Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

29 février 2008

VIN NEUF


Chère Jocelyne, auteur de la femme de poterie

Vin neuf !
Nous y voilà : Elle, la femme patchwork et Moi, chargée de la véhiculer jusqu’à la scène.
Je n’avais pas pris garde que nous avions choisi un bon nombre pour cela : 29, en plus un vin neuf qui ne se débouche que tous les quatre ans. C’est Marybel qui m’en fait la remarque. Chère Marybel toujours prompte à encourager les élans !
Je retrouve d’ailleurs dans « les rêves et la vie » d’Etienne Perrot ce bon augure : le 29 Juin c’est le jour de la St Pierre, cher aux Alchimistes et le 29 le chiffre du Vin Neuf. Pas mauvais non plus, excellent, ( positivons !) que la St Pierre croise la vigne de ce soir.

Et quand le vin est tiré …

La Femme-Patchwork va donc me quitter enfin, libérer mes neurones pour mener sa propre vie, arrêter de squatter chez moi ! Qu’elle se débrouille !
Je n’oublie pas qu’elle a commencé à naître ici, entre Mots et Couleurs et sous les regards attentifs des sages-femmes. Il y a - combien ?- deux, trois mois … Depuis elle n’a cessé de grandir, de s’étoffer, c’est bien le moins pour une femme en chiffons.
Elle aura comme fond de décor cette courtepointe de Monique ornée de la proclamation « Les couleurs du temps
le rêve les attire »
et de l’arc en ciel de « L’amour aux Sept couleurs »
Chère Monique prompte à lier les morceaux disparates d’un fil d’or pour en faire un beau Tout, nouveau, habile à recycler la vie par d’autres pores !

Bien ! Tout est en place pour le départ !
Ne pas oublier de convoquer Marot pour cet envol

« Tant que vivrai en âge florissant,
je servirai Amour, le Dieu puissant,
en faits, en dits, en chansons et accords »

28 février 2008

CHERCHE PERE DESESPEREMENT


CHERCHE PERE DESEPEREMENT
Simone Fouratier (L’Harmattan)
Préface de Ménie Grégoire :
« Simone témoigne pour des milliers d’êtres qui se reconnaîtront et à qui elle donnera peut-être de l’espoir.
Chez Simone comme chez tous les autres, le pardon est facile quand on a quêté éperdument et des années de recherche, même inutiles, ne sont pas de trop : on en a besoin, comme de pain pour survivre. C’est ce que dit superbement Simone, et puis le laisse entendre : si on ne les pas trouvées, on a créé en rêve cette existence indispensable à l’équilibre, à la dignité. On a acquis au fond son « droit de vivre »

Dernière page de Simone
« Aujourd’hui mon cœur peut enfin s’abandonner à l’amour car je suis bien la fille de …
Antonio Morales
Ce bonheur est doublé d’un autre, si inattendu, si inespéré et pourtant si puissant. La rencontre fabuleuse avec ma famille paternelle »

Mon bonheur à moi est d’avoir assisté à l’élaboration de ce livre, aujourd’hui à sa parution méritée. A partager.

27 février 2008

ANDROGYNE


De l'atelier d'écriture et de la cuisine le coktail maison
Androgyne ! oui je sais ce que c'est mais je n'en ai jamais rencontré. Et fille et garçon ou Ni fille ni garçon. J'aurais pu l'être à cause de mon second prénom : Andrée. Ma marraine a voulu placer au-dessus de mon berceau quand on ignorait le sexe du bébé à naître la bi-polarité. Et il est bien vrai que j'ai souvent eu du mal à me fixer d'un seul côté à la fois, le Sud ou le Nord, le chaud ou le froid ... J'ai toujours préféré ne pas me prononcer catégoriquement par peur des catégories. Non pas Normande mais Citoyenne du monde. Même attirée par une doctrine, j'ai renâclé à prendre ma carte au Parti, à mériter mon baptême à l'Eglise ... Parfois c'est facile, parfois moins ... Dans une discussion celle, celui, qui remarque tous les points faibles de l'un, sans ignorer les arguments valables de l'autre fait mauvaise figure. L'époque est aux jugements tranchés.
Cependant, cahin-caha, j'ai pu arriver dans la dernière ligne droite. Oh cela tient autant à la chance qu'à la détermination de maintenir le cap ! Ai-je échappé aux exécutions, aux incendies, aux prisons, aux anathèmes : pas tout à fait ! mais à chaque fois j'ai pu faire fi de l'opprobre, résisté à la condamnation, préféré ma propre estime aux lauriers. Ma retraite en est le plus souvent paisible. Je lis Le Canard Enchaîné et La Vie et trouve de l'intérêt aux deux ! leurs points de vue n'étant après tout pas si éloignés du mien. J'aime la vie, j'aime le canard. J'aime rire des mots hermaphrodites et unisexe !

