Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

30 avril 2012

heure présente


« heure présente
ne renonce pas
Reprends tes mots
des mains errantes de la foudre
Écoute-les faire du rien parole
Risque-toi
dans même la confiance que rien ne prouve

Lègue-nous de ne pas mourir désespérés »
Yves Bonnefoy

Heure présente
Merci
Merci beaucoup
Heure riche de cerisiers en fleurs
Gorgée de ce peu de lumière aujourd’hui si farouche
Disponible de ce repos hors de la foule et des sentiers battus
Souveraine sur les mots qui sont venus à peine paupières ouvertes
rappeler la chanson
Inaltérable chanson d’être
Inépuisable cascade de mots d’eau claire

29 avril 2012

confiante ...

« Confiante dans la tendresse
Comme un petit enfant

« N’offre rien à celui que tu aimes que ta vérité »
Pas toute la vérité. Garde du mal de toi
Protège-le contre ton cœur. »

Ma vérité fragile
A peine cette ligne qui borne l’horizon

Ma vérité si forte
Qu’elle repousse les limites de s doutes et des peurs

Ma vérité si mienne
Inscrite dans mes gênes
Bref ! ma vérité qui t’aime
Envers et endroit
Envers et contre tout
Si têtue qu’elle te saoule à force de paroles
Si exigeante qu’elle t’endort à force de s’agiter

Bref ! ma vérité vraie
Qu’elle te soit
Parfois comme une obole
Pour te dire Merci de l’avoir si souvent
Attendue, espérée
Quand je croyais la perdre

28 avril 2012

Eclats


« Mais au lieu de penser j’éclatais en musique
Délivrance … Joie … Louange

Je chantais … je dansais … » Marie Noël

Dans ma danse et mon chant
pétillaient les étoiles
Des hirondelles venaient
Caresser mes cheveux

J’étais grand-mère
J’étais pucelle
Et j’étais arrivée
Juste à ce point du jour
Où la lune éclabousse
Le soleil

26 avril 2012

Cathédrale


« Cathédrale … large, long, royal
D’une majesté magnifique avec, en sa dernière syllabe, ce grave et vaste retentissement de voûte profonde

Crépuscule … où s’allongent, dans une ombre bleue, de doux U lointains et graves comme le rêve d’un chant de flûte »
 Marie Noël

La cathédrale est comme moi du matin. Elle s’élance, elle reflète. Elle en doute pas.
Au crépuscule il suffirait que je l’invoque
Que j’inverse le courant
Que je trouve le vitrail illuminé

Patience ! A force de crépuscule transfiguré ta cathédrale percera la brûme.

25 avril 2012

c'est ici


« Et Dieu dit à la mer :
« Tu n’iras pas plus loin. »

l’harmonie de l’homme est la même victoire, la même domination sur le même chaos » Marie Noël

Peut-être n’iras-tu pas plus loin que cet ordre à toi-même donné
Pas plus loin que la cour herbeuse piquée de pâquerettes
Attendant du lilas l’appel à plus de cœur

Dans cette maison tienne
jusque dans ses poussières
jusque dans ses silences
jusque dans ses lenteurs
peut-être ne pourras-tu trouver meilleure antienne

Ce chant profond, ce cri dompté

Heureuse de cet ordre reçu et accepté.

24 avril 2012


«  La  poésie survenait
avec le rythme : un ébranlement profond qui groupait les mots dans un certain ordre, comme un courant d’eau ou de vent qui rassemble les brindilles dans un certain sens, un battement de cœur plus profond que le cœur même »

Dans le silence de la nuit
au dehors la lune éclaire
un oiseau pépie doucement
Le matin vient
Une petite voix têtue comme l’oiseau
ténue, têtue, éperdue comme l’oiseau
doucement parle, tend vers la nuit la corde à linge pour y accrocher quelques mots
Une corde à sauter entre le ciel et la terre, le jour et la nuit

Je photographie la rose donnée par Jackie
la belle rose horticole
la belle rose d’amitié
soudaine, volubile, offerte
mêlée au forsythia du printemps
Elle s’est posée dans le vase
Je la regarde, je la photographie, belle parmi les belles
fleur, mot, instant clos sur le cœur.
La petite voix de Marie Noël continue à bouger dans l’immobilité et le silence
à dire le bruit et la douleur
à s’enrouler de mots jusqu’à chanter
la gorge serrée dans la corde
«  Toute ma vie, dit-elle, n’aura été qu’un combat entre la lucidité et l’amour »
et je la remercie, comme la rose, d’arrêter
au bord du jour,
avec l’oiseau,
ce combat.

23 avril 2012

silence


Silence..Parole...Silence...

