LES CHANSONS QUE JE FAIS 12
Qu’est-ce qu’une « belle chanson » ? Qu’est-ce ? et qui ? lui donne l’estampille ? A l’âge où se forme mon goût, une belle chanson est ce que Maman et mes sœurs appellent ainsi. Elles-mêmes ne font qu’entériner l’avis général. Il y a une dizaine d’années entre mes sœurs et moi. Quand elles ont vingt ans, j’en ai dix. Elles chantent douloureusement « on n’a pas tous les jours vingt ans » pendant les banquets, chanson bien adaptée à leurs vingt ans rayonnants. La chanson est d’autant plus vraie que ma sœur aînée est couturière.
« L’atelier de couture est en fête … on oublie l’ouvrage un instant … » Suffit de changer la Marinette du compositeur par le prénom de ma sœur. Et le tour est joué. Car, une belle chanson , c’est une chanson sur mesure, qui nous raconte et nous fait vibrer. Elle a très vaguement quelque chose qui colle avec nous. Nous ne mettons pas en doute la vérité des chansons. C’est notre école de philosophie.
Si je me suis mise à faire des chansons ajustées à mon histoire unique c’est sans doute pour ce petit doute qui se levait alors en moi quand j’écoutais religieusement « Les roses blanches ». Serais-je capable d’aller fleurir la tombe de ma maman chaque dimanche ? J’aimais encore mieux qu’elle vive et que je ne sois pas héroïne de l’amour filial, en détresse mais à la hauteur !
Une belle chanson c’est forcément une chanson triste. Une chanson qui pleure et fait pleurer. Une chanson d’amour en deuil d’amour. Une chanson de vie en lamentation de mort. A l’heure du « Disque des Auditeurs » nous sommes toutes quatre dans la cuisine sous prétexte de préparer le repas du dimanche matin. Qui du voisinage sera nommé pour qu’on lui dédie une chanson ? Qui se cache derrière le pseudonyme de l’adresse ? Avec Le disque des Auditeurs, avec la radio, les chansons, comme les anges mais plus rapidement et sûrement, sont arrivées jusque dans nos campagnes. Des voix superbes de femmes non retenues par la bienséance. Puissantes comme celles des hommes. Déferlantes comme les vagues. Des femmes aux voix libres. Oh il nous arrive bien de les trouver immodestes, voire vulgaires. Nous aurons quelque mal à accepter Piaf. Mais la môme sait vaincre nos réticences. On l’envie. En voilà une qui a réussi à « se sortir de devant » ! Dans la cuisine, en dehors du dimanche, quand je suis seule, je m’exerce à toutes sortes de goualantes, je descends les escaliers des voix graves. C’est plus difficile dans les aigus. Ça tombe bien ! Chez Nous on n’aime pas les « kiles » (le cochon « kile », crie, quand on le tue) Les kiles = les sopranos, les maniérées, les voix trafiquées de l’opéra. D’ailleurs il n’y en a pas au Disque des Auditeurs. Les voix comme les chansons sont populaires. Comme nous ! Un idéal que mes sœurs sont tout près d’atteindre. Mon Dieu comme je les admire ! Elles en ont de la chance d’être grandes, elles ! Elles vont au bal danser … L’une épousera un musicien de l’orchestre à trois musiciens ( accordéon, batterie, saxo).
J’ai commis une ou deux chansons, (allez ! trois ou quatre !) avec ce qu’il faut de trémolos. Je me régale à les chanter surtout en vase clos où tout m’est permis. L’une s’appelle « Madame la Postière », noire à souhait, c’est tout juste si je n’en pleure pas. Pourtant je crois n’avoir jamais été postière ! Mais d’avoir tremblé de solitude et de peur de la mort Oui ! Sinon, comment serait-elle arrivée jusqu’à moi ?
Ah Monsieur le curé
J’attendais votre visite
Je l’espérais je crois
Certes devant l’église
Je passais un peu vite
Je ne sais pas pourquoi
Mais ce soir je pars
Dites une prière
Dites une chanson
Un J’vous salue Marie
Avec un Notre Père
Je payerai l’addition …
1 commentaires:
moi j'aime aussi les chansons rire les chansons clin d'oeil les chansons farce (Boby à moi!)
Enregistrer un commentaire
Abonnement Publier les commentaires [Atom]
<< Accueil