Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

20 février 2013

ce pays qui vient


L’enfant était parti sur son bateau si vite

qu’il avait oublié la boîte à couleurs
Mais quand il arriva dans la mer des Tropiques
et, juste à l’aplomb dans la mer des saveurs,
il échangea le bleu contre un pan de son rêve
Il mélangea le rouge à l’orée de ses pleurs
à l’or de l’arc en ciel.
Et, sans plus de soucis, sur l’aurore qui pointait
il toucha de son nez avec des doigts de rose
le rire du bonheur

16 février 2013

dans la nuit ...


Dans la nuit qui s’étiole
pousser ses obsessions
River son clou à la camarde
et, le temps d’arrêter
sur le fil un secret
donner l’absolution
aux remords et regrets
Revenir à la charge
Reprendre sur son dos
de petit bourricot
quelques mots qui s’attardent :
-       Amour avec grand A,
-       Beauté à petit b -
Se dire qu’une fois
- une petite foi famélique et butée -
vaut mieux qu’un long discours
Accorder son violon
avec ses illusions
Enfin, consolidé (e)
dans la nuit reportée
à l’aurore promise
avec des doigts de fée
se faire un pied de nez
le cœur dans la chemise

13 février 2013

la femme d'hier ...


La femme d’hier à l’arrêt du bus


Hier passait loi sur mariage
à la chambre des députés
Le soleil luisait sur les dalles
Elle n’en était pas éclairée
Indignée, révoltée, extrême
Elle tonnait et vociférait
Invoquait Dieu et la genèse
Entendait bien nous enrôler
jusqu’à ce que nos colonnes marchent
- Derrière elle évidemment -
sur cette entente nationale
promise à tous les châtiments

Pauvre Dieu pris dans sa tourmente
Pauvre femme coincée dans l’angoisse
Pauvres de nous si accablés
par ses diatribes vengeresses
que nous en pouvions la faire taire
ni partir sur la pointe des pieds
puisque, Passage du Dauphin,
nous attendions que Bus vint
où tous, homos, hétéros,sœurs et frères
mariés, pacsés, adultérins,
irions transporter nos chimères
                                             un peu plus loin

12 février 2013

bougie


Aujourd’hui que j’ai repris
de la bougie
la chanson lente
sa flamme semble
avoir grandi entre temps

                  ***

Sourire de la bougie
adressé à mon sourire

Est-ce moi qui l’éclaire ?

                  ***

Oubliée
la bougie a consumé tout son souffle

un peu de cire
sur la soucoupe-reposoir

                  ***

Donc

- comme la bougie dans le courant d’air -

chaque jour

DANSER

09 février 2013

bien sûr ...


« Bien sûr il y a les guerres d’Irlande
Et les peuplades sans musique …

Mais puisque nous avons le rire
entre nous comme une cascade

Mais puisque nous avons les tartes
aux pommes, aux abricots, aux noix

Si nous n’avons le dernier mot
nous avons le premier qui fuse

Bonjour ! dit le matin nouveau
Bonne Année ! dit le jour de l’An
Au printemps le tilleul en fleurs
dit à la vigne l’espérance
À l’automne le vin nouveau
dit à la neige la confiance

Bien sûr la chaise abandonnée
Bien sûr les doigts noués qui tremblent
Mais ce chemin entre nos pas
Mais cette étreinte dans nos bras
Et dans nos coeurs ce vivre ensemble

07 février 2013

la bougie


Toujours aussi courbée et droite
essaie aujourd’hui
d’allumer en moi
souplesse et droiture