Suis partie dans la salle de bains avec le motif …

Me suis lavée avec un bavardage en tête incessant ( as usual !)
Le silence, mon silence …où est-il, où se cache-t-il ?
Impossible au sens strict du terme : sans cesse ce tintamarre de cloches, de machine à laver qui vrille, vrombit, pétarade, merdouille, acouphènes nommés mais non expliqués, non circonscrits. Liens évidents avec l’épaule gauche, le foie, la cheville droite, l’énervement …
Parfois admis comme fond sonore évidemment sans autre conséquence que de tenir compagnie à moi (de) même et de libérer les autres de l’évocation lassante .
Cet appel aux mots pour remonter à la surface et tenir la barre du bateau ? sa puissance, sa nuisance, son espérance …
Parfois, comme cette nuit, les mots appareillés ou en libre service, inopérants à calmer, endormir, ne faisant qu’ajouter bruit muet à bruit bavard, bruit brut à bruit familier …
Mon silence perdu : Quelques fois, juste pour me prouver qu’il n’est pas perdu, pas stupide, pas inéluctable en l’état, de brèves et bonnes accalmies : une heure de vrai sommeil, une paix abyssale, un bonheur de naissance …
Dans la salle de bains, après t’avoir lue, passage de chanson d’un temps amoureux :
« Tant qu’il est des silences si beaux que l’on s’y perd
Tant que les mots charnels sont plus charnus que chair … »

21 avril 2012


Dictons d’Avril
Pour les vignerons

Tonnerre d’Avril
ouvre ton baril

pour les conducteurs de bœufs :

Bouvier, quand tu vas au fenil
souviens-toi que le mois d’Avril
n’est pas cousu de trop bon fil

pour les jardiniers :

L’hiver n’est terminé
que quand la lune rousse a décliné

Les gelées de la lune rousse
ruinent la plante par la pousse

Et pour les blogueurs je suggère ?

En Avril découvre-toi d’un fil
En Mai habille ton caquet





20 avril 2012

envoie !


Envoie-moi l’amour
Jour qui va poindre
Envoie les pervenches
Envoie les pâquerettes
Mais de savoir l a nuit
Nichée dans leurs corolles
Et de laisser le crayon sur la page
Aller son train
Je sais pertinemment que l’amour
Sera dans mes poches
Au p’tit matin

19 avril 2012

la colline


La colline bourgeonne
de jour en jour
par temps de pluie
averse de soleil
La colline transforme
en vert tendre ses verts de gris
Les pauvres langueurs de l’hiver
et les pamoisons de l’automne
un à un, une à une deviennent
ces petits cris d’oiseaux
jusqu’à hier coincés dans les persiennes
et qui jaillissent au soleil

18 avril 2012

Inlassable ...


un oiseau ...

S‘accrocher aux nuages
Exercice difficile
Mais à tendre les mains
Sur la pointe des pieds
Avec persévérance
Avec ténacité
De jour en jour et
D’heure en heure
Tu peux y arriver

Il te suffit ma belle
De poser les nuages
Aux courbes de tes ailes
De mots en mots
De couleurs en couleurs

17 avril 2012

les vieux mots


indélébiles ... comme les maisons ...
papiers trouvés ...
Papiers trouvés, retrouvés comme les souvenirs
***
Comme elle
Décidément je suis bien comme elle
Contrariée !
Contrariée par ce rhume qui rebouche les sinus, alourdit la tête quand encore ne lui balance pas en travers de la gueule des châtaignes grillées
J’ai rallumé mon feu. Il a bien voulu repartir avec quelques coups de soufflet sur un soupçon de braise
Soupçonneuse !
Je soupçonne que je ne suis pas dans les papiers du bon Dieu en ce moment, il a la tête ailleurs
La tête ailleurs. Pas moyen cette nuit qui s’avance vers l’aube d’avoir la tête ailleurs : dans un livre, dans un projet d’animation à l’école d’autrefois d’où elle reviendrait elle, avec son sac en « pate » fabriqué par sa « gran » et contenant l’œuf à mettre cuire sur le poêle de la classe à la coque. A midi on cassera la croûte, en fait on trempera la mie dans le jaune de l’œuf pour s’en barbouiller les babines. On, nous, ceux de Triel, de la Ginon, de Cessenoud. La Marie Bréchet, la Léa, ma Léa. On s’amusera à « l’écréation » hein ma Léa ?
Comme elle, nostalgique, ronchonneuse, grippée. Est-ce le temps de ce mois de Mars qui n’en est qu’à ces débuts de printemps ? est-ce cette maison « cafardeuse » qui remâche ses rhumatismes, l’eau encore coupée pour cause de gel …
Cafardeuse. J’éternue. Je gargarise. Je lave le nez. Je fais ce que je peux. Au bout de la page ça ira sûrement mieux … qu’est-ce que je n’ai pas fait « commifaut » ? Trop de « caracos » entassés les uns sur les autres pour lutter contre le froid ? et du coup le chaud arrive, la transpiration, le courant d’air qui la sèche et voilà ! la grippe, La Gie a « mais » encore chopé la grippe. Elle n’a point de tête cette gone. Elle ne pense à rien Elle ne fait pas attention à elle quand je ne suis pas derrière.
Je mouche mon nez. J’expectore. Je fais ce que je peux de ce qu’elle m’a appris pour me débarrasser de ce « bocon » Rien d’efficace. Ah ces toubibs ! juste bons pour vous faire « casquer »
« à cabouron « sur mon feu, j’ai « la dure »
la dure de quoi ? de Pierre qui pourrait entendre mes jérémiades s’il était là, me plaindre raisonnablement, me suggérer d’aller me coucher. De quelque autre qui rassurerait, caresserait, dirait à la belle avec son nez bouché qu’elle est belle, chantante avec sa gorge enflammée …
bon ! j’ai la dure mais Pierre arrive demain … demain ? aujourd’hui. La fête sur l’école pourra se passer de ma prestation si je suis trop KO.
KO elle est KO la mémé !
La gie, la mémé, c’est elle maintenant
Elle est même K K O
Elle arrête. Elle a pas fini de gribouiller ?
Elle arrête ma « Gribouille ». Je l’ai bien dressée. Je l’ai fait « robérir » de sa maman.
Elle recommencera. Je la connais. Elle recommence toujours. « A ber, à cer » dans toutes les directions elle va, elle aime ça … c’est bien ma fille, têtue comme une bourrique, un âne rouge et qui plus est qui a la « crève »
tant de bazar sur ses tables qu’un chat n’y retrouverait pas ses petits.
« Bazor é son trin » Bazar et son train, comme dirait le Benoît

