Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

31 octobre 2008

REFLETS


Atelier d'écriture
A LA LUMIERE DE
Que voir de la vie, que je n'aurais pas encore remarqué, malgré la longue expérience, l'attention parfois forcenée, quand quelqu'un est mort ? A la lumière de quels yeux regarder l'absence ? J'ai relevé la tête vers la fenêtre de mon bureau. Voilà ce que la réalité répond à ma question bien trop abstraite : Dans l'angle de la véranda, dans le reflet des deux vitres en angle droit, je vois un paysage: la montagne lointaine et, se superposant à elle, un arbre sur le côté, qui frémit dans le vent, fort ce matin. Le ciel. Une atténuation par les vitrages des couleurs déjà grises à cause du temps. Le tout se reflète sur le chevalet et le papier blanc déposé. Un tableau tout constitué qu'il suffirait de recouvrir de peinture pour le fixer. Parfait d'équilibre. Un tableau de la réalité extérieure légèrement différé et pourtant changeant. Un tableau, comme la vie, la mienne, en incessant frémissement et pourtant immobilisé sur le chevalet. Ainsi la mort d'un être proche révèle. Ne peut tout capter. Donne de courts instants d'une acuité de pensée, de ressenti, exceptionnels. Puis endort dans des traversées vagues, des rêves abyssaux. La nuit, le jour, à la lumière des deux, je voudrais retenir mes souvenirs, mes perceptions finales, une voix, un visage, les derniers mots prononcés : ils se balancent dans le vent, encore sous mes yeux mais en mutation, en éclaircissements, en ombres ... C'est in-photographiable. Je viens d’essayer sous différents cadrages.
N'existe que dans mon regard : la mort et ses reflets, à la lumière de mon passé et de mon présent.

29 octobre 2008

SANS DOUTE

atelier d'écriture, le lundi 20 octobre
Sans doute un jour je n'aurai plus aucun doute. Aucun doute sur la chance de se lever matin, de plier bagages, d'accorder violon, de souffler un peu, etc ... Ce sera par longue habitude raisonnée de remonter les cadrans du temps pour qu'ils tic-taquent dans l'allégresse et la ponctualité. Ce sera par grâce spécialement accordée à ma pomme de croquer, de débouler sur le sentier, de rebondir dans la main qui me cueille et de rouler toujours plus loin en avant. En avant du temps. Sans doute un jour ou une nuit j'aurais le temps. Le bon temps. Je n'hésiterai plus entre condition et potentialité, conditionnel et futur. Juste à point. Sans doute un jour je serai juste à point comme la pomme originelle. Heureuse quoi ! Sans avoir besoin de le proclamer sur les toits pour m'en convaincre. Sans doute ce jour-là ou cette nuit, une grande illumination inondera le ciel, labourera la terre. Et je deviendrai étincelle. Je serai celle qui s'éteint ou qui flambe sans souci du qu'en dira-t-on. Sans doute un jour je ne me poserai plus de questions.
Mais au fait ! C'était hier la veille ! J'étais près du ruisseau, j'ai levé la tête vers le grand orme clair. Des gouttes de couleurs jaunes et brunes me sont entrées par le dedans. Se sont mises à rigoler, à chanter, à dire, à répéter bêtement comme des niaiseuses filles en ribambelles " j'aime, je t'aime, j'aime, je t'aime, que j'aime, que je t'aime ... quelques secondes ou quelques dixièmes, sonner, carillonner, vibrer, sans doute ...

28 octobre 2008

COPRIN CHEVELU

Un petit coprin chevelu
-Mon Dieu la belle affaire-
s’en est venu sur son pied nu.
Bien sûr il n’a pas eu la chance
d’être né un dimanche
Mais il se réjouit quand même …
Tout petit, tout beau, tout menu
le petit coprin chevelu
se réjouit quand même
Aurait pu s’appeler Coquin
comme ces gars sans frères
qui attaquent sur le chemin
menant à Compostelle
sans coquille sainte à porter
friable autant qu’un nouveau-né
comme l’agneau qui vient de naître
le petit coprin s’est laissé
cueillir tout rempli de rosée

Merci petit coprin tout blanc
Aussi pur que le lys des champs
d’avoir choisi mon herbe
pour y lancer dans le matin
ton cri d’allégresse et de faim
d’azur et de lumière

27 octobre 2008

QUAND ...

