Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

28 février 2009

LE RENOUVEAU


LE RENOUVEAU

La Maison d’Enfants où nous allons conter une fois par mois, sur le plateau du Vercors ( nous prenons la direction de Meaudre) était hier ensoleillée comme toute la région. Pas de manœuvre délicate, les parkings sont abordables, la neige fond … Nous sommes attendus. Notre arrivée provoque le rassemblement des enfants qui jouent dehors. Une petite fille bondissante me jette au passage « j’ai bien aimé la sorcière !» Je souris, j’avais oublié mon rôle de sorcière à Noël ( pour changer un peu des bons Père Noël et des rennes dévoués !)
Pour cette fois j’ai emporté mon bonnet de Pélagie, cette vieille très vieille paysanne qui me sert de grand-mère. Son devantier aussi, et son châle. Avant d’attaquer l’histoire du Pou de Turlendu j’indique que je tiens mes contes de cette PÉLAGIE sans télé ni livres qui les trouvait tout bonnement « sous son bonnet ». Et je gratte sous la coiffe pour en ramener le conte du jour ( un conte occitan rassemblé par Patrick Cazal Contes et légendes d’Occitanie NATHAN). L’astuce et le déguisement sont suffisants pour obtenir leur attention.
A la fin de la séance, les enfants s’égaillent pour rejoindre leur classe. Il y en a toujours quelques-uns qui prennent leur temps. L’un d’eux, Corentin, une douzaine d’années, me demande de coiffer mon bonnet. J’accepte volontiers avec un petit soupçon qu’il va se sauver dans le couloir pour faire rire les copains. Pas du tout ! Les maîtresses sont en train de discuter avec d’autres conteurs. Corentin commence à raconter … Je m’assieds dans un coin, il se pose sur mes genoux et voilà la Poule aux œufs d’or qu’il a ramassée dans ses cheveux du même geste que moi tout à l’heure le Pou de Turlendu. La parole s’installe, brode, devient cohérente en fonction de ses inventions. Je fais signe aux adultes qui rejoignent le petit cercle. Une fois fini, Corentin se lève pour rejoindre son groupe mais avant de nous quitter se glisse dans mes bras et pose sa tête sur ma poitrine en un geste de tout petit enfant. En fait autant avce ma voisine.
Voilà le miracle des contes ! La maison s’appelle LE RENOUVEAU
« Lo que cantèt recanta,e canta pas lo rot ! »
(Celle qui chanta chante à nouveau, et ne chante pas le râle !)
dans le dicton « celle » = la langue d’oc
Traduisons ici pour l’anecdote : toute langue vivante !

27 février 2009

ST HUGUES DE CHARTREUSE



« En 1953 ARCABAS peint le premier bandeau qui orne l’église.
Peintures, vitraux, tabernacle et autel sculptés, incrustations dans le sol, portes cloutées : cette œuvre réalisée en 38 années d’enthousiasme créateur révèle un lieu pastoral à l’usage des croyants comme des incroyants.
Commencée en marge du renouveau de l’art sacré par un jeune artiste inconnu de 25 ans, l’église est aujourd’hui ceinturée de peintures monumentales se développant sur trois registres superposés.
Au total St Hugues comporte 111 titres. »

Le flash n’est pas autorisé mais on peut prendre des photos

dont voici quelques traces.

26 février 2009

GUILLEVIQUER


Guillevic avait conseillé à une de mes amies qui disait ses textes et me le fit connaître mieux, elle était venue lui rendre visite,
sur le pas de la porte en guise d'au revoir
"Guilleviquer bien !"

Jacinthe de lumière
Bulbe plein de la terre
Trait d’union

Prendre le soleil
par tous les pores
Arc en ciel

Guillevic au matin
C’est comme un tour de main
Savant
Qui fait lever la pâte

« Il fut de joie
comme serait, en plein automne,

un jour d’été
criblé de roses. »

24 février 2009

AFRAH



AFRAH

C’est le nom d’un groupe de paysans-musiciens entendu dimanche au centre d’art contemporain de St Hugues de Chartreuse.
Dans le cadre des 38 ième rugissants et de Musique au musée une initiative du conseil général pour faire participer gratuitement les Isérois à la culture
Le groupe est née de l’association Cultures Solidaires
Il vient de l’Est marocain

Comme nous arrivons très en avance, il neige, la route est glissante, nous assistons à la répétition des deux joueurs de tambours, des deux flûtistes, du chanteur. Dans le musée ARCABAS les sons plaintifs, lancinants, aigres ou susurrés, emplissent l’ancienne église. Tout à l’heure les musiciens se transformeront en danseurs en longues robes blanches et turbans. Inquites pour la route du retour nous suggérons que nous partirons avant la fin du concert.
nous resterons scotchés à nos sièges, envoûtés
Les chants sont traduits succinctement : chants populaires traditionnels, l’amour , l’ivresse « Plus jamais je ne boirai « « je suis folle d’un homme noir » « Emmène-moi chez le médecin » …
Le chant est voisin de la transe. Il semble exiger une grande concentration. Quand le danseur prend position il se laisse pénétrer par la musique en restant sur place quasi immobile, seulement agité de petits mouvements, il dirige l’orchestre de la main pour orienter l’improvisation puis déchaîne un brusque lancer de pieds et de bras. Il tient un bâton et ne le lâche pas entre ses mains.
Quand nous partons la neige s’est calmée comme paralysée par la beauté du chant, des corps, des visages. Cette danse arabe n’était pas choquante sur le sol animé par les signes des quatre évangélistes. Universalité d’un langage inspiré.

