Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

30 janvier 2007

LES CHANSONS QUE JE FAIS 11

Ce matin c’est une chanson de Francis Poulenc qui se réveille en même temps que moi. Peut-être a-t-elle même une longueur d’avance, peut-être s’était-elle nichée déjà dans le rêve. Car les chansons sont comme les oiseaux : elles nichent. Elles croient automatiquement, du seul fait d’être au monde et de la seule présence d’un soleil de printemps, à leur capacité de reproduction.
Celle-ci n’est pourtant pas très optimiste
« Chemins de mes amours
je vous cherche toujours
Chemins perdus
vous n’êtes plus … »
Est-ce de l’avoir entendue deux dimanches de suite au concert, chantée par deux voix différentes : la première, amateur éclairée, la deuxième professionnelle au sommet de son art, qu’elle s’est inscrite si habilement en moi.
Pourtant je ne me sens pas spécialement en quête du chemin de mes amours aujourd’hui. Comme si de l’avoir chanté souvent ce chemin sinueux, incertain parfois, parfois lumineusement droit et clair, me dispensait de partir à sa recherche.
Ce qui est curieux ce ne sont pas les bifurcations de l’amour mais l’étonnante conjonction de toutes les amours en un seul. Vous avez remarqué n’est-ce pas les subtilités de l’amour, des amours, en Français : Masculin et pragmatique au singulier, Féminines et poétiques au pluriel.
J’ai reçu autrefois comme balancier de vie une chanson d’amour, en plein rééquilibrage sur la corde raide. Je l’ai adressée dès ses premiers balbutiements, du fond du cœur, et l’écoutant très attentivement au fond de mes entrailles, à celui qui était alors mon mari. A l’époque c’était un phénomène très rare qu’une chanson m’arrive ainsi et j’étais consciente du miraculeux de cette présence. Je l’ai donc retenue par répétitions internes jusqu’à ce qu’elle devienne indélébile

Je ne veux rien que te donner
Ni t’apprendre à aimer
Ni t’apprendre à apprendre
Ce que je sais …

Plus tard, je l’ai chantée avec un compagnon de chant, de toute mon âme, confiante en l’harmonie qui peut naître quand une voix de mezzo s’accorde avec une voix de ténor … certains auditeurs crurent qu’elle était un aveu.

Elle est revenue à mes lèvres une autre fois, à des années de différence, un beau jour d’été - ( encore les fesses dans l’eau comme à Calla d’Orzu. Décidément il y a de subtiles corrélations entre le haut et le bas dans mes chansons !) et je l’ai chantée à un autre encore, en nageant, comme si je venais de la trouver, comme si cet amour naissant était bien le premier. Il n’y avait pas d’hypocrisie de ma part, j’en suis bien sûre. La chanson conjugale pouvait devenir une chanson amante sans tromperie.

Je ne veux rien pour toi et moi
Que l’instant où tu veux te regarder en moi
Etre là simplement
Et apprendre à attendre
Que tu veuilles de moi …

Je suis parfois prise d’un doute terrible. Est-ce que j’aime pour pouvoir chanter ? Est-ce que je chante pour mieux aimer ?

Je ne veux rien que te donner
Le fruit mûr ou la fleur
Que tu avais aimé
Et si tu n’aimes plus
Je ne veux rien que m’en aller
Sur la pointe des pieds

Heureusement l’amour partagé, la chanson reprise de voix en voix, ont ceci de commun qu’ils ne doutent de rien dans l’instant où ils s’accomplissent.
Espérant élucider tout à fait la question j’ai rassemblé 7 fois 7 chansons sous le chapiteau de « L’Amour aux Sept Couleurs ». J’ai planté le dit-chapiteau en plusieurs lieux, jusqu’à Paname … Maintenant il est replié (mais pas usé, toujours disponible !)

L’amour aux sept couleurs
Est entré dans mon cœur
Il est tombé du ciel
L’arc-en-ciel !

Supprimez les chansons d’amour du répertoire et la SACEM fait faillite.

J’ai cru comprendre par sa correspondance amoureuse que Francis Poulenc, - Poupoule comme il signait ses lettres – avait trouvé le long de sa route beaucoup de chemins. Mais ne mènent-ils pas tous à Rome ?

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