Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

19 juin 2012

même si ...


Même si tout mot posé sur le papier grisonne

Même si le ciel ne peut contenir le soleil
Même si ta langue fourche sur le bord de tes ailes
Tu dois aller plus loin sur le fil de ton rêve

Garde pour la beauté un regard qui s’allume
Pour le baiser rendu un souvenir ému
Emprunte à ton voisin ton adresse perdue
Et retrouve ton pas sur le sentier désert

Même si le jour qui vient repartira de même
Remercie de ce jour la durée et l’éclat
Accroche tes grelots à l’âne de ton bât
Écoute leur écho reprendre la rengaine
Chaque jour par ton chant muée en opéra

15 juin 2012

jardinage


14 JUIN
« faire du jardinage, c’est participer activement aux mystères les plus profonds de l’univers. » Thomas Berry

trop plein ce cœur affolé, battant la chamade* sans savoir ce que c’est ni comment le faire, impalpable, insaisissable mais audible ?
bang bang ding dong bis
trop plein ce bassin, de mémoire rempli, stockant les ennuis, les soucis, les plis et les replis du temps passé à le remplir au lieu d’aller jouer dans la cour avec les poules et les canards, les oies, les dindons et les farces attrapes* ?
ah chebelekelebele … ke re ve le te me ce ne
trop plein ce crâne, de mots, de ragots, de bibelots, de fadaises, de foutaises, d’échos, de ritournelles, de palinodies*, de tourterelles ?
Est-ce en bateau que j’descendrai ma vie
que j’me la coulerai douce ?
trop plein ce jardin, de roses et de marguerites, de vorvelles*, de cabanes et de guérites, de papillonnacées et d’herbages herbacés ?
ba be bi beau bu, toute l’eau bue par soif et par désir, par besoin et plaisir

Cultive ton jardin,
Masse ton crâne,
Épure l’eau du bassin
Écoute ton cœur

C’EST PAS GRAVE  LES TROP-PLEINS !
PORTE-TOI BIEN !

elle ...


Elle se tient
Elle se tient en équilibre sur le bord du jour
Elle a posé ses deux pieds. Voilà c’est fait : elle tient debout
Elle tient bon
Elle prend place
Un oiseau chante. Sur le bord du jour et à l’avant-scène.
Depuis pas mal de temps déjà, une heure, deux ? elle écoute l’oiseau. Celui-là. Un autre.
Elle a le temps
Elle a pris place pour écrire quelque chose. Elle ne sait pas quoi, de quoi elle va écrire ;
Elle va écrire de l’oiseau
Depuis le temps qu’elle l’écoute chanter elle a à dire. De l’invisible de l’oiseau, du mystère de l’oiseau et de ses évidences, comme ça, comme ça viendra, sur le bord de la journée
Lentement elle a le temps. Elle attrape les trilles au vol. Les trilles pétillent : c’est normal. Elle n’a qu’à laisser faire
À fleur de mots et à ras des pâquerettes
À temps perdu comme le pain
C’est bon. Elle tient.
Elle tient sa promesse, sa paume entrouverte, toutes les tartines d’un seule main
La droite
Elle reprend
Elle reprend pied
Elle croit
Elle croit à l’exemple de l’oiseau, au plain-chant de l’oiseau
Voilà c’est fait
Elle a pris place sur le bord du jour
Et elle avance en cadence

13 juin 2012

arc en ciel 2



Quand je lis d’une amoureuse
les pensées roses et pourprées
j’écoute mon sang chanter

Quand j’écoute de ce sang
l’amour sans ambiguïté
j’entends le jour se lever

et ce jour dans l’allégresse
sans à coups, sans acouphènes
sans  précautions ni détours
chante avec mon amour.

Hier c’était l’arc en ciel
au soir resplendissant
La nuit l’a logé dans mon sang
Aujourd’hui sera soleil
Et pluie tout en même temps

Alleluia sur la terre

Bonjour à tous mes enfants
Aux moineaux, aux tourterelles
À mes sœurs douces et belles
À mes frères et amants

12 juin 2012

arc en ciel




                                                            L’amour aux sept couleurs
                                                            est entré dans mon coeur
                                                            Il est tombé du ciel
                                                            l’arc-en-ciel

