Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

28 février 2009

LE RENOUVEAU


LE RENOUVEAU

La Maison d’Enfants où nous allons conter une fois par mois, sur le plateau du Vercors ( nous prenons la direction de Meaudre) était hier ensoleillée comme toute la région. Pas de manœuvre délicate, les parkings sont abordables, la neige fond … Nous sommes attendus. Notre arrivée provoque le rassemblement des enfants qui jouent dehors. Une petite fille bondissante me jette au passage « j’ai bien aimé la sorcière !» Je souris, j’avais oublié mon rôle de sorcière à Noël ( pour changer un peu des bons Père Noël et des rennes dévoués !)
Pour cette fois j’ai emporté mon bonnet de Pélagie, cette vieille très vieille paysanne qui me sert de grand-mère. Son devantier aussi, et son châle. Avant d’attaquer l’histoire du Pou de Turlendu j’indique que je tiens mes contes de cette PÉLAGIE sans télé ni livres qui les trouvait tout bonnement « sous son bonnet ». Et je gratte sous la coiffe pour en ramener le conte du jour ( un conte occitan rassemblé par Patrick Cazal Contes et légendes d’Occitanie NATHAN). L’astuce et le déguisement sont suffisants pour obtenir leur attention.
A la fin de la séance, les enfants s’égaillent pour rejoindre leur classe. Il y en a toujours quelques-uns qui prennent leur temps. L’un d’eux, Corentin, une douzaine d’années, me demande de coiffer mon bonnet. J’accepte volontiers avec un petit soupçon qu’il va se sauver dans le couloir pour faire rire les copains. Pas du tout ! Les maîtresses sont en train de discuter avec d’autres conteurs. Corentin commence à raconter … Je m’assieds dans un coin, il se pose sur mes genoux et voilà la Poule aux œufs d’or qu’il a ramassée dans ses cheveux du même geste que moi tout à l’heure le Pou de Turlendu. La parole s’installe, brode, devient cohérente en fonction de ses inventions. Je fais signe aux adultes qui rejoignent le petit cercle. Une fois fini, Corentin se lève pour rejoindre son groupe mais avant de nous quitter se glisse dans mes bras et pose sa tête sur ma poitrine en un geste de tout petit enfant. En fait autant avce ma voisine.
Voilà le miracle des contes ! La maison s’appelle LE RENOUVEAU
« Lo que cantèt recanta,e canta pas lo rot ! »
(Celle qui chanta chante à nouveau, et ne chante pas le râle !)
dans le dicton « celle » = la langue d’oc
Traduisons ici pour l’anecdote : toute langue vivante !

1 commentaires:

Blogger Solange a dit...

Ce doit être gratifiant d'avoir la reconnaissance des enfants. C'est beau de les faire rêver.

samedi, 28 février, 2009  

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