ILS
Ils parlent. Dans le creux des rochers, le dos calé pour l’un, pour l’autre les jambes étalées au petit vent marin. La mer bat la plage rétrécie cet hiver à quelques centimètres.
L’un vient de la goûter, la mer. Il lui dit qu’elle est bonne. Ça fait du bien un bain. Ça déride les flots et ça soulage les vieux os. Ça cautérise.
L’autre hésite encore. Il préfère échanger. Et combien vous gagnez de retraite ? Deux mille ! Respect. Ah ! une complémentaire ! Je me la suis payée ! Bien sûr ! c’est normal.
L’un dans le bâtiment, mais attention ! les gros chantiers ! et l’autre dans les cadres, et les hélicoptères.
Pour les enfants ils ont eu ce qu’il faut : quatre pour l’un et trois pour l’autre.
L’un rentrera à la maison, près d’ici. Un bon achat à temps, secondaire essentiel. L’autre est de nulle part : Tunisie, Malte … la Suède …
Son vieux slip fatigué lui pend entre les jambes. Sur les conseils de l’un il asperge sa nuque, risque trois pas de plus dans l’eau et la vague aguichante. C’est qu’elle est fraîche encore ! Ce sera pour demain … peut-être …
Demain … Peut-être qu’ils mangeront ensemble, et parleront encore : le travail, les enfants … Silence sur les femmes …
et la mer, oh la mer ! qui lave les poussières et laboure les chagrins.
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