25 février 2008

MEAUDRE


photo en décembre ...
MEAUDRE
« C’est tout vert ou tout blanc ! » me dit la vieille dame rencontrée sur le chemin et qui s’étonne que je qualifie de « beau » son pays aujourd’hui 24 février alors que toute neige a disparu et que l’herbe est grise et fripée.
Elle marche à petits pas entre deux mamelons rondouillards, appuyée sur sa canne. Comme nous elle prend le soleil par tous les pores. Comme moi elle a couvert sa tête d’un bonnet à cause du petit vent courlis.
Nous avons reconnu au détour d’une butte, là bas, les bâtiments du « Renouveau » une maison d’enfants où nous étions allés conter avant Noël. Le car, ce jour-là, avait eu bien des difficultés à repartir tant la neige était dense.
Aujourd’hui l’eau coule dans les rigoles creusées entre les champs. Parfois stagne en des prés marais.
Nous avons tourné le dos au village et aux pistes où s’évertuent encore les vacanciers. La neige en est-elle naturelle ou importée ?
Sous le pont du ruisseau les truites s’égaient … l’eau est limpide. Comment peut-elle être aussi claire, à en compter un à un les cailloux de son lit …
La ferme traditionnelle arbore une parabole au-dessus du four à pain tandis que le panneau « patrimoine » qui l’annonce explique la nécessité du four, du puits, de la pente des toits … Parabole indispensable à ceux qui ont racheté sans doute le bâtiment et y ont logé des touristes (vu le numéro d’immatriculation des plaques des voitures dans la cour)
Je griffonne un croquis sur mon carnet.
Les terrasses du bar et de la crêperie étaient pleines. A la sortie de la messe la boulangerie patisserie aussi. Les cakes y sont délicieux et ne coûtent que 3 euros.
C’était un dimanche à Méaudre, sur le plateau du Vercors … Pique-nique au soleil … promenade par les chemins et les champs ...

24 février 2008

MIETTES DU PASSE



Je lis au dessert un passage de Jean Hugo racontant la libération et le débarquement du côté de Lunel ; il y est question de ce mélange de nationalités dans les troupes, les groupes, d’ici et là … formation, recrutement, débandade. Allemands, Russes, Polonais, Espagnols, Gitans … justiciers, repris de justice … résistants, incorporés de force …
« Il était arrivé avec le salut hitlérien, il repartit en tendant le poing … »

L. né en 1943 parle … la famille : deux enfants du père, quatre de la mère, puis deux ensemble dont lui. La grande ferme en métayage. Les prisonniers allemands octroyés : trois. Il se souvient encore des prénoms « A 5 ans je parlais allemand » « Il, Anton, me grimpait sur le mur et venait me récupérer de l’autre côté …, il avait tout repeint, il était peintre … quand ils ont dû repartir en Allemagne ils n’ont pas dessoulé de trois jours … L’un d’eux a écrit longtemps à mon père …

J’ai terminé ce beau livre de Jean Hugo « Le regard de la Mémoire », commencé un cahier que j’ai appelé à la fois « les yeux bleus de la mémoire » et « Les reflets de la mémoire ». J’y essaie une écriture au réveil, entre chien et loup, juste à la sortie du sommeil et de la nuit … au crayon, calée encore dans le lit … une écriture avant blog, avant lecture, libre de liens avec la logique et la syntaxe, tournée vers ce seul regard intérieur balbutiant du réveil …

J’ai trouvé sur Internet tout sur Jean Hugo, commandé deux livres sur son œuvre, projeté d’aller la voir aux musées …

NB * Consultez le site de Claude à propos de Célestin et Nicolas http://claude.rouge.free.fr
Bon dimanche. Le nôtre est radieux !