23 février 2009

FAIS DU FEU ...


sur l'air de ...

Tous les enfants sont repartis
L’igloo goutte dans le désert
Il ne me reste qu’une pie
à piquer le tronc de l’hiver
L’hiver enfile ses mitaines
Devant la porte le verglas
J’ai mis mon gros gilet de laine
Mais jusque dans mes os j’ai froid

Fais du feu dans la cheminée
Tu réchaufferas
L’allumette avec le soufflet
Au bout de tes doigts

Heureusement y a Internet
Qui diffuse des calories
A Laurence je vais transmettre
Les coordonnées de Julie
Micheline cite cette chanson
Si tendre que tu me chantais
Yvette, dans ce lointain Québec
Où jamais ne te reverrai

Fais du feu dans la cheminée
Tu réentendras
La voix douce qui te berçait
Près du pianola

Le voyage n’est pas fini
Tant qu’il te reste goût de vie
Tantôt amer, tantôt sucré
Et l’amour de ton potager

Fais du feu dans la cheminée
Ecoute le bois !
S’il crépite c’est qu’il est lancé
Pour venir vers toi

Fais du feu dans la cheminée
Regarde au dehors !
De l’oiseau qui vient de chanter
Répète l’accord !

22 février 2009

FEU



- Fais du feu dans la cheminée !
- Non pas aujourd'hui ! il fait bon, va te promener ! et puis économise le bois coupé pour les jours plus gelés !
- Fais du feu dans la cheminée !
- Habille-toi mieux, chausse tes bottes, va dans la forêt avec ton sac et ton égoïne ! Ramasse la branche cassée !
- Fais du feu dans la cheminée !
- Prends ce livre ! Feuillète-le tranquillement, tu trouveras à te chauffer à ses petites flammes !
- Fais du feu dans la cheminée !
- Oui ! j'ai entendu ! je vais le faire ce feu de tout bois ! Ce feu dans l'âtre, dans l'antre de la terre ! Ce grand feu de colère d'où renaîtra le feu de joie ! mais laisse-moi le temps d'ajuster à ma cape les étoiles endormies, de raviver les marques de l'oubli. Tout ce qui brûle ne détruit pas. Tout ce qui a froid ne dépérit pas automatiquement. Tout ce qui meurt renaît peut-être de ses cendres. Laisse-moi croire à la simplicité de l'Auvergnat que je rencontrerai aujourd'hui ! à sa générosité instinctive et sans conditions. Il me donnera les quatre bouts de bois qui me manquent.
- Fais du feu sans attendre ! Prépare le feu ! le papier froissé, le petit bois d'abord, les bûches entrecroisées. Craque l'allumette ! allume le feu pour qu'il t'éclaire et te réchauffe de n'importe quelle façon, de n'importe quelle manière !
- OK ! ça va ! J'ai compris ! je vais m'y mettre ! Il y a un arbre qui ne demande que ça ! il y a un printemps qui veut percer à travers les nuages ! Il y a toi qui bouscules mon bûcher, Amour !

21 février 2009

LES POIS ET JACINTHES


Fait d’hiver 4

Beaucoup plus intéressés les enfants par la neige au dehors que par le printemps au dedans. J’avais pourtant mis les jacinthes sur eau, les haricots sur coton pour une démonstration de la petite graine ou de l’oignon qui monte, qui monte, qui monte … Qu’est-ce que je faisais d’autre à leur âge que de ne regarder que de ce qui était dans mon assiette sans me préoccuper du comment de la multiplication des pains ? Aujourd’hui les preuves de l’inaltérable générosité de la nature, du miracle des racines et souches, des sources et cotylédons sont sur la table du petit déjeuner et même si je suis seule à m’en régaler les pupilles je ne me lasse pas de les proclamer !
« La vieillesse
Vous connaissez ?

Vous connaissez ces choses
Qui vous exaltent sur le tard ?

Cette joie pour l’instant
Qui pourrait vous ôter ? » Guillevic

20 février 2009

BONHOMME DE NEIGE



FAIT d'HIVER 3
Le bonhomme de neige
N’a pas perdu pour les plus petits tout intérêt. La carotte pour nez, les petites pommes flétries pour yeux, les pruneaux et des feuilles comme boutons et même les bras-mimosa ont encore de la nouveauté ! Tant mieux. On y tient tous au bon bonhomme débonnaire, au dieu hiver ensoleillé révéré. On, toutes générations confondues, aime son insouciance, sa jeunesse. Bien sûr il va fondre, disparaître en une flaque grisâtre mais avec –7 degrés et les appareils numériques il touche aussi à l’immortalité !


on peut même dire qu'il est né coiffé ce bonhomme !

