suite et fin
Et les gamins et gamines de se carapater vers la souillarde. Dans les familles nombreuses il faut obéir aux parents si on veut que ça marche !
Dieu arrive donc, incognito. Du moins le croit-il. S’assied dans la chaise à bascule qu’aussitôt Eve lui a cédée. Echange de salut. Tous les enfants propres ont été bien polis.
L’aîné est allé traire la chèvre pour un bol de lait d’accueil. Le plus petit s’est installé sur les genoux du bon grand-père. Puis un frère cadet a pris la place restante.
Cependant Dieu a froncé les sourcils. Le soleil se cache aussitôt.
- Dis-moi ma fille tes enfants sont-ils tous là ?
- Oui monsieur !
- Vraiment ? Tu n’en n’as pas d’autres ?
- Non Monsieur !
Eve pensait, en bonne fille qu’elle était « là : ils y sont! Là-bas y en d’autres mais pas visibles pour le moment !"
Eve ( comme je la comprends !) ne tenait pas à passer aux yeux de Dieu pour une mauvaise mère qui néglige les uns pour les autres. Et puis, avec tout ce qu’elle avait à faire tout au long de la journée, la pauvre n’avait pas eu le temps d’étudier parfaitement les dix commandements surtout vers la fin.
Car, neuvième commandement :
« Tu ne porteras pas de faux témoignage envers ton prochain »
Franchement elle ne portait rien de mal, avec tout ce qu’elle avait déjà sur les bras ni envers quiconque ni envers Dieu assis à sa place.
Mais Dieu, décidemment pas en forme en cette occasion, se prit les pieds dans la chaise et quand l’aîné arriva avec son bol de lait bourru tout chaud, il ne le vit même pas, occupé qu’il était à décréter du haut de sa grandeur, par trois fois, comme dans les contes :
- Menteuse ! Menteuse ! Menteuse ! Tu en as d’autres cachés dans la souillarde. Eh bien « Que ce qui est caché, le demeure à jamais ! »
Et pressé de rentrer chez lui, Dieu abandonna Eve, pour la deuxième fois, ses petits et repartit non pas comme il était venu par les Grands Goulets mais par la voie des airs, abandonnant son bâton de guide de haute-montagne.
On dit que les pauvres souillons frappés de malédiction par Dieu réapparaissent dans les bois, les eaux, sur et sous la terre, en Vercors ou ailleurs. Ils nous suivent, ils nous observent. Ils demeurent cachés à nos yeux bienveillants. Ils nous jouent des tours. Sylphes, gnomes, feux follets, farfadets, loups-garous, affreux Jojos en tout genre, ils n’en finissent pas de réclamer notre regard et notre soutien.
Peut-être n’est-il pas trop tard pour les sortir de la souillarde ?
« C’est trop facile quand les guerres sont finies
D’aller gueuler que c’était la dernière
Petit bourgeois vous me faîtes envie
Ne voyez-vous donc pas vos cimetières
Tais-toi donc Grand Jacques
Laisse-les donc crier
Laisse-les pleurer de joie
Toi qui ne fus même pas soldat »
* avec la participation et la voix de Jacques Brel
1 commentaires:
Quelle histoire!C'était bien Dieu ou quelqu'un qui se prenait pour lui?
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