Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

01 avril 2006

GASPARD VERS LE NORD


Je suis partie vers le Nord avec Gaspard. Je comptais sur les heures de train pour faire route commune et je n’ai pas été déçue. Envoûtée. J’en oubliais de regarder le paysage et les gares traversées : Persan-Beaumont, Meru ... Tout juste un lever de tête furtif mais le Nord à peine reconnu m’intéressait bien moins que Gaspard. La platitude du Nord, ses alignées de maisons basses aux toits rouges, ses longs champs déjà verdissants …
A Beauvais - car c’est là le but du voyage- la cathédrale tente de retenir notre habitude des sommets. Elle est en travaux comme nous pouvons le constater à notre première visite en soirée. J’y reviendrai bien sûr : Le musée ce mardi est fermé.
J’ai terminé le premier livre LE CHATEAU DES SEPT PORTES et attaqué déjà largement ce matin L’AUBERGE DE LA BELLE BERGERE. Je souligne légèrement pour ne pas abîmer la belle édition. Les mots me sautent aux yeux quand ils me reviennent de mon propre passé, ou bien quand ils me sont inconnus. Je médite d’ouvrir un carnet qui les collectionne, d’aller découvrir dans le dictionnaire du Felibre de Mistral leur sens précis. Est-il raisonnable d’ainsi accorder aux mots vieillis, finis, plus qu’une visite de courtoisie ?
Mais plus que les mots isolés, leurs accordailles en phrases claires, sonnantes, ombreuses ou printanières, leur rythme, leur vision me ravissent. Plus que cette abondance de photographies à la mitraillette que la télé, Internet, nous dispensent ce que les mots de Henri Pourrat donnent à imaginer, à voir, ouvre largement les volets de la tête. Il vous faut aller sur le blog de Bruno Lorrain pour vous laisser guider. Il vous faut surtout acheter sans tarder en livre de poche le magnifique « GASPARD DES MONTAGNES » Avez-vous retenu « La vieille Marie contait … » de ce dimanche que nous avons mis en voix et en images avant de partir ? La vieille Gelzy n’attend qu’un signe de vous pour continuer la lecture. En attendant elle retourne à la sixième pause de la deuxième veillée. Le sort d’Anne-Marie, la malheureuse, la préoccupe plus que les piliers de la cathédrale. C’est pourtant cette grande déambulation annoncée contre le CPE qui est davantage d’actualité mais je ne sais pourquoi quelque chose me murmure que si les chemins ont changé, les peurs, les diableries qu’on y rencontre sont toujours les mêmes …
« Mais on commençait de voir sur les routes des vivandiers, de soldats, dont les têtes ne revenaient guère. Au jour de l’an les Cosaques avaient passé le Rhin et ils avançaient de tous les côtés. D’abord ç’avait été quelque dragon déguenillé, quelque canonnier à la joue mangée de barbe, avec l’air faux de ces bohémiens dont les poules ont peur. Maintenant chaque jour on rencontrait des déserteurs de l’armée de Lyon. Tout allait cul par-dessus tête. Le lundi de Pâques, une avant-garde de lanciers autrichiens devait même occuper St Anthème. Il y avait là cinq cents cavaliers français qui pillaient quelque peu, disaient les paysans, et se faisaient servir comme de gros bourgeois. Verrait-on la guerre dans le pays ? »

2 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Chère lectrice de Gaspard, j'avance bien moins vite que vous sur les chemins de ce livre. La ferveur est là cependant comme vous l'avez remarqué.

mercredi, 05 avril, 2006  
Anonymous Anonyme a dit...

Bonjour , je vous découvre avec plaisir , je suis une lectice fervente de Henri Pourrat , et "mon" Gaspard, lu et relu , est le premier sur la liste des livres que j'emporte sur ma future île déserte. Je viens d'essayer le lien vers Bruno le lorrain,que vous me donnez envie de connaître, hélas il ne fonctionne pas. Pourriez-vous le vérifier ? Merci beaucoup . Méry B , http://lascribouillerie.canalblog.com

vendredi, 27 avril, 2007  

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil