Mots et couleurs
textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles
31 octobre 2005
30 octobre 2005
LETTRE AUX AMIS LOINTAINS ET PROCHES
Octobre va refermer sa porte de nuages. Calmement. Le petit projet d’ajuster quelques mots sur une image, puis deux, a tenu la route. Quelques minutes fixées au bord du temps, à partager. Fragiles. Plus fortes de s’être senties serrées de près.
Un samedi matin, lendemain d’un bon vendredi d’improvisation musicale en groupe, une chanson est venue se poser sur le piano. Je l’ai saisie. Avec bonheur, avec reconnaissance, portée pendant une semaine jusqu’au blog. Libre de droits d’auteur ! A reprendre si quelqu’un entend à distance.
La vie continue puisqu’elle chante. « Viens ! » me dit-elle. J’y vais.
Je chante. J’aime chanter. Je suis en train de chanter à l’heure où cette lettre vous est transmise. Je finirai Octobre et commencerai Novembre en chansons. Pour la première fois depuis longtemps, une fête de tous les saints, sans visite au cimetière.
J’envisage d’écrire à partir de ce jour, pour le mois à venir, une fois au présent, une fois au passé. Promesse à moi-même et à vous. Incertitude de la promesse mais volonté de la tenir comme l’éphéméride d’octobre. Laisser parler les mots. Ecouter les couleurs. Si peu que rien.
Si peu que tout !
Your Gelzy
29 octobre 2005
CHANSON DE PIERROT
Viens !
On va visiter les châteaux
On va s’enfoncer dans la brume
On portera sur notre dos
La lune
Viens !
Nous irons par quatre chemins
J’ai vu ce matin dans tes yeux
Une petite lueur sournoise
Qui espérait dessus le feu
Jeter de l’huile et des noises
Oublie hier qui t’a blessé
Oublie le jour qui t’a vu naître
Je suis là près de tes souliers
Attendant que tes pieds s’y mettent
Viens ! Nous irons par quatre chemins
Laisse la clé et la serrure
Laisse sa force au bouclier
Laisse ta peur et ses murmures
Cache ta honte sous l’escalier
Passe sans plus tarder la porte
Pas une minute de plus
Il faut sortir, il faut qu’on sorte
Ou tu ne te reverras plus
Viens ! Nous irons par quatre chemins
On passera le pont si vite
Que tu ne pourras te noyer
Quand le soleil va se lever
L’amour sortira de son gîte
Tu me tendras ta main de reine
Moi, je te donnerai le bras
Et les voisins à leur fenêtre
Diront « Bonjour ! Comment ça va ? »
Viens ! Nous irons par quatre chemins
Ce cri qui te ferme la gorge
Dehors laisse-le s’en aller
Dévale la pente du pré
Il faut sortir, il faut qu’il sorte
Ce n’est qu’une question d’hormones
Il n’y a pas d’explications
Ton rire est la meilleure des bornes
A mettre à tes révolutions
Viens ! Nous irons par quatre chemins
Et de retour à la maison
Sur le piano noir de tes peines
Tu replaceras la chanson
Que tu as commencée la veille
La chanson vive, la chanson folle
Qui parle d’oiseaux, du Bon Dieu
Je retournerai à l’école
Nouvelle fois dedans tes yeux
Viens !
On va visiter les châteaux
On va s’enfoncer dans la brume
On portera sur notre dos
La lune
Viens ! Nous suivrons les quatre chemins
28 octobre 2005
VIENS! PRÉAMBULE
Elle gémissait. A nouveau elle se trouvait face à la porte fermée. L'énorme porte en fer. Trop petiote pour atteindre le cliquet du haut et le rabattre. Sans échelle pour grimper, sortir par la fenêtre. A nouveau paralysée par la peur. "ça" allait revenir, la détruire, la manger. Toute crue. A nouveau les mots aveugles qui tournoyaient derrière la porte du crâne, appelaient, disparaissaient … avant qu'elle puisse les saisir. Et pourtant quelques-uns étaient les bons, les clés du texte. A nouveau le silence de plomb derrière la porte de plomb.
Et lui qui arrive, s'assied, attend, regarde, compatit. Mais à nouveau ne parle pas, ne déjoue pas les pièges. Et il n'y aura pas de solution, et la démence va arriver, le cri va s’étouffer dans la gorge. A nouveau elle sera celle qui crie, muette devant la porte sans nom, pour que la porte tombe. Et ce sera un tel travail que de la relever, les bras en sang, la tête en feu, la mémoire lacérée. Une fois de plus, à nouveau, mais chaque fois plus lourde, inutile et lourde. La porte enferre, la porte plombe.
Il parle. Il dit « Tu penses que je suis un ballot qui ne sait pas ouvrir. » Merveille ! Tous les liens se délivrent. Elle rit. Ils ont échappé au charme de la porte blindée. Elle dit : « Tout à l'heure, avant, j'avais envie de sortir peindre. Tu veux ? Tu m'accompagnes ? » Ils sortent, laissent la porte toute grande ouverte. Porte de fumée. Ils ne la voient plus. Ils s'en vont lentement. Ils marchent. Le chemin marche. La montagne tend son image aux couleurs. A deux ils ont renversé la situation.
A nouveau tous les deux sur le chemin qui marche.
(Elle s’appelle Colombine. Quand la lune disparaît, elle s’enfonce dans le marécage des désespoirs. C’est là que Pierrot vient la chercher)