23 février 2008

6 HABITUDES ...


SIX HABITUDES

1- Accorder aux oiseaux le privilège de croire en leur chant
2- Ne pas feutrer la vitre claire d’un soupçon de malaise
3- Entendre dans le vent la plainte et la colère
4- Respecter le silence dans l’église déserte
5- Sur la pointe des pieds marcher vers le soleil
6- Et à la source boire avec les mains creusées

22 février 2008

VENUS ENCORE

Je viens de retrouver Vénus dans la tradition polynésienne;
Généalogie des étoiles :
" Fa'a-nui prend pour femme Tahi-ari'i ( Unique Souverain , la Chèvre dans Le Cocher)
son prince Ta'urua-nui ( Grande Réjouissance, Vénus) naquit de cette union,
"Ta'urua-nui qui court dans la soirée, guide les étoiles, annonce la nuit et le jour et maintient le cap du navire de Hiro par-delà les mers"
Qui est Hiro ?
Un guerrier légendaire, constructeur de pirogues double, vécut au XIII ième siècle, particulièrement honoré à Porapora où on retrouve ses traces gigantesques

On voit que Vénus est encore étoile dans cette tradition, qu'elle permet de se repérer en navigation et qu'elle est à la fois du jour et de nuit

VERSIONS DIFFERENTES


Pourquoi je ris en découvrant le thème ? j'ai l'impression que le fait même, l'évidence, que de chaque événement, d'une vie toute entière, il puisse y avoir des versions différentes, est amusant. Amusant et réconfortant ! Ainsi ma version de Mère n'est pas la même que celle de ma Fille. ça me fait du bien d'en être arrivé là : Moi, ne suis pas Elle dont elle parle ou ne parle pas .

Partie pour rire, ne pas pleurer. La journée qui s'engage, est déjà bien engagée. Je n'ai nulle version à en donner, seulement à la vivre. Il n'y en aura pas de versions différentes dans la mesure où je me l'approprie, pleine et entière ( la journée !).

J'aimais les versions en anglais. Plus que les thèmes. J'aimais me laisser aller à ma propre version différente de celle du prof, différente de la norme, de l'exactitude. Traduction dans un langage flirtant avec mes attaches secrètes au terroir et les efforts réels pour atteindre la perfection académique. S'il l'avait demandé le prof, j'aurais pu lui en fournir dix, cent, mille, de versions différentes. Le jeu des mots, à l'endroit, à l'envers, sur le côté ... était si passionnant dans ma cervelle. Quelquefois -d'accord !- un peu insipides les mots dits, mais dans l'ensemble, se courant après comme des lapins.
Prenons le mot" ciel " quelles versions en donner aujourd'hui ? Bleu ? insuffisant ! Rose : tendancieux !, rose et bleu et gris et blanc … très approximatif
Comme la lumière passant par les couleurs du vitrail, la vie, ses reflets, ses mirages, en versions différentes ou si l'on préfère multiples et changeantes.

21 février 2008

VENUS


VENUS

Première fois
- que je vois Vénus
- que Pierre me la désigne et dit la voir aussi claire
7 h du matin :
- où ?
- là en face de toi vers le milieu de la vitre de la véranda
- attends ! il faut que je change de lunettes ! je la vois, je la vois !
- Vénus c’est une planète, la plus grosse proche du soleil en distance, autrement dit elle ne passe jamais derrière la terre. Bien que ce soit une planète, les anciens l’appelaient étoile du Berger. On la voit avant le lever du soleil … le berger c’est la dernière qu’il voit, la lumière du soleil masque les autres étoiles …

Sans notre lecture hier de Jean Hugo l’aurions-nous remarquée ?
« Vénus est visible en plein jour, à la fin de l’après-midi pendant une semaine chaque année. C’était cette semaine là : on l’a prise pour un parachute allemand. » ( 1940)
7 h10 : elle a disparu cachée par de lourds nuages bleu marine
- peut-être que c’est pour ça qu’on l’appelle Vénus, c’est qu’elle suit le soleil …
7 H 20 Le ciel s’est empanaché de rose, le spectacle est fabuleux … Mais aïe ! :
« Chez les Mayas la première apparition de Vénus comme étoile du matin était considérée comme un présage maléfique »

Je préfère retenir que :
« elle est « le petit bénéfique » qui accélère l’imagination et contraint à l’amour »
« Ses couleurs sont le rose et le bleu pâle »
ça tombe bien ce sont aussi les miennes !

