Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

30 novembre 2016

les murs


"J’avais même trouvé le titre Derrière les murs ? les murs c’était les murs de la pension, qui n’étaient pas des murs pour rire. Des murs de pierres pauvres, hérissés de tant d’interdits, qu’il faudrait bien toute une vie pour les franchir, même passée la grande porte sur les mirages de la liberté. C’était aussi les murs de la guerre. Et ceux-là qui les abbatrait, sinon pour les reconstruire, à longuer de temps ? Pourtant, c’était encore le temps de la jeunesse, qui n’est pas seulement heureuse, ou malheureuse, dans le miroir défigurant du souvenir, mais dans son propre épanouissement." P 521 Delpastre

Ceux-là se construisent  à côté de moi et sous mes fenêtres. Murs qui me renverront bientôt d'autres é
chos de voisinage : voix vives? téléportés? voix matinales qui renvoient au jour libre les esclavages de la nuit ?
j'écoute. À la fenêtre de ma vieillesse, j'écoute le renouvellement des cris et des parcours

21 novembre 2016

les pieds dans le plat !


Le plat était en place au centre de la table

Un plat de porcelaine et doré sur les bords

Tout autour les convives guettaient d’un air de matamore

Prêts à prendre leur part du taureau par les cornes

Pourtant le maître d’œuvre, le maître de chapelle
Ne semblait guère pressé de donner le signal
La bête cuite à point dans le jour vespéral
Suintait de lueurs sourdes jusqu’à se trouver mal
Enfin qu’attendait-on ? qui n’était pas ici ?
Aucune chaise vide à l’entour du pertuis
Les portes étaient closes, le plafond suspendu
Tout autour de la salle les gardes retenus.
Je ne saurais vous dire ce qui me traversa
Un zeste de fou-rire, une crise de foi
Mais sans nulle retenu en pareille circonstance
Je me dressai debout et les mains sur les hanches
Avant que président, trésorier, secrétaire
Puissent empêcher moi-même de me flanquer en l’air
Avant que mon voisin, pourtant costaud des halles
Puisse me ceinturer ou me rincer la dalle
Bref ! avant que quiconque puisse me battre froid
En toute simplicité je mis les pieds dans le plat
Un grand vent de typhon souffla par les naseaux
Le plat de porcelaine craque sous le taureau
Et la table étonnée se souleva de terre
Pour nous laisser partir en bonne compagnie
Moi la végétarienne et la bête rotie.

Si vous ne me croyez lisez donc les journaux
On a tout intérêt quand on n’aime pas le veau
Ni son père, ni sa mère, à mettre les pieds dans le plat
Et pourquoi pas ? le derrière !

12 novembre 2016

l'arbre aux poissons

il m'a suffit de regarder dans le miroir de la mare
pour voir les poissons s'envoler
des poissons rouges, des poissons bleus
comme le ciel de leurs nageoires
C
'est étonnant comme l'on peut
changer de perspectives
quand on aborde une autre rive

11 novembre 2016

la vie en bleu

à préférer la vie en rose
Edith a perdu quelque chose
me semble-t-il les jours de rêve
où je voudrais comme en plein jour
monter à l'échelle de la tour
non ! surtout pas la Tour-prend-garde
la Tour- qui regarde- en face
les nuages et leurs consoeurs
les nuagettes porte-bonheur
C'est pourquoi quand il fait orage
je verse de mon bel encrier
du bleu limpide sur un papier
ensuite je cherche des visages
et j'en trouve à tire-larigot !
Chacun crie  à voix haute et claire
hardi petite ! sois donc légère
le ciel est à portée du jour !

10 novembre 2016

l'oeil de la nuit

" je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit"
ma mère


Pour fermer l’œil de la nuit
Il lui faudrait une arbalète
Mais il n’a qu’un foutu fusil

Allons nous coucher
Sans vitamine C
Dit le loup à l’agneau stressé

Et tout rentra dans l’ordre
L’agneau à l’écurie
Le loup à La Fontaine
L’œil de la nuit dans la mémoire assagie