Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

23 février 2007

DES LIVRES


J’ai oublié mon bouquin d’Alain Rémond à la librairie. J’espère que je vais le retrouver. Juste à la place du signet où je l’avais arrêté. Bouquin de connivence : ces temps d’enfance, lui en Bretagne, moi en Dauphiné, où les odeurs, les goûts, les images nous entraient dedans, indélébiles. Captées par les cinq sens à la fois. Les incompréhensions, les douleurs de famille, renvoyées le temps d’un jeu, d’une imagination, dans l’arrière-cuisine. La fantaisie, la rage de vivre, plus fortes que la guerre, la pauvreté, la maladie … Et les livres, les illustrés, livres cavernes et livres palais … comme soigneurs, entraîneurs, coach on dirait aujourd’hui …
Une librairie où on peut s’asseoir pour lire, coin enfants où s’attardent les adultes, bistrot où on boit un verre et où on grignote. Des lettres qui pendent du plafond, prêtes à être saisies. Un nouveau concept de librairie épicerie, porte-mots comme le porte-pot de naguère ; je saisis quelques bribes de conversation entre la libraire et une cliente. Connivence d’attentives de la littérature. « Vous me direz ce que vous en pensez … Moi j’aime … » Ce n’est pas grand chose, mais c’est autre chose que du simple commerce. Bien sûr les libraires ont toujours été des passeurs. Je me souviens de celui de l’avenue Alsace-Lorraine dont j’étais amoureuse à moins que ce ne soit que des livres dans les rayons dont je fantasmais les amours. Heureusement que cela continue malgré les super hyper marchés !
« J’ai perdu le secret du jeu. J’ai perdu l’enfance. Tous les jours sont des adieux » Oh non ! Alain Rémond ! J’avais aimé dans votre présentation à L’APA votre énergie d’animal, votre douceur d’enfance préservée, votre sûreté d’adulte qui dit ce qu’il a à dire avant le grand bal, sans forfanterie, au plus juste … Pas des adieux tant que par la magie du verbe on peut réintégrer ces moments doubles, quitter sa peau du jour et retrouver l’ancienne, changer de peau comme de continents, par simple billet de voyageur d’un livre. Tous les jours des bonjours, dans leurs pages choisies.

« Et voici que mon père, avec son sourire fatigué, sans doute aussi pour me faire oublier le père lointain, le père étranger, qu’il avait été, trouve le courage de nous dire combien il nous aime, beaucoup mieux que dans les livres. »

Des livres pour aider à vivre, non pour se substituer à la vie … Qu’on les écrive ou qu’on les lise …
Ce livre, cette librairie : on pousse la porte, on est chez soi.

2 commentaires:

Blogger David a dit...

Thank you for this beautiful tribute to books and to our earnest reading of them!

And thank you for introducing me to Alain Remond.

vendredi, 23 février, 2007  
Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

va-tu venir à la réunion d'Apa parlant des blogs qui aura lieu bientôt? descendre chez moi?

samedi, 24 février, 2007  

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