Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

28 février 2006

PERCE-NEIGE


Les revoilà !
A St Niz sous la neige, à La Loue sous les feuilles, il pousse le couvercle de l’hiver, rouvre le livre …

Perce-neige bien nommé
Aussitôt que partit la neige
Tu tendis ton cœur étonné
A la lumière

Ainsi donc encore le printemps
Encore au ras de terre l’espoir
Refaire la boucle. Prendre le temps.
Le perce-neige n’est dérisoire
Que pour ceux qui ne l’ont pas vu.

Je ne l’ai pas planté, ni même
Appelé. Pourtant le voilà
Perce-neige et salue-soleil
Portant j’y crois
Au perce-neige à trois bras.

In « Dessous ma fenêtre » (1995)

25 février 2006

A Peire-Gie



Il y a des nostalgies
Qui ne sont plus de saison
Il y a des aphasies
Qui n’ont rimes ni raison
Il y a surtout la mer
Avec ses vagues et ses crêtes
Dès aujourd’hui je décrète
« Il y a surtout la mer ! »

Il y a au bout du chemin
Une drôle de culbute
Il y a dedans mes mains
Des lignes controversées
Il y a surtout ta joue
Et son coussin de soie rose
Dès ce matin je propose
Qu’il y ait surtout ta joue !

Il y a de grands poteaux
Avec des lignes électriques
Il y a de vieux châteaux
Hantés de fer et de feu
Il y a surtout ce livre
Pour me tendre l’aventure
Dès ce soir je le rature
Il y a surtout mes mots

Il y a jour après jour
A manger à boire à dire
Il y a tous nos délires
Nos détresses tout à tour
Et pour corser le festin
La noce, la méga-fête
Qu’il y ait tous mes copains
Qu’il y ait tous les poètes

Si bien qu’à cloche-mouton
A saute-ruisseau, à tue-tête
Qu’il y ait toute chanson
Toutes voiles et toute voix
Pour répondre à ma chanson !
Qu’il y ait toutes amours
Au partage de l’amour !

24 février 2006

MON DOUDOU



Bloqués à Montpellier par l’annonce de la grève des viticulteurs sur Béziers nous sommes sortis du TGV pour être empilés dans un TER. Il y a de la grogne et de la rogne. De la sueur et des bagages encombrants. J’ai réussi à avoir une place assise. Les enfants sont ceux qui résistent le mieux. Voici Jojo d’abord surpris seul dans l’encombrement puis voici Fanny ravie que je leur accorde à tous deux tant d’intérêt.
Le monsieur rouspéteur a lui aussi retrouvé son doudou. Il se console avec lui. Je l’entends (il faudrait être sourd pour ne pas l’entendre !) commenter à son portable l’événement considérable qui vient de l’atteindre dans sa chair. Quelle émotion ! Enfin quelque chose de passionnant à raconter ! C’est ça. Il rappellera dans cinq minutes. Ouf ! Grâce à Doudou la guerre est évitée, la survie assurée.
Au fait Gy, bien contente d’avoir tiré de ton sac ton doudou à toi ! Jamais seule et désemparée hein ! Blog et flick, clic clac ! Oh mon doudou que ferai-je sans toi qui vint à ma rencontre ?

23 février 2006

LA BOURRIDE


Comme le dit une chanson pour la bouillabaisse
« Pour faire une bonne bourride il faut se lever de bon matin »
Bien sûr aller acheter la baudroie (idem la lotte) au marché aux poissons de Sète. Bien connaître le poissonnier qui la dépècera, fendra l’énorme et laide tête en morceaux, ajoutera pour les connaisseurs bons clients les foies frais.
Et disposer d’une matinée complète pour préparer le mirepois, l’aïoli
On servira la bourride soit avec du riz soit avec des pommes de terre. Pas la peine de prévoir des restes pour le lendemain : il n’y en aura pas quels que soit la taille et le poids.
La cuisinière se réserve les têtes, gélatineuses à souhait, elles se lèchent avec délices comme les cinq doigts et le pouce.
Avant d’incorporer l’aïoli on a retiré un morceau pour Tom qui promet d’être un fin gourmet…
Vous rendez-vous compte qu’on vient de vous lâcher un secret de famille ? Consultez les photos en marge et leurs commentaires pour en savoir plus.

