Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

19 décembre 2010

ELLES


Elles le sont, certes ô combien, elles sont Elles et nulles autres et il leur en a fallu du temps pour l'imposer. Elles sont femmes de la tête aux pieds, la tête non couverte de voiles noirs, les pieds non rétrécis par des bandelettes. Mais chaque génération, chaque civilisation s'arroge à un moment donné le droit de les définir, le droit de parler à leur place. Alors, de rage, de lassitude, elles le sont trop. Trop bavardes, trop exubérantes, trop offensives, trop dénudées. Elles foncent contre la muleta et elles s'y blessent. Fortes de leur légitimité à être, elles divaguent dans des eaux troubles de l'avoir encore et davantage. Davantage de familles, davantage d'amants, davantage de photos dans le journal, davantage de désirs ... Elles se perdent en revendications dépassées, elles hurlent contre les chiens alors qu'ils se sont tus et terrés loin de leurs griffes. Dans cette époque du trop et du n'importe quoi n'est-ce pas à elles de freiner ? De retrouver les équilibres, les mesures, les justes milieux ? J'ai peur pour elles, mes filles, mes petites filles. Trop volontaires, trop opiniâtres, trop courageuses, trop en première ligne. J'ai envie de les apaiser, de les protéger, de les bercer ... Qu'elles jouent à la marelle ! Qu'elles abandonnent la cour des grands ! Qu'elles soient belles et ignorantes de leur beauté ! et surtout, ô surtout, qu'elles reviennent me demander de leur apprendre à tricoter ! Elles sont trop occupées, je ne les vois pas assez !

18 décembre 2010

DES GOUTS ET DES COULEURS


TROIS PUCELLES encore : la photo après la peinture
Je viens d’aller marcher autour du quartier à St Niz. Il fait vif ! le vent ! les couleurs sous le soleil. Comme hier au Bouchage en allant à pied chez Yvette, je buvais des yeux les dentelles de glace sur les fossés, le pétillement des tiges raidies. Chaque fois que j’use de la peinture à l’huile pendant un certain temps j’ai l’œil allumé pour ce que je vois. Je voudrais tout saisir. Je m’apprends à mieux voir pour de futurs tableaux. Françoise qui me donna des cours en groupe disait en riant « Gisèle elle se shoote avec les couleurs ! » c’est vrai. Les couleurs sont mes vasodilatateurs, mes neuroleptiques ! c’est pour ça que j’ai tant de mal à passer la nuit. Minou nous a donné à lire un « aspect psychologique des couleurs », je lui ai prêté le petit livre des couleurs de Michel Pastoureau qu’elle va s’acheter. Amusant comme de voir écrit ce que nous savons déjà aiguise la perception « une couleur n’existe que parce qu’on la regarde. Elle n’est en somme qu’une pure production de l’homme »
Comme l’amour en somme ! c’est notre projection affective et mentale qui crée les muscles et l’habileté de Cupidon. Si nous avons tant de mal à admettre les insuffisances de ceux qui nous sont archiconnus, si nous ne pouvons littéralement « plus les voir » peut-être suffirait-il de pots et de pinceaux pour leur redonner de l’éclat.
A méditer !
D’après les tests notre œil ne serait capable de percevoir que 180 à 200 nuances. Idem pour les relations. Qui trop embrasse mal étreint. Trop au sens du nombre. Restreindre donc le spectre à un arc en ciel assez proche pour suffire à notre capacité d’absorption !

Sur Belledonne la valse des couleurs continue. Les roses du couchant sont venus éclabousser les bleus.
Quel bonheur d’avoir deux yeux !
Et un cœur !

17 décembre 2010

UNE VERSION ?


