Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

29 mai 2005

chanter 29-5

CHANTER

« Chanter … Jusqu’à la dernière heure … et encore
Chanter … »

Au réveil cette chanson d’une chorale d’hier au soir. Elle insiste. Bribes de notes et de mots.

Porter le pot de pétunias au cimetière. J’aime offrir de temps en temps des fleurs aux yeux clos. Les vivants qui participent avec moi au même rite en profiteront pour arroser les pétunias et les garder en bonne santé pendant mon absence.
L’arceau des roses me fait le plaisir de fleurir en grand. Je ne le verrai pas pendant trois semaines mais la photo que j’en prends me dira, en cure, qu’il va décidément bien cette année. Comme la patronne en somme. Il ne s’est jamais aussi bien porté. Encore une récupération ! Trouvé dans la garrigue, à cette saison, près d’une ruine de maison. Le rejet semblait mal parti pour reprendre et voilà que, quatre à cinq années plus tard, il se met à ressembler aux parents. Rose et dru. Prolifique. Transmission gratuite d’une région à une autre, du Midi au Dauphiné et des morts aux vivants.
Deux courgettes lèvent dans le semis de la serre. Feront-elles bon ménage avec les gaillardes que j’ai semées entre leurs graines ?
Roses trémières, dahlias, solanum … Rose, bleu, orangé jaune … Sur le travail de l’an dernier. Ça pousse !
Hier au soir belles chorales. Epanouies. Heureuses. Un chœur d’hommes compensant sa maigreur adolescente par une assurance un peu volontariste. « Chœur » , pourquoi pas « Choral » ? Grammaire sexuée as usual. Les femmes investissent plutôt dans la toilette pour passer sur scène. Tous, tous âges confondus, complètement dans le bonheur d’être là. L’église pleine, un public ami enthousiaste. Il y avait de quoi ! Une belle harmonie sur toute la gamme.

Pour la première fois je ne sais pas ce que je vais voter. Ne pas choisir c’est choisir évidemment. Bah ! Comme avec Dieu, je vais me contenter de cette incertitude.

28 mai 2005

fais attention

FAIS ATTENTION

- Hier au soir avec le groupe d’impro « travaillé » sur le conte de la vieille qui collectionne les os pour redonner vie. (Femme qui danse avec les loups )
- Reprise aujourd’hui avec CL. de nos chansons, murmures internes au réveil : La femme Toute, Femme légère …
La mémoire ramène alors ce conseil lointain à une ombre.

Fais attention : je suis la femme.
Je suis la garce, la putain
Je suis née pour te rogner l’âme
et pour te labourer les reins

Fais attention : je suis la femme
Je sais tout déjouer de toi
De tes sourires, de tes renvois
Je ne pleure même plus à tes larmes

Fais attention : Je suis la femme
Je sais même lire en tes yeux
A cette heure tu es amoureux
D’une fillette au corps de femme

Qu’elle est mignonne ! Qu’elle est jolie !
Je vois ta tête s’incliner
Tu mets ta main sur ses genoux
Que son giron te semble doux

Mon tout-petit, ma toute-belle
Vous seule vous me comprenez
Si vous saviez si vous saviez
Comme je souffre avec elle

Fais attention : c’est une femme
La source claire, la prairie
Elle n’a pas besoin de mari
Parfois d’un homme ! parfois d’une âme !

Fais attention ! C’est une femme !

27 mai 2005

Oh boire encore

OH ! BOIRE ENCORE …

Oh ! Boire ! Boire encore à la source encore vive
Et retrouver dans des demains enluminés hier perdu
Broyer l’instant présent pour en faire poudre rare
Croquer à belles dents la pomme défendue !

Aux franges du réel mêler l’effroi du rêve
Enraciner dans l’âge la liesse des seize ans
Cueillir entre ses mains cette minute brève
Où l’on se sent David ou quelque léviathan !

N’est-ce qu’une tiédeur que l’on cherche dans l’ombre
Ou que le goût sucré de quelque orange amère
N’est-ce que la caresse de la brise sur l’onde
Et que le sable mou sur le bleu de la mer ?

Faut-il donc serrer fort pour aimer sans contrainte
Et pleurer et gémir pour souffrir « comme il faut »
Faut-il toujours tout dire ? Savoir rire et se plaindre
Et n’avoir qu’un seul Dieu pour se mettre à genoux ?

