Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

31 janvier 2008

LES HIRONDELLES


Les hirondelles

Reprenant le dossier VERO aujourd’hui je donne à la photo la primauté sur le souvenir. Je trouve au no 66 de ma provende ces hirondelles.
Elles aussi sont LE PAYS. Je les ai vues sur les fils électriques devant la maison. Elles sont de plus en plus rares. Il n’y a plus de ces belles guirlandes quand il s’agit pour elles de se rassembler pour le départ. Les hirondelles sont menacées par nos pratiques culturales et peut-être le changement de climat. J’en ai de la nostalgie. En dehors de ces images idylliques d’union, de rassemblement, les hirondelles ne me servaient pas à grand chose. Un nid sous le hangar, une bête tombée fracassée sur une vitre … Mais il y a depuis mon enfance toute la mythologie des hirondelles.
Papa m’appelait l’hirondelle. J’en ai écrit un poème. Je l’ai joint cette année à cette femme patchwork qui est, bien sûr, un peu moi et un peu toutes les femmes que mon itinéraire a croisées. Surtout les femmes de mon pays. Les hirondelles du point de départ. Elles sont de plus en plus rares aussi dans mon voisinage. Certaines s’accrochent vaillamment mais je tremble à chaque hiver de ne pas les revoir au printemps. Hirondelle Sylvie, Hirondelle Maria …

« On m’appelle l’hirondelle du faubourg ! »
Que j’aime chanter cette chanson que j’ai jointe au répertoire d’orgue. Mon père la chantait. C’est sans doute grâce à elle qu’il m’a attribué le surnom qui m’a suivi très longtemps surtout tant qu’il fut là pour le prononcer.
J’en ai fait une adaptation d’un arrangement pour « Le gabian et l’hirondelle »
Quand le gabian quitta sa mer lointaine
Pour affronter les rigueurs du climat
Instinctivement chercha une hirondelle
Pour avec elle chanter aux bords des toits
Comme l’hirondelle à son tour disponible
Aimait aussi l’orgue de barbarie
Au beau milieu de la Terre Promise
Ils s’accouplèrent pour rebâtir leur nid
et depuis lors quand vous en voyez un
vous verrez l’autre reprendre au refrain …

Je vous quitte hirondelles sur le fil. Merci VERO d’avoir fixé une fois de plus le fugace, l’incertain, le volatil parfum de l’enfance. Dans la brume épaisse qui serre la maison vous m’êtes une échappée vers le ciel.

30 janvier 2008

LES BOUEMES


VERO 3
« La région lyonnaise, tu l’as exploré jusqu’aux Alpes. Tu y as même trouvé ta femme, dans un petit village du Dauphiné. Après-guerre ta vie s’est poursuivie entre Paris, la Bretagne et les Alpes. Ces trois pôles sont au coeur de tes photos » Lettre à mon père ( Christophe)

Voilà pour la preuve géographique.
VERO est bien passé par mes chemins, son travail photographique l’atteste. Il y a fixé ce que voyaient mes yeux d’enfants mais davantage. Un regard extérieur et bienveillant, malicieux et grave, un regard particulier et universel. Si l’un de nous, du village, avions tenu l’appareil nous n’aurions pas saisi les mêmes choses. Nous aurions glissé sans doute sur les scènes quotidiennes : la moisson la vendange les foins, bien étonnés qu’on dise qu’elles étaient « typiques » « intéressantes ». Nous aurions gardé les portraits du grand-père, de la maman, des gosses, ravis que ces visages que nous voyions tous les jours puissent alerter l’œil de l’étranger (même marié avec une fille du pays il continue d’être d’ailleurs, un parisien au minimum, par derrière son dos peut-être « un sale juif » pour certains). « Mon pays » comme je le proclame avec affectation n’est pas, ne fut pas, indemne d’ostracisme, de préjugés, de hargne gratuite et mesquine. Aujourd’hui encore,on ne dit pas bonjour à qui vient de Turquie, de Tunisie bien que les enfants aillent à l’école communale, bien qu’ils passent en vélo sur les mêmes chemins que les nôtres …
Ce sont les photos de bohémienne qui me font dire cela.
Oh les bohémiennes chez nous on les chantait à la fin des banquets !
« Bohémienne aux grands yeux noirs
Tes cheveux couleurs du soir … »
Mais quant à les inviter à sa table ! Celles qui passent sont des vulgaires « bouèmes », elles vont voler le linge à l’étendage, c’est à cause d’elles qu’on ferme les poules et la maison en partant dans les champs. Si elles réussissent à s’infiltrer jusqu’à la porte pour vendre leurs aiguilles, on ne les invite surtout pas à entrer, et si elles insistent on appelle les chiens
« Va te peigner, va te goner (t’arranger) on dirait une bouème ! »
Tout ce qui est négligé, mal coiffé, sale c’est « romano, romanichel »
Alors que chez VERO la bohémienne est superbe, belle, triomphante, heureuse de vivre et le campement signe de liberté.
Enfant je regardais avec curiosité et crainte ces roulottes. Je n’aurais bien sûr pas adressé la parole à une quelconque habitante de ces maisons du vent et de la route mais c’était un lien avec le vaste monde dont je rêvais.
Aujourd’hui les réticences sont les mêmes vis à vis des « Roumains » dans nos villages. On continue, même du côté de la maréchaussée, à affirmer sans preuves que ce sont les auteurs des cambriolages. On les appelle uniformément les Gitans …
Plaisir l’an dernier d’avoir participé à un groupe de chants des Balkans et d’en avoir goûté la vigueur et quasi l’extase.
Ravinsar pirava
Touté mé rodava …
Sur la photo je ne sais pas si ce sont les mots mystérieux qui se superposent mais il me plait de l’imaginer

