Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

23 mai 2008

LE ROUGE ET LE BLEU


Le rouge pleure sur la plage blanche
Il avait tant espéré
Il avait cru voir des apothéoses de branches
Sur les balcons illuminés

Non c’est pas tout foutu le rouge
Regarde !
Les mariés ne se marient plus
Sans accrocher sur Internet
des petits mouchoirs en dentelles

Le bleu hésite
Toujours la tête dans les nuages
c’est pas un boulot
Pourquoi pas l’herbe bleue
Pourquoi pas la bluette
aux revers contribuables
plutôt qu’une rosette démonétisée ?

Non c’est pas tout foutu le bleu
Regarde !
L’amour bleuit encore les regards
Les bleus à l’âme cautérisent

J’ai regardé en souriant
le rouge et le bleu
partir ensemble dans le vent
sur la plage et sur la place du marché
copains comme queue et chemise

22 mai 2008

LES IRIS


Que vous sentez bon les iris
Quand vous avez déjà vingt ans
Une heure, un jour, un moment
Que vous sentez bon les iris !

Que vous vous tenez fermes et lisses
Quand vous prolongez dans la nuit
L’éclat de ce jour assoupi
Que vous tenez fermes et lisses !

Trois pétales montent aux lisses
Trois se rabattent vers le bas
La pupille se fait complice
Et le regard suit en coulisse

Que vous êtes beaux les iris
Quand vous attardez chez moi

Et l’imprévu de vos caprices !
Le rose, le brun mimosa
Pivoine, mauve, réséda
Et l’imprévu de vos caprices !

Que vous êtes grands les iris
Arbres solides, perches plantées
A la porte de mes années
Entre l’enfance et le couchant

Beaux iris que vous êtes grands !

20 mai 2008

et ça repart Yop là !



- de l'atelier d'écriture le mot inducteur :"SPIRITUELLE"
- d'avant-hier de Sète les commémorations de Mai 68

Quand on me dit spirituelle : je tremble. Ai-je vraiment été si paresseuse à montrer ce que je suis. Mes bons mots ont-ils eu tant de peine à se dégager de la gangue de mon cerveau formé aux apparences du langage, à ses reflets dans la glace ? Présentement ne suis-je pas encore tentée de jouer à cache cache avec mon ego et mon sexe. White spirit, dit-on de l'essence mais ce sillage blanc sur la page blanche ne se voit pas. Or je veux être vue encore et encore. En or et en argent, pas en cette terre glaise, cette lourde argile de mes origines. Je veux incessamment rejoindre la classe des grands.
Je ne veux qu\'être. Dans le matin brumeux être ce rayon de clarté que je cherche. Ces petites boules jaunes de la plante dite " cornette", devant ma fenêtre. Qu'être une couleur parmi tant d'autres. A sa place, fleurie, en attente et en espérance de vie, sans souci de mort lente ou brève. Accordée.

Quand on me dit "spirituelle": je ris. N'est pas spirituelle n'importe quelle ritournelle, quelconque pimprenelle qui veut. Et c'est au féminin que j'aime l'adjectif. Femme, fille, d'esprit ! Tant mieux ! Douée de cet esprit d'analyse et synthèse qui fait les bons ouvrages reliés. Ouvrage que je lis chez Jacqueline de Romilly par exemple, ou chez Julie ou chez Gazou du blog d'à-côté, ou Azalaïs ou Andrée. La liste en est si longue ! Femmes de mai 68, de muguet du premier. Femmes toujours premières en elles et au dehors. Femmes de coeur, femme de peau. Femmes parfumées de mémoire.

14 mai 2008

INCONGRUITE


Le plus souvent le matin
a tendance à se lever
du bon pied
Mais celui-là le coquin
s’était foulé la cheville

Moral alité :
à retomber sur sa tête
on rétablit son assiette

13 mai 2008

LE TABLIER


Je ne suis de nulle part
Peut-être d’un cahier bleu
J’ai laissé le train en gare
et perdu mes clés
Et pourtant par la fenêtre
entre un rosier
Où sont passées mes lunettes
pour le regarder


Dans le tablier des anges
il y a des oeufs

12 mai 2008

BIEN DIFFICILE


« Bien difficile » : c’est le mot
bien difficile
Couché, il geint, il se tortille
refuse les définitions
s’impose dans sa brièveté soulignée
bien franc, bien massif, bien carré.
Assis, il crâne
Martèle
Refuse les substituts
N’en a plus rien à faire
Fuitt … bof …
N’en a plus pour longtemps
Merde
Ah s’il pouvait se taire laisser la porte ouverte foutre le camp caresser la chimère
Ta gueule
Ecrit, il nargue
Si peu que rien
Difficile « à demain »
Obtempère
En bas de page, par habitude
Espère ficile, fili, fil dis
lis lis effilit
bien bien
Debout, commence à se plaire
renonce à se plaindre
ici et maintenant
pas difficile
demande pardon.

11 mai 2008

MOT SUR LA LANGUE ?