Songer à lui confier même mission
si la nuit fait mine de basculer

                  ***

Accepter que certains jours
la petite bougie se taise

Carpe-bougie
oublieuse de mots

06 février 2013

A LA LUMIERE DE



La bougie veille sur mon silence

Petite bougie

Petit bout de bougie porte-silence

                  ***

Comme la rivière
depuis la source jusqu’à l’embouchure
la bougie

coule

vers sa lumière

                  ***

Allumer la bougie
Signe d’affection pour un jour
déjà levé depuis longtemps

                  ***

05 février 2013

jeunesse et prince


Elle pensa avec un frisson de joie qu’un inconnu allait venir la chercher pour l’accompagner dans ses randonnées à l’autre bout de la terre.
-       je savais bien qu’il allait venir ! se disait-elle. Il devait venir l’année prochaine … il viendra le même jour qu’aujourd’hui.
Qui se serait avisé de la croire folle quand elle jouait à ses jeux ! n’est-ce pas ainsi que rêvent les jeunes filles ? n’est-ce pas ainsi qu’elles transfigurent leur jeunesse en pensant à leur avenir ? n’est-ce pas ainsi qu’elles attendent des jours de bonheur que la vie leur doit ?
André Chanson « Adeline Vénician

03 février 2013

jeunesse


« Si une manifestation de l’esprit humain n’a plus la cote en ces jours c’est bien cette bonne vieille qualité que l’on appelle la jeunesse. Les gens s’en débarrassent en toute hâte, comme d’une vilaine maladie et, fouette cocher ! ventre à terre jusqu’à la feuille de paie et une situation dans la banque. Dès lors ils contemplent la vie à travers des verres désenchantés de l’âge mûr. Pourtant même au sein de cette génération de crânes dégarnis, il se produit parfois des accès de jeunesse ; et si atteints d’infirmité sociale qu’ils puissent être, les contaminés n’en sont pas moins de braves garçons, susceptibles de donner matière à une histoire tirée de leurs déraisonnables existences » 
Stevenson
La malle en cuir

01 février 2013

les jardins SNCF


Les jardins SNCF
62 !
Cadenassant les vélos, nous nous engageons à pied sur ce qui semble être un sentier pacifique et public.
Mais non ! une pancarte défraîchie, avec des mots raccommodés, nous indique que nous sommes là «  sous peine de poursuites » Brr ! … les épais roseaux d’un côté, derrière eux l’usine d’incinération, la voie ferrée grondante et tressautant au passage des trains, de l’autre, ne semblent pas avoir profil de poursuivants.
Nous poursuivons donc !
Une camionnette nous double, un salut amical …
Les jardins sont barricadés derrière des tôles, des planches, des lourdes traverses ancestrales dressées en palissades. Costauds les cheminots ! et méfiants !
Par quelques fissures on peut glisser un œil interdit sur, soit des friches, soit des terres préparées pour le printemps labours, épandage de fumier ( plus de friches que de propretés disponibles à la plantation).
Par endroits le terrain est plus d’épandage de déchets que d’abordage aux jardins du paradis.
Pan Pan ! c’est pour nous les coups de feu partant d’un blockhaus ? ( des « résidences secondaires » aperçues derrière les murailles de protection) En un vol gigantesque les goélands fuient en hurlant la zone d’approvisionnement derrière l’usine où ils étaient cantonnés. Nous avançons, prudents et ralentis …
Plus rassurant : Un brin de conversation
- avec le conducteur de la camionnette qui s’est arrêté à la parcelle numérotée de son lot,
- Avec la dame d’âge certain aperçue d’abord au soleil sur un banc puis grattant la terre avec une pioche ; « oui on est bien ici ! » Le mari vient voir qui trouble leur solitude.
Une campagne quelque peu bousculée par le bruit environnant, mais campagne tout de même avec la terre et les plantes. J’aperçois de sympathiques poireaux nouveaux, des tulipes mauves là-bas ? mais non ! des bouteilles de plastique Pierre !
- Avec, au retour, carrément le dernier salon où l’on cause et où on plaisante entre retraités. On devine des possibles terrains de pétanque entre les parcelles.
Oui ! c’est bien ça : ici on fait plus la fête et le pastis que l’agriculture en été  ! et non ! ce n’est pas un paradis puisque les anges sont absents !
Deux narcisses non protégés me font signe ( pas plus !) qui concrétiseront cette mini croisade ferroviaire .

Les cheminots sont sympa ! jusqu’à quand  auront-ils droit d’accès à ce vaste territoire ?