Mots et couleurs

textes auto-biographiques anciens et actuels, poésie, chansons, contes et nouvelles

19 avril 2006

GROSSE COLERE


LA COLERE

Chaque fois que mon foie, mes intestins, ma rate et sans doute ma vésicule ont de véhémentes protestations contre mon style de vie ( pas le style littéraire, de celui-ci ils ne font cas puisque ils se taisent même quand ils sont en dérangement et que je nous installe devant le clavier) chaque fois donc, … et cette nuit est la plus récente …
Je m’interroge sur ce que j’ai mangé, ce que j’ai bu, ce que j’ai fait juste avant la crise etc … pour conclure généralement « Ben j’sais pas ! » J’comprends pas ! ça allait pourtant si bien ! »
Hier au soir j’ai dansé avec une énergie superbe dans notre groupe superbe de danseurs du lundi. A la fin vers 11H30 j’ai mangé de la tarte, j’ai bu un peu de jus de fruit … Bon ! je n’aurais peut-être pas dû … Ou alors le gâteau au chocolat de Pâques ?
La lecture du débat sur la colère dans le blog de Mariel m’invite à un autre inventaire.
Dans l’après-midi je risque quelques rangements sur la véranda où je dérange habituellement tout mon barda de peinture, encres, papier, cartons à dessin … Catastrophe ! L’arrosage des plantes juste avant de partir en week-end pascal a provoqué une remontée dévastatrice de flotte dans les cartons, surtout dans ceux où je garde mes « effervesc’encres ». C’est des trucs géniaux des jours de pleine forme où je jette sur de grandes feuilles des graphismes et une phrase, un mot en calligraphie. Depuis plusieurs années je les stocke en pensant vaguement leur faire prendre l’air un jour, quelque part, en exposition. Rien de bien sérieux du moins je le croyais. Mais à constater les dégâts je suis prise de rage folle ! Je jette les brassées par terre en dessoudant les pages collées, sur le lit, sur toutes les surfaces disponibles. J’éclate en imprécations, grandit la catastrophe au rang mondial, interplanétaire, incrimine le responsable de l’arrosage etc… je me fais mon ciné, tout en essayant d’agir. Il fait beau dehors je continue de dépecer les bêtes au soleil en les calant sous des morceaux de bois à proximité … peu à peu dirige ma colère contre moi, qui ne suis pas allée au bout des précautions à prendre, des arrosages à déclencher, du temps à gérer et des choses matérielles à maintenir, des responsabilités à reconnaître … La même gamine qui tapait le poing sur la table en représailles auprès de sa mère et proclamait « J’ai bien mangé aujourd’hui, je mangerai rien demain » se sent aussi hurlante qu’aux origines. Me l’a-t-on répété assez la petite phrase idiote en s’en moquant ! Me l’a-t-on assez répété « Je suis la fille à mon père ». Je suis la fille de la colère. Bien que, du côté maternel, c’était pas mal non plus !
L’incongruité de la vieille dame qui renoue avec la gosse éruptive ne m’échappe pas longtemps. Je flanque sous ma langue une bonne rasade de « rescue », situation de crise, et commence à minimiser, à imaginer comme ce pourrait être amusant et nouveau des collages d’encres récupérées sur les morceaux récupérables, les adaptations des formules … mots et couleurs à remodeler, mélanger, redécouvrir … (il faut bien avouer qu’elles dormaient en ce moment les effervesc’encres et qu’elles viennent de trouver le moyen de se rappeler à moi !)
Et puis je vais faire un tour, la crise est finie, n’a pas atteint les sommets qu’elle était susceptible d’atteindre. Je propose même à l’arroseur incompétent la promenade salvatrice en ma compagnie.

Le résultat sur l’organisme a attendu la nuit pour s’exprimer : CQFD. La colère s’évacue par la tuyauterie des déroutes.

NB Depuis que j’ai lu le bouquin sur la syncope je ne suis plus tombée en syncope. (Presque mais pas tout à fait.)
La lecture de « psychologie de la colère » aurait-elle aussi des vertus curatives ?
J’ai l’impression que ce simple écho sur la vieille dame colérique, coléreuse et colérifique suffira peut-être. Avec la diète à maintenir bien entendu ! Merci Mariel !

1 commentaires:

Blogger marie.l a dit...

J'ai bien sûr souris en lisant ton billet, pardon ... pauvres effersc'encres...
Tout ceci me conforte dans l'idée que la colère peut effectivement provoquer des dommages physiologiques et donc une sorte de crise de foi en soi hé hé ! j'espère que tout va bien maintenant !

jeudi, 20 avril, 2006  

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