SUITE A IMPRO
SUITE à L’IMPRO : L’usine
Autour de la chanson
« C’est là que je suis née, que j’ai vu la lumière
Au pied des cheminées qui ne fument plus guère … »
Je suis partie à cinq heures du matin vers Morestel où travaille mon père Comme lui dans le froid du petit matin je suis partie. L’usine, travailler à l’usine, fait partie de mon enfance et de mon adolescence.
Danielle accompagne avec ses pinceaux. Elle me donnera l’œuvre. Hier au soir, à l’encre noire, cette encre noire chinoise qui a une épouvantable odeur, l’impro se prolonge … Je la retrouve ce matin à l’odeur.
Imagine Danielle une usine en plein air … Usine à courants d’air … Comme des crayons les cheminées écrivent sur le ciel un message imbécile, toujours le même : elles broient du noir. Elles découpent le temps en volumes, en volutes inconsistants. Elles soupirent … dans les nuages elles actionnent des marteaux-pilons. Elles tartinent, les usines … Elles turbinent, les frangines … Comme nous elles font ce qu’elles peuvent pour exister. Et puis, en dessous, elles réclament attention, patience, force, courage. Et, à la fin du mois, qu’il soit gras, qu’il soit maigre, elles recrachent le tiroir-caisse … Oh chichement ! Elles ont des comptes à rendre, des bilans à signer.
J’ai vu l’usine et ses kyrielles entrer chaque matin par le grand portail. Elle broyait les saisons. Elle avait ses humeurs … mais en ce temps c’est elle qui claquait la porte au nez des ouvriers, pas l’inverse
J’ai vu l’usine manger le temps. De mon père, de mes frères, de ma sœur, de ma mère. Moi j’ai fui à l’école …
Maintenant elle est morte ;;; c’est plus loin qu’on fabrique nos chaussures, nos voitures, nos pneus et nos clous ;;; L’usine n’est qu’un mot mort déposé sur la table l’usine l’usine l’usine l’usine de tissage l’usine métallurgique l’usine Servonnat la SOFAL l’usine du Sablonnet l’usine l’usine l’usine l’usine
1 commentaires:
je viens de recevoir un cadeau... merci, madame!
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