MOITIE DE COQ III
III LE VOYAGE A BRUXELLES
Cet objet ! Vous vous rendez compte de la vourientise ! un « objet » mes sous ! ma dot ! mon héritage ! c’est pas que j’en ai besoin ! mais ils sont aussi bien chez moi que chez lui ! Nom mais des fois ! Je les aurais mis sur le buffet et on aurait pu les regarder tous les jours du Bon Dieu avec les gones de l’école qui viennent me voir pour que je leur apprenne le patois !
J’étais tellement estomaquée qu’ils sont tous partis comme des dératés sans que je leur paye le café ! Le maire a juste ajouté en coin
- Vous en faites pas la Pélagie ! Je vais voir ce que je peux faire !
Et puis le temps a passé. J’ai continué de kiaper mon bois avec mon gouet sur mon billot sous le hangar mais je voyais mon coq bien en camate !
Un jour, très exactement un an et un jour après, je vois mon coq qui redresse sa moitié de crête et sort de la cour. Vous savez que ma cour n’est pas fermée et qu’on entre et qu’on sort à La Loue comme dans un moulin. Donc il s’embarque par le chemin des Quatre Vies, avec un air de coq bien décidé à faire ce qu’il avait envie et là j’entends mon gouet qui lui dit :
- on té que te vo Dimia-Polaille ?
- De voua à Breuxelles ki no liards !
- O ben de voua avo té
- Si te vou ! Monta diin mon cul ! Te portarae !
Et les voilà partis tous les deux ! Je pouvais pas les laisser s’en aller sans moi, sans … passeport, sans carte, sans le moindre sou vaillant. Que sais-je ? Jamais mon coq et moi nous n’avions quitté notre Loue mais je suis au courant des usages.
Bon ! Je les suis.
En passant près du gros chêne au bout du chemin des Golates, je vois le renard qui sort ( un vieux renard presque aussi vieux que moi et tout-à-fait inoffensif) et qui demande comme ça :
- On té que te vo Dimia-Polaille … etc …
- ( Où vas-tu Moitié de Coq ?
Je vais à Bruxelles chercher nos liards
Je vais avec toi
Si tu veux Monte dans mon cul ! Je te porterai)
Vous savez que pour gagner la grand-route il nous faut passer par le Pont Rouge, le pont des romains. Quand il nous voit passer sur pont le kiak se penche et s’y met : lui aussi voulait être de la partie !
-On té que te vo Dimia-polaille ? …
/…/
(Prenez la peine de relire la suite car c’est très important pour comprendre. De toute façon si vous n’avez pas le temps c’était pas la peine d’embarquer. Vous pouvez descendre …)
Le Kiak c’est notre ruisseau qui se jette dans notre rivière. Laquelle rejoint notre Rhône bien entendu ! Je me dis « oh ben il va prendre bien de la place le kiak dans le cul du coq ! » mais non ! Tout est rentré et on est arrivé à la grand route.
Là je résume un peu pour les trop-pressés qui ont de l’ouvrage sérieux à faire ! Moi de même : j’ai mes chèvres à traire, l’herbe à donner aux lapins et cuire la périé du cochon … Alors abrégeons !
A la grand-route on a rencontré la Juliette qui travaille à Lyon comme coiffeuse et qui se fait le trajet tous les jours la pauvre. Elle était bien contente de nous avancer et on a blagué un peu pour faire passer le temps. J’avais mis mon coq et tout son attirail dans mon devantier sur mes genoux mais on a mis quand même la ceinture pour pas que la yeyette ait une amende à payer …
La Juliette connaissait un C’EST- ERE- ESSE, (elle lui coupait les cheveux de temps en temps !) un homme bien gentil qui ne parlait pas dans son casque mais comme la nuit était arrivée ça n’avait pas d’importance, il nous a installés sur le tansad et vogue la galère jusqu’à la capitale … On a dormi un peu ! On était bien attachés !
De là un routier nous a pris à bord. Un cinq tonnes ! Oh c’est impressionnant mais, comme pour le C’EST ERE ESSE,( ça veut dire à ce qu’il paraît « c’est raté pour passer sans papier » ) on est passé les premiers partout.
Et au petit matin on est arrivé à Bruxelles !
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