LA version
La version définitive, celle que l'on ne pourra retoucher.
Beaucoup de ces versions étaient écrites, closes, à la maison de retraite où j'étais allée"animer". Pour nombre des pensionnaires l'animation se ferait depuis le fauteuil roulant. Et cependant il y avait dans l'air le besoin, le souci, de maintenir une version plausible, acceptable. On fêtait ce jour-là un anniversaire de mariage : 70 ans. Les deux époux, devant la longue table couverte de fleurs, entourés de leur descendants, ne souriaient pas. Monsieur le Maire offrit un sobre compliment. La directrice donna une version résumée de cette longue vie à deux, souhaita les noces de chêne ... Je reconnaissais des visages que j'avais croisés dans la rue il y a une vingtaine d'années. Je ne pouvais en
nommer que quelques-uns. Des lèvres cherchaient à reprendre la chanson. Une dame s'accrocha au micro avec l'énergie du désespoir. C'était pour L'auvergnat « qui sans façons lui offrit quatre bouts de pain » qu'elle voulait chanter encore. Une autre caressait ma robe de satin, celle de ma grand-mère, à chacun de mes passages. Les gâteaux étaient bons, beaux. Trop abondants pour certaines assiettes que l'on abandonnait à demi-pleines.
Une ancienne collègue, venue en visite, murmura dans son au-revoir " nous nous reverrons peut-être ici ". Oui, on pouvait le penser. Quand la version serait à conclure.
En chantant, si possible. Une version volontaire. Optimisée. Si possible !

16 décembre 2010

à la lumière de


A LA LUMIERE DE
Que voir de la vie, que je n'aurais pas encore remarqué, malgré la longue expérience, l'attention parfois forcenée, quand quelqu'un est mort ? A la lumière de quels yeux regarder l'absence ? J'ai relevé la tête vers la fenêtre de mon bureau. Voilà ce que la réalité répond à ma question bien trop abstraite : Dans l'angle de la véranda, dans le reflet des deux vitres en angle droit, je vois un paysage: la montagne lointaine et, se superposant à elle, un arbre sur le côté, qui frémit dans le vent, fort ce matin. Le ciel. Une atténuation par les vitrages des couleurs déjà grises à cause du temps. Le tout se reflète sur le chevalet et le papier blanc déposé. Un tableau tout constitué qu'il suffirait de recouvrir de peinture pour le fixer. Parfait d'équilibre. Un tableau de la réalité extérieure légèrement différé et pourtant changeant. Un tableau, comme la vie, la mienne, en incessant frémissement et pourtant immobilisé sur le chevalet. Ainsi la mort d'un être proche révèle. Ne peut tout capter. Donne de courts instants d'une acuité de pensée, de ressenti, exceptionnels. Puis endort dans des traversées vagues, des rêves abyssaux. La nuit, le jour, à la lumière des deux, je voudrais retenir mes souvenirs, mes perceptions finales, une voix, un visage, les derniers mots prononcés : ils se balancent dans le vent, encore sous mes yeux mais en mutation, en éclaircissements, en ombres ... C'est in-photographiable. Je viens d’essayer sous différents cadrages.
N'existe que dans mon regard : la mort et ses reflets, à la lumière de mon passé et de mon présent.