20 février 2008

C'EST POURQUOI ... 2


C’est pourquoi …
Lier deux faits, deux ombres de pensée, par un « c’est pourquoi » explicatif ne peut être que hasardeux. Et pourtant, ce matin, rebondissant sur le « C’est pourquoi « de Descartes , je vais en faire tentative.
J’ai rêvé très nettement à une explication claire que je donnais à deux personnes. J’exprimais ma fatigue d’avoir à me projeter en avant, à faire ma pub, pour obtenir quelques spectateurs à mes spectacles … Dans le rêve l'auditeur me suggérait de placer à la Maison de quartier de La Villeneuve, une affiche. Aussitôt je l’imaginais recouverte de graffitis. Mais pourquoi pas ? J’irai l’enlever dès le lendemain …
C’est tout ce dont je me souviens et je me suis fais, au réveil, la réflexion que la réalité s’est exprimée de façon étonnamment précise dans le rêve. Aucun décalage dans le temps, d’âges, de perspectives … Mon rêve parlait clair au présent.
C’est pourquoi je me sens apte de maintenir ma bonne humeur devant les coordonnées du problème. Je n’ai pas une envie forcenée de « faire carrière » Le voudrais-je qu’il faudrait m’en détourner ! mais j’ai comme une dette envers mes petites chansons. Nul ne peut les servir en dehors de moi. Elles sont venues en robes roses au devant de moi pour se faire enlever dans la carriole du temps. Je dois les mener à bon port, quelles que soient mes fatigues, mes hontes, mes colères. Elles, savaient ce qu’elles faisaient en venant me tirer par les pieds.
C’est pourquoi je me maintiens en condition physique, mentale, vocale, pour les servir au mieux. Tout à l’heure je ferai une nouvelle répét. A 11H ! j’ai annoncé au spectateur, régisseur, conseiller. J’interrompt donc la liste des « c’est pourquoi » fallacieux, car je viens d’entendre sonner les 9 H 1/2 ! déjà !
C’est pourquoi …
je ne sais …
pourquoi la barque vogue ...
Je ne sais ni le fleuve ni le sens du courant
Mais quand je suis penchée sur l’or des fariboles
Je m’estime chanceuse et chercheuse de vent
et je trouve mon compte à conter mes paroles
et à chanter mes notes
comme la lune, en somme, s'exhibe dans le ciel bleu
et le jour dédaigneux
sans vouloir faire de vagues ...

19 février 2008

C'EST POURQUOI ...


« … en même façon que les grands chemins qui tournoient entre les montagnes, deviennent peu à peu si unis et si commodes, à force d’être fréquentés, qu’il est beaucoup meilleur de les suivre que d’entreprendre d’aller plus droit, en grimpant au dessus des rochers, et descendant jusques au bas des précipices.
C’est pourquoi je ne saurais aucunement approuver ces humeurs brouillonnes et inquiètes, qui n’étant appelées, ni par leur naissance, ni par leur fortune, au maniement des affaires publiques, ne se lassent pas d’y faire toujours, en idée, quelque nouvelle réformation. »

D’un certain Descartes ( le discours de la méthode) toute ressemblance avec l’actualité ne pouvant être que fortuite !

17 février 2008

ADDICTION

ADDICTION
C’est le mot utilisé par Azalais à propos du propos de Gazou sur le blog-drogue
Drogue : le mot fait mal, sa réalité a fait tant de ravages autour de nous.
Tous drogués dans cette époque qui court après le temps, la sécurité, le bonheur … toujours incertaine même quand elle a gagné, toujours tourmentée même si le soleil brille et si l’assiette est pleine
Par rapport à mon enfance nous sommes des rois, avec des palais, des domestiques innombrables, le monde entier à notre porte
D’où vient que le silence est denrée si précaire, la paix sans cesse à retrouver, à loger dans un petit coin de sa poche
Je me suis intoxiquée de télé hier ( journée Opéra sur Arte), incapable en soirée de quitter les images somptueuses, dépaysantes, les sons si beaux qu’ils ouvraient la porte du paradis. Ma simplicité de décor naturel aurait pu me suffire, ce pays de montagne m’élever jusqu’à sa réalité.
Le paradis à haute dose devient mortel. La télé aussi.
Ce matin, six heures à l’horloge rassurante, ( oui tu as dormi, oui ta tête va mieux, oui ton rêve était réconfortant, va le noter comme un bon augure …) je me dirige vers ma table où m’attend la drogue blog, après le cahier … ( il reste tout de même prioritaire)
Je sais qu’avec le cling de mise en route de l’ordinateur je ne suis plus seule à barboter dans mes analyses, à ressasser les souvenirs d’hier, d’avant hier, de ce passé sur lequel je n’ai plus prise
Alors j’enclenche … Drogue dure ou simple cachet d’aspirine ?