22 février 2006

TOM'S FIRST SONG

TOM’S SONG

Tom commence à parler, à chanter, à danser. Parfois aussi tournoyant qu’un derviche tourneur. Et dans ses vocalises comme dans son regard on peut entendre et lire distinctement cet hymne. (tous droits réservés)


Ma maman c’est un vrai cadeau
Elle est toujours là dans mes yeux
Et comme elle me voit le plus beau
Je me regarde le plus heureux

Ma maman est belle à croquer
Elle est toujours là quand je mange
Je m’en lèche les cinq doigts de pieds
Ma maman c’est comme un Dimanche

Dimanche, ma maman change encore
Elle met dans ses yeux des étoiles
Dans ses cheveux elle met des voiles
Et nous y voguons jusqu’au port

Elle me réclame des câlins
C’est fou comme elle aime les bises
Que je lui tends à pleines mains
Ma maman c’est comme la brise

(et le mistral)

Il n’est pas mal mon Papa
D’un peu trop près il la rapproche
Et quand il la prend dans ses bras
Je ne peux pas lui faire reproche

Ma maman c’est comme un tambour
Comme un violon, une trompette
C’est fou c’que notre maman est chouette
C’est si bon de lui faire l’amour

( comme au soleil)

21 février 2006

PETITES MAINS

Spectacle toujours renouvelé que celui de regarder les mains. Toutes petites mains de Tom qui attendent le repas sagement, comme en jouant au ralenti une danse.

On appelait "petite main " l'auxiliaire en couture qui ferait les ourlets, enlèverait les fils de bâti : toutes activités inutiles avec les machines aujourd'hui.
Mettre la main à la pâte : Marcelle prépare le MIREPOIS pour la BOURRIDE. Deux termes prestigieux à Sète à expliciter pour bientôt.


J'ai tant de travail et de plaisir à prendre en mains, que, revenue dans mon ordinaire, j'en attrape le tournis. Le tournis, pas la syncope. C'est moins définitif et ça se soigne ! Encore qu'en musique il faut aussi que j'y retourne (en syncope) : le livre, le cahier attendent.
Et les oiseaux du printemps appellent
et les nouveaux cartons sur l'orgue de Barbarie ...

Je vous laisse en dépôt ces bonnes et chaudes mains, de 15 mois et de 93 ans. Parfois elles se caressent les unes, les autres avec attention, surprise, délicatesse. Mais ceci est du domaine de la sphère privée.

20 février 2006

SYNCOPE


ECRITURE AU MIROIR

Petit Voyage. J’ai commencé largement le livre de Catherine Clément. En lisant je trouve les traces d’annotation de Solange qui me l’a passé. J’ajoute les miennes au crayon. Je prend celui à bille pour poursuivre la promenade en train sur mon cahier au (presque) même titre « MES SYNCOPES »
« J’espère que ce livre répondra un peu à tes questions …
« Chez nous on tombait dans les pommes, on virait des bennes, on tournait de l’œil, on s’évanouissait … Nous, les femmes …

Curieuse coïncidence qui me fait entendre distinctement la jeune fille de l’autre côté de l’allée raconter à son compagnon « alors je suis tombée dans les pommes ! » A six ans elle s’en souvient encore, un chien l’avait mordu à la main, elle frotte encore sa main en la désignant …

« Il n’est pas sûr que les philosophes, souvent occupés à boucher les trous du réel avec leur robe de chambre, aient formulé de vraies réponses. Penser le court-circuit est un labeur extrême …
Mais penser à la syncope tandis que le train roule vers le sud rend déjà la question presque résolue. Pourquoi la syncope ? Pardi ! Pour en lire, en rire, en écrire !
Lire, écrire : le court-circuit volontaire. La maîtrise des pommes à cueillir.

15 février 2006

SOLEIL NEIGE


La neige a ceci de commun
qu’elle tombe aux heures où nous dormons
sans souci du qu’en-dira-t-on

Si bien qu’au matin réveillés
nous n’avons rien d’autre à faire
qu’aller sur la page encore fraîche

Et là, tout blancs, tout immergés
aussi sûrs qu’un premier flocon
y tracer nos pas de soleil


