HIER/AUJOURD'HUI
Je suis passée par A. pour rentrer à St Nizier. Le portail de M est ouvert. Tant mieux : je vais pouvoir m’arrêter pour lui souhaiter la Bonne Année. Justement voici le museau de sa voiture qui va sortir. Garage un peu risqué. Embrassades. Un saut au supermarché à l’opposé de la petite ville pour aller chercher le pain et le journal de sa voisine. Pourquoi si loin ? Parce qu’il est moins cher de quelques centimes, le pain. M. aime toujours autant rendre service, se mettre au service de … Je risque un « elle exagère ta voisine ! » De quoi je me mêle ?
Le pain livré, nous déjeunons ensemble au kebab. Mais oui ! il y a un kebab à A. Nadia entre. Elle m’a été annoncée. Peut-être est-ce une ancienne élève. Non ! Elle a eu comme prof ma remplaçante. Ça me fait plaisir de l’entendre parler avec enthousiasme de cette prof d’histoire-géo qui la passionnait. Le patron du kébab lui aussi aimait l’histoire-géo. Il est arrivé gamin à A. Maintenant « grâce à Dieu » ça va. Il ne doit rien à personne. Il y en a qui ont mis vingt ans avant de passer la porte de son petit restau. à cinq tables. Les Français, c’est pas facile de comprendre leur mentalité.
Nadia n’aime pas les oignons dans le sandwich. Moi, c’est le poivre de la viande qui ne me convient pas. Qu’à cela ne tienne ! Je lui passe mon assiette, le patron me trouve une pomme et une orange sans poivre. La conversation roule allègrement de Untel à Unetelle, des maladies incurables aux déménagements hors de la région. J’apprécie d’être liée à cette conversation par des liens affectifs anciens et des préoccupations actuelles. La sympathie circule. Il n’y a pas de barrière. On se raconte, on se montre les photos. Le patron offre un thé turc qui se trouve être de la poudre d’orange chaude très agréable.
Avant de nous quitter, M et moi, si nous allions rendre une visite impromptue à S ? Le portail fermé à clé s’ouvre pour nous malgré la méfiance. S a 86 ans. La solitude est lourde à porter. Là encore la conversation se précipite. Elle nous raconte pêle-mêle ses enfants, ses petits enfants, ses arrière petits enfants. Je n’oublierai jamais que j’ai chez moi une veste que S m’avait tricotée en laines multicolores quand j’habitais à A. Je la garde dans mon armoire bien qu’elle je ne la porte jamais. Un don d’amitié précieux quand S. tenait la bibliothèque et que j’habitais juste à côté …
J’ai un peu mal à la tête quand je quitte A. Le brassage des souvenirs ? L’abondance de mots ? La vieillesse des choses et des êtres dont je perçois les douleurs ? Et pourtant cette halte non programmée fut le cadeau de la journée. Avec le thé turc. Une découverte aussi. La génération de mes élèves a l’âge des responsabilités. Nadia travaille dans un établissement psychiatrique. Le patron procure aux actifs, ouvriers, jeunes, en recherche d’emploi … un repas au chaud et bon marché.
« Grâce à Dieu » souligne notre hôte … ça ne va pas si mal sous le soleil de France, surtout ce jour-là de janvier où on se souhaite encore des vœux. Quel Dieu ? Celui des uns ou celui des autres ? Apparemment celui des hommes et des femmes de bonne volonté.
1 commentaires:
Jusque maintenant, je ne savais pas qu'il y a plusieurs Dieux - sauf dans l'antiquité, quand il y avait de dieux des voyageurs, des récoltes, etc.
Je ne crois pas, peut être en Dieu, mais quand je croyais, j'étais convaincu qu'il n'y en a qu'un pour tous. Il y avait "mon dieu" et en même temps à tous... qu'on soit de bon ou mauvais volonté, hélas. Cela ne m'empêchait pas à lui demander des choses, tout en sachant trop préoccupé à s'en occuper de mes demandes et comprenant que finalement c'est moi qui dois essayer à obtenir ce que je désire, autant que possible.
J'admire, tout que tu fais!
On m'a demandé hier pleine des choses et j'ai même parler du mot "abonde" et que moi aussi de temps en temps cela m'arrive, mais si je faisais tout que tu fais, c'est sur que rapidement j'ébonderai!
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