Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

29 novembre 2008

AU REVOIR BRETAGNE

La Bretagne plisse le nez, ferme les yeux
Il vente, il pleut
Mais vous avez vu les fenêtres
les chiens couchés, les chiens assis
comme elles regardent, comme ils sourient

en Bleu ?>

CARNET 11


INRI
Hautes et volubiles
Petites et tassées
Marquant le cimetière
Désignant le chemin
Les croix regardent la lumière
De jour comme de nuit
Chaque matin saluent
Chaque soir font prière
Les croix sont en Bretagne
Plus que dans nos pays
Et le fils et la mère

28 novembre 2008

CARNET 10


De Dinan à Dinard
On dîne sur la plage
D’un trop peu de soleil
Et du Mont St Michel
Aux murs de St Malo
On dîne d’une averse
Et de quelques bulots
Côté de Guernesey
On dîne avec Hugo
Quelle que soit la fringale
On digère à Cancale
à Mordreuc on se cale

27 novembre 2008

CARNET 9 DOUCE RANCE


Sur les bords de la Rance
il y a des bateaux
immobiles et sans transes
collés aux basses eaux

Il y a des moulins
qui reposent leurs ailes
ou agitent leurs bras
comme des hirondelles

Et il y a la Rance
qui malgré son nom blet
est souple comme ablette
musclée comme brochet

A Mordreuc, spécialement
venue pour les touristes
Il y a Lucie-phoque
Une grande artiste
qui sans dire un seul mot
sans se bouger d’un poil
attire tous les regards
ce qui est bien normal
Quand on est hôte à ris !

26 novembre 2008

CARNET BRETON 8 LUCIE


Jamais aucun Breton
- avec ou sans chapeau-
n’avait vu en Bretagne
un phoque apprivoiser trois gaillards dauphinois

Et jamais cétacé
sur le bord d’une plage
n’avait vu trois frangins échelonnés près d’elle

Oui ! Elle ! C’est Lucie
Eux c’est c’est Sim, Tim et Lou
Elle les photographie en leur tournant le dos

C’est la Cale à Mordreuc

Ce fut un soir très doux

22 novembre 2008

CARNET BRETON 7


LOCHES
"
Il n’était pas dans le dictionnaire celui-là … Comme Emmanuel Lansyer dont elles avaient visité le musée à Loches quelques jours plus tôt … Camille aimait beaucoup ces peintres qui n’étaient pas dans le dictionnaire … ces petits maîtres comme on disait … les régionaux de l’étape, ceux qui n’avaient pour cimaise que les villes qui les avaient accueillis. Le premier( Edouard Debat-Ponsan) restera le grand-père d’Olivier Debré et le second, l’élève de Corot … bah … Sous la chape du génie et de la postérité, leurs tableaux se laissaient aimer plus tranquillement. Et plus sincèrement peut-être …"

21 novembre 2008

AU jardin de TATIE


Au jardin de Tatie
le soleil après la pluie
la pluie après le soleil
font merveille

Cosmos, dahlias, embellies
les glaïeuls pendant la nuit
tressent des corbeilles
Au matin quand le jour chante
Dames tourterelles
et Messires pigeons
s’agitent et se congratulent

Tatie sort de la tonnelle
donne à boire et à manger
Les fleurs avec les oiseaux
Les oiseaux et les ombelles
pour lui dire Merci
se mettent en quatre
en dix, en centaines
si bien que le jardin rit
à gorge très pigeonnante
Comme c’est joli !
Comme elle est belle Tatie !

20 novembre 2008

CARNET BRETON 6


Deux sirènes posées sur le bord
s’épaulent à surveiller la mer
Un oiseau passe …
Retiennent dans leurs sac à dos
un peu du sourire de l’eau
pour en faire une aquarelle
C’est à la pointe de ce Groin
qu’elles rêveront demain matin

Une plume dans leurs prunelles

19 novembre 2008

CARNET BRETON 5


Leurs longs cous tendus vers nous
derrière le grillage
ou vers l’espoir de gavage
elle nous ont tenu
les oies de Mordreuc
un discours fait de prières
d’admonestations sévères
pour, finalement,
nous laisser sur le chemin
plantés comm’ vulgaires pantins
sans bec et sans œuf !