MAGASIN DE MOTS ET COULEURS FERME POUR CAUSE DE REDOUX JUSQU'A LUNDI

14 février 2006

FRACTAL


Marie-Andrée me demande au téléphone comment je fais cuire le « Romanov » ? Ramanichnov ? (en tout cas un nom russe en ov quelque chose …)
- Pardon ?
- Oui le chou qu’on avait mangé l’autre jour
- Ah ! Le fractal !
Il s’agit du même chou pommé délicieux que nous appelons fractal à la maison.
Pourquoi ?
Il y a pas mal d’années nous étions passionnés par les photos de fractals. J’ai même assisté à une conférence là-dessus et ce que j’en ai retenu est que dans ces objets le plus petit élément de base reproduit la structure de l’ensemble. Michèle sur un marché parisien interpella Olivier « oh ! Regarde ! Un fractal » Cette sorte de chou était alors peu commercialisé. Le commerçant, confondant apparemment la science et la cuisine, l’entendit et la semaine suivante informa notre belle-fille « Tenez j’ai des fractals pour vous ! »

Eh bien pour la St Valentin, plutôt que la banale rose, je vous offre un fractal. Mangez-le par les deux bouts, vous tomberez toujours au coeur sur la même unité splendide. Ainsi de l’amour.

« Nous avions ce matin des amours d’aubépines
et de brugnons
nous avions des odeurs et des blancheurs câlines
et des buissons
On s’y perd en riant. On s’y trouve. On s’y cueille.
On s’y fleurit.
Nous avions ce matin des audaces de feuilles
Et de bourgeons. »
(Chroniques de l’amour qui n’en finit pas)

13 février 2006

SOURIRE LARGE


Atelier d’écriture « SOURIRE LARGE »

Oh quel bonheur pour finir le dimanche qu'un large sourire offert ! Je le photographie sous tous ses angles. Côté enfance il me sauve de tous les désespoirs. Sourire de ma mère, ma LARGE mère au sens de générosité. Tant fatiguée qu'elle fût elle m'offrait ce sourire, à défaut de ses bras trop occupés à se saisir du travail. C'était ma référence. J'avais droit à ma place privilégiée près d'elle à table. Je pourrais même, en cas de besoin, glisser ma tête sur ses genoux et braver mon père et mes frères et soeurs. Elle ajouterait une caresse furtive au sourire d'encouragement.
Dire que j'ai passé mon temps à guetter les sourires, à les mériter ! A les vouloir "tout sourire" mon mari, mon inspecteur, Mr le maire, ma voisine, la terre entière ... Ma révolte sera brutale, aveugle, risque-tout. J'ai défié même ma mère ! Je me suis arraché le sourire de la bouche comme un sparadrap - et Dieu que ça fait mal ! - pour affirmer mon droit à l'incompréhension, à l'égoïsme, au changement, à la vérité. Je n'en ai pas fini. Non ! Je ne suis pas sage, gentille, heureuse …
Pourtant, je crois, je sais, un large sourire, un sourire fendu jusqu'aux oreilles, fuse sans complexes ni intentions parfois. Il vient s'afficher sur la glace, sur le devant de la scène. Un sourire de rien, rien qu'un p'tit sourire, large comme l'océan que je nage, la soupe que je cuisine, l'amour que je veux et celui qui m’est donné,
un sourire large comme un parapluie rouge …

12 février 2006

VOREPPE DIAPORAMA


VOREPPE DIAPORAMA
Vidéo envoyée par gelzy
à Nanou

Sur un ciel gris de février, l'ombre des clochers et de la croix accordés au souvenir des disparus et des amitiés qui veillent ...

" J'ai tendu des cordes de clocher à clocher
des guirlandes de fenêtre à fenêtre
des chaînes d'or d'étoile à étoile et je danse ..." Arthur Rimbaud

11 février 2006

CADEAUX



Cadeaux, cadeaux
Cadeaux perdus
Même quand la voix ne répète plus
« Je t’aime »
De l’autre côté du poème
Une autre voix obstinément
Appelle …

Cadeaux
Petits cadeaux gardés
Soigneusement dans le grenier
Des habitudes
Comme vous êtes bons la nuit
De me sortir de mon taudis
Et de clamer par-dessus bord :
Des cadeaux te viendront encore
De l’autre bout de la souffrance

Ils viendront
Tu ne sais de qui
Ni de quoi, ni d’où, ni de quand
En attendant
Sur le cadeau de la journée
Passe ta main sans te lasser
Elle caressera tes secrets
Jusqu’à la Petite Espérance

10 février 2006

LA CLARTE DE L'ANE



Moi aussi j’ai marché abandonnée des dieux
Je mettais sans savoir un pas devant un autre
Le sentier de montagne était un peu trop vieux
Pour mes jambes alourdies
mais je marchais quand même …
J’avançais lentement
La soirée finissait. Bientôt plus de lumière
Il faudrait revenir, retrouver les échos …
Celui qui me parvint avait le ton si ferme
L’appel si exigeant, la volupté du verbe
Que je levais la tête et que je l’aperçus.
Ciel ! Qu’il était beau ! Qu’il était tendre
L’âne ! Comme il compatissait à ma misère du jour
Et comme il réclamait encore de l’amour
Pour ses oreilles d’ange et pour sa noble voix !
Il y avait un grillage entre sa tête et moi
Mais la reconnaissance ne pouvait plus attendre.