Quand la mort passe
on s’accroche aux fleurs, aux bijoux, aux sourires
On s’applique à bien faire
à manger, à dormir
On murmures des prières
Un mot condescendant, le mot condoléances
parfois serre dans ses bras
On accepte ses dires. C’est mieux que le silence
Les gestes, les paroles, tout enveloppés d’ouate
on écoute leurs pas dans ce corps qui nous reste
On marche à leur rencontre
c’est mieux que d’être seul
Un calme étrange, parfois une sérénité descendue des étoiles
Et puis cette photo déposée sur la bière
lentement prend la place
de ce qui fut tes yeux
ta voix
l’anse de ta présence …

24 octobre 2008

DEDANS/DEHORS

« se tient debout devant ce ciel de radieuse incandescence ; il en respire l’éclat, le souffle, l’espace. Il est dedans. Etre dedans » ce n’est pas quelque chose qu’on décide » disait RothKo. C’est quelque chose qui se décide au profond de soi, une volonté qui s’affirme avec la force de l’évidence, de l’amour, une résolution qui s’impose abruptement pour avoir longtemps mûri dans l’ombre. Pierre est dans cette crue de lumière qui va bientôt basculer, refluer, il est dans le cours du temps, au cœur du temps. Il se dresse dans l’embrasure d’un tableau prodigieux, en expansion et variations illimitées, dans la splendeur du visible. Il est dans l’éblouissante nudité du désir, au vif de la vie même. »
(Sylvie Germain « L’inaperçu »)

Les peupliers n’ont plus de feuilles,
n’ont plus de larmes pour pleurer
Leur meilleur ami est allé
ailleurs planter

20 octobre 2008

SETE à BORDEAUX 2


CARCASSONNE
« Roger l’intrépide prince d’Antioche
« Une chevalerie (milicia) sous l’emprise du mal (malicia) Bertrand de Clairvaux ne résiste pas au jeu de mots »
Sur la route, les « gros culs » mal nommés ont une élégance d’anguille
TOULOUSE MONTABAU :plus beau du tout. Tout gris le loup, tout frais le blues
LE BELVEDERE :
L’entrée de jeu est directe et, connaissant personnellement Alexa Feuillet j’ai immédiatement plaisir à pénétrer dans sa maison de papier, non seulement de papier, mais sa maison intime de combustion, de chaleur, de feu. Passion amoureuse, passion des mots, des êtres humains et des couleurs,
Ego = Geo
Pour moi aussi la formule fait tilt. Cette rage de dire, de cerner au plus juste le corps du langage je la tiens aussi de mon terroir, de mon territoire, de ma géographie. La terre, la voici précisément sous ta plume Marion : tes terreaux successifs ont chacun laissé sol, de là la plume a pris son vol
« mes chambres, mes maisons, mes jardins, mes villes, ma campagne, mes forêts, mes rivages, mes voyages … »
Chacun des mots serait pour moi titre à un chapitre ou à un livre entier, Certains déjà écrits ( « Elle a trois maisons » « La forêt de l’oubli » …) D’autres à compléter …

MONTAUBAN
« le goût de l’intervention rêvée sur les choses … » Le goût exclusif, quasi contre nature, à la limite de la maladie invalidante parfois mais aujourd’hui goût reconnu, accepté, béni
« Une chambre à soi » Ah toi aussi ! c’est Jean, amie anglaise, qui me l’envoya. Quand je décidai les ruptures radicales je l’emmenai avec moi. Et j’eus enfin ma chambre rêvée. Pour de vrai !
« j’étais tendue comme un arc vers l’avenir … » à s’en faire mal n’est-ce pas ! Aujourd’hui les articulations, les muscles s’en plaignent encore, tentent de compenser.
« le mot Bohème se trouvait ainsi confit en moi dans l’essence d’un parfum d’exception et je le retrouvai avec excitation dans mon feuilleton" Les mots qui prennent goût, de confit, de confiture, de confidences, je sais lesquels n'ont pas fini de me restaurer.

