Pourquoi faut-il que je commence ma collection américaine par deux arborigènes bien de chez nous alors que j’ai annoncé couleurs et démarches locales. Voilà voilà …
1- Il marchait drôlement. Il est descendu de la rame B ou C( nous attendions la E) avec sa copine. Je n’ai compris le pourquoi de son allure que lorsqu’ils atteignirent les escaliers de sortie. Il marchait en attaquant par les pointes.
2- Elles n’ont pas de visage. Du moins quand je les vois, je ne descends, incrédule, que vers leurs fessiers et leurs cuisses. Je m’étonne de la finesse de leurs chevilles et de leurs petits pieds, us égards à la masse qu’ils soutiennent. Elles tiennent debout pourtant comme les chinoises des légendes mais comment peuvent-elles dormir ou s’asseoir, manger encore, faire l’amour avec de telles protubérances de Vénus hottentote ? Et surtout ce qui me tourmente : comment sont-elles devenues ainsi ?
3-Le groupe qui s’avance vers moi est fait de jeunesse asiatique. Le guide américain, long, élancé, a la dégaine nonchalante d’un aviateur 2ième guerre mondiale ou d’un acteur. Bonne illustration du mimétisme des groupes. La culture qui vient de me dépasser ne se gave pas de bière ou vitamines à bon marché.
4-Angoisse encore quand la misère cumule l’âge, la pauvreté, un brin de folie. Les petites vieilles, celle en dentelles du café « Au bon pain » qui raflait les pots de crème, celle, chinoise, du quartier chinois, glissant sur ses savates, celle qui jette des détritus qu’elle tire de ses innombrables sacs en plastique sur le ballast, pieds à demi nus dans des savates de clocharde : toutes furtives, petites, effarées, incongrues, me font mal au cœur et aux yeux.
Au revoir Pierrot ! Fasse le ciel que tu ne me vois jamais ainsi !

04 décembre 2011

lettre d'Amérique 4


Boston 4
Non ! Peter Mine, il n’y a pas eu de lettre du 4ième jour qui rate son envoi puisque me v’là à l’écrire au soleil devant le museum of FINE ARTS tandis que tu viens de pénétrer dans ce haut lieu.
Nous sortons de chez la mère Isabelle (Steward Garden) puisqu’ils ont leur mother in art comme nous avons nos mères in casseroles sur nos terres lyonnaises. Nous y avons consommé ses boulimies de Corot, Manet, de cloîtres, de chasubles, de vierges à l’enfant, de vierges sans enfant, un peu furax conjointement que le fric puisse tout achetre en son nom, un peu écoeurés que la Donzelle ait pu truster tant de beautés( oh ces deux Boticelli au pied desquels je me suis assise ) dans tous les coins du monde, pour les entasser dan son délire, les enchasser dans ses murs où elles composent plus un patchwork de suralimenté qu’une tapisserie des Gobelins au goût authentique. Sans doute je réagis en petite dauphinoise frustrée, en paysanne jalouse mais trop c’est trop ! elle n’aurait qu’une seule bonne idée à exposer la Gardner, un petit chef d’œuvre de rien du tout dans une belle salle nue, avec la demande d’absolution signée de sa main, qu’on lui aurait pardonné. Mains non ! un bazar de l’art par une brocanteuse sans génie.
Ainsi tu m’es prétexte mon pôvre Pierrot occitan pour vider ma bile alors que cette lettre voulait surtout te dire combien je me sens réconciliée par ce voyage avec mon estomac et avec toi. Faut pas que je continue sur ce ton-là. Faut que j’t’dise, faut tout que j’t’dise de ce qui fait mon bonheur … et mon espoir de retour, de renouveau, d’installation paisible sur mes terres, sur les nôtres.
I am happy. Yes. I am. With you. Because you. In spite of you.
Je ne veux pas disséquer ce petit bonheur-là. Seulement le prendre Ne pas l’intoxiquer avec les gaz qu’un chauffeur de taxi distribue allègrement et c’est pourquoi j’ai émigré sous un arbre à l’ombre, loin des pots d’échappement américains mal réglés.