LES FLEURS DU SOLDAT

LES FLEURS DU SOLDAT

1er avril 1940
Aujourd’hui à la position j’ai trouvé une violette, c’est la première. Elle m’est tombée sous les yeux sans que je cherche, je te l’envoie avec mille bien tendres baisers souhaitant qu’elle nous porte bonheur ; est pourtant cette fleurette est cueillie sur une position qui un jour sèmera peut-être la mort. J’espère pourtant que ce ne sera jamais.

28 avril
Près du terrain il y avait des bois, et j’ai trouvé du muguet mais pas encore fleuri, je l’ai cueilli avec les racines pour pouvoir t’en envoyer plus tôt, mais tu ne l’auras pas pour le 1er mai.

30 avril
J’ai reçu aussi les pétales de roses, comme j’aurai voulu les admirer sur le bouquet tu sais pourquoi ? il y a un an je te rapportai de gros bouquets de lilas et d’iris pour fleurir notre maison, te rappelles-tu, notre chez nous …… et que ça me semble loin ce bonheur si doux.
Souvent je me demande quand nous retrouverons toutes nos chères habitudes.

1er mai
Je joins à cette lettre un petit brin de muguet, malheureusement il n’est pas encore fleuri mais quand même j’y dépose de bien doux baisers pour toi seule.

18 mai
Je me suis installé une table avec 2 planches entre 2 arbustes pour être camouflé aux vues aériennes (car il ne manque pas d’avions), je suis donc commodément installé pour t’écrire

20 mai
Installé à mon « bureau » en plein air, sous une aubépine qui embaume, avec un petit soleil qui réchauffe et chasse les dernières fraîcheurs de la nuit ( on croirait à la paix !) mais hélas nos canons sont devant moi prêt à cracher la mort.

21 mai
Comme j’ai le temps je viens près de toi. Le soleil brille et sous mon buisson d’aubépine je suis très bien.