15 décembre 2010

PURGE


Chronique du mercredi
Un peu groggy ! la neige tombe, retombe, prend bien ! il fait moins froid (que –12 du matin)
J’ai beau soigner par tous les trucs les sinus ( oui huiles essentielles comprises) je n’arrive pas à ramoner plus de cinq minutes. J’ai installé l’inhalateur à côté de l’ordinateur. Tu auras donc des mots au calyptol qui vont te parvenir.
Bon ! d’accord ! c’est l’hiver ! il faut que l’hiver se fasse !
A une future maman qui attend un garçon pour le printemps j’ai cité ma mère « deux étés, pour un hiver » : elle ne connaissait pas le dicton.
Pour la première fois je m’avise de me définir. J’ai depuis l’origine deux hivers pour un été. D’où ma mauvaise humeur de saison !
Je viens d’avaler de SOFI OKSANEN
PURGE
que m’avait offert Marie
Bou dié ! que c’est hard ! je l’ai lu sans désemparer de dimanche soir à ce matin, de jour comme de nuit, de scrable comme de pluche. Encore une écriture capable de vous labourer le moral tant ce qu’elle agglutine autour de faits historiques ( l’Estonie de 1940 à 92) raisonne juste. Mais ce n’est pas la raison qui parle, c’est les tripes, c’est le ventre meurtri des femmes. C’est là que s’incrustent le style noueux, la langue superbement maîtrisée
Livre d’une jeune femme (née en 1977) avec des personnages féminins sur trois générations ( les miennes) grand-mère, fille, petite fille, terriblement ressemblants à nos réalités. En exergue à la première partie :
« Tout est réponse, si seulement on connaissait la question »
la cinquième qui clôt l’histoire faite uniquement des notes du kgb.
Pas un sourire de la vie ! pas une ironie rafraîchissante ! la désintégration de la personne accompagnant celle des institutions, des familles, des groupes … un noir absolu.
Alors pourquoi m’y accrocher jusqu’à la fin ?
Comme je l’ai fait en d’autres temps pour l’horreur, quand j’avalais les livres sur le nazisme, le communisme.
Comme un ordre donné par Marie « Regarde ma mère où il est ton Bon Dieu ! » ?
Bon ! je m’en extirpe. Revenir aux mots patients et sauveurs. Aux couleurs franches, aux traits qui dessinent une feuille

« Dieu qui n’es pas, pose ta main sur notre épaule,
Ebauche notre corps du poids de ton retour,
Achève de mêler à nos âmes ces astres,
Ces bois, ces cris d’oiseaux, ces ombres et ces jours.

Renonce-toi en nous comme un fruit se déchire
Efface-nous en toi. Découvre-nous
Le sens mystérieux de ce qui n’est que simple
Et fût tombé sans feu dans des mots sans amour »
( Yves Bonnefoy)

14 décembre 2010

AU BOULOT!


de l'atelier c'est l'invitation
ça tombe à pic ! Boulon vient d'arriver, on pourrait aussi bien dire MR BOULOT

Boulon sort de la maison ! Venu chercher un insert de trop pour le poser chez sa nièce. Avec Boulon, tous corps d'état, le boulot ne manque jamais ! Sur les toits , au sommet d'une grue de 6 mètres, en équilibre sur le fil des rasoirs - et Dieu sait s'ils sont nombreux ! - il opère, il tranche, il soude, il rafistole ... En principe il est à la retraite. Mais qu'est-ce que ce mot galvaudé ? Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir de boulot. Tant qu'un chirurgien qui connaît son boulot vous remet la colonne vertébrale en place, vous recoud la tête, il y a plein de copains à dépanner. A camionnette volante, à camion bâché, il arrive, il est là, au pied du mur, là où son astuce, son expérience, son audace vont trouver la bonne solution. Pas de certificat ! "moi, dit-il, je suis jamais allé à l'école" mais de la technique, de la force, de la souplesse d'adaptation. J'adore entendre sa voix joviale dans l'escalier, son grand rire de gamin ! Pour lui ce matin j'ai abandonné l'ordinateur tout juste ouvert sur le boulot de l'atelier. Je comptais là-dessus pour lancer la journée sur sa trajectoire laborieuse. Et puis Boulon est arrivé ! C'était 1500 caractères à lui tout seul ! en plus "mon" Boulon il est beau ! Grand, élancé, costaud. Le genre de ces piémontais qui vinrent trouver du boulot chez Nous. J'en ai rencontré un autre, Stellio, samedi au repas des anciens. Nous avons chanté "Bella Ciao" ensemble et à l'orgue de barbarie. J'avais heureusement le carton ! du bon boulot !

13 décembre 2010

hiver


« Je construirai infiniment l’hiver » J P SILMONT

J’aurai
pour la pulpe des jours
ce regard de chien fou
ce regard cannibale
du chien jouant avec la balle

Pierre à pierre
Pas à pas
Chemin après chemin
je construirai
cette unique maison où mon désir repose
Maison d’éternité
où les fils de mes fils
les enfants de l’hiver
engrangeront les greniers d’abondance.
Et derrière les carreaux cernés de givre
les feux luiront pour la nuit entrouverte

Pleine saison ! dira le facteur
Il s’attarde. Il arrive à midi
Il décharge les lettres sur la table
Il noue les mots repris, ravaudés, rajeunis
Au soir repart
Vers cet horizon rouge gorgé de bavardages

Derrière l’hiver dort le silence-lendemain

G. 1998
*(du temps où on pouvait encore discuter avec le facteur !)
*les tableautins, comme je les appelle, essaient d'attraper le paysage devant mes yeux en cette saison. ils serviront aussi de cartes postales. Votre regard sur eux m'encouragent moultement

10 décembre 2010



Tantôt la jungle des nuages
a signifié la trêve
aux crêtes de Belledonne
Rien que des fouines et des belettes
des queues touffues et sans vergogne
époussetant les lignes
mais sans penser à mal
Chacun chez soi :
les crêtes au sol
Au ciel les cumulo tigrus et les pseudo gentils
dorment les pattes dans les nids
et songent
uniquement
au paradis

09 décembre 2010

ENCORE !


On ne s’aime plus comme à l’aveuglette
On ne s’aime plus comme à deux battants
Le vent a fané le blond de ta tête
La pluie émoussé l’aigu de mes dents

Mais l’attente encore précède la course
Où tu viens vers moi pressé d’arriver
Je prépare encore ce bon lit de mousse
Contre ton épaule où je vais sombrer

Encore une fois au creux de l’oreille
Laisser s’écouler les petits mots doux
Chaque fois meilleurs, chaque fois pareils
Et puis repartir au devant de nous

Dedans ce mirage reprendre confiance
Respecter d’hier les enchantements
Jouer aujourd’hui comme deux comanches
Qui savent allumer calumet d’antan

Et t’aimer encore mon bélier farouche
Mon petit agneau, mon vieux mouton blanc
Comme le bonheur posé sur ta bouche
Comme cerisier en fleurs au printemps

08 décembre 2010

TEMPS


" un soir, aux Eautagnes : tout semblait en suspens, l'ombre des arbres sur l'herbe plus légère que jamais, tout était à n'y rien comprendre, frêle et poignant de limpidité" Ph Jacottet
idem devant ma fenêtre ces jours de neige

proposition de l'atelier d'écriture
TEMPS
Non ne me parlez pas du temps ! ni de celui qu'il fait ni de celui qui passe. Je n'ai pas de temps à perdre pour des généralités ! Le temps, le temps n'est rien autre, le tien, le mien celui qu'on veut nôtre. Seul compte et comptera dorénavant et jusqu'à désormais le BON temps. J'ai eu le temps de mettre au monde, de bercer... J'ai manqué de temps pour apprendre à anticiper, à conclure. Ne reste que la sagesse de prendre le temps qui me reste à pleines dents ! le temps d'ailleurs de faire réparer mes dents qui s'abîment bigrement, se cassent ... bref ! (encore que brièvement est référence à la tyrannie du temps) je ne veux parler aujourd'hui, ce soir, dans la chambre close sur le vent et la pluie, que d'éclaircie, légèreté, insouciance ... Rejoindre le berceau où se tendent les bras de deux petites filles et d’un gars. Volonté ? non ! Mystère ! C'est ce qui s'est passé cette nuit-même en rêve. Je marchais en direction d'un groupe de personnes assises dans l'herbe. Je m'aperçois que l'homme qui semble parler au groupe n'était autre que mon mari. Tiens ! il était donc là et écouté ! Il me désigne près de lui notre garçon ! Je suis si heureuse ! Vraiment je peux ? Comme tout est facile ! le garçonnet s'installe sur mes genoux. Je me réveille dans la nuit d'hiver avec une telle impression de bonheur que je suis tentée de réveiller mon compagnon pour lui dire la vision si sereine. En fait je n'en fais rien. Son temps n'est pas le mien. Comment définir ce temps mental de la nuit qui n’a ni passé, ni futur … uniquement un présent !