19 février 2009

L'IGLOO


FAIT d'HIVER 2

L’igloo

L’igloo ne pouvait entrer dans l’histoire puisqu’elle était achevée avant qu’il commence. Pas de pétale avantageux, mais des bras solides et un entrain à toute épreuve. Les trois esquimaux reviendront même le lendemain pour l’achever. Le chantier va devenir un modèle d’organisation rationnelle. Deux planches qui serviront à l’usine à moellons de neige. Celle-ci rapatriée de tout le jardin avec la traineau est compressée, découpée à la bêche, charriée à bras d’homme et déposée autant que la taille le permet sur la rangée précédente. Un coup de main du père n’est pas inutile. Au repas les appétits sont colossaux. Aussitôt que … c’est-à-dire après de longues heures de travail, l’igloo apparaît et demeure depuis une dizaine de jours. Les nouveaux occupants sont plus petits, d’une autre tribu, mais bien décidés à ce que leurs joues rosissent autant de soleil, de froid et de plaisir.

18 février 2009

ET AUSSITOT ...


FAIT d’HIVER 1

« et aussitôt cela se fait !
Comme dans son histoire Lou démarre au quart de tour. L’appareil-photo. Clic Clac ! ses choix sont sûrs ! la boîte à lettres, la 2Ch … Sur la courte distance du chemin il repère, enregistre … Je dois limiter son ardeur pour ne pas être débordée à l’ordinateur. Dans ma collection personnelle il pique quelques vues supplémentaires : le lever du soleil, la jacinthe …
Pas besoin d’appuyer sur le champignon pour que l’histoire s’engage à partir de ce lever du soleil qui lui plaît bien. Comment s’appellera son personnage Heu ? Marc ! Avec ma photo de lui-même marchant dans les traces il lui prête sa silhouette et aussi ses astuces pour récupérer les pièces !
Et c’est parti, la boîte aux lettres des voisins enferme la jacinthe de la maison, laquelle distribue ses pétales magiques en deux coups de cuillère à pot !
Bienheureux jeune âge sans calculs ni hésitations !
le bien que j'en retire à le regarder faire, vivre, créer ...

17 février 2009

EN CONCLUSION



Si vous avez envie de changer votre deux chevaux adressez-vous à la boîte aux lettres numéro 11 ! ou à Elouan pour savoir parler aux fleurs !

LOU's STORY



Dans sa boîte aux lettres il trouve une lettre sans destinataire. Un peu méfiant il l’ouvre et y trouve une fleur

La lettre dit si vous arrachez un pétale et que vous faites un vœu votre vœu se réalisera



Il arrache un pétale pour que sa maison devienne un grand hôtel et aussitôt cela se fait
Il arrache un pétale pour que sa dodoche devienne une limousine noire et aussitôt cela se fait

16 février 2009

Lou's STORY

Sur le chemin il observe les passants


Il marche sur les mêmes traces qu'eux. Il a toujours un chewing-gum sous sa chaussure pour récupérer les pièces perdues.




Dès qu'il a fini l'école il refait le même chemin

15 février 2009

Lou'STORY

Elouan ( 8ans) n'avait pas envie d'aller skier avec ses frères. Il n'a pas dépassé le chemin du lotissement mais a trouvé de quoi nourrir d'images son appareil-photo. Aussitôt au chaud, il a improvisé une histoire dont vous avez, lecteurs du monde entier, la primeur ...

Comme tous les matins Marc se lève et part à l'école


Il prend le temps de regarder son petit, petit jardin



avec ses petits, petits arbres. Il y en a un cassé par l'orage.

14 février 2009

AMOUR


de l'atelier d'écriture ! en 1500 caractères, pas un de plus ! AMOUR
"oh non ! c'est trop facile ! oh non ! c'est trop difficile." Elle venait d'échapper aux tourbillons, elle avait évité le pire, elle se trouvait avoir largement dépassé le milieu du gué quand elle vit Amour tranquillement posé sur l'autre berge qui l'attendait. Elle s'était pourtant juré de ne plus jamais lui courir après et voilà, qu'installée dans une relative béatutide, béatitudesque position sur l'eau, dans l'eau, vivable quoi, c'est lui maintenant qui la sollicitait. Encore qu'il paraissait bien intéressé par les
papillons et les coquillages autant que par son approche à elle. Elle regarda en arrière. Pouvait-elle faire demi-tour ? Mais les tourbillons ? Impossible. Alors, résolument, elle décida de l'affronter. Comme si de rien n'était. Comme s'ils ne se connaissaient pas. Ni vu ni connu. Aucunes salutations
distinguées. Aucun salut. Elle allait prendre pied sur la plage et partir seule de son côté à elle Na ! C'est lui, négligemment, qui sortit de sa contemplation pour lui chanter. "Amour, Moi j'ai été ton maître, tu m'as suivi sous tous les cieux" Quel toupet ! Quelle ironie ! il lui resservait sans vergogne sa propre chanson. "Amour tu as été mon maître ... !" la sorte de méditation qu'elle jouait sur la cithare chaque matin pour se mettre en train. "Ah si je devais jamais naître comme je te servirai mieux !" Venait-il lui la proposer cette seconde naissance ? Une fois de plus ? la dernière ? Elle accepta l'échange de risques et de béa ...tuti ...titu