AGEN
Les couleurs au dehors baissent le ton. Le son s’envase. Rien ne chante plus. Grisâtre l’horizon. Que j’aimerais une tisane ou un cappuchino chaud !
Comme elles sont grises quand le soleil tombe, ces petites villes. Grises et défraîchies. Quand le soleil se tait comme elles sont silencieuses les petites villes vieillies, rabougries, recroquevillées. De ci de là un peu de fond de teint. Et les coteaux là-bas livides … verdâtres …
Restituer aux côteaux le plein soleil qui leur sied si bien ! écrire les côteaux, les peindre de mémoire … accrocher aux coteaux les vignes éternelles à vendanger d’espoir.

19 octobre 2008

DE CE JOUR


De ce jour qui s’efface
garder au moins la trace
tout comme les limaces
laissent un fil sinueux

Bruit des pas sur les feuilles`
Non pas bruit ! Notes heureuses
de craquer en cadence
quand le pas se fait danse

Le pas non ! le passage
entre fourche et fourrage
La fumée du hameau
déborde sur les mots

Vois-tu la campanule ?
Elle croit au printemps
Le ruisseau fait des bulles
avec le vin des champs

Non pas vin, vigneronne !
L’air qui emplit la tonne
est plus que du champagne !
Bacchus est en campagne

18 octobre 2008

DE SETE à BORDEAUX


SETE à BORDEAUX

LONG
Tout du long
Le train dispose en lignes quasi parallèles les traînées blanches sur fond bleu, les haies de roseaux entre les labours frais et les rangées de vignes, les plans d’eau des étangs ou des anciens marais salants
Tout un long jour roule librement sur les rails entre le sud, le nord, l’est et l’ouest …
« c’est la vie, mamie ! » et Mamie, heureuse, est accompagnée au départ et accueillie à l’arrivée.
Seul le cahotement du train est transversal, contrarie la longue portée des choses, dérange l’écriture horizontale
Autre petite contrariété de 36 euros : le contrôleur vigilant a détecté que ma carte senior est périmée. La carte, n’est-ce pas ! pas la « seniorité » confirmée récemment par un anniversaire en 10.
70 ! fin d’interdiction de dépasser ! eh oui ! Date de préemption
73 : numéro de la place. Terminaison heureuse en 13 puisque ma valise a été aussitôt soulevée dans les airs par des bras jeunes et généreux

AU LONG DE …
J’ai embarqué avec Zarathoustra et Marion Page « le belvédère »
A Béziers les « fils de Louis Huc » surveillent la voie
J’aime, de la rivière, les reflets plats, des églises et de la citadelle l’élancement catégorique vers le ciel.
Je voyage. D’un mot à un autre. D’une couleur à son chatoiement dans l’eau. Grosse tache d’automne dans les vignes de gauche à droite et de droite à gauche. Mon voisin s’intéresse à l’histoire et ses reflets dans « Historia »
NISSAN passe … au retour les vignes seront plus mordorées sans doute. Sur la butte soudain un arbre noir souligne la page, brandit sa silhouette desséchée

Des clochers, des châteaux
Des vignes des roseaux
à lire entre les lignes

Un visage endormi
Des boucles brunes
Un menton assombri
La barre des sourcils

Visages, paysages
retenus sur la page
tout au long d’un voyage
très court en somme
mais démesurément
Etirés sur le temps

17 octobre 2008

DANS l'AMITIE



Dans l’amitié je bats ma faux
J’aiguise le fil
Je force la bête …
Et quand je parle
les mots qui sortent de ma bouche
sont justes et clairs
Si la nuit vient
je prends la route par le bon bout
Quand je repars
dans ma giberne
les projets naissent
Je sens le vent
Je nage l’eau
Dans l’amitié la chair est forte
les baisers doux

Oh mes semblables !
Artistes, peintres, chantres et clowns
Danseurs de corde
Lourds paysans arachnoïdes
Souples oiseaux
Fasse le ciel
de nos rencontres
l’arc en couleurs !

