5 MAI II JARDINIERE
Il va pleuvoir. C’est annoncé. Les oiseaux n’en ont cure.
La cure pour moi commence demain. Aujourd’hui il convient, il conviendrait que je jardinasse. D’ailleurs la porte à peine ouverte et les cui-cui alentour entendus, le coucou fidèle au poste là-bas derrière les peupliers, le jardin a germé dans ma cervelle pourtant mal labourée de la nuit.
L’appel du coucou c’est l’appel de ma mère, c’est l’appel du jardin. La pelle et le piochon, le râteau, la brouette … C’est l’appel de mai et de cette terre depuis si longtemps la mienne.
Tout au long de mon jardinage je n’ai cessé de bavarder avec vous, avec ma mère. Aussi lointaine et paradoxalement aussi proche que vous dans le matin à frous-frous et dentelles de jardin.
N’est-ce pas que je sais Y faire ? N’est-ce pas que je sais comment ? N’est-ce pas évident de planter à cet âge où les graines ont été prévues dans leur sachet pour en être tiré ? Où les muscles obéissent encore, où la mémoire commande, où le temps s’y prête à nouveau ?
Et donc :
- les courgettes ( mes plants un peu jeunes mais ils n’attendraient pas la fin de la cure) sur un coussin de fumier récupéré dans le champ voisin et ramené avec ma brouette couinante. Ce n’est pas du vol, tout juste de l’emprunt, et de toute façon l’énorme tas ne descend pas sous mon trident.
- -Les haricots, les « beurre » et les « royal », les jaunes et les verts … Ce sera si bon les haricots frais cueillis ! Rien à voir avec des conserves ou du surgelé !
- les betteraves rouges, les carottes, le persil, les oignons blancs avec un peu de terreau par dessus. La terre argileuse d’ici est lourde, et sèche en ce moment. Malgré la préparation fine d’il y a trois semaines elle ressemble à nouveau plus à un chemin empierré qu’à un semis.
- Piquetées aux deux bouts les rangées me font autant plaisir à contempler qu’une lessive à l’étendage.
- et surtout les poti-marron. J’avais semé en godets de terreau les graines achetées le jour même de la dégustation chez Marthe du gâteau au poti-marron. Les plants sont drus, ceux-là je les avais laissés dans la serre au lieu de les placer sous surveillance rapprochée à St Nizier et ils se sont très bien débrouillés tout seuls. Mais je n’avais pas fait attention sur le sachet que c’étaient des courges coureuses. Où trouver la place pour les placer sans qu’elle boulottent le reste ?
Merveille ! (Et compassion de la nature pour mon manque de prévision.) A la terre ( « la terre » c’est le terrain à 300 m de la maison que je cultivais jusqu’à l’an dernier mais que j’abandonne) une bande de plastique noir quelque part du côté des fraisiers a protégé le sol des mauvaises herbes. Il suffit que je la retire, découvre un labour très fin fait par les fourmis, un coup de pioche et voilà mes plants repiqués. Qu’ils s’arrangent maintenant pour grandir et étouffer les mauvaises herbes !
C’est tout. C’est le jardin de mots d’une jardinière d’occasion qui ne sait ni renoncer ni cultiver vraiment. Une bricoleuse (de génie d’accord), une sacrée veinarde ( sa mère lui a greffé des doigts qui aiment gratter les racines, câliner les souches … et taper les blogs avec la « dame » de bois des anciens temps !)
Dire qu’il y en a qui mangent leur première cerise aujourd’hui ! Moi, c’est la première rose qui m’a fait saliver de bonheur !
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