13 février 2009

LES CHEVAUX DU HAUT-MONT

Cependant son crawl vigoureux luttait à contre-courant pour reprendre pied sur la plage. Elle vit la théorie des assaillants obliquer vers la falaise par la gauche, là où étaient disparus les chevaux. Elle les vit aborder le sentier de crête dit » chemin des douaniers. « Pourvu que … Pourvu que … » Mentalement elle continuait sa prière indécise …
Les deux bêtes sur le bord de la falaise apparurent, se dressèrent sur les pattes arrière, tendues vers le ciel. La clameur d’hallali montait comme une fumée.
Elle tomba à genoux, de saisissement, d’urgence. Une force inconnue l’inclinait vers le sable, lui fit tendre la main et ramasser un brin de quelque chose qu’elle brandit. C’était un hippocampe. Signe majeur. « il ne faut pas … il ne faut pas … et puis « Il faut … il faut …
Je veux ! »
Alors, à la minute même où les chevaux allaient se fracasser au pied de la falaise, elle se sentit soulever la mer. Sans quitter l’hippocampe de la main dressée elle suivit le flot en murmurant dans la langue des origines hippos, Kampos … kampé. Elle avait franchi sans coup férir la distance, ondine-onde, femme-déesse. Entre ses bras elle prit les chevaux du Haut Mont et les déposa sur le berceau des flots.


Quand elle revint vers la corniche la foule déçue s’écoulait lentement. Indifférente, elle dépassait les groupes bavards, encore tout excités
- ça alors ! ça alors !
- Tu as vu ? hé regarde mes photos ! la preuve ! c’est bien les chevaux qui se dressent
- Mais qu’est-ce qui s’est passé ? Mais où sont-ils passés ? On n’y comprend plus rien !
La voyant revenir en sens inverse un journaliste lui tendit son micro. Elle haussa les épaules.
Au profond de son calme elle sentit à nouveau cet élancement bizarre, cette vibration du cerveau qu’elle avait eue au moment de la transmutation.

12 février 2009

LES CHEVAUX DU HAUT-MONT


Elle ramena sous elle ses genoux, allongea les jambes à la verticale. Petit bouchon, elle oscillait selon les vagues à les regarder.
Eux, sans rien perdre de leur immobilité, fixaient le point flottant de sa tête. Ils hennirent d’un même long appel ou peut-être d’un simple bonjour de reconnaissance.
C’est alors que l’enfer déferla sur la plage. Cris, aboiements, trompes, sirènes … s’engouffrèrent dans le silence ouvert à deux battants.
La meute carnivore jaillit sur la droite, un amalgame de bruits et de poussière, de gens, de bêtes, de véhicules qui se précipita sur les chevaux. Ceux-ci sortirent soudain de leur contemplation sereine et réagirent par un galop d’effroi en direction du Haut Mont qu’ils atteignirent les premiers. Elle les perdit de vue un instant, priant pour qu’ils échappent au danger. Chevaux de cirque, ou chevaux de parade, chevaux de manège ou chevaux de tournois, il ne fallait pas qu’on les prenne, qu’on les rende à leur dressage, à leur emploi. Ils étaient trop beaux pour servir. Ils ne pouvaient être que libres dans un univers libre de toute attache et de tout rendement.

Cependant son crawl vigoureux luttait à contre-courant pour reprendre pied sur la plage. Elle vit la théorie des assaillants obliquer vers la falaise par la gauche, là où étaient disparus les chevaux. Elle les vit aborder le sentier de crête dit » chemin des douaniers. « Pourvu que … Pourvu que … » Mentalement elle continuait sa prière indécise …

11 février 2009

LES CHEVAUX DU HAUT-MONT


Elle allait sur la plage en direction du large.
La plage, le large : elle aimait ces mots ronds qui éclairent l’horizon et jouent avec le vent.
Toujours la même plage où elle venait se rencontrer.
Dans son dos, la falaise. Elle aimait le contraste. De se savoir poussée vers l’eau par les rochers donnait à sa marche un pas ferme et allègre. Derrière elle l’intransigeance du mur qui fermait le passé, la ville, les lointains.
Devant elle, la douceur horizontale qui ouvrait l’avenir, promettait l’Amérique.
De la marche à la nage, elle se savait promise. Volontairement, elle acceptait le jeu du temps qui passe.

Quand elle entra dans l’eau, comme on entre au couvent sans idée de retour, elle les vit sur la plage. Mais elle avait trop anticipé son plongeon, son regard ne pouvait plus barrer son élan.
Elle crut qu’elle avait rêvé sa vision.
L’un blanc et l’autre noir. L’un grand, l’autre plus petit.
Immobiles. Côte à côté.
Joyeuse, elle assénait sur l’eau ses palmes, ses nageoires … sans pensée autre que de bien actionner sa machinerie de muscles. Son sang fluidifiait ses neurones, les irriguait de loin comme d’un début d’âge.
Heureuse au point d’en perdre la mémoire ! Mais non ! elle avait bien reçu dans ses prunelles le flash des formes et des couleurs !
Elle ralentit, perplexe … fit demi-tour …. Entre les vagues elle les chercha des yeux.
Elle n’avait pas rêvé. Ils étaient bien là sur la plage. Un bel étalon noir, une grande jument de lune. L’une et l’autre posés comme statues sur le rivage. Ying et yang éblouissants de beauté, d’harmonie, de gloire.
Comme descendus des airs et fixés sur le sable miraculeusement.