16 octobre 2008

MISAYRE

S’appelait Misayre de Misayre
Bien souvent ne reposait guère
Bien souvent ne reposait pas
Battait les jours comme le fer
Longuement sans autre manière
Que de réussir leur trépas
A l’aube fort dans la lumière
Sur l’enclume posait la matière
A transforger de ses deux bras
Mais il tenait de sa mère
Au chemineau offrait un verre
Du voisin ne se moquait pas
Quand vint l’heure de séparer
La braise d’avec le soufflet
La mort rude l’apostropha
« Viens t’en donc Misayre de Misayre
Il est l’heure de planter en terre
Le rameau qui ne fleurit pas »
Le Seigneur du haut de la tour
Alors colla la mort vautour
Sur le pommier devant le mas
Misayre reprit sa besace
Reprit sa forge, garda la face
Et depuis marche sur nos pas
Quand le vent souffle,
Quand la pluie mouille
C’est lui qui dénoue les embrouilles
Et ne veut pas baisser les bras
S’appelle Misayre de Misayre
Bon compagnon de nos chimères
pour qui ne sonnera la glas …

13 octobre 2008

VOILA

Voilà que le petit matin grésille
d’inquiétude montée sur roulement à billes
C’est le préfixe IN qui fait des siennes,
pèse de tout son poids à l’ouverture des persiennes.
Innommé. Quel hasard réclame sa pitance ?
Inaperçu. Quel nouveau chemin tâtonne vers sa chance ?
Seulement voilà ! Voilà n’est pas encore levé, il traîne
accroché par la queue aux languides rengaines
Voilà n’a pas encore trouvé la voix qui chante et s’élance.
Chut ! Ecoutez ! le grésillement s’évapore par tous le pores
pour peu que les yeux clos s’ouvrent à la cadence
Le petit jour s’en vient grandir dans la lumière
Tilleul et chêne, noyer et peuplier
Chaque arbre, une à une, déplie ses feuilles claires
Et j’entends dans le ciel leur avion tournoyer …

N’être qu’un arbre creux ne sert à rien pour les oiseaux.
Comme la lune, atteins la courbe du berceau !

11 octobre 2008

MARIE DE BORDEAUX

MARIE
Elle a des tresses dans le dos
teintes et qui tintinnabulent
Elle a le sourire de l’eau
et le rayon clair de la lune
Au fond des yeux elle a l’enfance
C’est pour ça que son nom si doux
chante comme nouvelle espérance
Elle habite au milieu du bruit
et pourtant côtoie le silence
calme, comme ses deux joues arrondi,
MARIE

09 octobre 2008

SAVAIENT PERCEVOIR


( de l'atelier d'écriture)
Savaient percevoir, mes parents, les changements de temps.
Pas toujours à temps ! Parfois trop tôt, parfois trop tard
mais préparaient le char à banc. Pour les noces ou la fenaison.
Savaient percevoir dans les brumes les signes d'un soleil nouveau.
Préparaient le soc pour la vigne, la maie pour la tarte et les bugnes.
Savaient réparer les sabots.
Savait, mon père - avec quelle force !- invectiver le ciel étroit,
le Bon Dieu couché sur ses bosses,
le diable proposant son négoce.
" Mon âme ah ! tu n'y penses pas !
Mon âme est un bien de famille !
Elle est pour mes gosses et leur mère.
Je plante, je laboure, je pioche.
Et grâce à notre république je sais lire et je sais compter ! "
Semblablement disait ma mère.
Elle partait laver le linge sale.
à la rivière battait encore.
La saleté n'est pas coupable
quand on a sué aussi fort.
Savait recevoir dans les langes
tout le trop plein de leur amour.
Et si elle se fâchait tout rouge
c'était pour être à l'unisson
de son époque.
N'avaient pas besoin de lunettes,
du moins aussi longtemps qu'on peut,
pour déchiffrer dans les sornettes
ce qui menaçait notre feu.
Savaient percevoir les vendanges
entre l'incendie et le gel.
Savaient percevoir dans la chance
ce qui nous sortirait des ailes.
Accompagnaient nos cris, nos rires,
pansaient les coudes et les genoux.
Et parfois tentés par le pire,
réfléchissaient entre les tombes,
les échecs et les dettes sombres.
Allaient se coucher pour trouver
le repos et recommencer
entre les lignes.

