LE MATIN SUR MON ILE
Le matin sur mon île s’ouvre de tous côtés
Aucun mur, pas une frontière
L’eau clapote à tout va
La lumière se dépêche
d’atteindre son versant
sans que rien ne l’empêche
Les grands arbres lancés
à l’assaut du grand ciel
n’ont pas été plantés
C’est le vent qui s’en vint
sans compter les années
y déposer les graines
Ce matin-là sur l’île
quand Phonse est arrivé
avec les frères Togo
(Non pas des cannibales !
Mais leur ancêtre avait
sans doute pour quelques balles
chassé l’homme là-bas)
ils ont posé l’arpie
dans le fond du bateau
l’arpie, les rames, la musette …
Avant de commencer
la hache sur le dos
ont craché dans leurs mains
Bu une lampée de gnole
« No y van !» ont-ils dit
sans autres précisions
inutiles on le sait
car de tels compagnons
n’ont pas besoin de mots
pour lancer la cognée …
Ont attaqué le chêne
ont tronçonné l’aubier
À deux c’est plus facile
de manier le trussier
lâché l’outil de temps en temps
pour s’en aller pisser …
Vers neuf heures le casse-croûte …
Mon père a dans sa poche
la montre en argent rond
un peu vexée de ne servir à rien
puisqu’on a le soleil
pour rassurer les heures …
Mais s’il la sort quand même
ce n’est que pour les frères
qui vérifient ainsi qu’il a l’sens des affaires
car un chef se doit à son autorité.
Le soleil au zénith invite à se « chiètoa »
Pas besoin de fauteuil
Un seul tronc fait la paire
Pas de radio de bord
Pas de cris de colère
jusqu’à ce que le soir invite à embarquer.
Grand maître aussi sur le bateau
Coupeur de bois
Charmeur d’oiseau
Du grand Rhône
Grand timonier
sachant souquer
1 commentaires:
Elle semble bien belle votre île, sauvage puisqu'il faut déboiser.
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