TOUTE LA BEAUTE DU MONDE
LA SAVOIE d’ANDRE KERTESZ
Alors que Julie est très sensible à la beauté des photos et au regard que André Kertész porte sur les visages et les choses, je me suis laissée davantage peut-être pipée par les mots dès que j’ai abordé le commentaire qui essayait de capter le mystère de l’union de l’une (la beauté) avec l’autre (le photographe).
P 30
« Du noir au blanc, le dégradé des gris suggère la richesse qualitative de notre rapport au monde. Le clair et l’obscur, le clos et l’ouvert, le dur et le moelleux, l’aigu et l’émoussé, le sec et l’humide, l’arrondi et le brisé, le plat et le bossu … Les points de vue privilégient la courbe et le creux pour dire l’incroyable douceur de ce berceau d’herbe au pied des cimes. »
Je suis alors renvoyée à ma propre tentative pour exprimer ce besoin d’union des contraires qui saisit l’artiste. Toucher la beauté et y être incorporé le temps de l’osmose. Le monde et moi, moi et le monde ne faisons qu’un dans la durée de la fusion, dans la mise au jour de notre nature profonde, dans l’union des contraires.
Voici le début du texte : ( de CHRONIQUES de l’amour qui n’en finit pas et de la vie qui continue, 23 NOVEMBRE 1984)
« Le léger et le lourd, le triste et le joyeux, l’ancien et le nouveau, je les ai convoqués ce jour d’hui dans mon antre et leur ai dit :
Allez mes bons amis ! Rivalisez ! Montez et descendez ! Accrochez ! Décrochez ! Vous êtes ici chez vous ! Je pends la crémaillère en un fameux banquet et je vous y convie ! /…/
Et sa fin :
« Il arriva alors pour tisonner le feu. Il s’accouda à la cheminée. Et je savais qu’il parlerait. N’était-ce pas pour lui tout ce tralala-là, cette cérémonie ? N’était-ce pas contre lui que j’avais invité le beau, le laid, l’amer, l’acide, l’onctueux, le sauvage, le fruste et l’élégant ? Et je savais que je l’écouterai malgré ma peur. Je savais que derrière le grand mépris affiché pour les intimes et leurs contraires, comme moi il souffrait de ne pouvoir les écouter assez, de ne pouvoir les faire taire. Il dit :
Ta maison ce soir nous a réunis en elle, à ton vouloir
Demain chacun pour soi !
Je suis venu – depuis le temps que tu m’appelles !-
Te dire ce que tu sais déjà.
Oui, tu m’aimes et je t’aime
Et jamais nous ne dormirons lèvres à lèvres.
A ta santé ! Buvons ! C’est assez bavardé.
Tant de possibles et toi pour les porter !
Il leva haut son verre. Tous s’évanouirent. Je restai seule. Le feu mourait. Le hâve, le boursouflé, l’aigre et le sucré, le cassé et le souple, l’esclave et le satrape,
Chacun avait laissé un cadeau sur la nappe. »
Bonjour à Tendre et Fière Julie ! Et une photo « à la Kertész » en guise de remerciement.
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