Si tu sais dis-le moi car avec toi peut-être
Je toucherai la rive du port sans nom
Dis-le moi je t’en prie même si tu l’ignores
Je veux dormir ce soir, tranquille, et ta main sur mon front.

25 mai 2005

quand l'herbe attise

QUAND L’HERBE ATTISE SES GRILLONS 25 mai

- de Julie ( notre Julie 70)
« Je lis les joies et les chagrins et vis à travers eux dans un monde différent, très différent de ce que j’aurais vécu si j’avais une télé ou lisais des quotidiens. Et un peu aussi ils (les blogs) m’accompagnent dans mon voyage, partagent mes chagrins, se réjouissent de mes joies »
- d’Henry-Jacques Dupuy ( lu dans le dépôt de cahiers et correspondance à l’Apa)
Quand les mots courent plus vite que la pensée
Quand la flamme fait la roue sans se soucier de sa mèche
Quand l’herbe attise ses grillons,
Quand la rivière qui chancelle de ciel
Et ce vent de mai qui te cogne de plein fouet
Mettent en grève l’atelier de la raison raisonneuse,
A défaut de construire,
Tu jouis,
Tu fais l’amour avec la vie
Qui rit du même rire que toi.
(« un petit truc qui sent la joie des beaux jours »)

Les grillons jusqu’à hier « grésillaient » dans la nuit et le jour. C’est tout ce que j’avais trouvé en les écoutant. Aujourd’hui ils « attisent » et sont attisés. Quand le feu prend dans la phrase de l’autre tu te sens mieux dans la tienne. Ainsi des blogs. Ping-pong de mots. J’ai bien conscience d’une pratique pour le moment tronquée de la réciprocité, mais ce n’est qu’une étape. Lire/écrire : médaille gravée sur les deux « face » ou les deux « pile » De quelque manière qu’elle tombe tu la ramasses. Tu es gagnant. Du même H.J Dupuy « Quelque chose de triste peut donner matière au bonheur ( bonheur d’écrire et bonheur de lire) Magie de la littérature. »


Aussi agréable que de planter : trouver quelque chose qui te botte, qui te parle de l’autre et de toi. Qui a pris la peine de lancer les mots à l’aveuglette parce qu’ils débordent de l’esprit et du cœur. Alors tu repiques, tu fais pousser dans ton jardin.
Les grillons dans la cour. Un dans la maison. Une belle bête brillante. Un petit insecte. Comment imaginer qu’avec si peu de coffre le chanteur peut attiser tout le champ, le violoneux tirer son archet avec tant de constance et de force !
J’ai gardé pour les grillons un coin de cour non tondu. L’herbe y pousse à tout va. L’herbe et les fleurs sauvages aussi belles que celles que je plante.

vivante

VIVANTE 24 mai

Vivante ! Je suis vivante !
A poser à la nuit des questions sans réponse
A attendre du jour qu’il libère mes peurs
A chercher du sommeil la barque accostée
Vivante ! Je suis vivante !
A refuser des mots le pouvoir corrosif
A plaider des couleurs le souvenir d’hier
A chanter –même faux- le chant de mon labour

On a choisi pour moi un nom pour qu’il m’appelle
Je choisis de répondre à ce nom de bonheur
Je choisis d’appeler sans connaître le nom

Vivante de mes sources
Vivante des rencontres
Je choisis de m’écrire à l’envers de ces mots fatigués et plaintifs
Jusqu’à ce qu’ils deviennent souples à mon toucher

herbes et fleurs

HERBES ET FLEURS 23 mai

Monique a terminé le récit de ses aventures par une citation d’Eluard qu’elle avait l’intention de me transmettre ce matin en décrochant le téléphone.
« Les herbes et les fleurs ne m’abandonnent pas (jamais ?). Leur odeur suit le vent. »
Une de ces citations qui sont cadeau comme le bouton que Louis a chipé au rosier rouge dans la promenade hier au soir. A soigneusement ébarbé les épines pour me le tendre. Une demi-heure avant c’est Lucienne qui m’avait offert un iris. Un de ses somptueux iris dont mon appareil-photo a fait collection.
Les citations comme les fleurs, on les trouve belles. Est-ce parce qu’elle vous sont données ? Est-ce par ce qu’elles gardent de mystère ? En évolution, soudainement, elles arrivent vers vous et leur accueil est immédiat. On devait les attendre au tournant de la promenade, au penchant du matin.
Leur odeur suit le vent.

