Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

26 janvier 2007

LES CHANSONS QUE JE FAIS 7

« Mais comme un écolier qui prend trop bas, trop haut,
La note qu’on lui donne et suit mal la mesure,
J’hésite, à plusieurs fois tâtant le son qu’il faut,
Accrochant ça et là ma voix gauche et peu sûre. »

J’en suis là du poème de Marie Noël et de ma tentative d’élucidation. Ce n’est pas tant sur une chanson à faire que j’hésite : en général ça se passe dans l’assurance et le bonheur que je tiens « le son qu’il faut » mais ici même, dans ce boulot que j’ai entrepris avec vous, autour, à l’intérieur de la chanson profonde.

Ah retrouver la chanson bien douce
La chanson vague sur la mer
La chanson bleue des soirs d’hiver
La bonne chanson familière !

Comme l’écolière que je fus avec tant de conviction et si longtemps, j’hésite. J’hésite la nuit, cette nuit. Vous n’aurez une retranscription que du 1/1000 de mes hésitations nocturnes mentales. Parler de mon père comme je l’ai fait c’est aussitôt entendre ma mère réclamer sa part de mémoire. Parler de la première chanson qui me vint dans mon premier poste d’instit c’est entendre l’avant-première, au jardin, ou sur le chemin pendant que je promène ma première fille dans son landau

Alors ma guirlande j’ai passé
autour du cou de mon bébé
là pour c’qui fut d’la rime en é
y’avait pléthore en vérité

Sans compter celles qui n’ont pas été écrites, fixées, et qui croient en cet instant leur heure venue. Sur le fameux cahier noir je retrouve seulement ces deux mots de démarrage qui n’ont jamais été suivis de quoi que ce soit … puis la moitié du cahier blanche, muette, abandonnée … en instance

Dis maman

Je n’ai jamais pu chanter cette question insatiable à ma mère quand il était encore temps pour qu’elle me réponde. Si j’ai pu, après sa mort, chanter mon père, la chanson de ma mère reste inachevée. Après sa mort je sais que j’ai tiré de mes larmes un petit refrain
Ma rose, Ma rose à moi …
c’est tout ce dont je me rappelle, avec l’air sur lequel je chantais en silence ma douleur.

Déflagration.
C’est évident : La chanson-mère, la chanson-fille.

Je ne peux reprendre, deux heures plus tard, que la suite de l’ancienne chanson déposée dans le cahier il y a bien ? … longtemps. Le tourbillon émotionnel s’est éloigné. Je suis calme. J’aime.

Ah quand le chemin s’allonge sur le tard
Ah retrouver son pas et avec lui l’espoir
Au rythme d’un refrain attacher ses semelles
D’un pas de mirliton danser la ritournelle
Ah quand le passé dans le brouillard s’efface
Quand le présent n’a plus ni goût ni grâce
Retrouver la chanson fétiche
La médaille d’argent qu’on serre entre ses doigts
Petit porte-bonheur pour ceux qui n’en ont pas
Réchauffante étincelle, gentille goutte d’eau
Un air de Mère Michel et de Petits bateaux
Ah ! Voyageur sans bagages
D’un train fantôme sur un quai désert
Emporter la chanson
Douce et familière
La chanson vague sur la mer
La chanson bleue des soirs d’hiver
Et puis s’en aller prendre l’ai ai ai r …

1 commentaires:

Blogger Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

comme toi, moi j'ai des images pas prises, surtout ces dernières temps et qui très fortes pourtant, s'éloignent et disparaissent doucement

vendredi, 26 janvier, 2007  

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