08 octobre 2008

ENFIGOURI RIT


ENFIGOURI
Les sinus encombrés c’est comme les cuisines toujours à fourbir, à laver enfigouri des mots à la télé enfilés défilés plus de place pour les loger c’est comme à la cuisine trop de casseroles aux pieds trop de produits à récurer trop de boîtes à vider desétiqueter
Ah si j’étais riche ben justement tu l’es trop trot des mots galop des idées et la fatigue, oh la fatigue des articulations arthrosiques
T’arrête de râler moi j’veux bien si l’inhalation accorde son pardon
Même pas lire, même mes yeux même pas myopes et presbytes fatigués fatigués
Et pourtant un p’tit mail qui attend sa réponse un coucou mail gentil pas un corbeau croassant sa misère un p’tit mail qui dit qu’une p’tite chanson a germé dans l’oreille Autrui rappelle à ton p’tit moi que ça ira ça ira ça ira
Merci Micheline ! La situation s’éclaire. Rien que d’y penser, d’y respirer j’me régènère ! Demain m’espère
Faut dire qu’le Calyptol inhalant c’est pèpère !
* paroles envoyées en direct de la « femme toute » c’était bien de celle-là qu’il s’agissait ?

07 octobre 2008

BON RETOUR

Ouvrir le cahier, la journée, et leurs intentions victorieuses
Ne rien précipiter dans leur libre parcours
Grignoter des gresins la silhouette gracieuse
la lumière du matin qui tombe sur les plantes
Saisir du rêve capricieux quelques méandres
l’enfant qui boit le vin et tête son chandail
Où donc est le scooter ? Où sont passées les mailles ?
Chut ! Laisse à la nuit de ton sommeil ses vagues allusions
mais retrouve peut-être ce refrain de chanson
dont tu voulais que les petits reprennent les notes basses …
Il fait beau. Il fait bon.
Sur le mur des voisins l’ampélopsis éclate
Ce n’est pas lui qui se contenterait d’un quelconque ronron
Epouse tes contours ! Trace la ligne droite !
Range tous tes trésors dans leurs multiples boîtes !
Téléphone ! un peu ! Apprivoise ta hâte
de proclamer partout que tu es revenue
et que tu les veux tous coincés dans tes bras nus

après, bien sûr, cette journée passée, seule, avec tes retrouvailles

05 octobre 2008

SUR L4AIR DE VESOUL

Tu voulais voir Bordeaux et tu as vu Bordeaux
Tu voulais voir la mer et t’as pas vu la mer
Tu as attrapé froid, t’as pas pu prendre chaud
Puisque même les tisanes n’ont pas su te refaire
Mais je te préviens ! On reviendra à Bordeaux
Mais je te préviens j’resterai pas sur ce désastre
Peut-être au mois d’Juin si y a pas d’sirocco
Peut-être au mois d’mai si y a pas la tornade
D’ailleurs j’ai horreur d’avoir mal à la tête
Du L 52 et des cachets d’aspro

Je voulais voir Bordeaux et j’ai bien vu Bordeaux
Dans les tramways bondés j’ai trouvé une p’tite place
J’suis arrivée entière malgré les courants d’air
La prochaine fois j’te dis j’apporterai des habits
Des beaux habits chauds, des pulls, des manteaux
Des bottes en laine
Des bonnets fourrés, des chapkas doublées
D’ailleurs j’en ai une qu’arrive de Russie
Suffit que j’la transporte dans un wagon plombé

Je voulais voir Bordeaux mais sans mon Roméo
C’était là la foutaise, c’était là la malveine
Je voulais voir Bordeaux et monter sur l’bateau
Qui devait prendre la mer avec moi pour cimaise
Mais j’ai bien compris, je reviendrai à Bordeaux
Mais je te préviens je reviendrai aussi loin
Pourvu que l’bibi me tienne le sang chaud
Mette la bouillotte au lit
Et rallume les braises !

04 octobre 2008

TU VOUDRAIS

Tu voudrais que l’histoire ait un sens
C’est pour ça que tu écris
Tu voudrais que la nuit soit claire
Tu ne dors pas. Tu veilles
Tout ce brouhaha-là, cet embrouillamini-çi, tu te dis qu’en y mettant un peu du tien, qu’en ajustant les mots sur la réglette, tu lui donneras un écho intelligible. Qui sait ? un chant intelligent
Tu refuses l’absurde
Tu cherches dans le noir la main de l’autre qui s’est branchée sur l’écriture, puis tu l’écartes
Tu es seule Sujet Verbe adjectif ou complément tu es seule
Tu te veux seule sur le point de départ, le point de lancement, le point de retour de tout ce que tu connais, de l’inconnu qui t’obsède, seule sur la ligne à couvrir de ton signe
1-2-3 Partez ! tu te dis ! ça aide
T’es pas pressée
T’as l’habitude
Tu la couvriras la distance
A la fin de la course tu cherches encore ton chemin
et puis soudain ! Une illumination !
T’es le centre du monde. T’y es au centre du monde. Dès que tu poses ta trace noire sur la nuit blanche t’es toute puissante.
T’as retrouvé ton ombilic

03 octobre 2008

AINSI PARLAIT ...

