Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

22 mars 2007

CLOCHETTES DU PASSE


J'écrivais mon adresse avec ravissement et avec tous les détails ... Et j’ajoutais Monde, pour faire bonne mesure. Ainsi j’allais du plus grand au plus petit. J’inventais l’espace autour de moi. A douze ans, quand j’entrais en sixième, j’atteignis la connaissance du « par Morestel » le chef-lieu de canton. Jusqu’alors quelques expéditions m’y avaient conduite qui peuvent se compter sur les doigts de la main. Mon espace réel était le chemin, la route, la rivière … le Rhône … Il n’y avait pas besoin de préciser. « Ne va pas au chemin ! » « Fais attention à la route ! » Ma mère-poule n’aurait pas toléré que je m’en aille « par les chemins » autres qu’obligatoires. Je ne sauvais, pourtant, la nuit, bien entendu en rêve, le jour dans les livres et leurs chemins infinis mais aussi, à demi sous la menace de mon frère, à demi sous l’attraction de mes humeurs vagabondes, par « en-dessous » et par « en-dessus ». Le Bouchage, Cessenoud est relativement plat comme une crêpe, comme ma poitrine d'adolescente. Il n’y a que les dessous et les dessus qu’on s’invente et nous avions de l’imagination ! Par en-dessous on récupère quelques acolytes et pas des moindres ! Par en-dessus c’est La Loue, ses fossés gelés en hiver, ses jungles africaines, ses forêts de l’oubli et ses fleurs « pas-ordinaires » comme la fritillaire que Le Bouchage a baptisé clochette. Un bouquet de fleurs c’est peut-être joli mais c’est encore bien davantage utile pour éviter une « ramonée » maternelle ou une punition scolaire et excuser un retard inexcusable. La plupart du temps toutefois je devais rester à l’intérieur de la cour sous l’œil vigilant de ma mère. Je n’ai connu certains coins du Bouchage qu’après un mariage qui m’autorisait enfin à courir les chemins conjugalement et officiellement accompagnée par un gars grand-parentalement Boucharand. Et, la vie est pleine de surprises ! je découvre encore des coins nouveaux ( pas plus tard que … mais je ne vais tout de même pas raconter ma vie !)

On dit « son » village. C’est aussi le village des autres. On dit « hier », c’est aujourd’hui.

1 commentaires:

Blogger marie.l a dit...

mes absences n'ont rien à voir avec de la désaffection chère Gelzy, simplement un autre rythme de vie pour l'instant, mais quel plaisir de te lire encore et toujours !

vendredi, 23 mars, 2007  

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