06 décembre 2010

ELLE FOND FOND FOND


Comme une petite marionnette
Toute la nuit et encore maintenant le grand vent balaie, balaie à tour de bras !
la pluie il pleut la pluie il pleut
mais elle, la neige, a laissé des photos plein les poches ...
consultez le :
http://www.alainherrault.com/page_899.html
pour vous rincer l'oeil !
Comme Nos trois pucelles sont les plus belles le photographe pro est venu jusqu'à elles !
j'avais cherché auparavant à les capturer avec le pinceau !
Pucelles oui mais pas niaiseuses !

il pleut
"la pluie drue tombe des nuages gris au dessous desquels filtre plus qu'une lumière jaunâtre. Sous un toit trop bas, on respire mal. Il faut presque sans cesse recoudre un tissu ( la vie, la nôtre) qui s'use, s'effiloche. ne pas perdre patience néanmoins- nous ne pouvons guère faire plus que ravauder. Les vêtements de gala ne sont pas pour nous, à moins de nous déguiser.
il y a une lumière propre à la pluie, intérieure à elle, oblique" PH Jacottet
ce tantôt je sortirai les tenues de Noël. Déguisements ! bah ! Déguisons-nous à notre guise !

04 décembre 2010

JE NE VEUX QUE ...


Je ne veux de ce jour qu’apprivoiser la trace
Que remettre à demain le souci du Trop tard.
Puisque le ciel est bleu dessus la neige blanche
Je ne veux que traduire son recommencement …
Préparer sur la toile en toute latitude
Que viennent s’y poser les bonheurs de ma main.
Je ne veux rien qu’aimer dessous la terre brune
Ce bourgeon de printemps et cette pleine lune
Qui viendront j’en suis sûre !
Labourer à soc nu ma voix pour qu’elle chante
Ecouter de vos lèvres la parole qui cherche
Donner plus d’un prénom à ses multiples échos…
Et si les morts aussi s’invitent à ma table
Je ne veux rien que dire « Venez ! Asseyez-vous ! »
Lorsque le soir viendra, quand j’ouvrirai mon lit
Recommander à Dieu qu’un semblable Merci
Se lève à mes côtés pour le prochain matin.

St Nizier ce 4 décembre

03 décembre 2010

Chacun sa chambre



Proposition de l'atelier d'écriture, vue d'hiver depuis la dite chambre d'écriture

Chacun sa chambre = une chambre à soi. C'est de Jean Williams et d'Angleterre que m'arriva le livre de Virginia Woolf. J'étais en pleine éruption d'écriture et me cherchais des approbations prestigieuses justement pour trouver dans les 200 m2 de la maison un endroit où écrire, un temps où écrire, sans toucher à l'équilibre familial et professionnel. Ce fut la nuit et dans le cellier, là où on rangeait les provisions. Mais si petite et si retirée soit-elle, presque clandestine, une chambre d'écriture à moi ne pouvait que déclencher des tremblements de terre. Je dus donc quitter la maison. Dans le modeste appartement où j'atterris au troisième étage sans ascenseur mon premier souci fut d'installer la table d'accouchement, la machine à écrire qui devait enregistrer l'oeuvre. De beaux rideaux bleus en velours. Là naquit le premier recueil de poésie, le premier cahier autobiographique. Vint le temps de peupler la chambre d'autre chair que fantasmée. Nouvelle étape, nouvelle installation conjointe. Malgré l'espace limité, les ajustements familiaux, à certaines heures de la journée je retrouvais une table, une chambre ... d'autres bébés naquirent en poésie et autobiographie. Finalement, tous les enfants partis, il nous restait à trouver un perchoir en montagne. La première soirée fut consacrée à équiper MA chambre. Le copain installateur se plaît encore à évoquer comment nous avons posé la moquette à 2h du matin. C'est de là que je vous écris, que je m'écris. Ma chambre est vôtre