Créer – c’est la grande délivrance de la douleur, et l’allègement de la vie. Mais pour que le créateur soit, il faut beaucoup de souffrance et de métamorphoses.
Oui, il faut dans votre vie beaucoup de morts amères, ô créateurs ! c’est ainsi que vous serez les défenseurs et les justificateurs de tout le périssable.
Pour que le créateur lui-même soit l’enfant qui renaît, il faut qu’il veuille aussi être celle qui enfante, et les douleurs de l’enfantement.
En vérité, j’ai suivi mon chemin à travers cent âmes, à travers cent berceaux et cent douleurs de l’enfantement. J’ai dit plus d’un adieu, je connais les heures suprêmes qui déchirent le cœur.
/…/
ne-plus-vouloir et ne-plus-juger et ne-plus-créer ! ah, que cette grande fatigue reste toujours loin de moi !
Dans la connaissance elle-même, ce que je sens n’est encore que la joie de ma volonté à engendrer et à devenir ; et s’il y a de l’innocence dans ma connaissance, c’est parce qu’il y a en elle la volonté d’engendrer.
/…/
Ainsi parlait Zarathoustra

et la petite (ré)création du jour !

j'ai du temps j'ai IFI
dans ma poche mes gelules
un ciel bleu à demi
un cahier, un ordi
youpi !
"plus facile la vie"
j'ai Champion à ma porte
faudrait p'têtre ben qu'je sorte
pas envie !
2euros les carottes
j'ai des livres, des amis
des amours feuilles mortes
des églises, des courtils
faudrait p'têtre ben qu'je sorte !
la Garonne à ma porte coule-t-elle dans son li ?
j'ai deux mains, j'ai deux pieds
par chance j'y ai accès
pour la chambre j'ai le code
pour le centre le tramway
OK !
j'ai le rythme dans el sangdans mes yeux j'ai des notes
faidrait p'têtre ben qu'je sorte
chanter !
à Bordeaux les balcons
bavardent et placotent
les rues ont d'la jugeotte
et les places le marché
o yé !
j'ai du temps à donner
j'ai du temps à revendre
messieurs les Bordelais
sortez-moi de la chambre
j'ai la vigne à presser
et le vin à buver !

02 octobre 2008

LE CHEF DE GARE ?

Qui se souvient de la comptine et du jeu qui allait avec ?

« Le chef de gare a perdu son chapeau …
- La gare a perdu son chef
Corail, TGV, ça roule sans son sifflet

« Le chef de gare a perdu son chapeau
C’est l’numéro 3 qui l’a pris …
- Dis donc No 3 qu’est-ce qui t’a pris de prendre
au chef son couvre-joint, à la gare son allure de petite gare pas pressée d’en finir, de petite gare bien connue et bien localisée ?

« Le chef de gare a perdu son chapeau
C’est l’numéro 7 qui l’a pris …
Non monsieur !
-Je n’aurais jamais osé à quiconque
prendre et dépendre
la plus petite once de quelque autorité
J’étais bien trop petite sur la pointe des pieds
et les chefs si haut placés
et les gares si grandes …

« Le chef de gare a perdu son chapeau
C’est l’numéro 7 qui l’a pris …
Non monsieur !
Qui donc Monsieur ?
Qui donc Madame ?

- Oui ! une qui me ressemble. Elle porte un bonnet. Blanc le dimanche, rouge en semaine. Elle a toujours froid à la tête
mais elle voyage … dans les gares elle voyage … hors des gares elle s’arrête. De Sète à Bordeaux, du levant au ponant. Elle tire un trait sur les voies de garages. Elle prend le vent …

« Le chef de gare a perdu son chapeau
C’est l’numéro 70 qui l’a pris …
Non monsieur !
Qui donc Monsieur ?
Qui donc Madame ?

- Une qui vous ressemble.
Pouvez-vous porter son bagage ?
Il y a un cadeau dedans.