Très en verve Monique pour m’expliquer l’effondrement du mur de pisé de son garage : devis détaillé, interventions successives de plusieurs maçons qui se récusent devant l’ampleur des dégâts et la perspective que le reste de la maison y passe, visites d’experts en béton, en assurances. J’imagine assez bien la jeune femme élégante, juchée sur talons hauts, sortant de sa petite auto lustrée, abordant du bout des lèvres et d’imagination le mur en question et la boue qui l’entoure. Longue suite d’infiltrations, évacuation des eaux usées bricolée par le proprio précédent, inconstance du pisé qui réagit mal aux gens de la ville quand ils le crépissent de béton et l’empêchent de se montrer et de respirer : les explications ne manquent pas. La catastrophe totale a été évitée par les voisins-paysans de Monique venus à six heures du matin surveiller le mur litigieux pour aussitôt l’étayer avec les moyens du bord et avant que ne glisse le toit.
Le maçon spécialiste du pisé qui s’occupera finalement du cas s’appelle Piseau. Je ne crois pas que Monique ait inventé ce nom pour me faire plaisir.
J’ai gardé sous le hangar le pison qui a servi à tasser la terre dans les « banches » pour construire ma maison. Les banches aussi. La maison aujourd’hui mienne a été faite par des mains paysannes. Depuis je ne sais combien de siècles elle tient le coup ... Elle a résisté à de multiples inondations du Rhône. C’est la même terre qui a été extraite pour la bâtir que celle du jardin. Lourde, argileuse, la même que j’ai réduite en poudre avec la moto-bineuse pour la planter. Amusant de penser que la maison « fille du sol » peut aussi y retourner quand bon lui semble.
Amusant si on passe loin du mur grâce au récit d’une propriétaire dotée de bon sens et d’humour.
Seul le mot de patois convient à la situation. ABOUSER Il me semble que pour l’anecdote il peut mieux traduire qu’effondrer, le glissement du mur vers la catastrophe. Je l’apprendrai à la Parisienne. Mais est-ce qu’un seul mot sans ses voisins de dictionnaire est opérationnel ?

22 mai 2005

7 couleurs

10 juillet il y a sept ans
à Sète

Un vent qui fait frémir le treillis des volets, les trilles des souvenirs
Minuit passé. Ecrire ou peindre pour endormir les souvenirs
Ne pas geindre
Ne pas choisir dans le panier percé la rime à rien
Juste occupée à ne rien faire à ne rien dire
Laisser filer
Laisser chanter
Comme ce « bord de l’eau » dimanche dernier
Si gentillet, si souple sous les doigts
Teindre des draps
Aux sept couleurs de l’arc en ciel
Récapituler Vert oseille, Orange mûre, Violet pervers, et bleu si franc qu’il y a sûrement de l’indigo par là qui passe …
Donc teindre peindre
En nouant le passé pour un batik improvisé
Une « pougnète » dirait ma mère qui s’y connaissait en ravaudage
Une pougnète du vieux drap de chanvre d’Hélène Girerd. Récupérer (Merci Hélène de m’avoir laissé la maison pleine de draps) la broderie au point de croix pour des coussins.
UN G GELZY pour son 60 ième aime anniversaire
Et ces chemises ( Merci la Berthe, sœur d’Hélène) si rutilantes des sept couleurs, si rugissantes du bonheur de réapparaître

A Sète ce soir j’essaie de m’y reconnaître dans les couleurs inachevées
Ecrire : mon petit fenêtron de tabernacle où, dans la nuit, je regarde à claire-voie mon profil dans l’arc-en-ciel.

