Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

02 novembre 2006

TETE DE KIAN

Il est des hasards heureux pour peu que l’on marche à leur rencontre. Des retrouvailles de mots, d’amours, d’amour des mots qui posent sur le présent nostalgique du jour, un parfum de passé joyeux.
« Tête de Kian » était une impression sans concession pour anathématiser le coupable. Tête de cochon, caboche dure, homme buté et sans jugement … Oui c’était surtout destiné aux hommes. Non que les femmes ne fassent jamais preuve d’entêtement, de sotte rigidité, de manque total de lumière intelligente etc … mais comme je l’ai essentiellement entendu prononcé par ma mère ( eh oui ! toujours elle ! ) à l’encontre des hommes … j’ai toujours imaginé qu’eux seuls en étaient pourvus.
Bref ! Qu’en est-il du hasard sorti d’une tête de kian ?
A l’origine un bavardage sur nos origines justement et nos pratiques familiales. Les sous, l’argent de la famille, l’argent des œufs, du lait, des tomes … ici mis en dessous de la boîte à chocolat, là dans une grande faisselle, pièces et billets en dessous. « Tu sais un kian pour faire des gros fromages ! « « Ouaih ! un KIAN, Répète ! tu as bien dit un Kian ?»

Et bien voilà. L’analogie est évidente. La grosse faisselle à tome de quête que je ne savais nommer. La grosse faisselle métallique, trouée pour laisser passer le petit lait. (voir si on s’intéresse à cette question, précédente communication de MOTS ET COULEURS) a servi à désigner les têtes rebelles. Elle a justement la taille d’une têtasse. Une tête vide de bon sens. Une tête à trous qui ne retient rien de ce qui est bon à comprendre. Bien sûr quand elle est remplie, ça change !
Le kian devient alors porteur d’un délicieux contenu qui nourrira le reste du corps, de la famille toute entière. La tête de kian peut s’améliorer. Il suffit de la nettoyer de temps en temps de ces salissures et déchets amassés dans les coins sombres, les immanquables greniers d’une vie.
Elle reprend vie. Comme les mots. Comme les amours.

« C’est alors que tu entreras( la mort) mais je te dirai « Entre et assieds-toi »
Et ce que je verrai alors, ce ne sera pas ton visage ; victorieux de toi jusqu’au bout, libéré de toi par ta présence même, tu sembleras disparaître ; et ce que je verrai monter devant moi, le rassemblant une dernière fois au seuil de la nuit de toujours, ce seront les visages chers, ce seront les choses aimées, la montagne, les champs, le lac, et au-dessus d’un jardin d’abeilles, l’image d’un poirier en fleurs. » Ramuz.

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