Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

16 janvier 2008

ECRIT SUR LA NEIGE

"Ecrire est averse de neige...Une floraison de blancheur dans l'obscur, telle serait la page qui se couvre de signes...J'écris avec ce qui se tait. Avec la neige montant du sol, cherchant la bouche muette du ciel."

Merci Solange de cette citation. Je me l’approprie. Je me la mange. Je me la savoure. Elle est à moi, son reflet dans la glace.
Elle est ma neige d’hier que je regardais dans ses yeux multiples, dans ses éclats scintillants sur les prés, les talus, les arbres, la terre labourée. La neige qui épouse, se glisse entre les plis, adhère à la conscience.
Je marchais, je m’arrêtais, et je m’éblouissais de tous ces éclats. Comme si je ne les avais jamais regardés de cette manière, avec cette attention, ce ravissement. Depuis que Julie est venue photographier la neige comme un cristal je la regarde avec en moi-même des paillettes et des cristaux supplémentaires. Je m’appliquais en marchant à ne pas sublimer ma joie, ma présence au monde. A retenir ma marche dans la lenteur et la prudence
"Ecrire est averse de neige...Une floraison de blancheur dans l'obscur, telle serait la page qui se couvre de signes...

J'écris avec ce qui se tait. Avec la neige montant du sol, cherchant la bouche muette du ciel."
Invraisemblablement cette redite vient de se glisser sur ma page. ( pomme V ? par inadvertance) Je ne l’ai pas voulu et elle est là, avec ses guillemets et aussi sans guillemets. J’écris AVEC. Je ne suis plus seule dans ma quête, un rien démente, pour donner corps à l’impalpable, au tourment, au désir confus qui s’époumone à se faire entendre. Je suis avec ceux qui liront, ceux qui écrivent, ceux qui disent de toutes leurs forces et de toute leur opiniâtre volonté de mettre à jour. Les travailleurs de la neige blanche. Comme Hugo nous parle des travailleurs de la mer.

Je suis en train de lire de Jean Hugo « LE REGARD DE LA MEMOIRE » et je m’émerveille de cette trace sur la neige du temps qui recouvre tout et puis qu’une bourrasque, une averse lave pour redécouvrir le sous-sol. J’en ai lu à haute voix des pages à Pierre ce matin. Besoin d’entendre la page s’élancer vers la bouche du ciel. Etre, par transmission, la bouche elle-même qui s’exprime.
J’écris avec la neige d’avant-hier, de ma mémoire d’enfant éblouie par la neige. Du fond de notre campagne la neige était comme un cadeau pour nous, les gones. Pas pour les grands, pour ma mère qui « berotterait » l’eau jusqu’à l’écurie, pour mon père qui tracerait à la pelle la « chale » pour nous permettre d’aller jusqu’à l’école. Boules de neige, miettes de gâteau de neige qui s’infiltrent dans le cou, brûlent de froid la gorge dans les jeux excitants entre garçons et filles. « je vais te faire bouffer la neige ! »
La neige d’aujourd’hui est faite de toutes ces mémoires, y compris les plus souillées. C’est à la fois un lourd handicap. Elle colle aux sabots. Elle est lourde à détacher. Elle obstrue les conduits. Elle ressuscite les engelures. Et une chance, une transparence, une naissance inespérée.

Stop ! G neigeuse ! Va manger, cueillir, déguster en direct. Laisse les mots flocons tomber en se désagrégeant. La neige fond. Le grand vent l’a labourée toute la nuit. Va profiter de ses derniers instants avant la prochaine chute annoncée !

3 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

heureuse de t'avoir inspirée,par l'intermédiaire de Maulpoix

mercredi, 16 janvier, 2008  
Blogger marie.l a dit...

en attendant de savoir écrire encore un peu, j'ai le plaisir au moins de lire et chez toi c'est toujours un régal !

jeudi, 17 janvier, 2008  
Blogger Gelzy a dit...

merci Marie ! je pense à toi souvent pour me maintenir au piano-lyre d'écriture.

jeudi, 17 janvier, 2008  

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