Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

14 mars 2008

TRAIN DE L'EST 4



Orage. La pluie martèle le toit métallique de l'hôpital, roule dans les chenaux, cogne aux fenêtres comme une malapprise. Une bouème ! Voilà ce que c'est, la pluie. La pluie, la grêle, la “nae”. Tous des bouèmes.
Mais tant et tant de barrières, de frontières invisibles entre elle et le grand soleil, qu’elle n’entend plus la pluie tomber ni le vent plaindre.
La pluie, la grêle le vent le tonnerre l’inondation la guerre le brouillard
L’infirmière de jour a reçu les consignes de celle de nuit : augmenter les doses de morphine.
- Sait-elle où elle en est ? N’a-t-elle pas le droit de savoir ?
a demandé sa fille.
C’est la première fois qu’elle ne me reconnaît pas
- Elle sait ! a répondu le spécialiste du sixième étage, venu en voisin.


Allons faut que je me dépêche de me repeigner. On arrive. Me voilà toute farfassée. Passe-moi ton peigne Fred ! Et mon porte-monnaie ? Ils me l’ont pris. Ils me prennent tout dans cet hôpital. Et mon panier ? Où sont mais passés les gones ? Et ces infirmières. Ils vont être tout trempe. Elles pourraient pas leur donner un parapluie quand même ces infirmières ? Gran ! As-tu attaché le Fend-l’air ? Tu sais qu’il est tout fou depuis qu’on nous l’a rendu de la guerre, tout fou quand ça pète de partout.
Gran ! Gran ! Fais bien attention à toi ! Fais bien attention qu’il te piate pas !
Ah ! La tante Philo, vous êtes donc venue attendre. C’est ben gentil. Fred, Louis, la Jeanne. Toute la famille ! Mais les gones. Où sont passés mes gones ? C’est mes enfants, mes petits.
Je vous ai apporté du cabri. On l’a tué hier. Et des petits pois. Ben non je suis pas fatiguée. On n’a pas soif. Merci bien
Fred remets donc ton mouchoir dans ta pichole. Et toi, ma fille va te gôner. Tu me fais honte avec tes quines sur le nez.
Maman t’es donc là ma maman. T’es venue aussi.
On a pris le train de l’Est. Le tacot. Il avait du retard.
Me voilà. C’est fini.

Guignole = s’amuse ( référence au Guignol Lyonnais)
En camate = en colère
Charret= petit chemin
Quines, quinettes, mèches de cheveux
Garouchon = gros morceau
Bouèmes= bohémiens
Nae = la neige
Farafassée = mal peignée
Feds-l’air = nom du cheval
Piater = piétiner

3 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

qu'il était joli et plein d'images le parler d'autrefois ...J'aime bien la farafassée

vendredi, 14 mars, 2008  
Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

peut être, mais l'hopital que tu nous évoque me serre la coeur, à moi, je n'ai pas réussi à aller au delà du mourant - et si déjà il faut, cela dure trop longtemps de partir des fois


j'ai écrit sur la réunion des bloggeurs aujourd'hui, avec un sondage ajouté - dimanche en 4 semaines, ça ira? tu pourras ajouter le lieu et date du 1e spectacle? j'espère qu'on se réunira plusieurs

la fête d'Argenteuil Magrébines a lieu samedi prochaine

dimanche, 16 mars, 2008  
Blogger Unknown a dit...

bonjour pourriez vous me dire s'il vous plait d'où vous tenez le mot farfassée ? Mon pere l'employait toujours quand ma mère était décoiffée. Est-ce un patois ? Il était originaire d'ardeche, il avait vécu à Lyon et en isere. Je ne trouve ce mot nulle part ailleurs. Pourriez vous m'adresser votre réponse à mon mail tartie.modelage@yahoo.fr Je vous remercie

jeudi, 26 novembre, 2020  

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