C’est vrai ( pour moi) que je peux trouver dans cette boite à qui parler et qui me parle. Que s’y étalent (comme au supermarché) des réserves de sincérité incroyable, de volonté farouche de servir la vie encore et toujours. Parce que l’abandon de tout espoir, le renoncement à comprendre, expliquer ce qui fait mal pour le désamorcer, admirer et dire son admiration, serait la mort.
La mort, Orphée croit pouvoir la ressusciter en bravant les enfers, les danseurs la transfigurer en multipliant les prouesses de ce merveilleux corps humain, les voix maîtrisées jusqu’au sublime la faire taire … Mais il y a une interdiction fondamentale : Tous les blogs du monde ne t’empêchera pas de mourir.
Cependant tandis que tu clignotes et pianotes sur ton clavier tu la nargues, tu l’oublies … tu t’amuses …
Oui ! écrire est un amusement comme jouer à la balle sur un mur. Vérifier que le mur répond, que ta main est agile !
Je comprends et ressens les dégoûts de blog, les malaises du « j’ai tout dit et pourtant il me manque encore quelque chose, quelqu’un » mais comme je comprends et ressens comme très proches - des amis, des compagnons d’aventure - ceux qui trouvent là la zone franche où poser les valises sans avoir besoin d’ouvrir tous les bagages.
Orphée a perdu Eurydice non en la regardant, non en bravant l’interdiction, seulement en n’acceptant pas de vivre en lui sa mort. Mais s’il s’est offert quelques prolongations de jeu, il a bien fait d’opérer la descente, de bloguer en touche !

16 février 2008

PLUS NE SUIS ...


de Clément Marot

Plus ne suis ce que j'ai été
Et plus ne saurais jamais l'être
Mon beau printemps et mon été
Ont fait le saut par la fenêtre

Amour, tu as été mon maître
Je t'ai servi sous tous les Dieux
Ah ! si je pouvais deux fois naître
Comme je te servirais mieux

aussitôt lu, aussitôt mis en chanson
Toute la matinée éclairée par la ritournelle et la douce ironie des paroles
Su Arte la journée Opéra à ne pas rater
Tiens ! le soleil n'est pas là. Trop de boulot ailleurs. il reviendra à Pâques ou à la Trinité

15 février 2008

PYTHAGORICIENS


De l’atelier d’écriture, Image de démonstration du dimanche ensoleillé

Oh la ! ces pythagoriciens ! Suffisait pas que le patron ait accouché d'un théorème - histoire qu'on ne puisse plus oublier son nom - il a fallu qu'ils fassent école. Et moi et moi et moi ? je n'y suis pas allée longtemps à cette école-là ! C'était une secte avec les initiés qui assistaient au cours en direct et les novices qui n'avaient que le son, cachés derrière leur rideau. Comme je l'ai vu dans tel monastère. Sauf que, dans ce cas, c'étaient les voix angéliques qui sortaient de derrière le rideau et nos apparences novices qui occupaient la cathédrale. Donc, réfléchissons ! Si le carré de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des côtés du triangle, faut-il, pour se sentir bien ( avec ou sans pythagoriciens) se loger SUR l'hypoténuse ou SOUS un des côtés ? Vaste problème. Je n'ai jamais été très copine avec les nombres. La numérologie m'indiffère sauf s'il s'agit des numéros gagnants au tiercé mais je ne joue jamais. J'ai trop à faire avec les cinq doigts de ma main, mes 7 points sensibles ... Impossible de m'intéresser aux sudokus. La simple perspective d'avoir à calculer me paralyse. Je suis touchée par la maladie de la paralysie pythagoricienne. Les nombres à ma portée, combinaisons, élucubrations, rétractations : impossible de les atteindre même en me multipliant ou en me divisant. Si " il existe deux tendances qui estiment l'être constitué soit d'images, soit de structures mathématiques ou nombres"* j'appartiens sans aucun doute à la première !

*M L VON FRANZ les nombres et le temps

14 février 2008

JOUR NOUVEAU


Réponse dans le soleil du jour à mes amis écoliers du Bouchage qui me souhaitaient « du nouveau chaque jour » avec une belle carte de leur cru. Tout ce qui touche au Bouchage me fait plaisir et je le mets à l’affichage dans la cuisine juste sous les rayons du soleil.
C’est une petite chanson et je serais ravie qu’ils la chantent

Aujourd’hui plein de nouveautés
Oyez oyez oyez oyez
Chaque jour est un jour nouveau
Eho héo hello ! hello !

J’ai rencontré sur le chemin
Une poule qui avait faim
Je lui ai donné mon choco
Elle pondit un bel œuf tout chaud

Alors descendit du clocher
Le coq sur ses ergots dressé
Qui prétendit effrontément
Finir l’goûter de ma maman

La maîtresse voulait nous donner
Un bol de passés composés
Nous lui répondîmes aussitôt
Le passé simple est bien plus beau

Au moment d’solder l’addition
Le garde a sonné du clairon
On sortit tous à la récré
C’est alors qu’l’chat s’est perché

Au foot c’est les filles qui ont gagné
Monsieur l’maire les a décorées
Les garçons étaient tout penauds
Y’s’sont rattrapés au loto

Dans ce Bouchage décidément
On s’amuse bien, on prend son temps
Chaque jour est un jour nouveau
Hello ohé ého banco !

13 février 2008

LES PERCE-NEIGE


Je ne les avais pas vu arriver: ils sont pourtant tous là, les grands-parents, les parents, les enfants ..; sauf la famille sous le pommier qui a disparu. En voyage probablement. L'année est vraiment exceptionnelle. A 1100m d'altitude elle a un bon mois d'avance sur la norme.
Le ciel est bleu. les perce-neige blancs : mon coeur content. Je prépare les contes de ce tantôt. J'imagine le séjour chantant à Paris. Il y a une Julie dans l'air.

Encore une photo de Dimanche. Une de ces photos qui semblent tirée d'un album de peintures impressionnistes. Les amis m'invitaient à grands cris à m'approcher du plan d'eau.
Les arbres, les canards, les remous, les reflets. Et cette petite cervelle bavarde qui se tait enfin pour regarder ! seulement regarder et s'imbiber ... d'eau, d'amitié, de soleil, de dimanche ...

12 février 2008

CHER CAHIER


CHER CAHIER

Je viens de découvrir MILENA AGUS, celle qui dit « j’ai découvert que l’écriture rachète le réel »

« Mal de pierres » P32
« Dans sa chambre, elle remarqua tout de suite un petit bureau sous la fenêtre et ce fut peut-être la seule raison qui la retint de filer à la gare / …/
Elle n’avait jamais disposé d’un bureau et elle n’avait jamais pu s’asseoir à une table car elle écrivait toujours en cachette, son cahier sur les genoux, qu’elle cachait dès qu’elle entendait quelqu’un arriver. Sur le bureau il y avait une écritoire en cuir contenant des feuilles de papier blanc à en-tête, une petite bouteille d’encre, un porte-plume et une plume, du buvard ; Alors avant tout, avant même d’enlever son manteau, grand-mère sortit son cahier de sa valise et le déposa en grande pompe sur le bureau, dans l’écritoire de cuir, puis elle ferma soigneusement la porte à clé de crainte que quelqu’un n’entre à l’improviste et ne voie ce qui était écrit dans son cahier et finalement, s’assit sur le grand lit jusqu’à l’heure du dîner. »

Oui l’écriture fait passer bien des pilules amères, rachète bien des désespoirs et déconvenues, réécrit l'histoire et ses ratés …
Bien que ce dimanche endimanché de diamants au soleil le réel n’avait pas tellement besoin de rachat. Quelques photos tout au plus pour tenter de le ligoter dans sa poche, le soleil, le bonheur, le chateau bonbon dans les branches.

11 février 2008

LES MOTS FILENT


Les mots filent … dis-tu Pascale
En te lisant je les regarde
filer sur la neige et le vent
Et j’attrape avec mon filet
l’image de tes mots replets
qui se gonflent comme une voile.
Quand le radeau a accosté
j’allonge mes mots de papier
sur la plage molle des rêves.
Je suis bien. La nuit peut venir.
Je saurais la circonvenir
comme un bois flotté sur la grève …

Il y a des mots hémophiles
qui filent et coulent pour un rien
Une piqûre d’amour-propre
Un mal d’amour, un mal de chien …

Des mots pas foutus d’y voir clair
mais qui essayent vaillamment
des deux côtés de la lorgnette
Des bons mots amis et amants …

Et puis les mots piqués des vers
qui s’écroulent comme chaisières
dont les pieds bancroches divaguent
mêlant le sable avec la vague

Et quand mes mots auront des dents
je pourrais mordre le printemps
sans me déchausser les quenottes
Mariant les mots avec les notes

08 février 2008

LANCE



de l'atelier d'écriture: et de la collection VERO
Je lance ! je lance sur le mur devant la maison paternelle la balle, la balle de récupération, boule de "crêpe " que l'on colle sous les chaussures. La guerre est finie. Mon père travaille à l'usine Servonnat à Morestel et c'est de là que vient le ballon gratuit. Je la lance et elle rebondit. Miracle ! Oh elle n'a pas beaucoup d'élasticité, il faut viser le mur d'assez près pour qu'elle rebondisse. Mais c'est tout de même elle qui m'apprend le geste du lancer, la confiance en la sureté de la main, la force à apprivoiser.
Puis je tenterai de lancer le poids pour valider mes forces conquérantes devant un jury qui me permettra d'entrer à L'Ecole Normale. Si j'ai quelque chance à la course, j'en ai peu au lancer. Je ne tournoierai jamais sur moi-même avant de projeter un poids dans l'espace et narguer la résistance de l'air. Je ne suis pas taillée pour ça !
Lance ! se lancer. - Alors tu te lances dans les études, dans le mariage, dans la vie, sur la piste ? - Oui ! J'aime bien. Je ne sais jamais exactement en quoi consiste la performance mais pour me lancer je me lance ! Aujourd'hui encore. J'y vais ! Je me lance dans la chanson ! hier pour la répétition générale ! Bientôt "pour de vrai". Si tu savais comme ça me fait du bien de me dégourdir les jambes, les bras, la cervelle en entreprenant quelque chose de nouveau. Beaucoup de sueurs avant, d'appréhensions, de démêlés avec ma raison, ma mémoire, ma voix mais pour le jour J chacune obtempère, me lance des fleurs !

07 février 2008

FACULTE D'ACCEPTER


de l'atelier d'écriture
quand le vin est tiré il faut le boire, surtout si c'est un Bordeaux au miel !

à septante piges j'ai toujours autant de mal à accepter. J'ai beau interroger mes facultés, mes universités d'été ou d'hiver, les strates successives de mes acquisitions indubitables d'intelligence, de ressenti, de raisonnement, il y a toujours, à un moment donné imprévisible, le mur qui se dresse devant moi. Mur idiot, sans fenêtres, sans porte. La porte de fer de mon enfance fermée avec son cliquet de fer toujours hors de ma portée. La porte d'incompréhension, de souffrance, de malamour où je me cogne encore en rêve et dans la réalité; pourtant ces rêves évoluent. Est-ce de les interroger au réveil ? le sommeil en est différent. Je m'y meus avec moins d'angoisse, je me réveille dispose. J'y accepte l'inondation, la perte de clés, la voiture incontrôlable. Alors que dans la réalité je me prépare à un nouveau "tour de chant" ( le terme m'amuse : un tour qui ferait le tour de la question de la femme- patchwork, j'ai rêvé l'autre nuit que j'entendais une musique ( la mienne ? mon pianiste ?) alors que j'étais en train de m'éloigner d'elle. Puis, tranquillement j'abandonnai le chemin montant où je partais vers autre chose ( des copies à corriger) pour revenir vers la scène. Je croisais encore un ou deux obstacles, je répétais ma chanson du " je ne suis rien mais à personne" mais j'avais des hésitations, des trous de mémoire ... Une étrange paix me vint. Bah ! Tant pis je retrouverai bien sur scène et si c'est trop tard, s'ils ont fini, tant pis !
Une faculté d'accepter est en train de montrer le bout de l'oreille- on dirait !- au moins en rêve ! Qu'elle passe donc dans la réalité !
Accepter quoi ? Que sonne l'heure juste pour chaque chose, ni en retard, ni en avance. A faire simplement. Ni en force ni en crainte. le mieux possible, comme ça me vient ! comme une chanson mûre ...
Dans la reconnaissance pour l'occasion de vivre.

05 février 2008

LES GONES DE CE PAYS


retourner l'image comme une crèpe, c'est celle d'un p'tit gars d'aujourd'hui qui se prend pour un mec

MARDI GRAS

Le mot me renvoie immanquablement à cette enfance où les fêtes Chez Nous se manifestaient avec leurs propres moyens : bugnes maison, costumes ( !) maison (un vieux veston du papa, une jupe fatiguée, des moustaches au charbon, un galurin sur la tête et le masque sommaire dans un morceau de carton ( deux trous pour les yeux, un pour laisser passer le rire, la boîte en fer blanc pour la quête …
De ce temps là il me reste la recette des bugnes de ma maman, écrite au téléphone et pleine de précisions « de la farine, tu vois bien , un bon morceau de beurre on bon morcé de buire), des œufs, tu pitrougnes bien ta pâte, tu la tires bien … ( plus la pâte est fine plus la bugne gonfle et cloque). Il y en a pour une journée à les préparer et à les distribuer. Les saladiers familiaux en sont pleins et attendent sur le buffet la ribambelle de gones déguisés qui passeront. Il n’y a pas à se forcer pour les reconnaître, suffit de les faire rigoler même s’ils refusent de parler sous le masque…
Ce jour de Mardi Gras les enfants sont rois. Sauf à l’école car il n’y a pas de congé et à l’école la loi est celle du participe passé bien accordé.
Il me reste avec VERO ces gamins rigolos fixés à jamais sur la pellicule.
«Vero : un reporter du quotidien sublimé, des individus qui laissent transpirer leur regard, des groupes d’enfants étincelants. Ses photos sont marquées par le souci de transmettre la vie simple et vraie, le sourire d’enfants insouciants … » Eric Merlen

Aujourd’hui n’est donc pas gris de nostalgie bien que je n’aie pas fait de bugnes commémoratives. Pétillant de soleil et de neige. Je ne me déguiserai pas pour courir les chemins avec ma sébille mais ce petit bout de planète Internet en tiendra lieu.

04 février 2008

VENT DEBOUT


Cognait si fort le vent retors
Que la maison désaccordée
Hurlait dans ses membres rouillés

Quand tuiles craquaient sous le vent
Des pas d’amants désespérés
Sur le toit glissaient et crissaient

Un souffle court comme la nuit
Voulut gagner par le pertuis
La grande voix des délivrances

Si bien que dans les plis du vent
Vint se loger un vieil enfant
Qui pleurait sur sa propre enfance

Je rêve, soupira sa mère
D’une houle nouvelle et première
Qui remettra pendules à l’heure

Alors touché par tant de foi
Le vent apaisa ses ébats
Et laissa l’aube se coucher …

Moral enfin alité

01 février 2008

lES VIEILLES DE NOTRE PAYS


Les vieilles de notre pays
Ne sont pas des vieilles moroses

Il y a de nombreux portraits de vieux chez VERO, je crois de vieilles encore plus, sans avoir fait de statistiques. Et sur ce chapitre il y adéquation parfaite entre ma mémoire et les photos. Petites vieilles comme le fut ma mère, comme je le serais, comme je le suis. Peu de grandes et belles femmes dans nos lignées. Petits paysans, petits de taille. Mais petit ne veut pas dire étriqué. Elles sont sereines, elle tricotent, elles vont à la fontaine, elles gardent les chèvres sur les bords des chemins là où l’herbe est gratuite. La dernière ressemblant à ce point aux photos que j’ai souvent rencontrée à la Loue s’appelait Maria, La Maria. Elle posait son pliant près des trois belines et laissait aller les aiguilles et la conversation … Quelles étaient ses pensées ? Bigre je n’en sais rien mais il me plait d’imaginer de toutes petites pensées quotidiennes paisibles. L’extérieur rendait compte de l’intérieur. La vieillesse acceptée. Le lieu accepté. La vieillesse, le lieu, la famille, l’époque acceptés avec leurs tares, leurs insuffisances. On fait AVEC mais davantage : on fait POUR. Pour que ça aille, pour qu’on mange à sa faim, pour que les tomes de chèvres soient appréciées ( on allait jusque chez elle pour acheter, pas cher, le juste prix, les tomes de chèvre de la Maria). Une habitude d’être, sans doutes, sans soubresauts, sans fatigues inutiles, sans grands projets. Mais une habitude revisitée par cet esprit d’acceptation et de partage. De reconnaissance aussi, de remerciement. La Maria, sans vocabulaire étendu, savait dire qu’elle était contente de me rencontrer, moi qu’elle savait nommer, dont elle connaissait les tenants et aboutissants, moi qu’elle avait vu grandir et qu’elle aimait bien.
Une habitude certes mais confortable car celle-ci, d’habitude, faite de bienveillance et de simplicité, s’accommode des rencontres, les voit, les accueille.
Ce n’est pas comme cette habitude destructrice dont parle Etienne Perrot (les rêves et la vie)
« Nous préférons nous encroûter et nous laisser aller vers le sommeil, le déclin, avec toutes les misères que cela entraîne, en gémissant, en entretenant l’entourage de nos maladies, de nos malheurs et de nos malaises et en les ponctuant de « comme c’est triste de vieillir ! »
Les vieilles de mon pays que j’ai connues, non contentes de vivre à leur juste place, savaient accentuer la circulation de vie autour d’elle.
Regardons les portraits de VERO : ils continuent de chanter avec Paul Delmet
Les vieilles de notre pays
Ne sont pas des vieilles moroses …