02 décembre 2010

ABRANDER


Passer
ABRANDER
De l’occitan abrandar : embraser enflammer

Cette flamme ardente
qui abrande les cœurs
ai-je trouvé chez Azalaïs

« O flamo
Ounte se purifico e s’abrando l’amour » (Calendau)
ai-je ajouté à partir de lou trésor dou felibrige de Frédéric Mistral

Dehors la neige inlassablement plume ses oies, inlassablement la neige ment …
Dedans le froid gagne du blanc incandescent

ça y est voilà le feu mis aux mots ! il m’évoque les « brandons » de l’enfance, quand j’enflammais des bouts de bois par la grille de la cuisinière pour en éclairer l’hiver. A la St Jean c’était la fête des brandons.

Ex 1 : j’abrande le passé de ces éclairs heureux
Le présent s’en réchauffe et allume le feu !

EX 2 Pour abrander mes pantoufles trouées je m’en vais y coudre un « appequion » = mettre une pièce

Ex 3 : abrande la nuit par tes réalisations du jour et le jour par tes rêves de la nuit

01 décembre 2010

une chanson ...

Une chanson …
« C’est peu de chose
Mais quand ça vous frôle … »
La chanson en question était donc celle de Gilles Vigneault découverte quasi par hasard à gauche de ma table tandis que je cherchais, dimanche, à la demande d’Emmanuel, à relier les morceaux de musique du concert par le fil d’un conte. J’étais tombée sur ce texte à princesse dans un petit livre sur l’auteur récupéré dans la corbeille aux livres à prendre gratuitement à l’entrée de la Maison pour Tous. Ça tombait bien ! la Princesse venait juste d’entrer dans mon histoire …
Je me demande si les chansons, certaines chansons ne sont pas des sorcières ou des fées qui ont pleins pouvoirs quand elles veulent.
Bref ! nous nous retrouvons hier à Villard pour mettre en voix et découper le texte prévu entre conteuses …et que je vous avais aussitôt confié avant même approbation par la troupe !
J’avais lu le commentaire de Solange dans le blog avant de prendre la route ! je m’en étais réjouie ! j’y avais vu bon augure
Jackeline à l’arrivée connaît aussi la chanson qu’elle a chanté en chorale !
Elle l’entonne pour nous … hésite un peu mais décision est prise de nous retrouver l’après-midi pour l’apprendre sous la houlette de Françoise, chef de chœur par ailleurs et partition à l’appui …
Emmanuel nous rejoint pour quelques ajouts et modifications au conte. Il l’accompagnera au violoncelle …
Pourquoi le conte se finit mal, en lourdeur, en désespérance ? Solange tu poses la question de même que Liliane se tournant vers moi. D’habitude je suis plutôt de fibre optimiste … elle en est étonnée. C’est que c’est la demande du maestro et du synopsis qu’il m’a confié ! je ne fais qu’obéir ! il faut suivre la musique et ne pas faire n’importe quoi, or le dernier morceau ramène à la douleur du premier !

Elle est si belle cette chanson, exigeante si on regarde de près ! que nous en retirons, que j’en retire personnellement moi-même ! plein de peps pour la séance de contes à la Maison de retraite !

Une chanson c’est peu de chose
Mais quand ça vous frôle
Au creux de l’oreille
elle m'émerveille
/…/ allez donc savoir pourquoi !

C’est samedi que nous vérifierons si la chanson, la musique des violoncelles, le chef d’orchestre et les conteurs sauront faire passer le courant ! et le lien France-Québec ( Emmanuel comme Solange ont têté là-bas tous deux )
« Si le courant passe » … il y en a bien besoin ! neige partout ! blanc intégral ! c’est jour de pointe à la maison, faut que je charrie du bois ! je n’ai pas de déneigeur attitré aujourd’hui ni le restant de la semaine. Espérons que le bon dieu plumant ses oies fera un break avant dimanche si je veux sortir pour rejoindre le monde et la chanson à ne pas laisser perdre

« j’ai pour toi l’amour quelque part au monde …
Merci Gilles ! Merci Solange ! merci la Bonne Marraine ! Merci tous !