TRAIN DE L'EST 3
Il pleut. A seaux. Comme des cordes maintenant. La grande eau naturelle qui lave les chemins et va faire verser les blés et les avoines.
Les deux cyclistes se sont réfugiés sous le grand chêne à la croisée des "Ecuelles de bois" et de la Nouvelle route, quand le charret de terre de la Ginon rejoint la belle Route neuve goudronnée.
- Te voilà trempée comme la soupe, ma Nini ! T’es ben jolie avec tes quinettes sur les yeux !
- Dépêchons-nous Fred. On va être en retard aux Avenières. Et le temps de ranger nos vélos chez ton cousin le bourrelier, le train de l'Est sera parti.
Fred sort sa montre de son gousset. Il a mis son beau complet de noces. Elle, la robe de taffetas de sa mère que la gran lui a arrangée et que tout le monde a cru qu'elle était neuve. Et que son ventre se voyait même pas encore. Mais les voilà tout mouillés. De quoi ils auront l'air quand on les verra arriver à Lyon dans cet état?
On aurait pris le train aux Avenières. On aurait mangé dans le train le saucisson, la tomme avec un gros garouchon de pain. On serait arrivé à Perrache. Le beau-père est là qui attend. Son chapeau tout mouillé. La paille est fichue. Et ma voilette. C'est ma demi-soeur qui est avec lui. Elle a bien grandi dis donc !
J'ai pas osé aller au cabinet dans le train ! Où c'est qu'on peut faire pipi dans la gare ? Attendez-moi. Faut que j'aille faire pipi.
" Ah ! Charlotte! Allons gauler dans les champs
Prends ta hotte ! Que j'y mette mes noix dedans”
- Tais-toi donc Fred ! Qu'est-ce qu'on va penser de toi ?
- Et ben alors ! Qu'est-ce que tu veux qu'on pense ? Je m'en fous pas mal ! C'est le Louis qui va en faire une jaunisse quand il va te voir avec moi, la bague au doigt.
Veux-tu que je te dise, ma Nini, ça te va bien la flotte, t'es encore plus jolie toute mouillée que sèche ; Pareil que sous le grand chêne. Tu te rappelles ?
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