18 novembre 2008

CARNET BRETON 4


Si blonds, si dorés, les blés
qu’on peut y voir croustiller
crêpes et galettes …
Puisque aujourd’hui c’est leur fête
à Pleudihen s’empressent
de chanter Alleluia !
Leurs voix montent et se dispersent
jusqu’à ce champ de pommiers
où mes pinceaux amarrés
cherchent à les croquer

17 novembre 2008

CARNET BRETON 3


Changeants comme humains
tout puissants comme Dieux
Les ciels de Bretagne
se prennent pour d’essieux
fragiles accordés au moyeu de la terre
Si hauts sur le lointain
Si proches par nos yeux
les ciels de Bretagne dévalent et rivalisent
du drap lourd des pourpoints aux linons des chemises

16 novembre 2008

CARNET BRETON 2


Le clocher de Pleudihen
comme une épée dans le ciel
Si fier, si fil acéré
que nuages s’en amusent
lui rabattent le caquet …
A force de dépasser
tous les clochers du canton
avait besoin de leçon
ding ding don !

15 novembre 2008

CARNET BRETON 1


Bretagne 1

Avant de refermer la porte

Une photo sur le buffet dans le couloir. Buffet ou dressoir ? comment nommer ce qui vient de si loin dans le temps et tout à fait d’ailleurs dans ma langue maternelle ?
Buffet breton : c’est vite dit et ça sonne bien !

Photo avant de partir des menues choses grappillées ici ou là dans nos promenades … Coquillages, cailloux : objets calleux aux mains qui les ramassent, lisses et doux aux yeux qui en premier les ont touchés … Traces à symboles pour retenir ce temps breton d’un mois d’été qu’on sait devoir quitter …
Encore un peu de présence tangible à emporter au creux de la mémoire …
Coquille de St Jacques cueillie dans cette zone amphibie d’un ria qui se jette dans la Rance. Quelles marées hautes et basses l’ont amené jusqu’ici, ont raboté ses lignes ? Quel pèlerin de quel périple ?
Quel choc l’a amputé d’une moitié sur la route et les flots ?

Nous avons dû faire demi-tour tant la marée menaçait nos mollets. Nos chaussures déjà prenaient l’eau, glougloutaient. Un peu inquiets d’être pris par la ligne des eaux. Heureux surtout de l’aventure de quelques heures dans les confluences du terrestre et de l’aqueux …

14 novembre 2008

AUTO STOP


AUTO-STOP
C’est souvent à la bifurcation de Seyssins à St Nizier que se placent les auto-stoppeurs qui reviennent sur le plateau du Vercors. Etudiants la plupart du temps ou jeunes travailleurs des stations. Hier une jeune étudiante, elle descend travailler aux archives, à la bibliothèque, elle remonte dans son QG parental. Elle répond volontiers aux questions. Elle est pleine de projets après l’examen. Ecologie, agriculture, voyages, vie associative… La Roumanie la tente bien. Elle voudrait s’y rendre. Je lui donne les coordonnées d’amis qui peuvent lui être utiles. (les tiennes Julie mais ton e mail ne fonctionne plus, en as-tu changé ?)
« Oui, ça marche toujours bien l’auto-stop. On connaît des gens.
« Non, jamais de déconvenues, de mauvaises rencontres …
J’ai pris hier en stop une personne imaginative, hardie, ouverte au monde. Que de chemin parcouru par les filles depuis ma propre jeunesse !