10 février 2009

L'HIPPOCAMPE ET ...


Pourquoi a-t-il fallu que je m'impatiente quand l'hippocampe perdit son extrémité fourchue dans les aléas d'une nuit à l'hôtel ou à l'hôpital passée en compagnie de la demoiselle de pierre blanche. Long est le chemin de la perfection des rencontres, surtout sous la table et les pieds. Avais-je la crainte que l'hippocampe mutilé ne réduise le bonheur qu'il m'octroie, en un, en deux, en trois...et que je me retrouve à Mardi-gras privée de crêpes, de doigts pour les manger et les écrire, et, dans la maison toute entière, jusqu'à la chaîne de Belledonne, par la fenêtre, privée de cette bonne odeur du temps qui a déposé chez moi ses bagages ? Pourquoi ces choses offertes, objets instantanés de sympathie, d'affection ou d'amour, me sont également si chères que je ne consens qu'au deuxième ou troisième abord, qu'elles aussi se flétrissent, se cassent, penchent vers la mort ? J'ai grondé Sarah. Elle a pleuré. Soudain et sans proportion me semblait-il avec l'importance de l'admonestation. Admonestation. Quel beau mot pour le mouvement d'impatience d'une propriétaire outrée qu'on touche à sa propriété! Qu'il est long à écrire ce long mot de raison éducatrice ! J'avais pris le droit d'intervenir dans la ronde amoureuse de Sarah, la ronde où tournent ensemble les mots, les lieux, les personnages, où poupées et hippocampes conversent et voyagent. Je récupérai donc un hippocampe amoindri de 9 millimètres à peine mais, en le réclamant, j'interrompis la belle aventure de l'enfant blanche et de l'enfant bronzée. Peut-être moins enfants après tout qu'elles le paraissent ! Que savons-nous de l'âge des statues ? Que sais-je de la priorité du rêve chez les petites filles en avance sur le temps ? J'ai l'impression que depuis cet incident, le silence est suspect dans mon bureau désert. Il fermente de reproches, fourmille de messes basses entre deux acolytes ligués pour m'interdire de toucher à ce qui ne me regarde pas. Mais l'espoir des choses et des êtres renaît toujours pour peu qu'on le veuille. J'ai reçu une lettre de Sarah qu'elle a dictée à sa mère. Sa dernière phrase : " Je voudrais retourner au chalet. " Je communique la nouvelle à la pièce entière.

Hé Hippocampe ! hé Enfant Blanche !
Sarah 4 ans 7 mois 6 jours avec quelques centimètres en plus, reviendra.
Vous vous retrouverez bientôt dans la corbeille à papier, dans le lit-clos des amours rondes à reprendre votre contemplation, vos conversations …
Mais maintenant Silence ! Laissez-moi travailler !

09 février 2009

l'HIPPOCAMPE ET ...

Toujours la même chose, le même couplet avec ces femmes ! Elles vous emberlificotent dans des phrases et des phrases qu'on n'arrive même plus à compter ! 21 sur 27 est la page. 220 volts est le courant. Je sais les choses par le menu et le plus grand. Je viens de la mer et j'y entre. Je scrute. Je m'incruste. Rude et rustre. Badigeonné par le grand-père chômeur et pêcheur. Vernis. Rigoureusement identique à mes frères. Petit. Ciron à l'échelle des baleines. Degré de durcissement : 7,9. Et la plage et les vagues ne me sont qu'épiphénomènes. J'attends.



Ce n'est qu'un simple bibelot inerte mais sûrement pas d'inanité sonore. Si rond. Malgré la pierre si tendre et souple ! Il a précédé comme une joyeuse prémonition la kyrielle de mes petites filles, aujourd'hui trois! Sarah Estelle Anouck. Tout était déjà en projet dans la pierre fors les noms, fors, bien sûr ! , les fesses à talquer, embrasser, colmater mais ce tout de beauté ronde, de candeur joufflue, de vie repliée au centre prête à jaillir vers les pourtours, était là, devant moi, posé sur ma table, en attente... signe d'avenir que me plaçait ma fille bien en évidence. Lorsque Sarah, cette année, a transformé l'objet en poupée, c'est le soleil qui entra dans mon tabernacle. Elle acceptait dans ce petit espace de ratatiner ses envies de jeu toujours ouvert aux dimensions de l'univers jusqu'à les enfermer dans les moyens du bord … le bord où je l'avais rejetée. Elle jouait sagement, aussi intensément que d'habitude, pendant que je me livrais sur la table à ces mystérieuses nécessités d'écriture que Sarah accepte de moi avec un naturel qui me conforte dans l'idée massue d'une fonction écrivante des grand- mères aussi légitime que leurs fonctions confiturières. L'objet tient dans la paume d'une main. J'ai vu Anouck dans celle de son père ainsi bercée par la conque des doigts. Le geste enveloppant, la tendresse du monde, l'espoir fait enfant.

08 février 2009

L'HIPPOCAMPE ET ...