29 janvier 2008

l'homme à la cibiche


Oui Gazou elles sont belles ces photos de Vero. Je me suis aperçue que par inadvertance ( oh le joli mot !)qu'hier j’avais logé deux fois l’homme à la cigarette. Il faut dire que le fichier des photos prises dans l’exposition est numéroté mais non identifié et comme je barbote toujours en canard dans les eaux de la transmission internet …
Mais de ce doublé je vais essayer de tirer parti.
L’homme à la cigarette n’est pas « beau » comme un acteur de cinéma, la photo est belle par sa vérité. C’est un gars de chez nous. Sans identification précise il est de mon pays. Du Bouchage ou de St Victor, de Brangues ou de Buvin, de Passins peut-être. Je devrais montrer le portrait à Milo, mon vieil ami de 80 ans qui le reconnaîtrait. ( VERO a vécu au Marteray à Passins ; en 1943 il est caché dans une famille pour échapper aux rafles des juifs) …
Hier au soir, bien qu’une journée ait passé depuis ma transmission j’avais encore la photo en moi, dans l’insomnie de la nuit aussi … elle revenait.
Cet homme à la casquette, à la cigarette, c’est mon pays lui-même. Sa gaieté, son travail, sa verve. Visage ouvert, tranquille. Voilà qui je suis. Vous voulez me prendre en photo ? d’accord ! ça ne change rien à ma manière d’être.
Le coup de la casquette sur l’oreille, un rien gavroche, je le reconnais. On dirait celui de mon père
« Hé monsieur une cigarette, une cibiche ça n’engage en rien … »
L’a-t-il chanté tant de fois cette chanson du Gris que l’on prend dans ses doigts … Je l’ai mise moi aussi à mon répertoire à l’orgue
Une cibiche, pas une clope. Nous sommes dans les années de guerre ou d’après-guerre ( VERO épousera une fille du pays) on bosse dur, on prend le temps de vivre, d’échanger : un regard, une plaisanterie, une chanson … on passe au bistrot, on s’y attarde … c’est là qu’a lieu la « gazette » du pays ( les potins)
J’ai rencontré le personnage, son descendant, dimanche à L’auberge Des Boucharants. En entrant, après l’amitié du bonjour prononcé, il a entrepris de se souvenir qu’il m’avait promis ( il y a six bons mois !) un devis de réparation de mon toit. Bah ! ça ne fait rien ! ai-je répondu. Dès que je rencontre la bonne humeur, la simplicité de contact de mon pays je ne peux pas lui en vouloir de ses petits oublis. D’ailleurs « pays, payse » c’est ainsi que l’on s’interpellait ailleurs, autrefois, sur un quai de gare, à Lyon par exemple. Et puis mon toit quand je ne couche pas en dessous peu importe qu’il prenne l’eau. A la décharge du couvreur j’ai reconnu que depuis sa visite acrobatique la situation s’était améliorée. Déplacer une tuile ou deux, courir comme un lapin sur les versants du toit cela lui avait été facile. Je comprends aussi que les mesures pour le devis ont dû s’égarer dans une poche …

Bref ! Jean-Mi, s’il n’avait pas de casquette -la mode en est passé- était bien dimanche la copie conforme de la photo sur le vif. De la salle de restaurant j’entendais les conversations qui allaient bon train dans la salle de bistrot. Mon frère est arrivé. J’ai envié la facilité de bavardage entre hommes. J’ai quasi envie de faire campagne moi aussi tous les matins. Au bar comme on l’appelle maintenant, en fumant une cigarette… ou en faisant semblant en la logeant dans le coin du bec pour mieux discuter …

28 janvier 2008

LES P'TITS RIENS ... VERO

Les pt’tits riens du petit matin

Un p’tit mail qui dit Merci et à bientôt, un « comment » sur texte ancien mais ressuscité de ce fait

Un soleil tout soleilleux and already so enthusiastic !
Le crépitement du feu lui aussi décidé à faire feu de tout bois

Et la pendule, monotone, vaillante, depuis des lustres, qui sonne deux fois à chaque heure, un peu en avance, un peu en retard affirmant que la journée aura certainement plus de 24 heures pour peu que le soleil, le mail ami(l), le feu bourgeois décuplent ses forces.

VERO PHOTOGRAPHE


« Werner Alfred Rosenberg dit Michel Thibault était un homme du siècle, de quarante ans d’images. Il s’est consacré entre 1938 et 1980 aux « expressions de vie », aux instantanés du quotidien, un ordinaire saturé par son regard d’artiste qui a su tirer le portrait de ces années glorieuses, d’espoir et de changement après l’horreur »

Voici l’introduction au bel ouvrage commémoratif édité par les éditions Didier Richard en 1999.
1938 c’est l’année de ma naissance. Il se trouve que Vero habita dans ma région natale. Sans que je le connusse, il a photographié ce qui est mon paysage intérieur d’enfance, mes marques de fabrique locales. Une chance merveilleuse que je n’ai découverte que récemment par une exposition à la maison de pays de Morestel.
Aussi regarder ses photos est une émotion très douce. Je redécouvre mon pays et ses gens mais il n’y a pas de rupture. Les photos concourent à l’embellissement que ma mémoire avait fait de toute cette enfance. Elles me font rire pour cette confirmation que je ne m’étais pas trompé de regard, que j’avais bien VU une réalité qui était donnée à la foi et la naïveté de l’enfant d’alors et aussi à l’intelligence et au souci de transmettre de l’adulte que je serai. Ce que j’ai tenté par le langage, l’écriture, Vero l’accompagne comme si nous avions programmé intuitivement cette rencontre et édité d’un commun accord le livre de ce pays.
Je vais donc, ce matin de confiance, réaliser un peu, quelques pages d’un album en accord avec vous.
Au titre du livre posé sur ma table, « 200 CLICHES POUR UN MILLENAIRE »
j’ajouterai « PROPOS MENUS DE SEPTUAGENAIRE »

A demain si vous le voulez bien !

25 janvier 2008

UNE COUPE DE VIN AU MIEL




une coupe de vin au miel. Comment se fait-il que je n'en ai jamais vu, bu, aperçu la possibilité à portée de main ? J'aime le vin, le miel, la conjonction des deux devrait me convenir. Cela me fait penser à ce rêve récent. Un enfant près de moi à table réclamait du raisin. Grognon, pénible. De guerre lasse je quitte la table pour aller au jardin. Je ne trouve pas de raisin à la vigne mais je cueille deux courgettes mûrissantes en forme d'étoiles, Je n'en connais pas le nom dans la réalité mais elles étaient là, bien belles, bien réelles. Je les rapporte à l'enfant dans ma main droite et au moment de les donner j 'aperçois dans ma main gauche une grappe de raisin blanc, presque mûr lui aussi. je suis étonnée qu'elle s'y trouve sans que je l'ai cueillie. Au réveil je me suis sentie bien. Un rêve de récolte gratuite, sans peine. Sans le savoir je tiens ce que je cherche. Un présage philosophique. Alors mon vin au miel est peut-être, pour peu que je m'en aperçoive, déjà dans la coupe. Un Bordeaux, ce sera un Bordeaux comme j'aime le sucrer à la fin d'un repas. Souvenir de ces Bordeaux reconstituants que m'offrit mon mari après une grave anémie. J'aime depuis la douceur du breuvage et son goût costaud en bouche. Le miel devrait encore modifier l'équilibre. oui ! j'essaie dès demain. Conjonction de la table à repas et de la table d'écriture. Main droite à porter à la bouche. Main gauche à tenir et tendre.
Coupe de vin au miel, coupo santo. Bordeaux déjà en cave. Miel offert déjà.