J’ai vraiment un mot sur la langue
Un mot qui ne veut pas mûrir
Un mot qui prend le temps d’attendre
Mais que je ne peux retenir
Un mot inconnu, mot étrange
Sans doute puisque ma langue en fourche
En souffre de sa racine purulente
Russe ou bosniaque, grecque ou latine
Difficiles nos retrouvailles
Impossibles nos découvertes
Le mot pousse quand je m’éveille
Et pousse encore dans mon sommeil
Bleu est ce mot, me dit le rêve
Rouge de la tête aux pieds
Il se duplique dans mes narines
Mais refuse de s’exprimer
Sur le terrain des apparences
Bah ! Tant pis ! il faut que j’y aille
J’ai Dimanche dedans ma manche
J’ai lapins roses en mon clapier
Et ma langue soudain gourmande
Miaule et barit, chante et cacarde
Sur rythme d’onomatopées
Que le mot éclose ou se taise
J’ai tout un jour pour le savoir
Il n’a qu’à couver sous la braise
Je le retrouverai ce soir

Petit mot au bout de ma langue
petit mot doux ou mot brutal
je t’abandonnes aux calendes
et ne m’en porte pas plus mal

10 mai 2008

DANS TES TRUCS

Tout le monde est dans ses trucs. A l’église et à l’hopital.
Normal !
Toi tu es dans tes trucs
Laisse faire c’est pas grave
L’oiseau de paradis lui-même est dans ses trucs. Ses imaginations. Ses plumes.
Un à une il récapitule ses trucs, ses veines, ses chances, ses mandibules. Il débouche ses artères.
Il tourne en rond dans sa biosphère
C’est déjà pas si mal
Tant qu’il y a de la vie ya de l’espoir
Accorde à la nuit noire le bénéfice du doute, la permission de l’aube. Fais donc ! tant qu’à faire !
Une chanson : des morceaux, des bribes, des haridelles, roses, bleues, pimprenelles, pour chatouiller la nuit et lui déboucher les oreilles
« J’ai de la peine à croire que tout soit blanc ou noir
j’ai juste envie d’un brin d’folie ! »
Merci chanson ; t’es chouette ! merci Pascale à la voix chouette, à la voix rossignol, loriot, pinson, merlette
Et puis la lampe de chevet. Le crayon pinceau qui colle les mots. Bout à bout ça colle Anatole, ça coule Raoul
Y aurait-il autre solution ?
Ben non !
Bailler à s’en décrocher les mâchoires
Vous me la baillez belle
Bailler belle ou bâillon ?
Mouche ton nez Nettoie tes ailes
Prends le temps
Prends le temps, serre fort sans étouffer, tant qu’il en reste
Quoi qu’il en soit au pré carré la vie est belle
En soie, en laine ou en charpie
Lon la lon laine la vie
L’oiseau du paradis renaît dedans ses cendres
Ce drôle d’oiseau, c’fichu oiseau dans ses trucs sur ta branche

Prends ton temps ! prends ton temps ! dans tes trucs ! dans tes trucs !
vas-y j’t’écoute oiseau
ça chante
comme dans tes starting blocks
déblogue !

09 mai 2008

RYTHME INTERNE

Il y a un rythme
sourd comme une casserole
qui appelle dans la nuit
A force de tendre l’oreille
il se peut que je le capte.
La seule différence
entre la nuit et le jour
mon cerveau et internet
est que pour battre le rythme
il faut des gants neufs
et se connecter

07 mai 2008

Force et foi des matins
Il n’y a pas de mal absolu
Seulement la faiblesse de l’aube à dire oui
L’opiniâtreté des oiseaux à proclamer le ciel, l’arbre, le nid
L’histoire vécue n’est pas morte à jamais tant que des mots se lèvent pour la dire

La vie continue. C’est la vie.

05 mai 2008

la maison, elle ...

La maison,elle, a passé la nuit noire
A retenu toutes les notes du piano
Laissé les araignées tisser l’espace
S’est réveillée comme la veille, aussi tranquille, prête à nourrir, à rassembler
Laisse faire la maison tant que tu y habites !
Elle a une place pour chaque chose en toi, une cohérence
Elle a le feu dans le matin nouveau, le volet pour clore la lumière
Même les mots de révolte et d’angoisse elle leur prépare des tiroirs
Laisse faire la maison ! elle sait .
Depuis le temps qu’elle répare des vies, accoste des journées, endort les morts, aide-la à progresser dans le silence et à s’ouvrir aux oiseaux.

04 mai 2008

IRIS

Qui sont ces personnages qui racontent des histoires
la nuit le long de la rivière gelée ?
Les ai-je déjà rencontrés ?
Pourquoi pleure-t-elle ?
Ce n’est pas sa faute si les papiers se sont perdus
Et pourquoi le notaire ?
A-t-il changé de nom ?
Nous sommes trois, deux femmes et puis Elle
Je dois faire attention si près de la rivière
La berge en est mortelle
Et si je tombe à l’eau qui pourras l’écouter ?

Les réponses de Dieu ne sont pas dans les livres
ni même dans la bible

Merci d’être, Iris, ma fleur de gravité

Les oiseaux chantent
Il n’y a pas de banc d’accusé.

02 mai 2008

Femmes

Vous avez été de bonnes servantes
Vous avez rempli le cahier des charges
Vous avez veillé auprès de la flamme
Et quand vint l’hiver vous avez mûri

Toi, femme, aujourd’hui, qui quittes la braise
Qui laisses la soupe au chaud sur le feu
Que ton pas léger se joigne à tes ailes
Que ton souffle tû trouve le repos

Tu n’as pas failli quand il fallait coudre
Tu as su parler, te taire, écouter
Et quand il fallait tu savais résoudre
Les petits problèmes et les grands secrets

Comme tu avais, amie, l’habitude
De m’embrasser toute comme du bon pain
Toi qui fus la fleur au bord de ma route
Je te reverrai sur l’autre chemin