Mots et couleurs

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25 mai 2005

herbes et fleurs

HERBES ET FLEURS 23 mai

Monique a terminé le récit de ses aventures par une citation d’Eluard qu’elle avait l’intention de me transmettre ce matin en décrochant le téléphone.
« Les herbes et les fleurs ne m’abandonnent pas (jamais ?). Leur odeur suit le vent. »
Une de ces citations qui sont cadeau comme le bouton que Louis a chipé au rosier rouge dans la promenade hier au soir. A soigneusement ébarbé les épines pour me le tendre. Une demi-heure avant c’est Lucienne qui m’avait offert un iris. Un de ses somptueux iris dont mon appareil-photo a fait collection.
Les citations comme les fleurs, on les trouve belles. Est-ce parce qu’elle vous sont données ? Est-ce par ce qu’elles gardent de mystère ? En évolution, soudainement, elles arrivent vers vous et leur accueil est immédiat. On devait les attendre au tournant de la promenade, au penchant du matin.
Leur odeur suit le vent.

Très en verve Monique pour m’expliquer l’effondrement du mur de pisé de son garage : devis détaillé, interventions successives de plusieurs maçons qui se récusent devant l’ampleur des dégâts et la perspective que le reste de la maison y passe, visites d’experts en béton, en assurances. J’imagine assez bien la jeune femme élégante, juchée sur talons hauts, sortant de sa petite auto lustrée, abordant du bout des lèvres et d’imagination le mur en question et la boue qui l’entoure. Longue suite d’infiltrations, évacuation des eaux usées bricolée par le proprio précédent, inconstance du pisé qui réagit mal aux gens de la ville quand ils le crépissent de béton et l’empêchent de se montrer et de respirer : les explications ne manquent pas. La catastrophe totale a été évitée par les voisins-paysans de Monique venus à six heures du matin surveiller le mur litigieux pour aussitôt l’étayer avec les moyens du bord et avant que ne glisse le toit.
Le maçon spécialiste du pisé qui s’occupera finalement du cas s’appelle Piseau. Je ne crois pas que Monique ait inventé ce nom pour me faire plaisir.
J’ai gardé sous le hangar le pison qui a servi à tasser la terre dans les « banches » pour construire ma maison. Les banches aussi. La maison aujourd’hui mienne a été faite par des mains paysannes. Depuis je ne sais combien de siècles elle tient le coup ... Elle a résisté à de multiples inondations du Rhône. C’est la même terre qui a été extraite pour la bâtir que celle du jardin. Lourde, argileuse, la même que j’ai réduite en poudre avec la moto-bineuse pour la planter. Amusant de penser que la maison « fille du sol » peut aussi y retourner quand bon lui semble.
Amusant si on passe loin du mur grâce au récit d’une propriétaire dotée de bon sens et d’humour.
Seul le mot de patois convient à la situation. ABOUSER Il me semble que pour l’anecdote il peut mieux traduire qu’effondrer, le glissement du mur vers la catastrophe. Je l’apprendrai à la Parisienne. Mais est-ce qu’un seul mot sans ses voisins de dictionnaire est opérationnel ?

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