24 janvier 2008

JE VOIS _BIS


Comme je ne vois rien venir de l’atelier d’écriture comme proposition du jour (et en suis déçue) je retourne au chapitre précédent lire ce qu’ont écrit les autres voyants de la semaine dernière.
Voyants ou voyeurs ? oh non ! je ne me sens pas ainsi. Il y a trop d’intérêt en moi pour les autres et leur façon de s’exprimer. Je commence à reconnaître dans leur style, leurs manières de réagir au mot-amorce qui ils sont. Pour quelques-uns, quelques-unes, je peux mettre un visage sur le pseudo. Ça me plait de les « revoir » ainsi sous cette forme détournée du réel qu’est l’écriture, et cependant très intime. C’est ce que permet cette communication à distance des blogs ou de l’atelier. Se montrer, se démontrer parfois selon l’humeur, être vue, aperçue seulement, mais c’est déjà pas mal ! Rupture avec l’écriture en vase clos. Danger de dispersion, de besoin plus de rencontres que d’approfondissement, lutte contre l’isolement, le malaise de tourner en rond. Mais bonheur, oui bonheur il y a dans ce rendez-vous familier avec soi-même et avec les autres. Se faire remarquer bien sûr ! mais avec le sourire de qui connaît l’immensité de la toile et l’éphémère du vent qui la déchire.
« Vois-tu … »dit-il, avant de risquer une explication hasardeuse. Par cette simple invite je vais plisser les yeux de l’intelligence et du cœur pour mieux le suivre dans sa digression.
« Voyez-vous ? » Cela ne veut rien dire … simple tic de langage pour démarrer. Et pourtant la demande implicite de regard provoque un ralentissement, une attente … du moins c’est ce que je vois. Mais je conçois qu’on puisse ne rien voir dans cette expression-là ! en tous cas je n’avais pas vu la semaine dernière ce que y voit une autre à qui j’emprunte ce passage

« Je vois ». C'est ce que je dis à mon père, dans « Monique » une pièce de Jean-Michel Ribes, lorsqu'il me dit que mon ami est devenu homosexuel parce qu'il a pu se dire « toutes les femmes peuvent s'appeler Monique. » Et Monique dit cela justement quand elle ne voit rien du tout. Cela fait partie de l'absurdité de la pièce et c'est donc une réplique fort réjouissante. Mais là je me demande si, dans la vie « ordinaire » on ne dit pas cela aussi — moi la première — quand justement on ne voit rien du tout.

Donc, pour en finir avec l’expression, je ne vois qu’une photo de Vero prise au hasard qui peut conclure pour l’instant et me renvoyer à la journée et à ses moutons …
A la revoyure !

23 janvier 2008

ETERNITE


« Immensité dit l’être, éternité dit l’âme
Dans le jardin, nous fîmes des découvertes : derrière un banc de pierre, en arrachant le lierre qui l’envahissait, apparut un vers des Contemplations, gravé dans le granit »
raconte Jean Hugo en visite dans la maison de Guernesey … ( le regard de la mémoire)

Et ce matin, gravée dans le soleil, la même joliesse de mots. Vrais ou faux qu’importe ! l’immensité de la chaîne de Belledonne de long en large rayant la vitre, aussi somptueuse qu’un projet. Inachevé encore, mais qui se dessine lentement. Mon projet de promener LA FEMME PATCHWORK. La première date retenue, le 29 février, l’imagination du bonheur d’échange entre les premiers spectateurs que je reconnais déjà mentalement et ma chanson … éternelle chanson d’âme …
Il y a bien des obsessions qui s’installent à demeure, phase obligatoire habituelle, un air, une phrase et la course-poursuite entre le détail et la totalité d’un texte. Mais en même temps que le travail d’incrustation, de mémorisation, une étonnante disponibilité à tout ce qui est là, proche, ce qui peut se produire, ce à quoi je me sens prête : Jean Hugo, La chaîne de Belledonne, ma boîte à peinture …
« j’ai tout mon investissement d’âge » dit Marthe Blackburn dont j’emprunterai un texte.

J’ai beau penser souvent : « Mais comment se fait-il que j’ai cette année SOIXANTE DIX ans ! 70 !»
J’ai beau sentir mes articulations moins souples, mes muscles moins énergiques à reprendre, je n’arrive pas à différencier les strates de cette mémoire vive. Je suis une petite fille encore. Je le dis sans ironie et sans gloriole, sans tentative d’attendrissement.une petiote, une gone, une titoulette. Pas que de souvenirs, d’élans, de rires … de peurs aussi, et d’un tel besoin de chanter ! JE SUIS UNE ETRE HUMAIN ! ok Marthe ! il n’y a plus qu’à laisser filer, sans conduire en force et en volonté, la suite du parcours … C’est facile, c’est heureux, cela DOIT l’être. Je sais … Je peux …
APPROBATION dit l’être, INSTANT PRECIEUX dit l’âme
En votre compagnie.
Merci !

PS Je continue à passer des photos de VERO. Prises dans une exposition, elles sont loin d'être parfaites mais je peux ainsi vous les montrer avant de vous parler du photographe

22 janvier 2008

J'AI PERDU ...


J'AI PERDU MES LUNETTES
J'ai perdu mes lunettes
en passant par les bois
J'aurais bien dû les perdre
une autre fois
car en passant la tête
à travers le feuillage
je n'ai pas reconnu
le maître d'équipage

Croyant donner à Louis
Mon coeur et ma valise
En fait je perdais
mon temps et ma chemise
puisque sans hésiter
le maître d'équipage
a envoyé les deux
derrière son bastingage

Sitôt que j'entendis
la pie du voisinage
crier qu'elle avait pris
les boutons du corsage
et qu'elle ne les rendrait
à moins qu'on n'la pendit
qu'en mains propres et lavées
en prime à mon mari

Je me sentie perdue
en plus de mes lunettes
Je me sentis volée
en plus de ses chaussettes
Mais quand sur mes yeux clos
mon maître d'abordage
posa ses papillons
je n'eus plus peur d'l'orage

Et myope je perçus
mieux qu'avec des lunettes
la proximité tendre
et la sagesse experte
Depuis moi je vous l'dis
quand vous croyez tout perdre
surtout ne cherchez pas
plus longtemps la p'tite bête.