Le soir, je prends en stop Tchékov, ( Ivanov 1887)
« vous êtes encore jeune et plein d’allant, j’ai le droit de vous donner des conseils. Ne vous mariez jamais ni avec des juives, ni avec des toquées, ni avec des bas-bleus, choisissez plutôt quelqu’un de bien ordinaire, de passe-partout, de pas trop haut en couleurs, de pas trop sonore. Et en général, bâtissez votre vie sur un modèle courant. Plus la toile de fond est grise et monotone, et mieux ça vaut. Ne vous battez pas mon vieux à un contre mille, ne vous battez pas contre les moulins, ne tapez pas la tête contre les murs … Que Dieu vous préserve des organisations rationnelles de tous genres, des écoles modèles, des discours enflammés … Enfermez-vous dans votre coquille et faites le petit boulot pour lequel Dieu vous a créé … C’est plus confortable, plus honnête et plus sain …

12 novembre 2008

MOT SUR LA LANGUE ?


J’ai vraiment un mot sur la langue
Un mot qui ne veut pas mûrir
Un mot qui prend le temps d’attendre
Mais que je ne peux retenir
Un mot inconnu, mot étrange
Sans doute puisque ma langue en fourche
En souffre de sa racine purulente
Russe ou bosniaque, grecque ou latine
Difficiles nos retrouvailles
Impossibles nos découvertes
Le mot pousse quand je m’éveille
Et pousse encore dans mon sommeil
Bleu est ce mot, me dit le rêve
Rouge de la tête aux pieds
Il se duplique dans mes narines
Mais refuse de s’exprimer
Sur le terrain des apparences
Bah ! Tant pis ! il faut que j’y aille
J’ai Dimanche dedans ma manche
J’ai lapins roses en mon clapier
Et ma langue soudain gourmande
Miaule et barrit, chante et cacarde
Sur rythme d’onomatopées
Que le mot éclose ou se taise
J’ai tout un jour pour le savoir
Il n’a qu’à couver sous la braise
Je le retrouverai ce soir

Petit mot au bout de ma langue
petit mot doux ou mot brutal
je t’abandonne aux calendes
et ne m’en porte pas plus mal

11 novembre 2008

LES FILLES


« La honte ne cessait pas de menacer les filles. Leur façon de s’habiller et de se maquiller, toujours guettées par le TROP : court, long, décolleté, étroit, voyant, etc ., la hauteur de leurs talons, leurs fréquentations, leurs sorties et leurs rentrées à la maison, le fond de leur culotte chaque mois, tout d’elles était l’objet d’une surveillance généralisée de la société. A celles qui étaient obligées de quitter le giron familial, elle fournissait la Maison de la jeune fille, la cité universitaire séparée de celle des garçons, pour les protéger des hommes et du vice. Rien, ni l’intelligence, ni les études, ni la beauté, ne comptait autant que la réputation sexuelle des filles, c’est-à-dire sa valeur sur le marché du mariage, dont les mères, à l’instar de leurs mères à elles, se faisaient les gardiennes : si tu couches avant d’être mariée, personne ne voudra plus de toi /…/ la fille mère ne valait plus rien, n’avait rien à espérer, sinon l’abnégation d’un homme qui accepterait de la recueillir avec le produit de sa faute. »
Annie Ernaux Les Années
illustration : La poupée sur le toit
la poupée est celle de Marie-Carole aujourd'hui maman, conservée par sa grand-mère...
le toit est celui d'un hangar prêt à s'écrouler sur la rue, percé de niches à pigeons, à mouettes, à gabians ... "Qu'est-ce qu'il doit y avoir comme fiente à l'intérieur ! "
le ciel est bleu comme toujours ( presque) à Sète
Dans l'échancrure du cheneau malade de l'herbe pousse ...
c'est mon pinceau qui a réuni le tout ...

10 novembre 2008

OUI, l'oubli


« Oui, on nous oubliera. C’est la vie, rien à faire. Ce qui aujourd’hui nous paraît important, grave, lourd de conséquences, eh bien, il viendra un moment où cela sera oublié, où cela n’aura plus d’importance. Et c’est curieux, nous ne pouvons savoir aujourd’hui ce qui sera un jour considéré comme grand et important, ou médiocre et ridicule. »
Tchékhov, cité par Annie Ernaux
qui commence ainsi son livre : ( Les années)
« Toutes les images disparaîtront »
En foi de quoi, Solange, dont l’amitié des passages m’encourage, je continue à retenir un tant soit peu, celles qui m’habitent.

06 novembre 2008

LA SEVE, L'ELAN, LE CHANT


de l'atelier d'écriture
SE CONNAITRA-T-IL LUI-MËME ?
Qui peut bien affirmer se connaître ? Soi n'est-il pas toujours en perpétuel remaniement, au mieux "devenir" quand il se sent suffisamment vaillant pour aller de l'avant ? Dieu lui même ou ce que nous en savons, ce que nous en imaginons, se connaîtra-t-il, reconnaîtra-t-il sa création au jugement dernier et à la fin des temps ? et ce "il "qui est en moi -paraît-il !- cet animus, cet animal masqué, cet ami mâle, comme il peine ! Comme il a de la peine à se connaître, à s'accepter ! "Toi qui aimes les cascades, les fontaines et les vagues, accepte que l'eau se repose, à la clarté de la lampe" : C'est ce que je lui dis souvent, parfois ce que je lui chante, parfois encore c'est que je lui dessine, lui destine pour le mettre en confiance et qu'il se livre à moi. Je laisse aller sur le papier, la toile, mes yeux, ma respiration sereine et il m'arrive d'en être si joyeuse qu'elle "sème sur l'altitude un dédain souverain." Bref ! J'écris, je ronge mon os jusqu'à plus faim, je tête les mots jusqu'à plus soif, incertaine et voilée avec des éclats de lumière soudain qui m'éblouissent. J'irai, je le crois bien, ( c'est-à-dire que j'en doute !) jusqu'au bout de mes caractères, les 1500 du jour, ceux de mon père et de ma mère, les sales caractères, les propres et limpides, comme l'eau de la flaque où je me mire, où je me rime, où je m'arrime, Moi lui, Je- il, nous Aphrodite, Adonis, Betelgeuse, Cassiopé, ... D, E, F, G ... Narcisse. Nous connaîtrons-nous ? Nous m'aime ?

05 novembre 2008

LE LOINTAIN ET LE PROCHE


Le lointain est l'envol des pétales
éperdus de vent
Le proche l'écho d'une louange au nid éclaté
François Cheng

04 novembre 2008

RIONS


Rions d'être nous.
Répandons le rire
dans tout l'espace
Sur les fûts des hêtres
Sur les traces du soleil
dans les sous-bois,
Même sur le noir
qui va tout envahir
Guillevic

03 novembre 2008

SOLEIL ET PERLE


"Le soleil nous prendra par la main
et d'un jet
nous tracerons le trait
- combien droit, combien plein-
du sol reconnaissant"
François Cheng

Hier c'était l'ajustement en doré de ces moments de poésie glanés dans un livre avec des traces à la peinture à l'huile sur du papier aquarelle que j'avais laissées la semaine dernière ...
Aujourd'hui, en nouant autour de ma gorge un petit" tour de cou" de mohair noir, j'aperçois un éclat de lumière. Je farfouille dans la mousse de laine au crochet. Mais oui je n'ai pas rêvé ! un diam's brille là ! Tombé d'où par quel hasard ? Non pas tombé ! Fixé solidement, cousu. Minuscule perle, sans doute de verre banal, mais biseautée en étoile. Ce tour de cou je le mets depuis un an à de nombreuses occasions. il m'a été offert par une dame que je ne connaissais pas mais qui avait entendu mes chansons. Elle me le fit passer par une connaissance commune. J'en fus émue. Plus qu'un mot gentil à la fin d'un spectacle, une protection pour ma gorge et un encouragement à la protéger et à m'en servir ! Mais la petite perle discrète ne se révèle qu'aujourd'hui !
Aujourd'hui c'est encore un plein soleil sur le paysage !
Comme la journée s'annonce bien !

02 novembre 2008

Le TEMPS


"Le temps ne se divise pas
Avant, Pendant, Après
se retrouvent en nous
Maintenant ou Plus tard"
Guillevic
... ce matin, pensant à toi Micheline,