bloc-note,blog-net

Bloc-note, Blog-net

M’est revenu cette expression qui me plaisait beaucoup gamine : Bloc-note. Elle sentait le dynamisme de l’apprenti reporter ( encore un mot nouveau : Report-terre), la jeunesse et la fougue d’après-guerre, la détermination de l’écrivain (Mauriac) engagé dans le commentaire virulent de l’actualité, bref ! la vie saisie par les mots au collet et obligée de rendre compte.
Et voici qu’aujourd’hui c’est encore quelque chose de ramassé dans la poche, ouvert à la page du jour, tendu vers le témoignage et l’élucidation, qui s’offre à moi. Courriel d’abord, Atelier d’écriture en ligne depuis les journées de Marly et ce blog-net que Julie m’a proposé dans l’enthousiasme de ses propres découvertes.
OK j’y viens. Doucement.
Mais avant même une pratique assidue le blog s’est installé dans mon dictionnaire intime déjà occupé antérieurement à feuilleter les mots en même temps que mes yeux voient et que mes mains s’activent. Je blogue à tout va dans ma tête. C’est aussi amusant que les nuages qui la traversent même pendant les exercices de yoga. C’est aussi inquiétant que la sinusite qui m’encombre et ne veut pas finir. L’avant-blog – car je ne peux transmettre là où je suis – m’a saisi au petit matin, ne m’a pas lâché pendant le petit-dej, la douche …
Beau soleil. Il y aura du travail au jardin. En regardant le tableau qui se découpe par la fenêtre longue et étroite de la salle de bains, je vois par l’interruption du mur du hangar en dessous du toit, le champ d’en face fraîchement labouré, bordé par les verts tendres des jeunes peupliers. A gauche le vieux chêne, un des rares restants dans le paysage. On laboure c’est très bien, c’est utile, mais aussi on déboise, les haies disparaissent, les fossés sont comblés pour récupérer un pan de terre que par ailleurs on laisse en friche. Mais bon ! Pas de tribune dans le blog ! Le tableau que je vois depuis la douche s’inscrit dans un triangle immobile en attente de mouvement, de partage. Je vois, je regarde, l’eau chaude sur mon dos et je propulse ma vision béate en direction de vous. Vous, que je ne connais pas. Vous que je ne sais nommer, sauf Julie et Fleur de lotus. Mais dont j’attends quelque chose. Je ne sais quoi.
Je ne suis plus isolée dans mon petit coin de campagne française. Je ne tourne plus en rond dans mon manège. « Je ne suis pas pressée » ai-je dit à Julie dans un courrier tout ce qu’il y a de plus ordinaire que je vais aller poster à la petite ville d’à côté ( nous n’avons plus de poste) ; Julie m’engage vivement à ne pas laisser refroidir et à fidéliser des lecteurs éventuels. A me mouiller un peu plus que les orteils.

Couleurs et mots : J’ai bien intention de m’y mettre sérieusement avec les outils qui conviennent. Pour les couleurs j’ai ramassé hier une belle botte d’iris sur mon tout neuf appareil numérique. Pour cueillir le dernier, dans la dernière lumière du jour, je me suis précipitée jusqu’au village (La Place). L’iris repéré le matin est d’un violet presque noir. Vous verrez ! Et forte de mon assurance j’ai apostrophé (oh dear ! in English) l’homme qui sortait de la grosse maison de village, ancienne épicerie, le prenant pour le nouveau propriétaire, écossais à ce qu’on m’avait dit. A cette heure-là de la soirée il n’y avait personne d’autre sur la Place. Etc, etc, … J’ai à vous dire des choses extraordinaires et secrètes. Qu’à l’arrière de la maison, il y avait plein d’Anglais et d’Anglaises cachés, prêts à souper. Aimables, étonnés et contents je crois de mon intrusion dans le paysage arrière. Vous vous rendez compte : chez nous, au village, le monde est arrivé sur la pointe des pieds. Il parle anglais, mais par coquetterie, pour me faire plaisir, il sait aussi parler français.
Si nous nous revoyions, le monde et moi, je lui dirai que j’ai passion de mots et de couleurs depuis longtemps. Je lui citerai comme preuve mon poème :
/…/
Nos filles font des enfants /…/
Les voilà qui inventent chaque jour
COULEURS ET MOTS
De clafoutis et de constellations

En quittant l’école
Délaissant la cuisine
Abandonnant le Magasin général
Nous leur avons laissé plus d’une recette
N’est-ce pas ?