21 janvier 2008

MES LUNETTES !


( photo VERO) Voyez-vous ce qui se passe sur la photo ? On vient de ramasser le tabac. On rentre les paquets de feuilles avec beaucoup de soin, un trou c'est une "manoque" disqualifiée, Tout le monde dans la famille est occupé à ça. Le tabac c'est des sous qui rentrent. Ce n'est pas une culture vivrière même si pendant la guerre on pouvait se hacher une feuille ou deux pour sa consommation personnelle. Quand on ramassait le tabac je me souviens d'avoir eu de bonnes suées. Je ne pouvais pas garder mes lunettes tant la sueur coulait dans les yeux et si on se les frottait avec les doigts collés de tabac les yeux brûlaient encore davantage.

Mes lunettes
Mon premier souci, mon premier soin en me réveillant c’est de trouver mes lunettes, de mettre la main dessus. En principe en tâtonnant j’y arrive, elles sont toujours au même endroit et je peux me lever sans déranger. Mais parfois, souvent, elles ne sont pas là.
Qui ?
Mes lunettes.
Sans lunettes je peux me diriger un peu. Sans lumière aussi. C’est même assez agréable, comme quand je jouais à être aveugle. C’est risqué toutefois. Je peux trébucher sur un truc en travers. En travers c’est dangereux. Comme quelque chose qui vous est resté en travers de la gorge. Et j’ai beaucoup de choses encore en travers malgré mes rangements.
J’ai trois paires de lunettes. Une mixte, une de loin, une de près. Une mitoyenne, une à mi-distance, une rapprochée. Une au piano, une à l’ordinateur, une pour conduire. En cas de perte des trois à la fois je pourrais avancer en marchant, peut-être à vélo, pas en voiture. Ce serait vraiment très dangereux pour tout le monde.
Ça m’agace vraiment quand une paire de lunettes a résolu la perte des autres. Des vengeances sournoises dont je ne comprends pas les motifs. Il m’arrive de tourner plusieurs fois dans la maison sans les rencontrer. Elles m’évitent c’est sûr. Je demande de l’aide et curieusement, à quelqu’un de neutre, elles répondent aussitôt. Elles ont des idées diaboliques pour se cacher : derrière un coussin, sur une étagère dans les toilettes, sur le rebord de la baignoire.
C’est que, selon ce que j’ai à regarder, aucune ne convient. Je dois déchausser mes lunettes pour ne me fier qu’à mes yeux nus. Vexées, elles en profitent pour se barrer.
Dire que j’étais fière à neuf ans de porter des lunettes ! Mon frangin, jaloux, les appelait mes bicyclettes. Pourquoi ?
Elles m’ont donné une de mes rares chansons un peu coquines.

« J’ai perdu mes lunettes en passant dans les bois
j’aurais bien dû les perdre une autre fois
car en passant la tête à travers le feuillage
je n’ai pas reconnu le maître d’équipage… »

La suite, si elle vous intéresse, je vous la fournirai si vous trouvez mes lunettes.

17 janvier 2008

ÉCRIT SUR LA NEIGE

ÉCRIT SUR LA NEIGE
Vidéo envoyée par gelzy

un jour de soleil après la chute de neige. La chaîne de Belledonne vue du balcon du Vercors

JE VOIS



de l'atelier d'écriture

Je vois par la fenêtre le jour qui commence à pointer. Là-bas dans l'échancrure entre deux monts. Oui ! échancrure, comme un corsage ouvert sur une poitrine généreuse. Dans le creux le rose légèrement orangé du matin au dessus des strates de nuages noirs, bleu marine, entre des couches de bleu clair, plus pâle dans la profondeur, plus prononcé vers la toiture noire encore de nuit. Les couches successives de sombre et de clair s'intensifient doucement dans leurs nuances respectives. Même le plafond commence, de plomb qu'il était, à se sentir d'étoffe. Des velours pour le moment. C'est la première fois que j'essaie de dire ce que je vois le matin en direction de la chaîne de Belledonne. Pas la première fois que je regarde, que je pense à saisir, à retenir par l'attention ou les pinceaux non ! Mais avec les mots c'est une première. Je vois une première fois en mots se lever le soleil. J'en suis heureuse. Cette montée calme de la lumière convient à mon réveil. On commence à apercevoir les deux mamelons de la terre se colorer d'ombres de motifs chamarrés. Un sapin juste derrière la fenêtre traduit en sombre son élan vigoureux vers le ciel. Tableau immobile dans une sorte de frémissement lent. ça y est ! le temps de me relire et de relever la tête : Dans la gorge profonde le soleil claque, affirme ses intentions bienveillantes pour aujourd'hui. De trois ou quatre les strates se dissipent en lambeaux. Le jour s'est levé. Il ne se couchera pas de sitôt. Moi non plus !

16 janvier 2008

ECRIT SUR LA NEIGE

"Ecrire est averse de neige...Une floraison de blancheur dans l'obscur, telle serait la page qui se couvre de signes...J'écris avec ce qui se tait. Avec la neige montant du sol, cherchant la bouche muette du ciel."

Merci Solange de cette citation. Je me l’approprie. Je me la mange. Je me la savoure. Elle est à moi, son reflet dans la glace.
Elle est ma neige d’hier que je regardais dans ses yeux multiples, dans ses éclats scintillants sur les prés, les talus, les arbres, la terre labourée. La neige qui épouse, se glisse entre les plis, adhère à la conscience.
Je marchais, je m’arrêtais, et je m’éblouissais de tous ces éclats. Comme si je ne les avais jamais regardés de cette manière, avec cette attention, ce ravissement. Depuis que Julie est venue photographier la neige comme un cristal je la regarde avec en moi-même des paillettes et des cristaux supplémentaires. Je m’appliquais en marchant à ne pas sublimer ma joie, ma présence au monde. A retenir ma marche dans la lenteur et la prudence
"Ecrire est averse de neige...Une floraison de blancheur dans l'obscur, telle serait la page qui se couvre de signes...