Ami si tu revois Aliboron, peut-être
Sauras-tu mieux alors écouter sa chanson
En tout cas je te prie d’accepter l’émotion
Simple et joyeuse
de ta rencontre sur Internet

09 février 2006

A la bonne heure !

Si beau le temps qu'il n'y a qu'une chose à faire : en profiter.
Si bonne la forme qu'il n'y a qu'une urgence : la faire durer.
Si évident l'instant qu'il n'y a qu'une chose à en dire :" 11 heures déjà ! ",
Qu'une photo à choisir et commenter :



L'igloo du bonheur a les cheveux bouclés.

08 février 2006

TOUTE LA BEAUTE DU MONDE



LA SAVOIE d’ANDRE KERTESZ
Alors que Julie est très sensible à la beauté des photos et au regard que André Kertész porte sur les visages et les choses, je me suis laissée davantage peut-être pipée par les mots dès que j’ai abordé le commentaire qui essayait de capter le mystère de l’union de l’une (la beauté) avec l’autre (le photographe).
P 30
« Du noir au blanc, le dégradé des gris suggère la richesse qualitative de notre rapport au monde. Le clair et l’obscur, le clos et l’ouvert, le dur et le moelleux, l’aigu et l’émoussé, le sec et l’humide, l’arrondi et le brisé, le plat et le bossu … Les points de vue privilégient la courbe et le creux pour dire l’incroyable douceur de ce berceau d’herbe au pied des cimes. »
Je suis alors renvoyée à ma propre tentative pour exprimer ce besoin d’union des contraires qui saisit l’artiste. Toucher la beauté et y être incorporé le temps de l’osmose. Le monde et moi, moi et le monde ne faisons qu’un dans la durée de la fusion, dans la mise au jour de notre nature profonde, dans l’union des contraires.

Voici le début du texte : ( de CHRONIQUES de l’amour qui n’en finit pas et de la vie qui continue, 23 NOVEMBRE 1984)

« Le léger et le lourd, le triste et le joyeux, l’ancien et le nouveau, je les ai convoqués ce jour d’hui dans mon antre et leur ai dit :
Allez mes bons amis ! Rivalisez ! Montez et descendez ! Accrochez ! Décrochez ! Vous êtes ici chez vous ! Je pends la crémaillère en un fameux banquet et je vous y convie ! /…/

Et sa fin :
« Il arriva alors pour tisonner le feu. Il s’accouda à la cheminée. Et je savais qu’il parlerait. N’était-ce pas pour lui tout ce tralala-là, cette cérémonie ? N’était-ce pas contre lui que j’avais invité le beau, le laid, l’amer, l’acide, l’onctueux, le sauvage, le fruste et l’élégant ? Et je savais que je l’écouterai malgré ma peur. Je savais que derrière le grand mépris affiché pour les intimes et leurs contraires, comme moi il souffrait de ne pouvoir les écouter assez, de ne pouvoir les faire taire. Il dit :
Ta maison ce soir nous a réunis en elle, à ton vouloir
Demain chacun pour soi !
Je suis venu – depuis le temps que tu m’appelles !-
Te dire ce que tu sais déjà.
Oui, tu m’aimes et je t’aime
Et jamais nous ne dormirons lèvres à lèvres.
A ta santé ! Buvons ! C’est assez bavardé.
Tant de possibles et toi pour les porter !

Il leva haut son verre. Tous s’évanouirent. Je restai seule. Le feu mourait. Le hâve, le boursouflé, l’aigre et le sucré, le cassé et le souple, l’esclave et le satrape,
Chacun avait laissé un cadeau sur la nappe. »

Bonjour à Tendre et Fière Julie ! Et une photo « à la Kertész » en guise de remerciement.