bloc-note,blog-net

Bloc-note, Blog-net

M’est revenu cette expression qui me plaisait beaucoup gamine : Bloc-note. Elle sentait le dynamisme de l’apprenti reporter ( encore un mot nouveau : Report-terre), la jeunesse et la fougue d’après-guerre, la détermination de l’écrivain (Mauriac) engagé dans le commentaire virulent de l’actualité, bref ! la vie saisie par les mots au collet et obligée de rendre compte.
Et voici qu’aujourd’hui c’est encore quelque chose de ramassé dans la poche, ouvert à la page du jour, tendu vers le témoignage et l’élucidation, qui s’offre à moi. Courriel d’abord, Atelier d’écriture en ligne depuis les journées de Marly et ce blog-net que Julie m’a proposé dans l’enthousiasme de ses propres découvertes.
OK j’y viens. Doucement.
Mais avant même une pratique assidue le blog s’est installé dans mon dictionnaire intime déjà occupé antérieurement à feuilleter les mots en même temps que mes yeux voient et que mes mains s’activent. Je blogue à tout va dans ma tête. C’est aussi amusant que les nuages qui la traversent même pendant les exercices de yoga. C’est aussi inquiétant que la sinusite qui m’encombre et ne veut pas finir. L’avant-blog – car je ne peux transmettre là où je suis – m’a saisi au petit matin, ne m’a pas lâché pendant le petit-dej, la douche …
Beau soleil. Il y aura du travail au jardin. En regardant le tableau qui se découpe par la fenêtre longue et étroite de la salle de bains, je vois par l’interruption du mur du hangar en dessous du toit, le champ d’en face fraîchement labouré, bordé par les verts tendres des jeunes peupliers. A gauche le vieux chêne, un des rares restants dans le paysage. On laboure c’est très bien, c’est utile, mais aussi on déboise, les haies disparaissent, les fossés sont comblés pour récupérer un pan de terre que par ailleurs on laisse en friche. Mais bon ! Pas de tribune dans le blog ! Le tableau que je vois depuis la douche s’inscrit dans un triangle immobile en attente de mouvement, de partage. Je vois, je regarde, l’eau chaude sur mon dos et je propulse ma vision béate en direction de vous. Vous, que je ne connais pas. Vous que je ne sais nommer, sauf Julie et Fleur de lotus. Mais dont j’attends quelque chose. Je ne sais quoi.
Je ne suis plus isolée dans mon petit coin de campagne française. Je ne tourne plus en rond dans mon manège. « Je ne suis pas pressée » ai-je dit à Julie dans un courrier tout ce qu’il y a de plus ordinaire que je vais aller poster à la petite ville d’à côté ( nous n’avons plus de poste) ; Julie m’engage vivement à ne pas laisser refroidir et à fidéliser des lecteurs éventuels. A me mouiller un peu plus que les orteils.

Couleurs et mots : J’ai bien intention de m’y mettre sérieusement avec les outils qui conviennent. Pour les couleurs j’ai ramassé hier une belle botte d’iris sur mon tout neuf appareil numérique. Pour cueillir le dernier, dans la dernière lumière du jour, je me suis précipitée jusqu’au village (La Place). L’iris repéré le matin est d’un violet presque noir. Vous verrez ! Et forte de mon assurance j’ai apostrophé (oh dear ! in English) l’homme qui sortait de la grosse maison de village, ancienne épicerie, le prenant pour le nouveau propriétaire, écossais à ce qu’on m’avait dit. A cette heure-là de la soirée il n’y avait personne d’autre sur la Place. Etc, etc, … J’ai à vous dire des choses extraordinaires et secrètes. Qu’à l’arrière de la maison, il y avait plein d’Anglais et d’Anglaises cachés, prêts à souper. Aimables, étonnés et contents je crois de mon intrusion dans le paysage arrière. Vous vous rendez compte : chez nous, au village, le monde est arrivé sur la pointe des pieds. Il parle anglais, mais par coquetterie, pour me faire plaisir, il sait aussi parler français.
Si nous nous revoyions, le monde et moi, je lui dirai que j’ai passion de mots et de couleurs depuis longtemps. Je lui citerai comme preuve mon poème :
/…/
Nos filles font des enfants /…/
Les voilà qui inventent chaque jour
COULEURS ET MOTS
De clafoutis et de constellations

En quittant l’école
Délaissant la cuisine
Abandonnant le Magasin général
Nous leur avons laissé plus d’une recette
N’est-ce pas ?

13 mai 2005

La samaritaine, photo by Peire de StNizier


La samaritaine, photo by Peire de StNizier
Originally uploaded by Julie70.

Ricochets. En si peu de temps tant de ricochets sur l'eau du temps et de l'histoire ! La mienne, la petite ; la grande : l'universelle. Hasard ? Coincidence ? En quelques minutes d'un continent à l'autre, d'une époque à une autre ...

Ex 1: Je quitte mon village pour Paris, capitale, une semaine d'échappée libre qui se terminera par la carte blanche de Julie à l 'APA, à propos des blog précisément. Avec l'idée de limite anticipée : au retour je dois chanter pour fêter une centenaire. Ne pas m'attarder après les journées de l'Apa malgré les roses, les blogs, Julie !