J'écris avec ce qui se tait. Avec la neige montant du sol, cherchant la bouche muette du ciel."
Invraisemblablement cette redite vient de se glisser sur ma page. ( pomme V ? par inadvertance) Je ne l’ai pas voulu et elle est là, avec ses guillemets et aussi sans guillemets. J’écris AVEC. Je ne suis plus seule dans ma quête, un rien démente, pour donner corps à l’impalpable, au tourment, au désir confus qui s’époumone à se faire entendre. Je suis avec ceux qui liront, ceux qui écrivent, ceux qui disent de toutes leurs forces et de toute leur opiniâtre volonté de mettre à jour. Les travailleurs de la neige blanche. Comme Hugo nous parle des travailleurs de la mer.

Je suis en train de lire de Jean Hugo « LE REGARD DE LA MEMOIRE » et je m’émerveille de cette trace sur la neige du temps qui recouvre tout et puis qu’une bourrasque, une averse lave pour redécouvrir le sous-sol. J’en ai lu à haute voix des pages à Pierre ce matin. Besoin d’entendre la page s’élancer vers la bouche du ciel. Etre, par transmission, la bouche elle-même qui s’exprime.
J’écris avec la neige d’avant-hier, de ma mémoire d’enfant éblouie par la neige. Du fond de notre campagne la neige était comme un cadeau pour nous, les gones. Pas pour les grands, pour ma mère qui « berotterait » l’eau jusqu’à l’écurie, pour mon père qui tracerait à la pelle la « chale » pour nous permettre d’aller jusqu’à l’école. Boules de neige, miettes de gâteau de neige qui s’infiltrent dans le cou, brûlent de froid la gorge dans les jeux excitants entre garçons et filles. « je vais te faire bouffer la neige ! »
La neige d’aujourd’hui est faite de toutes ces mémoires, y compris les plus souillées. C’est à la fois un lourd handicap. Elle colle aux sabots. Elle est lourde à détacher. Elle obstrue les conduits. Elle ressuscite les engelures. Et une chance, une transparence, une naissance inespérée.

Stop ! G neigeuse ! Va manger, cueillir, déguster en direct. Laisse les mots flocons tomber en se désagrégeant. La neige fond. Le grand vent l’a labourée toute la nuit. Va profiter de ses derniers instants avant la prochaine chute annoncée !

15 janvier 2008

EN CHOEUR


Rien de tel que le blanc pour faire chanter les couleurs. Le soleil revenu n’en finit pas de passer la brosse à reluire. Malgré mes serments je n’ai pas pu résister au clic-clac photo. La couche de nuages cache la ville en bas et nous avons la superbe vanité de croire que la splendeur n’appartient qu’à nous.
«
On n’a pas besoin de voix
Pour chanter

La preuve : nous
Les couleurs

Qu’est-ce que nous ne chantons pas ? » Guillevic

Alors comme elles, les couleurs, moi-même couleur parmi les autres, je chante en grimpant la côte. Les douleurs qui ne varient des précédentes que par un petit d(oute) supplémentaire et le remplacement d’une valvule de c(hoeur), bizarrement, arrêtent de couiner.

« je suis les couleurs
je suis la joie
De la couleur. »

Ça y est ! je vais toucher jeudi une belle boîte de couleurs. A moitié prix, les tubes à peine entamés, une douzaine de pinceaux. Je n’ose demander à Alain qui me l’accorde en priorité pourquoi elle est inemployée. Je crois que le propriétaire, son ami, a dû aller peindre le ciel. Ça ne fait rien je profiterai de mon sursis pour faire chanter les couleurs.

« La couleur – les couleurs

Chacune veut être
Rien qu’elle-même,

Mais toutes s’aiguillonnent
Se font chanter
Les unes les autres »


Epatant comme le regard peut aiguiser les couleurs ! le mien rendu plus vif par le vôtre. La proximité de Tilk dans les parages, de toi, Solange avec qui je marche et je chante, même quand tu n’es pas avec moi. Au fait, quand viens-tu ?

« Le tourbillon des couleurs
s’apaiserait-il

quand aucun regard
n’est posé sur lui ? »

Message du Bleu sur la place de St Nizier enregistré par mon appareil et Cher Guillevic.
Guillevic qui dit à Marèse venue le voir à Paris et qui mettait en voix ses poèmes, (les pieds dans les pantoufles et la quittant sur le palier) « Guilleviquez bien ! »

« Bleu :
Je ne suis pas seulement
Dans le firmament,

Je suis un peu partout
Sur la terre

A dire que la vie
Peut-être bonheur. »

14 janvier 2008

ALLUMER LE FEU


Allumer le feu
Dans le Mexique ancien, allumer le nouveau feu, au début de la nouvelle année, était un acte sacré.
Tous les matins Pierre allume le nouveau feu dans le nouveau poèle à bois. L’odeur du bois, la chaleur qui monte l’escalier que je suis en train de descendre lourdement réveille le matin. En face sur Belledonne, le feu commence à prendre. Malgré l’habituel du spectacle nous nous convoquons devant l’écran de la fenêtre et nous récitons la formule de Maqlu ( doctrine de Zarathoustra)
« cuis, cuis, brûle, brûle ! le mal et le pire, n’entrez pas, allez-vous en ! … je vous ligote, je vous attache, je vous livre au Gila qui incinère, brûle, attache, attrape les sorcières … Vois cette peau de chèvre élimée jetée dans le feu, dévorée par les flammes … que la malédiction, le mauvais sort, la peine, la torture, la maladie, la souffrance, le péché, le crime, le sacrilège, l’erreur, la douleur, qui habitent mon corps, soient éliminés comme la peau de chèvre ! Que la flamme aujourd’hui la dévore … »

Retrouvé dans le tabernacle, d’un côté une toile très ancienne et, d’un autre, un cadre inoccupé. Pile poèle faits l’un pour l’autre ! les voilà accommodés. Ils prendront place au dessus de la source à feu. Ils prendront un peu la fumée à chaque rechargement du foyer mais ils seront bien mieux en valeur que cachés. Je ne me souviens plus de l’intention quand j’ai peint mais la couleur continue ses incandescences.

