Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

07 février 2009

L'HIPPOCAMPE et L'ENFANT BLANCHE 2



Sarah ma ronde, Sarah ma blanche, fille de Anne ma douce, ma claire, a , dans l'instant, adopté l'enfant pour fille, l'a descendue de la table, enveloppée dans la fourrure d'un lit maternellement bordé de son sourire, de son bavardage de pie car Sarah est pie aussi, comme sa mère, sa grand-mère et son arrière grand-mère qui présentement japiote au paradis. Et l'enfant blanche, celle qui parle à l'hippocampe , a dû glisser quelque conseil à l'oreille de Sarah car, aussitôt le cheval de mer de 5 m70 (imaginaires) sur 1,30, a rejoint son amie dans la corbeille à papiers-lit. Et de les voir tous deux, par les soins de Sarah, réunis au plus près, je me suis dit, moi qui écris au papier mais me parle à l'oreille, qu'il était temps, grand temps, d'amener les deux acolytes jusqu'à la plage d'une histoire ... qu'il était temps-que-l'on-prend, roulez tambour ! sonnez trompettes ! de dire au cahier d'écolier ce qui se chuchote dans les replis de ma cervelle et sur mon ordinateur secret.

C'était un petit hippocampe ( 8 sur 4 cm ) que j'avais rencontré à Sète. Je déambulais moi, en compagnie de la dame bronzée, poupée fétiche dans une paume ouverte qui m'ouvrait du même coup aux effluves marins, au tohu-bohu vacancier d'une ville-miroir offerte au soleil d'été. L'air était bon enfant, la chaussée mouillée par les jets d'arrosage des pêcheurs qui nettoyaient les casiers. Nous nous somme arrêtées près du petit vieux qui n'avait pas changé, à ce qu'elle en a dit plus tard au souper. Les mains encore alertes tressaient des mêmes doigts noueux que j'avais reconnus chez les grands-mères jardinières et cultivatrices, les mêmes doigts que ceux des prières de cordes, de chapelets d'oignons et de paniers d'osier. Elle lui parla, lui tout content qu'on le reconnut, elle toute émue de la pérennité des hamacs. Elle se permit de rappeler le premier hamac pour la première petite fille, Sarah, elle dit son nom, sous le poirier, tic-tac, le "'mac"à Sarah que, dès sa première année, l'enfant bronzée assimila aux pendules et autres coucous qui marquent la cadence et le temps de l'été. Sarah est une espèce d'enfant aiguille. Elle tisse et file dans les interstices des jours trop pleins de ses parents et même de ses grands-parents. Elle intercale ses silences, ses gros dodos, ses joies tonitruantes et ses envies soudaines dans l'utilité fonctionnelle de grands voués au rôle de géants . Sarah, c'est la danse des tic-tac heureux. Le vieil homme semblait ravi que ses doigts aient pu, si loin de là, donner des vagues rassurantes et des plongeons dans l'ombre du poirier. Il vanta les mérites de ses nouvelles productions plastifiées renforcées ; elle regretta le temps des chanvres et des sisals ( je l'ai toujours connue nostalgique des anciens temps ). Il fit cadeau sur l'addition des centimes en trop ( 58 à ce que prétend l'hippocampe mais je me méfie de ses manies monétaires comptables ) et surtout, oh ! c'est le moment de la rencontre, mon coeur bat, il lui offrit " pour vous porter bonheur ! - merci ! merci beaucoup !" l'hippocampe, celui qui est là, celui-là-même, avec sa jambe cassée depuis que Sarah « me » l'a abîmé, celui que j'aime.

1 commentaires:

Blogger Solange a dit...

C'est une belle histoire, moi aussi j'en veux un hippocampe.

samedi, 07 février, 2009  

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