Je marchais vers la gare
Je n’avais pas le temps
L’taxi était parti
Mes bagages en dedans
La pluie tombait à verse
le fleuve débordait
La terre sentait l’ivresse
J’avais le nez bouché
                                                            L’amour aux sept couleurs ...
Internationalement
la situation était
aussi pire que la veille
aussi bouchée qu’mon nez
Je marchais vers la gare
Le train était parti
et j’avais mes bagages
coincés dans un taxi
                                                            L’amour aux sept couleurs ...
 Quand le portable est sourd
Et les amis muets
Que faire tout en marchant
autre que renifler
Les pieds de mes voisins
comme les miens allaient
chercher dans une gare
de quoi les soulever
                                                            L’amour aux sept couleurs ...
Je ne dirais pas où
Je ne dirais pas quand
Mais deux pieds près des miens
vinrent en clopinant
Distraite de mes rangers
J’osais lever le nez
Miracle ! A ma hauteur
un sourire souriait
                                                            L’amour aux sept couleurs ...
Un sourire souriait
Je n’en dirais le nom
Je le garde pour moi
Il chante ma chanson
                                                            L’amour aux sept couleurs ...

11 juin 2012

ici


Ici où nous allons
Là nous avons appris l’universel langage

Où nous avons croisé l’ombre de nos images
Ici où chaque fois que la nuit se libère
Le jour advient dans sa lumière

L’éternité est cet instant
L’étreindre est possible

Et je bois à ta source
Mon pays pacifié

03 juin 2012

fête des mères


Ton cœur plus grand que le soleil
Le monde y passe
Ouvre
Encore, après, pourtant, malgré
Ton cœur plus mûri que les blés
Laisse venir
Laisse pousser
Ton cœur en guise de fenêtre
De jour, de nuit
Mise en lumière
Mise en abîme




Laisse advenir

Entends la mer

aurore


Mot à mot
Je reconstruis le poème
J’écharde
Je lave
Je respire

Mot pour mot
Fidèles à la parole
Donnée
L’un et l’autre
Jusqu’à ce que
Venant à moi
Il me rende la pareille

02 juin 2012

signes


Avant de rassembler pinceaux, papier de riz pour tenter de calligraphier le signe chinois AMOUR que Frédérique m’a « commandé » je tombe dans mon rangement de bibliothèque sur le livre de Jacques Guillermaz, une vie pour la Chine

J’y retrouve une lettre de 1998 qu’il m’avait adressée et qui disait ceci :

«  Vous avez de bonnes dispositions pour la calligraphie chinoise mais savez-vous qu’il vous reste à apprendre 4 999 caractères pour pouvoir écrire une lettre ? Mettez-vous au travail et, en attendant, continuez à écrire de beaux poèmes français. »
Si je n’ai pas écouté le conseil du général en ce qui concerne les signes chinois, j’ai fait de mon mieux pour saisir ce qui passait près de moi des signes français de poésie …
Et je relis l’épilogue du livre, en revoyant en pensée cet homme de mon village, cloué sur son siège mais toujours affable et courtois. Revenu de Chine et d’ailleurs, il conclut ainsi le parcours :

« Entre l’enfant et le vieil homme, un monde fabuleux, inoubliable, immense s’est glissé. Il est devant mes yeux avec ses splendeurs, ses misères et ses drames. /…/
Je sais que je n’y reviendrai plus jamais et, à l’heure inexorable du bilan de vie, je m’interroge sur le singulier attachement que je lui porte encore. »

Et je sens me yeux se mouiller d’une douce émotion. Je revois les roses du jardin, les tulipes, la tarte aux pommes
Je vais de ce pas calligraphier l’amour, le bel amour. Puisse Jacques me tenir la main !

01 juin 2012

la tour Eiffel et ...


Madame Li et la tour Eiffel

Quand elles voyagent l’une vers Elle
En plein ciel ou à contre-jour
Madame Li avec ses dentelles
la Tout Eiffel avec sa tour
unique, pointée vers le soleil
on peut voir en clignant les yeux
de bien curieuses ressemblances
Madame Li ferme sur ses arches
la tour  si souple sur ses hanches
qu’un ballet à deux se déclenche.
Quand la saison est à l’automne
Madame Li de la tête aux pieds
de ce sourire que rien n’étonne
regarde la tour s’incliner
Et la tour vire  au printemps
attendrie de tant d’indulgence
fleurit en bleu comme pervenche
Et lorsque passe Frédérique
En quête de photographie
La tour Eiffel et Madame Li
Lui offrent leur meilleur profil