« Soleil, dis-moi
quelle est ta raison d’être,

Je te donne la mienne :
Ecrire. »
( Guillevic « Relier »)

Allumer le feu qui relie, relit le bois à l’âtre, l’obscurité à la lumière, les mots au creuset qui les fond.

13 janvier 2008

TABLEAU DU MATIN



Tableau du matin
Nous étions à la ville. Louis nous ayant remis ses clés avant son départ nous avons couché à Grenoble. Ah ! l’exotisme d’une journée restau-ciné-bistrot-musée … même les douleurs apprécient le changement …
Au matin avant de regagner nos pénates j’avise sur la petite place un petit Casino. C’est là que je trouverais les oranges. Au milieu des façades grises la vitrine et l’étalage au dehors - il fait très doux- fanfaronnent de couleurs. Devant, une jeune femme caresse un chaton et discute avec deux voisines venues faire leurs courses. Elle entre pour nous servir. J’achète les tulipes violettes, Philomène les roses. Philomène se fait « charrier » par le gérant du magasin, proteste : elle ne veut plus qu’il la désigne comme Philomène. Elle n’aime pas son prénom. Je lui dis à quel point je suis ravie de l’entendre. Que c’était celui de ma tante, la Philo, qu’il signifie « celle qui voit clair ». « oui oui moi aussi Philo ! » Elle a l’air d’apprécier l’étymologie. Philomène n’est plus toute jeune. Pour son escapade du matin elle a trouvé à réchauffer son cœur, à entendre son prénom prononcé avec allégresse. Un vieux prénom du fond des temps. De neuves tulipes et une baguette de pain frais.
Une blancheur lumineuse, de la neige partout aujourd'hui. Il en est bien tombé quelques trente cm. Mais ce changement de temps n’a pas altéré le souvenir de ce tableau du matin réconfortant.
Un petit casino, un petit chat qui se promène, une petite grand-mère qui sourit, sur une petite place un petit moment échappé au grand tohu bohu indifférent de la ville.

12 janvier 2008

FEMME PATCHWORK bis


Elle révise, elle recoud
Parfois elle argumente
Elle est la femme patchwork
Et à joindre les deux bouts
Du fil elle s’enchante
Elle est la reine et la servante
Ce n’est pas pour le duc d’Elboeuf
Qu’avec du vieux elle fait du neuf
Ce n’est pas pour la galerie
Qu’encore elle chante et rit
Elle est la femme patchwork
Elle recompose, elle réinvente
Carrés de soi(e), arc de lune
Elle est la fille et la fortune
La mère ardente
La sœur et la cousine,
La chambre et la cuisine
Elle a marché tant de chemins
Dans le patchwork elle met la plaine
Elle a financé tant de laines
Et tant de bas pour y loger
Tant de caresses et de baisers
Inlassable elle recommence
Dresse la table, refait le lit
Elle est la femme patchwork
Blanche de neige, rouge d’esprit

Blanche de neige, rouge d’esprit

Et bleu de ciel, jaune de cœur
Vitrail émerveillé
Vitrail à prendre

Cela vient d'arriver en chantant.

je suggère à chacun d'essayer son rythme, ses notes et ses mots sur le thème.

10 janvier 2008

REPOUSSE CHAQUE FOIS


de l'atelier d'écriture
Repousse chaque fois le souvenir morbide, la sueur froide, le front éteint, la pâleur de la mort ...
A chaque fois évoqué le tremblement de terre revient secouer celle que je fus ce matin-là, qui n'avait.
rien prévu. Complètement déboussolée, hagarde, ahurie. sans voix. et, retrouvant son souffle elle crie
" non ! ce n'est pas vrai, je ne VEUX pas". A nier l'évidence : mon père est mort.
Est-ce pour ce matin la délivrance, l'arrachement de l'herbe inutile, la mauvaise herbe qui empêche les bonnes de prospérer ? Cela n'est pas certain, peut-être pas nécessaire. De ce jour brutal où j'ai été
confrontée avec la mort, la mienne, toute mort, j'ai eu un tel choc que j'ai changé de cap
complètement, réorienté ma vie pour la vivre vraiment. En mon nom, à ma place. Ce fut long,
laborieux, douloureux, exaltant ... l'aventure d'une seconde naissance. Repousse à chaque fois de
cyclone en cyclone, de deuil en deuil, mon appêtit de vie. Je veille chaque fois que la flamme s'éteint
ou menace de le faire, à être là, présente, lucide, aimante. Je plante. des arbres, des fleurs, et par
enfant interposés des bébés. Je continue inlassablement à les nourrir dans mes rêves. Cette nuit
même. A les sauver de la noyade, à détourner le couteau qui les vise. Ma peur combat avec mon
espérance, mais je tiens bon, par ruse et savoir. Et j'en arrive presque à apprivoiser l'échéance. oh !
petitement ! mais tout de même il y a des jours tant ensoleillés ! celui-ci : je déjeune avec mon petit-
fils !

09 janvier 2008

MON TABERNACLE


C’est mon coin à moi, mon réduit, mon silence, ma paix, ma palette, mon écriture en marche, mes ordi, mes imprimantes, ma chance, ma chaise, ma douceur, ma souffrance, mon espérance, mes etcetera de durée …
Je l’ai baptisé ainsi, dès que Pierre me l’eut désigné comme mien, les tout premiers jours de l’installation.
Le « tribune G » au-dessus de la fenêtre est récupéré sur le site des anciennes installations olympiques de 1968 à St Nizier.
C’est mon Olympe

Tout de suite « j’eus l’impression que le temps présent perdait de sa rudesse : mon corps semblait enfermé dans une merveilleuse chambre de verre où nul bruit ne pouvait pénétrer, et mon esprit, délivré de tout contact avec les faits, libre de s’arrêter à telle ou telle méditation était en harmonie avec l’instant » ( Virginia Woolf Une chambre à soi)

Disponible à toute heure, de jour comme de nuit, comme l’auberge de campagne, le refuge de montagne. Fermé sur l’escalier et les visiteurs, sur les bouquins et les photos, ouvert sur l’immensité du paysage et les couleurs du temps. Aujourd’hui : hésitation sur toute la chaîne de Belledonne. Après une timide éclaircie la pluie qui goutte du toit, ploc ploc ! Parfois un oiseau ou plusieurs traversent l’espace devant moi, histoire de parapher le texte.

« La vieillesse
Vous connaissez ?

Vous connaissez ces choses
qui vous exaltent sur le tard ?

