Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

28 octobre 2005

VIENS! PRÉAMBULE

Elle gémissait. A nouveau elle se trouvait face à la porte fermée. L'énorme porte en fer. Trop petiote pour atteindre le cliquet du haut et le rabattre. Sans échelle pour grimper, sortir par la fenêtre. A nouveau paralysée par la peur. "ça" allait revenir, la détruire, la manger. Toute crue. A nouveau les mots aveugles qui tournoyaient derrière la porte du crâne, appelaient, disparaissaient … avant qu'elle puisse les saisir. Et pourtant quelques-uns étaient les bons, les clés du texte. A nouveau le silence de plomb derrière la porte de plomb.

Et lui qui arrive, s'assied, attend, regarde, compatit. Mais à nouveau ne parle pas, ne déjoue pas les pièges. Et il n'y aura pas de solution, et la démence va arriver, le cri va s’étouffer dans la gorge. A nouveau elle sera celle qui crie, muette devant la porte sans nom, pour que la porte tombe. Et ce sera un tel travail que de la relever, les bras en sang, la tête en feu, la mémoire lacérée. Une fois de plus, à nouveau, mais chaque fois plus lourde, inutile et lourde. La porte enferre, la porte plombe.

Il parle. Il dit « Tu penses que je suis un ballot qui ne sait pas ouvrir. » Merveille ! Tous les liens se délivrent. Elle rit. Ils ont échappé au charme de la porte blindée. Elle dit : « Tout à l'heure, avant, j'avais envie de sortir peindre. Tu veux ? Tu m'accompagnes ? » Ils sortent, laissent la porte toute grande ouverte. Porte de fumée. Ils ne la voient plus. Ils s'en vont lentement. Ils marchent. Le chemin marche. La montagne tend son image aux couleurs. A deux ils ont renversé la situation.

A nouveau tous les deux sur le chemin qui marche.

(Elle s’appelle Colombine. Quand la lune disparaît, elle s’enfonce dans le marécage des désespoirs. C’est là que Pierrot vient la chercher)

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil