LES CHANSONS QUE JE FAIS 14
Pour ce qui est des chansons de circonstances ( mariages, anniversaires …) j’ai bien sûr utilisé ma lyre pour en mettre quelques-unes en circulation. Elles ne tiennent généralement que le jour de la circonstance. Toutefois certaines se sont incrustées plus profondément. A vrai dire je pourrai les appeler « chansons de circonstances exceptionnelles » comme dans l’ordinateur j’ai deux dossiers Photos : ordinaires, exceptionnelles.
L’une est celle qui marqua l’arrivée de ma première petite fille. Il m’est donc facile de la dater. Elle aura vingt ans cette année.
C’était de bon matin. Je quittais la clinique où ma fille venait d’accoucher. Il pleuvait à verses. Je me dirigeais vers la maison des grands-parents côté paternel pour les informer. Et dans le ballet des essuie-glaces la chanson nouveau-née vint ruisseler sur les vitres et dans mes yeux
Sarah, petite fille d’un jour
Sarah petite fille d’amour
Sarah tu viens au monde
Le monde vient vers nous
Tu nous le rends plus beau et plus doux
Une autre est liée à un Atelier d’Ecriture que j’animais. J’en ai écrit le récit dans « J’écris, Je fais écrire » une tentative ancienne pour avancer dans la compréhension de ce qui se passe dans l’écriture, comme aujourd’hui cette tentative de saisir un tant soit peu ce qui se passe dans la chanson.
Elle s’appelait Corinne.
Elle ne savait pas bien lire
Pas bien lire pas bien écrire
Mais elle savait des poèmes
Le secret
1996 : Dans la voiture qui me ramène chez moi ce jour de l’irruption de Corinne, une chanson me vient aux lèvres. A l’arrivée elle est finie. Je l’inscris. Pour la fête finale je l’ai chantée ( même si Corinne n’est pas venue à la fête). Eric m’accompagnait à la guitare. L’absence de Corinne m’a sans doute permis d’oser chanter ses confidences sans crainte de lui voler un morceau d’elle-même.
Elle n’avait pas eu de chance
A vingt ans pas d’assurances
Et un fauteuil roulant
A rouler
Quand le don est si grand, l’innocence si authentique, la confiance si pure, écrire, chanter ce que l’autre vient de livrer, lui laisser une trace à portée de main pour son propre parcours, est grand bonheur. Oui ! J’ose cette expression délavée par tant de cartes postales : un grand bonheur nourricier. /…/
Et elle posait sur la table
Un verre d’eau, quelques pétales
Histoire de continuer
pour savoir
Les mots transmis de la femme Corinne, à près de quarante ans, ressuscite la petite fille joufflue aux boucles sages.
En attente à la fenêtre d’une page où s’écrire, d’une chanson où se chanter, d’un monde où découvrir un horizon possible, encore possible.
Quand donc finirait la guerre
Dans un grand feu d’artifices
Ou bien dans un champ de blé
A St Nizier
Curieuse coïncidence. Quand Corinne levait les yeux vers les nuages, elle s’imaginait grimper à Saint Nizier où j’ai la chance d’habiter.
Même les chansons de circonstances ont des chemins, semble-t-il, préparés pour se rencontrer.
Et des jambes pour courir.
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