Demain, tout à l’heure, je range. Pierre arrive.

08 avril 2012

il est rescussité


Un seul et même amour têtu comme bruyère
Calouné de soleil et retenu de vent
Une seule saison pour dire oui à la terre

Et pour s’en imprégner, de sa beauté renaître
De son élan, de son ardeur, de sa tempête
Un seul baiser donné et pris tant bellement

Tant bellement que morts respirent et recommencent
Font signe de la main, s’éloignent en souriant
Que vivants détournés un instant de leur quête
Y boivent en passant

Sur les piliers du temps nous planterons des roses
Sur ce temps morfondu les minutes présentes
Iront se réchauffant et le commencement
De cet amour total touchera de son aile
Un papillon sur la bruyère

Puissé-je être là à l’heure de son éveil !

07 avril 2012


le patron de Publicis
va encaisser dans sa grotte
quelques 16 millions d'euros
au titre de ses revenus de 2011
un super-bonus
mais pas net d'impôts !
le pauvre homme

Moi, dit la petite fille
plus j'en donne et plus j'en ai
des coeurs de printemps
dans l'allée de mon jardin
et dans celui de Papa
et dans celui de Maman
et dans celui de ma soeur
rien que du bonheur
et tous nets d'impôts !

06 avril 2012

brume



Johnny c'est quand la brume
goutte sur le bitume
qu'il faut prendre ton chapeau
pour te loger plus haut

Johnny c'est quand tes dents
grincent dans l'ouragan
que tu dois sans tarder
aller les arracher

enfin Johnny je crois
sans en être très sûre
u'il faut que je m'esbigne
aujourd'hui comme hier
pour écouter la mer

05 avril 2012

quand les mains ...


quand les mains se retirent du jeu
il reste l'ouvrage achevé
ou inachevé, c'est tout comme
de sorte que sans y penser
les petites filles deviennent
des grands-mères enrubannées
dans des couleurs et des chimères
le temps a passé sous les fronts
les mains se sont sculptées de rides
il reste la roue bariolée
qui se retourne et se peaufine

04 avril 2012


des mains de petites filles
pour ourler le temps qui passe
des mains roses et attentives
des couleurs au bout des doigts
sur le banc fait pour s'asseoir
elles tricotent un autre espace
une journée de printemps
qui s'installe pour laisser
la sève en elles couler

01 avril 2012

à mon petit-fils


« maintenant …(joyeux) te revoilà … (neutre) nous revoilà …(triste) me revoilà »

le mot MATIN fait se lever le soleil rose sur la chaîne de Belledonne.
Je pense à toi Siméon
J’abandonne Godot dans les miasmes des nuits ou des soirs. Sans odeurs, sans contours, sans prénom à donner et à recevoir, son monde est vide …
Sans femmes, sœurs, amies, mères, grand-mères !
Toi, je t’attends …
Toi, à chaque matin, tu es avec moi dans la vie multipliée
Sans mémoire univoque, sans comptes à régler, sans fantôme insistant, tu es avec moi comme au premier matin heureux de ta naissance et j’en remercie les étoiles
J’aime ton rire, tes bouclettes, tes rêves de réalisateur futur, tes réalisations d’imagination et de raisons concrètes
J’aime les mots que nous échangeons en ce qu’ils nous mettent côte à côte

À ton âge, c’est Gide ( Les Nourritures Terrestres)c qui m’avait encouragée à me lever chaque matin, à marcher ma journée avec quelques-uns des possibles pour qu’elle me comble. De quoi ? ah de beaucoup de choses ! d’appétit d’abord ! d’amour bien sûr ! de confiance, de grappillage de savoir, d’utilisation des transports … de points d’exclamation, d’étonnement et de découverte …
C’est encore lui qui, de si loin dans le temps, de tout proche dans ma mémoire, me souffle de te souffler :

« Et crée de toi, impatiemment ou patiemment, le plus irremplaçable des êtres ! »