Mots et couleurs
textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles
26 novembre 2013
25 novembre 2013
allez à la musique
Extrait du
livret du pasteur Jules BRUN
Allez, allez à la musique, chargez-la de chanter vos joies
les plus grandes, vos tristesses intimes ! vous ne pouvez
improviser ?- appelez à votre aide les grands inspirés de cet art sublime.
Cherchez un morceau d’allégresse ou de souffrance d’un auteur aimé chez lequel
vous fréquentez. Jouez-vous à vous-mêmes ou demandez qu’on vous joue cette page
choisie. Versez votre âme dans le chant d’un Bach, d’un Mozart, d’un Haydn,
d’un Beethoven. Rafraîchis, rassérénés, fortifiés, en belle forme, vous
retournerez à de nouveau labours.
Ne soyez pas surpris de pouvoir ainsi emprunter la voix des
autres pour chanter votre vie dans ses différents aspects. La musique est une
puissance sociale. Elle possède une forte communication d’une singulière
énergie. Comme les cordes d’un violon chantent tout doucement dès que l’archet
caresse l’une d’elles, ainsi sommes-nous saisis et entraînés par les chants qui
parviennent jusqu’à nous.
18 novembre 2013
regardez-moi
Regardez-moi,
Dit
ce qui monte en eux du fond du
langage,
Oubliez
qui vous êtes pour que je sois,
Faites
de moi ce que je cherche à être,
Renoncez
votre rêve pour le mien,
Aimez-moi,
donnez-moi forme, visage
De
vos mains d’ombre et de lumière. Le ciel du soir
Est,
peut-être, une rose. Rose à venir
Par
vos travaux d’horticulteurs dans les nuées,
Rose
d’arbre, de fleuves, de chemins,
De
lits défaits, de mains simples, cherchant
D’autres
mains, à l’aveugle. Rose des mots
Qu’une
dit à l’autre, par rien encore
Que
le frémissement de la paume, des doigts.
Le
ciel change. La rose sans pourquoi,
C’est
vous, dans les jardins de sa couleur.
Regardez,
écoutez ! le moindre mot
A
dans sa profondeur une musique
Le
phonème est corolle, la voix, c’est l’être
Qui
peut fleurir, dans même ce qui n’est pas.
Yves
Bonnefoy
L’heure
présente
15 novembre 2013
cent espaces en un
"En soudant avec l’à-propos et le magnétisme convenable
l’éloigné et le proche, le haut et le bas, ce qui est vu comme en plongée et ce
qui est vu de face, ce qui est vu en coin et ce qui est comme au bout du nez,
en jouant sur les inégalement distants comme sur les soufflets d’un accordéon,
nous fondrons les tueuses géométries, nous briserons ce frêle et dur triangle
qui se perd au loin avec les choses que nous désirions voir et l’espace
redeviendra ce qu’il était, un immense rendez-vous de cent espaces qui baignent
les uns dans les autres et où baignent avec nous les objets et les êtres."
Henri Michaux «
Passages »
soudons, soudons mes frères !
14 novembre 2013
AH ! L'alexandrin !
oui ! c'est l'alexandrin qui ronfle en mes cellules
Qui cogne
dans ma tête et frappe aux ventricules
Me prend
bras droit, bras gauche et me reprend encore
Les douze
tentacules qui me poussent au corps
Hier je
m’en fus assister à Molière
Chez les
femmes savantes au fichu caractère
Je portais
mes pénates et si bien fus reçue
Que jusque
dans mon lit suis entrée dans leurs vues
À mettre en
sonnet, en ballade, en clystère
Tout ce qui
sous mes yeux se montre ou fait mystère
Désormais
je conçois, que dis-je ! je consulte
Du soir au
matin et du service au culte.
Au service
Trissot j’aimerais à ma gloire
Pour ce qui
est du culte Clicli est bonne poire
Rien à
redire vraiment ni sur le jus d’orange
Ni sur le
pain grillé, rien du miel aux phalanges
Mais
hélas ! n’a point pour charmer mes oreilles
Cette
subtilité qui vaut que l’on s’asseye
Clitandre
en mon logis, Trissotin au théâtre
Somme toute
je suis en tous lieux opiniâtre
Ne
désespère point de confondre les deux
Au niveau
du vécu et jusque dans mes vœux !
12 novembre 2013
11 NOV 2013, 1917
Sète lundi 11nov 2013
Comme en 14 !
L’expression
me vient spontanément après avoir consulté les signets sur la guerre envoyés
par Monique B. Merci Monique pour cette actualisation des
Je
vais à cet album de dessins de 1917 d'Hippolyte Journoud déniché dans le château abandonné des Avenières. " là, à 8 mètres sous terre, Journoud se disait embusqué. contre les parois du poste, au milieu de ses fils électriques, pendant qu'au-dessus de lui pleuvaient les obus, il vivait de son rêve d'artiste /.../ le lieu était tout à fait propice pour réaliser son dernier rêve, hélas ! un projet qu'il voulait exécuter en 4 planches : la paix, la guerre, la mort, l'espérance."
J’ai
pleuré en écoutant la chanson de Craonne sur le site : http://wn.com/la_chanson_de_craonne-1917
Tout
mon imaginaire de petite fille trop curieuse qui lisait la guerre à livres
ouverts, toute cette souffrance, cette révolte que j’entendais dans les récits
du Père Cachard, notre voisin, est remontée dans mes yeux et j’ai laissé couler
sans honte, sans méfiance ...