07 février 2006

LES CHENILLES PROCESSIONNAIRES

LES CHENILLES PROCESSIONNAIRES

Quand je le cueille au téléphone portable l’ami perché ratisse sur ses arbres les chenilles processionnaires. Travail dont j’apprécierais l’efficacité au moment des confitures d’abricot. Laissons-le donc à sa tâche ( avec et sans accent circonflexe) et retrouvons dans le cahier des débuts d’écriture post-soixante-huitardes les dites chenilles* !

Lorsque je vois sur l’autoroute
Les chenilles processionnaires
Progressistes et procréatrices
Et pressées comme poires blètes
J’m’sens devenir ANACHORETE

Quand je regarde, fatiguée,
Les ectoplasmes patentés
Du bla-bla-blas standardisé
Dans les déversoirs à chronique
J’m’sens devenir ANACHRONIQUE

Lorsque je lis dans mon journal
Les échos d’la presse à scandale
Tout ce déballage de linge sale
Me monte à la tête
Je voudrais être ANALPHABETE

Enfin lorsque j’entrevois
Les champignons de Mururoa
Dans les fumées pompidoliennes
J’m’dis, en repliant mon Canard*
(celui qui patauge dans la mare
pour en sortir les mauvaises bêtes)
« Cette fois, y en a marre
il faut te faire ANAR ! »

*Une chenille toute courte, c’est aussi le nom donné à quelque garnement (comme mon frère) qui est tout le temps en train de faire « des niches »
(TEXTE DE RUMI)

*Je déplie et replie toujours fidèlement le même Canard Enchaîné plus de trente ans après.

06 février 2006

AMOUREUX TRANSIS


LES AMOUREUX TRANSIS

Transis, il y a longtemps qu’ils le sont, les deux arbres en bordure de chemin, longtemps que je remarque à chacun de mes passages leur tentative pour se confondre. Je les repère, je crois les approcher, j’ai dû me tromper, mais non ! ils sont bien toujours là et n’ont pas changé de place. Tourtereaux immobilisés dans l’extase. Vieux Philémon et Baucis touchant à l’immortalité. En ce moment, tout de givre et de gel, leur sidération semble encore plus grande. Et ce jour-là, j’ai l’appareil en poche pour vous les présenter.
Vendredi Elouan (5 ans bientôt) dans l’eau du bain m’a confié son amour pour Linda. « On est des amoureux mais les dames à la cantine ne veulent pas qu’on se mette ensemble parce qu’on est des pipelettes. » Autre précision : Ils vont se marier mais, eux, ne divorceront pas !

Les amoureux transis, tête dans les nuages
murmurent des mots doux qui guettent le printemps.
Les amoureux transis de votre voisinage
Ont-ils comme les miens ce bel enlacement
Au sol de leurs frontières, aux racines de l’être ?

Rivés bien sûr mais en projet pour mieux renaître …

05 février 2006

Hémiole


Diaporama ST NIZIER DU MOUCHEROTTE
Vidéo envoyée par gelzy

Comme M.Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir et s’en émerveillait, je fais de l’hémiole ainsi que vient de me l’apprendre mon maître d’harmonie. Il s’agissait sur le petit air en 6/8 qu’il m’avait demandé d’un glissement au 3/4. Vous voyez ce que je veux dire ? Bref, un changement de rythme tout en conservant l’allure générale. Une greffe réussie d’un corps unique mais aux pièces interchangeables. Une nouveauté qui m’a remplie d’aise ! C’est fou ce que j’ai encore de choses à apprendre en harmonie comme ailleurs !
Alain Rey ne semble pas connaître l’hémiole ou alors il s’en désintéresse ! Cependant, dans son dictionnaire, j’ai rencontré l’hémione, mammifère qui tient de l’âne et du cheval, propre à l’Asie occidentale, un demi-âne (de hémi et onos). Pierre, du haut de son érudition bien que tout occupé en bas au ramassage des balayures, me cite Francis Blanche commentant le carnaval des animaux de Camille St Saens. « L’hémione est un cheval … »
Qu’un âne puisse passer pour un cheval, une apprentie en composition pour un compositeur (ainsi que j’ai été nommée cette semaine par une accompagnatrice en piano) est une chose merveilleuse, non ? et en plus venir du grec !
Comme le cheveu sur la soupe l’hémiole du jour sera cet article à mi-chemin de la sottise et de l’érudition !
Pour me faire pardonner : veuillez consulter ce diaporama réalisé par Maître Pierre, mon hémiole adorée ! ( variété entre hémione et onagre, entre persan et percheron)

04 février 2006

Galipades



A l'atelier d'écriture : "créature"

