Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

06 février 2009

L'HIPPOCAMPE et L'ENFANT BLANCHE



C'était un petit hippocampe que j'avais rencontré sur la jetée
à Sète. Dès notre première prise de bec, l'hippocampe et moi fîmes de fines et infimes plaisanteries. C'est moi...C'est Toi... Etc...
-"vous fîtes" rétorqua l'hippocampe qui n'aimait pas les responsabilités collectives.
" Décampe hippocampe ! " dis-je, de mémoire, aussi pour voir si l'hippocampe obtempère. ( présent de vérité générale)
Effectivement il entendait bien ma musique ; il m'emboîta le pas comme une seul homme sur sa seule patte et nous nous retrouvâmes
sur la jetée à S7te.
- Il est 15 h 52 Il est 15 h 52 et TROIS poussières ( j'ai plus d'une fois remarqué sa manie horaire). Si je te suis, c'est pour servir, on dit que je porte bonheur.
- Mais moi, je porte les bagages, demain je quitte la jetée, je jette les kilos en sus et un hippocampe de plus ...
Argumentation vaine : l'hippocampe emboîta nos deux pas.

A la maison - puisqu'il m'advint quasiment sans crier gare- l'hippocampe s'installa tout près de moi sur ma table prête, toujours prête on ne sait jamais, ma table à moi, celle que je préfère pour mes affaires, ma table qui ?...ma table quoi ! pour mes repas de stylo de style et papier, ma table dans mon cabinet.


- Erreur, ma chère ! Si je me suis installé, non dans ton voisinage mais dans celui de l'enfant blanche, c'est à cause de ses yeux clairs, de sa tranquille transparence à la lumière, et loin de ton agitation, à 53 centimètres, ( toujours sa manie métrique ! ), dans l'orbite de sa grâce repliée sur ses genoux et sur son coeur. Menton posé, à m'écouter. Elle parle, elle, elle n'écrit pas. Elle me parle. Je l'aime.
( Je suis bien bonne assurément de retranscrire ses sentiments, jusque dans leur version surannée. Une enfant" blanche", pourquoi pas une pierre taillée en forme d'enfant repliée sur ses genoux et sur son coeur ! )
Je glisse un oeil vers la dite enfant. C'est Anne, ma fille Anne, oui Sarah, c'est ta mère ! qui me l'a offerte. Un tout petit cadeau d'anniversaire de six cm de haut sur 4,5 ( qu'est-ce qui me prend ?) que je regarde, que je tiens dans le creux de ma main, cadeau rond dans le berceau de ma paume chaque jour sans anniversaire et sans cadeau où ma main cherche un talisman, chaque jour aux angles aigus, râpeux, chaque jour sans fille, petite fille, maman. Des jours muets il y en a comme ça Sarah lorsque l'on devient grande.

3 commentaires:

Blogger micheline a dit...

en cette sortie d'hiver
il faut bien
se couler doucement dans les mots des autres..
tiens ces petits trésors qui parlent
et bougent un peu au creux de la main

vendredi, 06 février, 2009  
Blogger Solange a dit...

J'aime beaucoup vos billets il y a toujours beaucoup de poésie dedans.

vendredi, 06 février, 2009  
Blogger Gelzy a dit...

alors je continue l'histoire ! forte de votre lecture en sympathie. Sarah a maintenant 21 ans !

samedi, 07 février, 2009  

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