Et nous reprîmes le pas flâneur sur la jetée à Sète, l'hippocampe et moi, dans une poche d'un short bleu électrique à ce qu'il paraît qui donne la jambe alerte et le postérieur sans secrets, le hamac dans le panier. Nous marchions. J'apprécie ses marches d'été, sans autre souci que d'arriver à l'heure pour le repas préparé. Ce soir-là, moules farcies. Nous manquions d'air, l'hippocampe et moi, mais nous avons appris tous deux à refuser ces notions subalternes, d'air, de nourriture, de froid, de chaud sauf peut-être pour les conséquences subtiles des dites notions sur son humeur à elle . Elle ? Celle qui écrit l'histoire ! Et son humeur, surtout depuis que nous sommes installés au coeur de ses préoccupations écrivaines, provoque en nous des ondes, certes atténuées par rapport aux siennes mais néanmoins fort dangereuses ou agréables. Oui ! Agréables ! Peu me chaut le chaud et le froid, le simple et le double, tenez ! Voici l'automne, si loin de la jetée, à Sète, et je ne m'en étais pas aperçue mais, que j'aime ! oh ! Que j'aime ! sentir pénétrer dans ma pierre ce tressaillement de la vie qui souffre, a faim, se plaint, chantonne. Les mots me sont venus comme à Sarah par la bouche et la peau et je dois me contraindre dans mon enveloppe immobile pour ne pas m'emparer de la plume et devenir oiseau de ligne. Je vois bien que ma présence ici, à ses côtés, est indispensable, fixe, immuable, et j'accepte cette présence puisqu'elle fut donnée. Cependant, grâce aux reflets des sensations sur mes replis, grâce à ma concentration ronde sur l'essentiel de moi-même, j'espère un jour, une minute, rien qu'une fois, comme Sarah transparente à la lumière, me consumer. Et je dis "Nous" comme elles disent " Elles" en parlant de mères, grand-mères, filles, petites-filles, tant leurs rayons convergents allument au centre de chacune un foyer babilleur de présences plurielles. Pourquoi pas au coeur du mien !

07 février 2009

L'HIPPOCAMPE et L'ENFANT BLANCHE 2



Sarah ma ronde, Sarah ma blanche, fille de Anne ma douce, ma claire, a , dans l'instant, adopté l'enfant pour fille, l'a descendue de la table, enveloppée dans la fourrure d'un lit maternellement bordé de son sourire, de son bavardage de pie car Sarah est pie aussi, comme sa mère, sa grand-mère et son arrière grand-mère qui présentement japiote au paradis. Et l'enfant blanche, celle qui parle à l'hippocampe , a dû glisser quelque conseil à l'oreille de Sarah car, aussitôt le cheval de mer de 5 m70 (imaginaires) sur 1,30, a rejoint son amie dans la corbeille à papiers-lit. Et de les voir tous deux, par les soins de Sarah, réunis au plus près, je me suis dit, moi qui écris au papier mais me parle à l'oreille, qu'il était temps, grand temps, d'amener les deux acolytes jusqu'à la plage d'une histoire ... qu'il était temps-que-l'on-prend, roulez tambour ! sonnez trompettes ! de dire au cahier d'écolier ce qui se chuchote dans les replis de ma cervelle et sur mon ordinateur secret.

C'était un petit hippocampe ( 8 sur 4 cm ) que j'avais rencontré à Sète. Je déambulais moi, en compagnie de la dame bronzée, poupée fétiche dans une paume ouverte qui m'ouvrait du même coup aux effluves marins, au tohu-bohu vacancier d'une ville-miroir offerte au soleil d'été. L'air était bon enfant, la chaussée mouillée par les jets d'arrosage des pêcheurs qui nettoyaient les casiers. Nous nous somme arrêtées près du petit vieux qui n'avait pas changé, à ce qu'elle en a dit plus tard au souper. Les mains encore alertes tressaient des mêmes doigts noueux que j'avais reconnus chez les grands-mères jardinières et cultivatrices, les mêmes doigts que ceux des prières de cordes, de chapelets d'oignons et de paniers d'osier. Elle lui parla, lui tout content qu'on le reconnut, elle toute émue de la pérennité des hamacs. Elle se permit de rappeler le premier hamac pour la première petite fille, Sarah, elle dit son nom, sous le poirier, tic-tac, le "'mac"à Sarah que, dès sa première année, l'enfant bronzée assimila aux pendules et autres coucous qui marquent la cadence et le temps de l'été. Sarah est une espèce d'enfant aiguille. Elle tisse et file dans les interstices des jours trop pleins de ses parents et même de ses grands-parents. Elle intercale ses silences, ses gros dodos, ses joies tonitruantes et ses envies soudaines dans l'utilité fonctionnelle de grands voués au rôle de géants . Sarah, c'est la danse des tic-tac heureux. Le vieil homme semblait ravi que ses doigts aient pu, si loin de là, donner des vagues rassurantes et des plongeons dans l'ombre du poirier. Il vanta les mérites de ses nouvelles productions plastifiées renforcées ; elle regretta le temps des chanvres et des sisals ( je l'ai toujours connue nostalgique des anciens temps ). Il fit cadeau sur l'addition des centimes en trop ( 58 à ce que prétend l'hippocampe mais je me méfie de ses manies monétaires comptables ) et surtout, oh ! c'est le moment de la rencontre, mon coeur bat, il lui offrit " pour vous porter bonheur ! - merci ! merci beaucoup !" l'hippocampe, celui qui est là, celui-là-même, avec sa jambe cassée depuis que Sarah « me » l'a abîmé, celui que j'aime.