Voici surgie la Samaritaine sur l'écran La centenaire y a travaillé quarante ans. Je lui offrirai l'image. En me baladant à Paname je travaille pour mon village.

EX 2 : Pissenlit, dent de lion. Toujours par l'intermédiaire de Julie, lecture d'un de ses copains flickers. En Anglais : dandelion écrit-il. Résonne le mot de mon enfance "dent de lion", souvent mêlé aux "groins d'âne", dans la salade à l'huile de noix. Je croyais le mot ancien à jamais disparu comme ceux du patois. Délicieux pissenlits du printemps. Tout un chapître à écrire sur la cueillette, sur les images des fleurs soleil, sur les graines légères soufflées en plein vent comme sur le dictionnaire Larousse, sur les tâches aux doigts du jus des tiges laiteuses ... Des odeurs, des goûts, des parfums ... Joindre la chanson que chante Marie Zambon. La récupérer par internet.

J'igorais à quel point avant de les manger par la racine je m'intéressais aux pissenlits et à leurs images !

EX 3. Le plus soudain et le plus bouleversant. Julie publie le journal de sa grand-mère déportée. Sur l'original en hongrois qu'elle me montre je tombe sur une chanson en français " Le vigneron monte à sa vigne" Je la chante. Seulement le refrain. Enfance encore resurgie. La chanson authentifiée par son auteur un certain C.Boller. J'en recopie les quatre couplets. Ensuite je peux prendre connaissance de la traduction française par Julie du journal, et aussitôt 'p 11' " Il y a des groupes d'anglais et d'hébreu, l'école obligatoire. Moi aussi j'enseigne des petits poèmes et des chansons en Français, pour amuser les plus petits en même temps que mes petits enfants" Ainsi je touche à l'histoire vive, vibrante encore des espoirs et des souffrances.

Non ! il n'y a pas de frontières entre la "vraie vie" et celle qui passe par internet, entre hier et aujourd'hui, entre émotion directe et différée. Je suis désormais convaincue qu'à entrer ici je me retrouve de plein pied, de plain chant, de plein gré avec ce qui m'intéresse, me préoccupe, me fait vivre au plus près de moi et des autres.

tout feu, tout flamme

Tu souffles
Tu souffles sur une bougie, sur le feu, sur la soupe, pour l'éteindre, pour le ranimer, pour la refroidir. Tu diriges ton souffle sur ... avec l'intention de ...
Ton souffle n'est pas le feu ni la bougie ni la soupe. Eteindre ou ranimer, réchauffer ou refroidir... endroit, envers ; toi , l'autre ...
Alors le blog ? J'imagine, je l'imagine capable selon ton attention de t'éclairer, de te faire prendre place avec lui sur la scène du monde, encore, une fois de plus, lucidement, exagérément, follement ...
Il sera, selon toi, avec toi, en découverte, en devenir. Bref ! en présent, en présence ...
Ce mot nouveau -'Blog à part'- cette expérience nouvelle, à l'échelle de la planète fonde le tout petit territoire de ta nouvelle liberté. " Tout est possible ! " Rappelle-toi l'encouragement fondamental !
Reprendre souffle. Ouf ! Souffler ET jouer. Croire. Répondre à Dieu quand il te pose des questions.
Est-ce en bateau que j'descendrai ma vie, que j'me la coulerai douce
Est-ce en bateau que je prendrai le large et virerai de bord
Est-ce en bateau que j'tirerai du canon à la moindre escarmouche
Est-ce en bateau que j'irai aborder mon île ?
Mon île parfumée ma Tahiti de rêve mon sommeil bleu mon amour tiède et mon espoir dolent
Mon île sans gabier, mon île sans forban, mon île aux cent soleils, ... mon île

12 mai 2005

quelle émotion

de rencontrer un chemin nouveau, d'y aller carrément pour le parcourir et de crier comme une petite fille "ça marche ! "
Je marche, j'y crois, rien qui ne puisse entraver ma marche, mon premier pas comme tous les premiers pas m'engage jusqu'au dernier ! oh la la ! quelle émotion !
Parlons peu mais parlons juste : pour la première fois je pose mes pas d'écriture dans un blog. J'ose. Julie m'a encouragé, m'a démontré par l'exemple que derrière la technique somme toute assez facilement maîtrisable, il y avait là de quoi inventer, rire, chanter, broder ... du lien, de la relation humaine, de l'espoir, de la vie quoi, de la belle amour...