Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

06 décembre 2011

lettre d'Amérique


J’abandonne le sujet. Je veux récapituler les silhouettes que j’ai entrevues, dans le métro de Boston, ses rues, quelquefois avec toi, quelquefois sans toi. La rue comme un musée humain, Les Etats Unis comme la Gardner collectionnant les types, les mesures, les teints, les démarches et uniformisant le tout avec un accent à couper au couteau, comme un brouillard impénétrable : pâte épaisse sonore, collant aux oreilles, tellement que j’ai été agacée tout-à-l’heure d’entendre 2 français de France déconner sur l’art. T’en souviens-tu ? en 1 mn deux conneries majuscules dans le plus pur accent de Corneille :
1- je le mettrai bien dans mon entrée ( il s’agissait du Corot)
2- C’est pourtant pas bien difficile à faire

Pourquoi faut-il que je commence ma collection américaine par deux arborigènes bien de chez nous alors que j’ai annoncé couleurs et démarches locales. Voilà voilà …
1- Il marchait drôlement. Il est descendu de la rame B ou C( nous attendions la E) avec sa copine. Je n’ai compris le pourquoi de son allure que lorsqu’ils atteignirent les escaliers de sortie. Il marchait en attaquant par les pointes.
2- Elles n’ont pas de visage. Du moins quand je les vois, je ne descends, incrédule, que vers leurs fessiers et leurs cuisses. Je m’étonne de la finesse de leurs chevilles et de leurs petits pieds, us égards à la masse qu’ils soutiennent. Elles tiennent debout pourtant comme les chinoises des légendes mais comment peuvent-elles dormir ou s’asseoir, manger encore, faire l’amour avec de telles protubérances de Vénus hottentote ? Et surtout ce qui me tourmente : comment sont-elles devenues ainsi ?
3-Le groupe qui s’avance vers moi est fait de jeunesse asiatique. Le guide américain, long, élancé, a la dégaine nonchalante d’un aviateur 2ième guerre mondiale ou d’un acteur. Bonne illustration du mimétisme des groupes. La culture qui vient de me dépasser ne se gave pas de bière ou vitamines à bon marché.
4-Angoisse encore quand la misère cumule l’âge, la pauvreté, un brin de folie. Les petites vieilles, celle en dentelles du café « Au bon pain » qui raflait les pots de crème, celle, chinoise, du quartier chinois, glissant sur ses savates, celle qui jette des détritus qu’elle tire de ses innombrables sacs en plastique sur le ballast, pieds à demi nus dans des savates de clocharde : toutes furtives, petites, effarées, incongrues, me font mal au cœur et aux yeux.
Au revoir Pierrot ! Fasse le ciel que tu ne me vois jamais ainsi !

1 commentaires:

Blogger Solange a dit...

L'Amérique à de bien belles choses, mais elle a aussi beaucoup de laideurs.

mardi, 06 décembre, 2011  

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