Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

11 juin 2005

Thérèse 6-6

Thérèse est toute remplie de son dimanche en famille. On fêtait les trois ans de son petit-fils. 26 personnes au déjeuner mais simple : le barbecue , la salade de tomates … Elle laisse à sa collègue le soin de remplir d’eau thermale les bocks et s’installe à côté de moi pour me montrer les photos de ces merveilles : ses deux petits-fils Dorian et ? Thérèse tient sans doute son prénom de St Thérèse, les petits - enfants eux s’appellent plutôt prénoms en vogue et outre-atlantique. Après ces deux magnifiques garçons de sa fille aînée et de son gendre, (beau aussi le gendre, carré, athlétique, content de poser en famille sur le numérique dont il reproduira gratis les images pour sa belle-mère) Thérèse espère bien une petite fille, des filles. Pour les robes. « Mais elles sont toutes en pantalon », j’ose en me souvenant de mes rares mais méritoires essais de couture. « Oui mais pas quand elles sont petites ». Quand elles sont petites les filles (jusqu’en sixième pour sa seconde qui a dix-huit ans et est étudiante) on peut leur mettre des robes. On peut habiller les filles en filles tant qu’elles vous appartiennent. Des jolies jupes, des frous-frous. Thérèse n’a pas le temps de préciser sa vision des filles mais le mot est venu à la dame de 38 qui se souvient d’avoir entendu la chanson
En culotte me direz-vous on est bien mieux à bicyclette
Mais … sans le … de son frou-frou
Une femme n’est pas complète …
Frou-frou frou-frou par son jupon la fe A mme
Demain j’essaierai de lancer l’air vieillot pour voir si Thérèse le connaît
Est-ce que j’oserais ? Est-ce que je ne vais pas détraquer le bon fonctionnement de la cure ?

A voir Thérèse lâcher l’essentiel de sa vie et de ses pensées entre deux remplissages de récipients, nettoyages de poste, je l’envie encore pour cette disponibilité à l’instant. Pas besoin de blog pour s’exprimer, pour chanter, pas besoin de scène.

De Thérèse il est question à la nouvelle table d’hôte où je suis installée : petite pension de famille. Nous sommes huit à la table commune. Et pourquoi Thérèse ? Parce que tout le monde écoute en crachant, reniflant, les refrains de Thérèse, la voix pétillante de Thérèse. Tout le monde s’abreuve à Thérèse. Les anciennes font remarquer que « la grande », sa collègue, s’est bien améliorée, depuis que la dame plus âgée que moi à ma droite lui a gentiment donné une leçon d’amabilité.
Avec La Grande (que j’aimerais pouvoir nommer) ce matin la conversation « Un litre, deux litres ? » « 5, 10 minutes ? » a porté aussi, tout naturellement, sur notre santé ce dimanche. Je lui ai dit le sursaut de sinusite, elle m’a raconté sa migraine.

Une semaine de cure a suffi pour que je sois complètement intégrée au paysage. La sinusite idem dans son lieu de prédilection : mes sinus. Je titube un peu en sortant des pulvérisations, aérosols soniques (que je sais à peu près nommer correctement) « Alors, dit Thérèse qui voit tout, bien que je ne l’ai pas vue sous mes lunettes embuées, on a bu un petit coup de vin blanc ? »
Ça fait du bien d’être en pays de connaissance et surveillée du coin de l’œil. La deuxième semaine je ne suis plus en cure à Allevard je suis chez Thérèse.

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