Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

24 février 2011

c'est pas rien 3


Aimer servir ... parce que depuis qu’on est sur cette terre, on sait ce qui nous reste à faire : le pâté de lapin, les pets de nonne, les œufs à la neige surtout, pour l’anniversaire de Marcel, celui qui marqua l’arrivée du printemps 1934.
Donner aux poules, donner au cochon, donner aux vaches, aux chiens, aux chats ...
“As-tu donné aux bêtes ? Je vais te donner ton goûter ”
Et puisque la pluie vient de s’arrêter, filer au jardin constater les changements, arracher là un ravon, ici un péopat, se mettre à quatre pattes, à cacabouson, pour éclaircir les semis ; empoigner la bêche, le râteau, le pique-feu, la triandine
fore couère ... S’empillyir ...
Aider, “ donner la main. ”. Aider les voisins qui en retour vous rendront service, payer les services en œufs, en fricassées, en fleurs ... En quatre mots lancés par-dessus la haie ...
Aider la nature, le temps ... Se couler dans les interstices du temps, des choses, pour les mieux accueillir, pour leur rendre leur poids de plaisir et de vie ...
et ça, d’année en année,
C’est pas rien !

Peut-être qu’en reprenant ces pans de mémoire vive, qu’en allant glaner ces traces de toi comme tu m’envoyais glaner sur le champ de blé, juste après la moisson, cette poignée d’épis pour les poules, afin que pas un épi ne se perde ... peut-être que j’essaie, définitivement, ou une seule fois à la fois de plus, d’habiter mes foyers de mémoire
peut-être aussi que je ne fais que t’imiter ...

Tant qu’on peut ... Pas don ! À quoi ça servirait de rester lali lala avec un nez bouché, de faire la bobe au mauvais temps, de regarder n’importe quelle cucuterie à la télé hein ma Cucute ?
À rien !
C’est pas rien Maman la vie. Nous ne sommes pas “ peu de fait ” encore moins des riens du tout, nous, la Gie et toi, ma Maman, nous sommes des petits morceaux de Bon Dieu tombés en terre Dauphinoise par pur hasard mais ce langage, ces mots installés en nous, par héritage, par autres hasards, par écoles successives, c’est pas rien d’avoir voulu et réussi à le mélanger à notre sang, à nos cellules pour, chaque jour, le faire intrinsèquement nôtre, le définir de notre propre manière ...
Mais oui ! Il y a de quoi en être fières !
Nous sommes QUELQUE CHOSE“ QUOQUORIN ” et là, tu ris, tu appuies sur le patois lourdement pour se moquer de lui et pour le faire chanter. Volontairement tu t’en empares ; tu fais de “ ton lot ”, bénéfice. Et à force de faire quelque chose tu es devenue quelqu’un. Et pas n’importe qui !
Oh ! C’est pas rien la Marcelle ! Et ça, au-delà même du quartier, tout le monde le sait.
Le savait.

2 commentaires:

Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

c'est pas rien - que c'est vrao

jeudi, 24 février, 2011  
Blogger Solange a dit...

Une vie de labeur, mais une belle vie.

jeudi, 24 février, 2011  

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