Cette joie pour l’instant
Qui pourrait vous l’ôter ?
( Guillevic : Relier)

ma ruche, mon œuf ! plein ! plein comme un œuf !
mon tabernacle à moi, personnellement.

Où est donc passé ce bouquin de Gaston Bachelard avec le souvenir de cette phrase qui a mis le feu aux poudres ce matin ? Purée ! c’est pas possible je l’ai pas perdu mais où est-ce que je l’ai flanqué ? où est-ce que je l’ai foutu ? Promis ! Si je la retrouve dans la journée la phrase sur le coin, le coin en soie à soi, je reviens !

Mon coin ! mon coin coin !

« si nous acquérons l’habitude, la liberté, la liberté et le courage d’écrire exactement ce que nous pensons ; si nous parvenons à échapper un peu au salon commun et à voir les humains non seulement avec leur rapports les uns avec les autres, mais dans leur relation avec la réalité, et aussi le ciel et les arbres et le reste en fonction de ce qu’ils sont /…/
alors /…/
… à sa nouvelle naissance, la possibilité de vivre et d’écrire. »
Virginia Woolf

Une chambre à moi. Mon tabernacle. Ma source. Ma patience.


sans oublier le VERO du jour ( conclusion sur ce ohotographe à la fin du mois)

08 janvier 2008

PEUPLIERS


cette photo de VERO, est-ce les Trois Pucelles ?
Devinette :

Depuis la grand-mère Rose de Sylviane
« Passe les rangs, passe les roches
Mais jamais ne se déroche
Qui suis-je ? »




Peupliers d’hiver
Chatouillent le ciel
Comme un doigt sous le menton
Déclenchent un sourire
Une écharpe bleue
Un petit soleil
Chauves et chauvins
Peupliers se gargarisent
Plus un tif sur le caillou
Ce pays d’hiver
Est élégant grâce à nous
Un seul corbeau
sur la branche
Nue
Vaut un si bémol

Libellés :

07 janvier 2008

ETRENNES


VERO( le vieux pays tel que je l'ai connu dans mon enfance)

A chaque carrefour, le lundi d’une nouvelle semaine, la semaine d’une nouvelle année, il y a le besoin, (la nécessité ?) , de redéfinir la direction.

Je suis allée retrouver les vieux chemins du vieux pays ce week-end. Malgré la route à faire, le dos à ménager, la nécessité le besoin l’habitude … d’aller souhaiter la Bonne Année là-bas, au berceau, à la source.
Pourtant les carrefours y sont encombrés de corps vieillis, fatigués, oublieux des règles de bienséance inaugurale. Pourtant les BONNE SANTE oui ! surtout la santé ! grincent aux articulations. Mais il y a tout de même une coupe de champagne, un café tassé, deux sacs de pommes, un jus de pomme-cannelle, un paquet de biscuits à recevoir.
J’ai fixé les jours de l’an de mon enfance de façon indélébile tant par écrit que mentalement. D’eux me vient encore la pêche pour refaire le périple. Nous allions par bandes familiales - les garçons, les filles- souhaiter la bonne année au voisinage. Nous attendaient les deux ou trois papillottes, les deux oranges, la pièce ou le billet préparés à notre passage. A chaque étape je revenais rendre des comptes à maman et placer les trésors en lieu sûr …
C’est ce mot d’étrennes qui m’est revenu pour mes petits-enfants. Au pluriel. L’étrenne c’est le pourboire, LES étrennes n’ont lieu qu’au Premier de l’An. (Du latin strena : pronostic, présage, signe.)
Porter les étrennes, distribuer les étrennes , recevoir …voire escompter, attendre … c’est de la Bonne Année- BONNE SANTE concrétisée.
Cette année je ne suis pas déçue. J’ai eu le flash du passé dans mes veines, le même chemin depuis tant d’années m’a redonné la direction première. Ma voisine Sylvie est toujours au poste pour me dire de son accent inimitable « Ma Gie ». Chacun prend le temps de « se la souhaiter bonne et heureuse » On s’assied, on se raconte que Line Renaud est bien guillerette à quatre vingt ans. Alors pourquoi ne pas fuguer soi-même hors du temps ?
Que vous offrir, que nous donner en échange ? Je vais quérir chez Bachelard la page en cours des « mots limites » qui sont aussi des mots illimités
EAU, LUNE, OISEAU
« sur ces mots tout l’arbre du langage s’ébranle /…/ ils sont des racines imaginaires /…/ ils peuvent déterminer des rythmes plus légers, des rythmes qui ne sont que légers comme le frémissement de cet arbre qu’est en nous l’arbre du langage »
alors Bonne lune, Bel oiseau, Eau limpide, pour la semaine et pour l’année et tout là-haut, là-haut, à la cime de l’arbre, la pie de service, la Margot, la Margoton, la gelzy vous fait « piou ! piou ! soyons légers ! envolons-nous amis ! que la tête soit allègre si la jambe manque.

05 janvier 2008

AH ! LES BAGOUZES !


VERO photographe

Un réveil en deux temps. Premier : je me rendors non sans avoir transmis l’idée à ma petite banque de données que le rêve sur lequel je viens d’atterrir « es muy interessante » mais quand je me réveille pour la seconde fois après un parcours de deux heures supplémentaires j’ai tout oublié du rêve. Je me sens très bien, en superforme. Ni mal ici ni mal là ! ah ! ça y est ! le rêve remonte à la surface du thé ! Il y a une question de CHIFFRES ah oui , 78, 78 ! c’est près de 8O en euros, en francs ça fait combien autour de 6 fois 8 , 500, 5000 ? je me perds dans les calculs. Est-ce que c’est cher ou pas cher ? Je viens toutefois d’exiger qu’on me donne le prix avant de commencer le travail. Je veux savoir quel prix est à payer. La vendeuse, artisane va monter pour moi un cabochon sur une bague. Il faut choisir. Celui-ci ? le gros rouge cerclé de sombre est superbe mais un peu voyant non ? difficile à porter pour moi qui n’ai toujours eu que des bagues discrètes. Il y a trois ou quatre choix possibles mais je vois mal … seul le superbe rouge( que j’ai dû d’ailleurs voir dans la réalité au doigt de Marie)

Je me réveille donc sans savoir à quel cabochon me fier, si j’ai de quoi payer, si je la veux absolument cette bague( la première que je m'achèterai, les bagues m'ont toujours été offertes).
Sur le cahier ses rêves, après la deuxième tartine ( qu’est-ce qu’elle est bonne cette gelée de coings !) j’écris à la suite les petites conclusions suivantes :
« Faut-il monter en bague mon cabochon rouge ? monter en épingle la moindre remontée de rêve ? prendre la piste pour arriver où ?
Qui monte avec moi la bague, qui appareille mon anneau ? Oh Oh ! encore du sexuel là-dessous ! et cette vendeuse artisane monteuse de bague est-ce encore moi qui me cause et propose ? est-ce trop cher payer ? dois-je accepter le marché ? qui paiera les bagues cassées ? qui appareille des bagues entièrement nouvelles pour finir le parcours ?

