Mots et couleurs

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19 juin 2005

les contrariétés 19-6

Les contrariétés 19-6

Simple caillou dans la machine du beau dimanche. « C’est le réseau qui déconne ! » je ne pourrais pas imprimer « Gare de Grenoble » pour l’envoyer à Verveine.

« Avoir une contrariété » pour ma mère recouvrait tout ce qui empêche de digérer, déclenche une crise de foi(e). La formule permettait aussi de rejeter, de façon vague mais culpabilisante, la faute sur les autres. Comment les contrariétés de ma mère ont débordé jusqu’à moi, m’ont contrariée à distance et malgré la distance que j’ai introduite entre elles et moi, continuent encore à m’atteindre ? Question stupide mais que je continue à me poser.

Hier matin au téléphone, M.L me dit son chagrin. Elle prépare une soirée entre amis et voisins. Sa fille lui a asséné « deux baches » Elle ne me dit pas lesquelles mais si je trouve quelques mots pour l’apaiser, en raccrochant, je sens ma belle humeur du matin attaquée. Cette fois par les enfants, non par les mères. Je suis du côté des mères. Et les mères en ont marre. En plaisantant pour faire passer, je dis à Pierre. « Je vais imaginer une rencontre des mères ici. Nous fabriquerons des marottes, des têtes en argile, des effigies de nos enfants et nous les bombarderons. ça nous fera le plus grand bien. »
Arrêtez les enfants ! Arrêtez de prendre pour cible celles qui vous ont mises au monde. Arrêtez de les rendre responsables de vos mal-être. Arrête François de canarder ta mère parce que tu refuses les contraintes d’un monde où les mots de la philosophie d’école tombent à plat sur les réalités du business. Fais ce que tu peux pour t’adapter. La rogne aveugle ne sert à rien. Gagne ta croûte. Débrouille-toi. Paye ta sécu pour être « couvert ». Roule avec ton essence. Ta mère a besoin de calin, de douceur. Ta mère vieillit, ta mère est malade. Ta mère unique, ta magnifique mère qui t’a élevé avec tant de force et d’amour, ménage sa faiblesse. Ne demande plus à ta mère de compenser tout ce que tu ne peux trouver ailleurs, chez les femmes ou les patrons.
OK Marianne ! Tu sors de chez ton psy. Il ou elle a mis en évidence les manques de ton enfance, les fautes de ta mère. Oublie ton psy ! Pour la fête de ce soir, n’apporte à ta mère qu’un peu de disponibilité à l’instant. Prépare une quiche, une tarte aux fruits. Fous-nous la paix ! Si tu ne peux nous la donner abstiens-toi de venir !

Marianne m’a entendu sans que j’ai prononcé un seul mot autrement que dans ma tête. Elles sont fines nos filles. Souvent, pas toujours. Ce fut hier au soir une belle fête. La lune, les petits enfants, la table et le mini feu d’artifice, cadeau de mariage pour Marianne et son mari. Il n’avait pu être tiré alors à cause du mauvais temps ou d’un oubli. De même le morceau de piano que M.L n’avait pu jouer à ce même mariage. ( le piano avait été embarqué la veille) il a égrené dans la douceur du soir les notes de Grieg.
Il y a dix ans le piano et le feu d’artifice n’avaient pu chanter. Hier soir ce fut possible. Dix ans après. La trêve entre les mères et les enfants sera-t-elle signée avant que nous quittions la scène ? Le feu d’artifice réussi ? Je n’oublie pas les dernières paroles de ma mère déjà partie vers l’autre rive « Je vous aime tous » En fin de parcours elle avait oublié toutes les contrariétés que nous lui avions faites.

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