Je ne dispose pas de ce mot dans mon dictionnaire. Très marqué pour moi de religion je ne l'ai pas pratiqué en catéchisme. Je crois ne l'avoir jamais attribué à quelqu'un " X serait la créature de Y" c'est-à-dire son homme à tout faire, son démon ? Non ! Connais pas ! Il y a bien une créature de Dieu qui fait des cui, cui, cui insistants au dehors, sous ma fenêtre. Le printemps arrive. Mais que dire de plus de cette ritournelle ? Une roucoulade créative ? Par contre je pourrais parler des galipades. Hier une petite fille à qui je demandais comment se nommait ce qu'elle faisait sur une barre horizontale dans la cour de l'école me répondit " une roulade" "Ah je croyais qu'une roulade se faisait au sol " Alors, essaya-t-elle, une "galipade". Une jolie créature, dans le soleil d'hier d'un village de montagne, inventait des galipades. Galipades que je ne saurais reproduire. Créature que je ne pourrais imiter. Et pourtant je fus ainsi, celle qui franchit les barrières, s'enroule aux arbres, saute à cloche-pied ... Je fus, je suis la créature de mes passés et de mes espérances. Toute neuve d'envol, toute vieille de cellules. Quelque chose de l'instant et de l'éternité. Quelque chose d'approchant à l'être suprême. Quelque chose de suprêmement intéressant à décrire. En évolution permanente. Et aussi figée dans la glace qu'un dinosaure. Je crois avoir fait le tour complet de la créature comme la petite acrobate autour de sa barre horizontale. Et pour conclure : dur dur la créature !

03 février 2006

A VOUS

O vous qui regardez
dans le blog ma mine
de crayon affûtée
sur quelques mots d’hier
envoyés dans les airs

O vous les anonymes

Vous dont je ne sais rien
que l’ombre d’un passage
Mais dont je sens parfois
sur mes lèvres effleurées
comme un petit baiser

O vous les camarades

O vous de nulle part
qu’une araignée discrète
consulte dans le noir
Qu’une pomme encore verte
appelle à mûrir

O vous les découvertes

Vous dont je ne sais pas
Ni le nom ni l’orage
ni la petite pluie
la source, l’estuaire
la goutte dans la mer

O vous de ma rivière

Merci à la présence
Merci à la constance
Grâce à vous je me sais
liée à l’espérance
que le monde me veut

(moi la petite Gy)

Accordée à ces Mots
et Couleurs, à ce rite
de brancher mon réveil
ma laborieuse nuit
sur l’étoile filante

O vous de ma lumière

A vous de mes voisins
Ce Bonjour opiniâtre
Pour dire le soleil
Pour capter ses rayons
Jusque dedans mon lit

A vous de ma planète !

02 février 2006

Confiture d'oranges



J’ai tant et tant … et tant et tant HAN !
J’ai tant et tant de choses à faire
Que j’sais pas par où commencer Hé !

Et tout d’abord photographier Hé !
Huit pots de belle confiture
Dommage que je n’ai su noter
Les incidents de procédure

Ni conserver dans la cuisine
Le parfum sucré des oranges

Ni empêcher l’odeur étrange
A minuit des zestes brûlés Hé !

Hier est mort Vive hier !
Aujourd’hui et moi sont vivantes
Les confitures d’oranges amères
Vont attendre dans la soupente

Qu’on vienne les revisiter



Hé !

01 février 2006

DES P'TITS RIENS


Des p’tits riens, des bonnes choses
Lorsque Février morose
Essaie de nous congeler
Par les pieds

Des bonnes choses, des p’tits riens
Lorsque Février malin
Tente de nous entraîner
Vers l’été

Des p’tits riens, des bonnes choses
Aident aux métamorphoses
Des vieillards en nouveaux-nés
Médusés

Des bonnes choses, des p’tits riens
Pour accompagner le pain
Comme le fromage et les pommes
Autonomes

Des p’tits riens, des bonnes choses
Comme un mot sur le papier
Juste à hauteur de la note
Qui l’étonne

Comme une cloche qui sonne
Un courant d’air, un chemin
Un battant sur de l’airain
Un atome de carbone

De p’tits riens, de bonnes choses
Je n’ai jamais d’overdose
Des p’tits bonheurs à la pelle
Plus j’en cueille et plus j’en sème
Moins j’en fais, plus j’en poème
Et chanson …

( ramassé en marchant ( crampons et bâton) sur le chemin glacé de Rochetière qui conduit à la ferme.