Pour rigoler ( projet de la veille !) je vais consulter « Les rêves » dans « Les essentiels du bien-être ». En général je trouve les explications minables. Aujourd’hui rien sur Bagues mais à Bijoux ceci :
« si le porteur porte ou aimerait porter un bijou, il faut y voir un désir de reconnaissance. Les bijoux représentent d’une part l’image du rêveur, qui se respecte lui-même. Il a des qualités précieuses qu’il aimerait montrer … »
et ben voilà ! aucun doute il s’agit bien de moi et de moi-même.

Hier j’ai commencé à constituer « la femme patchwork » On y entendra toutes sortes de cabochons rouges, bleus, arcs en ciel … A bons entendeurs salut ! un rêve qui me conforte dans le projet !
« car les bagouzes, on peut bien dire n’importe quoi,
ah ! les bagouzes ! …

04 janvier 2008

FAUR RIGOLER


Vero photographe
Piqué dans la lecture du blog de Gazou le souvenir de ma marraine du temps où elle était vive et sémillante et qu’elle chantait à tous propos
« Faut rigoler, faut rigoler
Avant qu’le ciel nous tombe sur la tête … »
Et elle joignait le rire à la parole
La recette lui a bien réussi, elle entre dans sa cent quatrième année

Rigolons donc !
Rigolon don daine, rien que pour le plaisir renouvelons nos vœux de bonne année, nos œufs dans nos paniers, pourquoi pas chaque jour ?

Une année ni à ras l’bol, ni en campagne rasante
MAIS
A fariboles mirobolantes
A profiteroles proliférantes
A lucarnes lucifuges, à lanternes lucides
A ombellifères embellies
A petit coquelicot votre âme
A roses rougissantes timides et audacieuses …
SANS COMPTER
A pommes rainettes et pommes d’appui
A pommeau de canne et de ski
A plongeons amoureux dans la piscine des ondes
A Vagues à toutes heures, aigue marines,
Topazes à toper, arc en ciel fastueux
Colins tampon, rougets de l’isle
ET
Karaoké sur la banquise
Star Ac active sous la chemise
Et
Par dessus la marchandise !
Le rire, ô amis,
ô le rire !

03 janvier 2008

ENFANT



Véro photographe

de l'atelier d'écriture (qu'est-ce qui vous vient à l'esprit quand on vous dit "ENFANT"?)

Ce qui me vient à l'esprit c'est des joues rondes et des fossettes, et des petites fesses à embrasser après le change ! Autrefois ! ( il y a 48, 45, 38 ans).
Enfants, mes enfants ...
-Combien avez-vous d'enfants ?
-j'en ai trois !
-et de petits-enfants ?
-j'en ai sept.

Ce qui me vient aux yeux c'est ce souvenir récent raconté à la rubrique suivante dite "difficile" déjà consultée. Quelqu'un a tiré une belle photo de l'évènement. Une vieille dame ( moi) émue aux larmes ( mais ça ne se voit pas, émotion douce toute intérieure) par la confiance d'un bébé qui se met à danser sur mes genoux et loge sa tête dans le creux de ma poitrine. Enfant de ma belle-fille, pas de mon sang donc, mais d'une étrange filiation gratuite.
Il y a beaucoup d'enfants sur les calendriers et les agendas. Celui de l'unicef par exemple sous mes yeux. L'enfant prétexte, accroche-coeur, tire-laine. Je m'émerveille aujourd'hui de savoir découvrir l'enfant dans le vieillard, ses grâces, ses sourires, ses roublardises, ses tyrannies ... J'ai des coups de coeur. A un enfant dans la rue, même à un petit monstre colérique, j'envoie automatiquement de signaux de reconnaissance.
...
Lorsque l'enfant paraît, quelquefois, dans ce monde en délire, les kalachnikovs s'arrêtent. Quelquefois seulement. Notre époque au tribunal de l'histoire aura à répondre du crime es-enfants d'avoir armé, dédoublé, contaminé, perverti le don de l'enfance. Et malgré nos faibles efforts pour nous y opposer nous aurons à répondre collectivement de ce crime.

02 janvier 2008

DIFFICILE ! OH NON !


De l'atelier d'écriture

Quand on me dit "difficile" et qu'il est le deuxième jour de janvier, je tourne bride, je passe au large.
Rien de difficile ne pourrait m'arrêter de croire aux bons voeux de bonne année. Pour la bonne santé je suis allée consulter le microkiné ce matin. Merci ! ça va mieux ! ça va bien !
Il y a certes des chemins difficiles, des pentes abruptes et des descentes sanguinolantes, il y a des bosses et des creux mais à niveler sans raideur, les chemins se font plats à toute heure. Je sais ! C'est enfantin, ça ne tient pas forcément la route un raisonnement pareil ! Cependant je m'incruste dans l'intention positive.
A-t-elle été particulièrement difficile cette année passée ? A regarder du bon côté des choses elle a beaucoup chanté, elle a mêlé sa voix à celles qui passaient, elle a roulé sa bosse vaillamment et, sans rire, sans dérision, elle a flirté avec le vent. Elle n'a pas failli. J'ai éprouvé parfois la joie toute simple, la joie toute bête, la joie première de respirer sans perdre haleine, de poser mon pas sans me casser la gueule. Un de ses derniers cadeaux fut de prendre dans mes bras un petit bébé braillard, nerveux de fatigue et de l'apaiser en chantonnant et le berçant. J'ai senti monter une émotion bien douce quand il s'est mis à danser sur mes genoux. Oui ! Pas de doute ! De la danse ! c'était du bonheur à l'état pur ! Nous accordions notre roulis interne à la présence, aux pulsations de l'autre. Rien de difficile. L'immédiateté de l’Ici et Maintenant ;