LES YEUX BLEUS 2
Voilà ce que racontent les pies bavardes. J’en suis une. On me l’a toujours dit. C’est ce qui plaît à ma marraine. Ma langue de pie, mes yeux bleus sont la preuve que je suis bien de la famille. Son père est mon grand-père.
Grâce à ma marraine, j’ai eu toutes sortes de dons sur mon berceau. Plus tard encore. Toute sa vie et la mienne ; J’ai eu des quiquis bleus dans mes cheveux, des robes en organdi de princesse, des jupes plissées de vahiné et de petits souliers vernis. Car nos pieds sont petits, nous les femmes issues de Philémon. Nos pieds petits, notre taille petite, notre intelligence grande, et nos yeux bleus. Avec ça nous nous sommes trimballées dans la vie sans perdre un pouce de notre taille. Nous avons regardé moi, ma marraine, ma maman, le soleil en face, l’avons traité en camarade … il pétille encore dans nos yeux, à 10 ? 50 ? 100 ans, il pétille encore les matins de printemps !
Quand on a cent ans, le maire de Lyon offre un bouquet somptueux, un de ses adjoints l’apporte en personne à l’appartement. On boit le champagne. La vieille dame aussi. On rit. Le photographe prend une photo qui paraîtra dans Le Progrès de Lyon. Pourquoi pas à 101 ? à 102 ? Pensez ! Une vieille dame, debout sous les flashes, rieuse, et qui a toute sa tête à défaut de tout à fait ses jambes …
Toute sa tête et tous ses yeux … Bleus. Comme le ciel sur la Saône un matin de printemps
Vacances de blog. portez-vous bien ! au revoir !