CARTE POSTALE V
V- S’ADAPTER
En ville, la clientèle de curistes se partage entre des hôtels sans étoiles, avec une (L’hôtel du Dauphiné par exemple), 2, 3 (un seul a trois étoiles), des résidences avec studios, des meublés, des chambres d’hôtes, quelques appartements privés sous-loués et des pensions de famille qui gardent ce nom désuet pour rassurer les personnes généralement âgées, seules et catholiques. Le foyer Notre-Dame qu’a choisi Verveine est une de ces pensions de famille dont on dit « C’est comme à la maison ! ».
Rien que de très banal.
Un peu en dehors de la ville : les campings, les caravanings. Pour les jeunes, les familles. Maintenant la Sécurité Sociale n’interdit plus le campement à condition que ce soit en bungalow. Mais c’est cher quand même !
Cependant, comme dans toute ville de cure bien organisée, des lambeaux de vie se croisent au hasard, se perturbent, s’ignorent, se montent sur les pieds sans que la presse locale en fasse état. Le guide touristique affirme cependant que « le coeur bat à Allevard les bains » qu’on y est « surpris par la pétulance de cette petite ville de montagne »
Comment virer de la pornographie (car il avait osé prononcer distinctement le mot à l’intérieur de son malaise) à la pétulance ? Comment sortir de la solitude gangrenée au partage de risques amoureux ? C’est une question, et même plusieurs, que Bernard ne s’était pas encore posée.
J+4
Il est gris, terne, éteint, vide. Il le sait. Il le sent.
Mais ça va changer. Il veut que ça change. Il ne sait pas comment.
Il veut.
Plus de direction au hasard. Plus de plante verte pour se cacher.
Demain, aujourd’hui même. Et d’abord se rendre à la grande Pharmacie Centrale, là où il a acheté les verres doseurs et la pipette. Il demandera conseil pour ce mal qui lui cuit le coin des lèvres et qui empêche les mots de passer.
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