Mots et couleurs

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11 mai 2006

MOITIE DE COQ IV ET FIN

Bon ! On a laissé les choses se mettre en place. Quand on a vu que les Bruxellois étaient à peu près réveillés j’ai demandé à la première personne qui venait vers nous et qui avait l’air normale où on pouvait trouver la commission ? C’était une jeune femme avec des talons plats.
- Quelle commission Mamie ? qu’elle me demande.
Déjà je n’étais pas bien contente de me faire traiter de mamie mais bon ! Je n’avais jamais quitté La Loue. Je n’étais jamais allée à l’étranger il fallait bien que j’apprenne et la petite avait l’air gentille
- la commission de Bruxelles
- Mais il y en a tellement grand-mère !
- Ah bon ! Je sais pas : une commission avec une femme qui a des talons hauts et qui se tord les pieds dans nos chemins …
et ainsi de suite …on a taillé une bavette et on a fini toutes les deux par comprendre que cette commission-là se trouvait au parlement (de Bruxelles bien entendu) dans le bureau 4356 et nous nous y sommes rendues toutes les deux, avec mon coq bien sûr et sa compagnie …

Mais là ça n’a pas été du pareil au même. Quand on a eu trouvé la bonne commission elle venait d’être supprimée. Je commençais par m’énerver. Et mon trésor ? Et mes liards ? Qu’est-ce qu’ils étaient devenus ? Mon Coco qui s’était tenu tranquille jusque là s’est mis à voler dans tous les sens en s’égosillant et quand il a commencé à piquer du bec dans les dossiers ils se sont dit qu’il fallait faire quelque chose pour eux ( les dossiers)

Voilà qu’on nous emmène parce que la grosse nuit était arrivée jusqu’à un hôtel avec plein d’étoiles. Oh Pour être beau c’était beau ! Mais une fois arrivés à ma chambre ( je vous expliquerai comment à Bruxelles on ouvre sa porte avec un morceau de carton etc … et qu’on peut boire du champagne dans la chambre directement etc … et qu’il y a aussi la télévision etc …) ils avaient kidnappé mon coq.
J’étais tellement fatiguée que je me suis couchée et que je me suis endormie comme une masse.

Trois jours j’ai dormi, trois jours et trois nuits. A croire qu’ils m’avaient mis de la drogue dans le champagne. Pendant ce temps, mais ça je l’ai appris bien plus tard, mon coq se battait contre tous les malfaisants qui voulaient le faire disparaître …

Mon Dieu ! Si c’est pas Dieu possible ! Il aurait pu y laisser son demi-bec, sa demi-queue et sa demi-crête s’il n’avait pas été si intelligent et surtout s’il n’avait pas logé avant de partir dans sa moitié de derrière, le gouet, le renard et le kiak …

La première nuit ils l’ont logé dans une batterie de poulets industriels, en bout de chaîne. Coco regardait, ahuri, l’espèce de chose bizarre que les gallinacées aux normes européennes avalaient sans comprendre 24 heures sur 24. Par derrière une autre chaîne enlevait leur crotte et la faisait passer dans une machine qui la redistribuait par devant. Les pauvres bêtes avaient la tête enfoncée dans un trou juste au-dessus de la mangeoire et ne pouvaient ni tourner la tête à droite, ni à gauche, ni bien entendu crier quoi que ce soit pour se faire entendre. Quand il a vu cette horreur mon coq a dit « Renard sors de mon cul et délivre ces pauvres malheureux ! C’est une vie qui n’est pas une vie que de manger sa fiente »
et le renard a saigné en une nuit toute la batterie de poulets décérébrés.

La deuxième nuit ils l’ont mis avec des bœufs. Pas des grands bœufs dans une étable, des grands bœufs blancs marqués de roux, non ! des sortes de monstres, blancs comme des cachets d’aspirine, attachés et engorgolés comme des oies avec des tuyaux. Des bœufs qui ne meuglaient plus, entravés par les pieds mais qui n’essayaient même pas de piater ce volatile qui leur tournait autour. Alors mon coq de guerre lasse a renoncé à les délivrer et il a dit :
- Gouet sors de mon cul et fais ton travail ! Ce n’est même plus des bœufs fous, ce n’est que de la viande industrielle européenne qui ne sert à rien !
Et le gouet s’est mis au travail et le lendemain matin quand ils sont venus voir si mon coq avait bien dormi ils ont trouvé un vrai tas de viande sans goût ni grâce à la place.

Ils ont appelé les militaires. Ils commençaient à comprendre qu’un coq du Bas-Dauphiné, quand il s’y met, on ne peut ni lui faire entendre raison ni l’arrêter de comprendre. Alors toute l’armée de L’Europe au grand complet, l’Otan et tout le saint frusquin ont conduit mon coq sur une plage de la mer du Nord. Ils se croyaient qu’ils allaient le perdre, que cette fois-ci ils en seraient débarrassés. Ils l’ont lâché en pleine nuit sur une côte toute noire. Complètement à borgnons mon coq voyait clair dans leur jeu et dès qu’il a aventuré sa patte sur le sable noir « Oh la la ! s’est dit mon coq, ça sent le mazout ! »
Je sais pas comment il avait reconnu le mazout vu qu’on ne se chauffe qu’au bois à La Loue mais c’est là, juste à temps, qu’il a battu de son aile et qu’il s’est envolé en piaillant :
- Kiak sors vite de mon cul et nettoie-moi cette plage. Débrouille-toi tout seul je m’en vais délivrer la Pélagie ! Mon coq avait tout saisi du complot.
-
Et notre petit Kiak de rien du tout, notre petit kiak de Chez-nous, a nettoyé d’un coup de langue toute la marée noire. Comme quoi vous voyez ! Si les petits ruisseaux font les grandes rivières, un petit ruisseau tout seul peut nettoyer la mer !
Moi je dis qu’on en apprend tous les jours ! C’est bien pour ça que je suis pas pressée de mourir !

Comment je suis revenue en train jusqu’à La Loue depuis Bruxelles dans un wagon spécial avec l’armée de L’Europe qui me rendait dans chaque gare mes honneurs, mais pas mes sous, je vous raconterai pas cette fois.
J’ai mon grain à donner aux poules et double-ration à mon Coco ! Il l’a bien mérité !

- Petit ! Petit ! petit !

1 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Désolé, je pars demain et je ne peux que dire au-revoir et à bientôt sans poouvoir prendre le temps de tout lire.
C'est ta faute aussi...
Juste quand je pars, tu nous en mets des pages. Je reviendrai...
J'ai programmé qqs recettes de cuisine pour meubler pendant mon absence. Ca te donnera peut-être des idées. Dur-dur tous les jours de savoir ce qu'on va se faire à manger...
Bises fraternelles

dimanche, 14 mai, 2006  

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