06 février 2009

L'HIPPOCAMPE et L'ENFANT BLANCHE



C'était un petit hippocampe que j'avais rencontré sur la jetée
à Sète. Dès notre première prise de bec, l'hippocampe et moi fîmes de fines et infimes plaisanteries. C'est moi...C'est Toi... Etc...
-"vous fîtes" rétorqua l'hippocampe qui n'aimait pas les responsabilités collectives.
" Décampe hippocampe ! " dis-je, de mémoire, aussi pour voir si l'hippocampe obtempère. ( présent de vérité générale)
Effectivement il entendait bien ma musique ; il m'emboîta le pas comme une seul homme sur sa seule patte et nous nous retrouvâmes
sur la jetée à S7te.
- Il est 15 h 52 Il est 15 h 52 et TROIS poussières ( j'ai plus d'une fois remarqué sa manie horaire). Si je te suis, c'est pour servir, on dit que je porte bonheur.
- Mais moi, je porte les bagages, demain je quitte la jetée, je jette les kilos en sus et un hippocampe de plus ...
Argumentation vaine : l'hippocampe emboîta nos deux pas.

A la maison - puisqu'il m'advint quasiment sans crier gare- l'hippocampe s'installa tout près de moi sur ma table prête, toujours prête on ne sait jamais, ma table à moi, celle que je préfère pour mes affaires, ma table qui ?...ma table quoi ! pour mes repas de stylo de style et papier, ma table dans mon cabinet.


- Erreur, ma chère ! Si je me suis installé, non dans ton voisinage mais dans celui de l'enfant blanche, c'est à cause de ses yeux clairs, de sa tranquille transparence à la lumière, et loin de ton agitation, à 53 centimètres, ( toujours sa manie métrique ! ), dans l'orbite de sa grâce repliée sur ses genoux et sur son coeur. Menton posé, à m'écouter. Elle parle, elle, elle n'écrit pas. Elle me parle. Je l'aime.
( Je suis bien bonne assurément de retranscrire ses sentiments, jusque dans leur version surannée. Une enfant" blanche", pourquoi pas une pierre taillée en forme d'enfant repliée sur ses genoux et sur son coeur ! )
Je glisse un oeil vers la dite enfant. C'est Anne, ma fille Anne, oui Sarah, c'est ta mère ! qui me l'a offerte. Un tout petit cadeau d'anniversaire de six cm de haut sur 4,5 ( qu'est-ce qui me prend ?) que je regarde, que je tiens dans le creux de ma main, cadeau rond dans le berceau de ma paume chaque jour sans anniversaire et sans cadeau où ma main cherche un talisman, chaque jour aux angles aigus, râpeux, chaque jour sans fille, petite fille, maman. Des jours muets il y en a comme ça Sarah lorsque l'on devient grande.

05 février 2009

FLEUVE NOCTURNE


19 juin 1984

Qu’ont donc mes doigts dans la nuit qui s’éveille
si lents si gourds
Et qu’a donc ma cervelle
à toujours remâcher les mêmes arguments sourds ?

Porte La Nuit l’espérance du jour

Quatre chaînons. Fallait-il qu’ils soient quatre ?
Je lime en vain.
Tente sommeil d’endormir leur étreinte !

Sont-ce les mots ? Est-ce stupide rime ?
Echo de quoi ?
Dans la vieille eau qui charrie mes méandres
je cherche. Quoi ?
Viens donc passeur ! Viens chercher la bergère !
Elle n’en peut plus.
Sur l’autre rive j’entends ma voix qui hèle
et me salue.

Mais ces remous ? Mais ce courant sauvage.
Le Rhône en rut.
Ai-je rêvé ? Le vent sur mon épaule
La barque au loin ?
L’heure est silence. J’assiste à ma table
au rude effort.
Point de passeur. Point de rive.
Point d’obstacle.

Et je m’endors.

04 février 2009

LE FLEUVE MENTAL


Le fleuve mental
« il court, imprévisible, sans arrêt possible, depuis qu’il naquit dans mon cerveau, à un moment indiscernable ? il charrie images sans aucuns liens, souvenirs sans connexions, passant par toutes les nuances de l’humeur en un clin d’œil » Des carnets amoureux précités.
Marcel Mathiot a écrit du 1er janvier 1927 ( il a 16 ans) au 24 avril 2004 jour de sa mort. L’édition d’une promenade dans ses carnets ( Philippe Rey edt-) est un régal.

Ce fleuve mental comme je le ressens étrangement selon les moments ! C’est mon Rhône natal, inquiétant, tourbillonnant, qui vient me visiter en crue jusqu’à la maison même quand je ne l’ai pas convoqué. Lié à moi indissolublement, parfois je voudrais m’en éloigner. Et cependant je retourne y barboter à la moindre occasion, un souvenir qui passe, une photo, un mot lu quelque part. J’ai encore envie de me raconter ma vie, ses moments forts, doux, réinventés sans doute … J’ai encore envie d’observer ces liens étranges entre parents, enfants, amours … qui participent du mental et de la chair, de tenter encore de les comprendre …
Mais c’est aussi, et cela ne cesse de m’étonner, voire me passionner, une Orénoque inconnue qui me tire à elle. Quand j’écris je fais partie du fleuve. Et le fleuve coule dans mes veines autant que dans mes neurones. Quand je rêve je suis tellement mêlée aux sensations, aux pensées du rêve qu’elles me laissent des traces pour guider la journée. Qu’est-ce qu’un cerveau ? quel mystère ! parviendra-t-on un jour à en comprendre toutes les connexions ?
J’aimerais arrêter le flot, la petite eau qui coule doucement … retrouver la béatitude silencieuse du bébé au berceau. J’ai quelques recettes qui y parviennent parfois.
Les blogs sont un moyen étonnant d’aller se baigner dans le fleuve mental des autres. J’y vais avec précaution, parcimonie … Je crains toujours qu’à m’éloigner de mon fleuve je perde ce contact parfois trop lourd, souvent vital avec la source.

03 février 2009

COMBATTRE LA PAUVRETE

« En 2005, 1,4 milliard de personnes vivaient avec moins d’un dollar par jour ; chaque année, au moins 27 millions d’enfants ne reçoivent pas les vaccinations essentielles, 536 000 femmes meurent en couches, et plus de 6, 5 millions d’enfants meurent avant 1 an. /…/ Devant l’ampleur, la complexité et le choc provoqué par de telles situations, il est tentant, soit de baisser les bras, soit de proposer des solutions radicales, de promettre la fin de la pauvreté.
Je voudrais proposer une troisième voie, ambitieuse mais consciente de ses limites. Nous ne détenons pas la clé de la fin de la pauvreté. Mais il est possible de lutter mieux contre les maux qu’elle engendre. Le savoir a sa place dans cet effort. /…/
le président Roosevelt, aux prises avec la crise de 1932, exprimait ainsi la nécessité de sortir de ce modèle : « Le pays a besoin, à moins que je me trompe sur son caractère, le pays exige une expérimentation hardie et constante. Adopter une méthode et la mettre à l’épreuve, cela relève du sens commun. Si ça rate, l’admettre et en essayer une autre. Mais avnt tout, il faut tenter. »
Leçon inaugurale d’ESTHER DUFLO, économiste, titulaire de la chaire SAVOIR CONTRE PAUVRETE, au collège de France.
www.collège-de-France.fr

02 février 2009

SAUF LES SANS-ABRI ...


Certes Micheline ! je parlais des statuettes de la crêche et de ce qu'elles symbolisaient
L'église de St Niz cependant est toujours ouverte, et même chauffée. Est-ce parce qu'elle est "classée" ?
Est-ce à cause de l'altitude et du froid que nous ne voyions pas de sans abris ici ?

En écho à tes préoccupations, ces passages de MARCEL MATHIOT "CARNETS D'UN VIEL AMOUREUX" que j'avais cochés hier

4 dec 2002
L'abbé Pierre demande au gouvernement de faire la guerre à la pauvreté et non aux pauvres. Ne pas pouvoir expluser un squatteur à moins de lui proposer un gîte pour lui et sa famille. "Nul ne peut être poursuivi pour avoir mendié, cherché un abri dans un logement ou un terrain non occupé, s'il ne lui est proposé un moyen digne de subsistance et de logement."
Mon sénateur a été élevé dans une famille convenable, il allait à la messe le dimanche, passait par la pâtisserie acheter le gâteau du dimanche, il a fréquenté une école privée, il ignore la faim, le froid, le mépris. Mon sénateur abrite un beau quartier, il ne tient pas à y rencontrer des mendigots ou des filles de déshonneur.
Mon sénateur a rejeté l'amendement de ce bon abbé Pierre. p253
5 fevrier 2004
"En 1954, il manquait 4 milliond de logements. En 2004 il en manque 600 000 . On revoit des enfants à la rue, des travailleurs qui ne peuvent plus se loger"
Le petit Journal de 1891 : deux petits ramoneurs meurent de froid, il adjure les communes d'"ouvrir pour les nuits des asiles aux malheureux /.../ Que penser d'un pays qui se dit le premier de tous par la civilisation et où l'on voit faute d'abris les enfants mourir de froid ? Puisque nous sommes si insolemment riches, pourquoi y en a-t-il qui meurent de faim, de misère et de froid chez nous ?" et Mathiot d'ajouter :
Cent ans après on pourrait écrire les mêmes remarques
"Que représenterait le logement et la nourriture des infortunés dans un pays qui peut se permettre de consacrer des sommes astronomiques au prestige et aux armements ?" (p 309)

Quelles que soient nos convictions laïques ou catholiques nos indignations ne sont-elles pas des voeux pieux pour nous abriter sans remords ?
Je viens de mettre du bois dans le feu et j'ai senti la jacinthe toute épanouie

01 février 2009

PAS à PAS

21-
Pas à pas
distance franchie
sans hâte, sans soucis
nous arrivons au village



22-
La vieille église
depuis des siècles
Pas à pas
d’année en année
veille et surveille



23-
un boeuf, un âne
un enfançon
une mère …
Chacun a droit à son abri


24
Et le sapin de la forêt
de branche en branche
illuminé
distribue sa lumière